7. Luna
Crocifisso était dans le bureau du boss des Luziano.
- Une alliance ?
- Cela ne sert à rien de faire la guerre avec vous pour le moment. C'est ce que dit le don en tout cas.
- Je vois.
- En revanche, les Mozami ont engagé un mercenaire.
Ricard alluma son cigare et le porta entre ses lèvres.
- Pourquoi ne viennent-ils pas d'eux-mêmes ?
- Parce que celui qu'ils vous ont envoyé... Est un petit peu spécial.
Peu après, la porte du bar se claqua. Les clients se ruèrent sur Valerio qui s'écroula à l'entrée. Le ventre ouvert, il respirait à peine. Il voyait flou.
- Valerio !
Evangelisto courut jusqu'à lui et l'aida à se lever. Le blond aux yeux bleus n'avait même pas conscience du fait que son agresseur l'aidait à se rétablir. Dans le salon, l'adolescent lui faisait des bandages avec Basilio et un autre membre des Luziano. Le blond aux cheveux très long et aux yeux verts s'accroupit devant lui et approcha sa main de la plaie béante.
- Fabio, n'y touches pas. Tu vas lui faire mal.
Dorian arriva en courant. Inquiet, il leur posa un tas de questions mais ils ne pouvaient point lui répondre dans cette situation. Tout tremblotant, le jeune homme regardait ses collègues prendre soin du blessé.
- Va prévenir Ricard. On ne peut rien faire. Il faut l'emmener à l'hôpital.
- Il va s'en sortir, hein ?
- VA CHERCHER LE BOSS ! hurla Basilio.
Déstabilisé, Dorian fit un pas en arrière. Il lisait la peur dans leurs yeux. Personne n'était convaincu. S'il n'allait pas aux urgences de suite, il était probable qu'il ne s'en sorte pas.
Le chef des Luziano écoutait attentivement ce que sa dernière recrue avait à lui dire. Suite à cela, il saisit le combiné de son téléphone et lança un appel.
- Allô ? Ici Ricard Luziano. Je réside actuellement au onzième boulevard des arts. J'ai un blessé dans les bras. Puis-je avoir quelqu'un dans l'immédiat ?
Dorian fronça les sourcils. Il frappa le bureau de ses deux mains et hurla :
- Vous pensez que c'est le moment de jouer ? Valerio est en danger !
Dans l'incompréhension, Ricard jeta un œil à l'objet qu'il tenait. C'était une carte de jeu. Un Joker. Plutôt malsain. Celui-ci avait un très grand sourire et du sang sur les mains. Le pourpre était la seule couleur de cette image.
- Je ne comprends pas. J'avais le téléphone il y a quelques secondes.
Valerio, la tête sur un coussin, observait le plafond. Il était allongé sur un canapé de cuir noir. Ses camarades ne savaient que faire. Ils n'étaient plus dans la capacité de l'aider. C'est alors que Basilio sursauta légèrement.
- Qu'est-ce que tu as ? demanda le fils Luziano.
- Une énorme vague de frisson. C'était un tremblement, pas un sursaut.
- Moi aussi, j'ai les poils qui s'hérissent, ajouta Fabio. J'ai l'impression qu'il va se passer quelque chose ici. Ça ne va pas nous plaire...
Dans le bar, pendant ce temps, c'était toujours la fête. Les clients chantaient, dansaient et buvaient. Ricard en avait assez. Il enfila son manteau et s'apprêta à aller chercher de l'aide lui-même.
- Le temps d'y aller et de revenir, dit Dorian, c'est risqué. Il est dans un état critique.
- Laisse-moi le voir.
Ricard et le garçon descendirent rapidement sans faire attention à un affolant détail. Un homme était assis sur un des canapés du bureau. Il n'avait pas de chaussure et portait des collants noirs avec des losanges blancs imprimés dessus. Au niveau de sa taille, il avait une ceinture blanche avec une boucle en forme de losange noir.
- Allons, allons... rit le type d'une voix efféminée. Faites attention à moi, un peu.
Son t-shirt était simplement noir et il portait une écharpe rouge. Celle-ci était juste posée sur sa nuque et les bouts pendaient de chaque côté jusqu'à son nombril. Son œil droit était vert, l'autre bleu. Ceux-ci étaient maquillés. Il avait une coupe au bol avec des cheveux noirs d'un côté et blanc de l'autre.
- M'enfin, profitez de vos adieux, Luziano... Hahahahahaha !
Après avoir discuté quelques secondes avec ses sbires, Ricard décida de sortir. Sa main s'approchait peu à peu de la poignée de porte. Il était à deux doigts de partir afin d'alerter les secours. C'est alors qu'il s'entailla plusieurs doigts.
- Hein ?
Il y avait de nombreux fils fins au niveau de la sortie. L'homme se retourna après avoir entendu rire. Quelqu'un descendait les escaliers.
- Voyons, Luziano. N'hésitez pas à y aller plus fort, la prochaine fois.
- Qui êtes-vous ?
- Je m'appelle Luna.
Il lança une carte de jeu à toute vitesse. Celle-ci traversa le torse du boss qui recula en poussant un gémissement de douleur. Après avoir vu le sang sortir du corps de son père, Evangelisto serra les poings.
Une ombre fonça sur leur nouvel ennemi qui évita les coups de couteau de l'assassin.
- Un fantôme ? s'exclama Basilio.
- Tues-le, Killer !
Chaque Luziano sauf Valerio ouvrit grand ses yeux. Ils furent tous surpris de constater que l'adolescent avait également développé un Écho. Cependant, il n'avait pas l'air assez agile.
Luna lui plaça un coup de pied retourné et l'assassin fut projeté contre une bibliothèque. Du sang s'échappa de la bouche du gamin.
- Merde, soupira Basilio. Un Écho d'apparence humaine partage la douleur avec son maître.
Dorian, furieux, usa de son Flying pour retirer les bougies d'une chandelle. Puis, le pique doré fut emmené jusqu'à leur adversaire.
- Vous êtes épuisants...
D'une main, sans regarder l'objet, il l'attrapa et le brisa en deux. C'est alors que le brun le visa avec son pistolet. Lorsque la balle traça, Luna était déjà derrière lui. Avec la tranche de sa main, il frappa le côté du cou de l'adolescent qui fit un vol plané d'un mètre. Il atterrit sur une table qu'il brisa en deux et ferma les yeux.
L'inconnu se tourna vers les sbires et sourit.
- Laissez-moi m'occuper de Ricard. C'est pour lui qu'on m'a payé. Après, je vous laisserai tranquille.
- Le mercenaire ? hurla le boss en se levant.
Avec plusieurs coups de poing, Luna réussi à mettre sa cible à terre. Puis, il créa un couteau difforme et noir. Une étrange brume noire sortait de cette arme.
- Je vais sacrifier ton âme. Il ne reste désormais plus que quelques minutes à vivre.
La lame s'enfonça dans son ventre en lui arrachant un cri de douleur. C'était insupportable pour Evangelisto qui tremblait d'impatience. Il désirait plus que tout voir cet individu souffrir à son tour.
- Bien. J'ai fini mon travail. Si vous me laissez partir, tout ira bien pour vous.
Devant la porte, le type avança. Puis, Fabio, derrière lui, tira en direction de sa tête. La balle sortit du canon et celle-ci se fit trancher en une dizaine de morceau par un fil qui s'enroula autour.
Les bouts de projectile ne touchèrent personne... Furieux, Luna de servit de sa bobine pour déplacer ses fils dans la pièce et trancher les tendons de Fabio d'un bref mouvement.
- Je vous avais prévenu. Maintenant, c'en est fini de vous.
Killer revint à la charge. Lame contre lame, ils se battaient rudement. Les coups de couteau s'échangeaient rapidement alors que Dorian se relevait lentement. Il admirait le combat, prêt à intervenir en cas de pépin.
- Va chier, gamin...
Luna allait crever l'œil de l'assassin avec sa lame. Il en était à deux doigts. Basilio s'interposa cependant avant que ce ne soit trop tard. D'un coup de pied dans l'arrière des genoux, il fit basculer leur ennemi vers l'arrière mais celui-ci se rattrapa et glissa sur un mètre. Dorian lui lança une table qu'il évita.
Pourquoi j'ai fait ça ? se demandait l'adolescent. Maintenant, c'est moi qu'il regarde. Je vais mourir...
Une petite boule noire apparut sous le menton du mercenaire. Quelque chose d'infime mais Dorian était capable de la voire. Celle-ci était sur le point d'éclater.
- Fais ta prière, petit...
Il ne fit pas attention aux paroles de l'homme qui lui en voulait. En fait, le garçon préféra se retourner. Valerio était debout, les mains sur son ventre. Puis, il prononça ces quelques mots :
- Tu iras en enfer... Personne ne touche... Les Luziano.
La ridicule et minuscule petite sphère explosa en libérant un titanesque champ de force. Tous furent repoussés. Luna, quant à lui, sentit son corps se dissoudre. La puissance était trop grande pour la supporter en son cœur. La main tendue vers eux, il poussa un hurlement et disparu complètement de la surface de la terre.
Le couteau planté dans le corps de Ricard s'éffaça également et ses yeux s'ouvrirent.
- Valerio... Emmenez Valerio !
À l'hôpital, plus tard, l'homme ouvrit les yeux. Il sentait encore la douleur dans son abdomen mais il allait survivre. L'opération était terminée. Ricard se tenait à son chevet.
- Ma blessure était superficielle. Le couteau m'aurait tué si tu ne m'avais pas sauvé. Merci, Valerio. Je te revaudrai ça.
- Vous ne me devez rien. Si vous ne m'aviez pas emmené ici, il en serait de même pour moi.
Le médecin entra afin de leur annoncer la bonne nouvelle. Valerio allait sortir d'ici quelques jours. Dorian, lui, attendait dans le couloir. Le boss revint le voir peu après avec un sourire.
- Vous avez assuré, tous ensemble. Je suis fier de vous avoir dans ma famille.
- Je suis également satisfait. Cela m'a fait plaisir de vous aider. Cependant, j'ai une question. Il serait temps que je m'en préoccupe.
L'homme s'installa à ses côtés.
- Je t'écoute.
- Vous savez pourquoi je suis ici ?
- Tu souhaites venger ton père, hein ?
- C'est exact. Je ne dis pas que je vous abandonnerais quand ce sera fait mais j'aurais accompli mon objectif. Est-ce que vous avez une idée sur l'identité de cette personne ?
Ricard soupira.
- Chez les Luziano, les Suarez et les Mozami, tout le monde aimait Silvio. Il était respecté. Je n'en sais vraiment rien...
Un type à la carrure imposante arriva devant les Luziano. Il avait des cheveux violets, des yeux gris et des taches de rousseurs sur les joues.
- Boss...
- Redento.
- Le nouveau est arrivé.
Devant le Baracuda, un homme âgé d'une vingtaine d'année, légèrement barbu, attendait l'arrivée de son tuteur. Ricard et Dorian l'observaient au loin.
- Valerio t'a dit qu'on t'a fait bénéficier d'un traitement de faveur, n'est-ce pas ?
- Oui.
- Regarde ce que les autres doivent subir.
Redento marcha lentement vers lui, une matraque à la main. Puis, il commença à le tabasser.
- Pourquoi vous faites ça ? s'étonna Dorian
- C'est une mise en condition. Il ne sera pas maltraité tout les jours mais cet homme va devoir s'endurcir. Il passera le balais, nettoiera les toilettes et fera tout ce qu'on ne veut pas faire avant de commencer le mois d'apprentissage.
Quelques minutes plus tard, Ricard reçut un appel téléphonique dans son bureau. Il décrocha le combiné et écouta attentivement la voix masculine.
- Ici Celerino. J'ai appris pour votre victoire. Félicitations. Malheureusement, j'ai toujours en travers de la gorge le fait que votre homme ait volé notre argent.
- Qu'est-ce que vous me voulez ?
- Envoyez-moi quelqu'un. Il fera une mission pour moi et j'oublierais tout ça. Après tout, ce n'était que notre petit coffre. Rien de très grave.
- Je vous envoie Dorian Jilliardo. Demandez-lui n'importe quoi.
- Je vous remercie, Ricard.
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