6. Trahison

Le cigare était allumé. La fumée s'élevait. Les mains croisées, les bras posés sur le bureau et assis sur sa chaise, Ricard écoutait Valerio lui rendre des comptes.
- De ce fait, boss... Nous avons tué Valdemaro Mozami.

Dorian et Basilio étaient assis sur les canapés près d'eux. Ils attendaient une réponse de la part du père de la famille. Cependant, il fixait le barbu sans ajouter quoi que ce soit. Il reprit son cigare, tira dessus et souffla la fumée sur son ancien sbire.
- Valerio...
- Boss ?
- À part nous attirer de nombreux ennuis, est-ce que ta technique me permettra de faire sortir Évangélisto ?
- Non, j'en suis navré.

Il écrasa brutalement le cigare sur son bureau tout en se levant. Furieux, il lança un regard noir au blond.
- Je ne le dirais qu'une fois, Valerio. Je ne veux plus jamais te voir ici... Les Luziano t'envoient en exil.
Dorian se leva brusquement, surpris d'entendre ses paroles.
- Pars tout de suite.
- Entendu... Ricard...

L'homme s'en alla. Dehors, il jeta un œil à la devanture du Barouf pour la dernière fois. C'est alors qu'il vit Basilio, les jumeaux et Dorian arriver en courant.
- Ne me suivez pas. Je m'en vais rejoindre une autre famille.
- Pourquoi tu fais ça ? s'exclama Tonio. C'est une opportunité pour toi de te ressaisir. Quitter le monde du crime n'est pas donné à tous.
- Je suis né dedans et j'y resterais. À partir de maintenant mes amis...

Il serra les quatre dans ses bras. C'était dur alors ce fut juste un câlin collectif.
- Vous êtes mes ennemis.
Puis, il les repoussa, leur fit un clin d'œil et s'en alla sans se retourner une seule fois. Dorian se mit à genoux. Il ne regardait pas son ancien collègue partir. Les larmes aux yeux, l'adolescent se contenta d'observer les graviers.

Le lendemain, Dorian décida de passer la journée entière avec sa mère. Dans son salon, il regardait la télévision avec elle. Retourner chez les Luziano ne l'intéressait plus vraiment. Venger son père était devenue sa raison de vivre mais sans celui qui l'a accueilli, c'était difficile d'y penser.

Pendant ce temps, Valerio frappa à la porte du chantier naval. Celerino ouvrit et leva son arme. Avec un rapide réflexe, le barbu se baissa lorsque la balle traça. Tandis que l'homme leva les bras en s'agitant, le projectile troua la coque d'un bateau.
- Attendez, attendez, attendez ! Je suis venu parler.
- Parler ou me buter ?
- Je sais qui a tué votre chef et je suis venu le dénoncer.
- Pourquoi tu ferais ça ?
Le chauve frappa son ennemi à coup de canon. Le nez en sang, la main sous les narines, Valerio recula.
- Écoutez... Ça fait un moment que j'en ai ma claque des Luziano. Ricard à tué votre chef parce que son fils est en taule. Je déteste son putain de gamin.
Il tendit sa main au Mozami.
- Je suppose que vous allez devenir le nouveau chef. Si vous m'acceptez en tant que bras droit, je prendrais mon poste très à cœur et je vous dirais absolument tout ce que je sais...

Tonio posa un sept de trèfle sur le huit de pique posé au centre.
- Catastrophe... soupira Basilio. C'est mauvais pour moi, ça. Je pioche.
- C'est pas à ton tour.
- Farenzo s'est couché, je te rappelle.

Une voiture bleue s'approcha à toute vitesse du Barouf. Puis, le conducteur s'arrêta en driftant. Les hommes masqués et armés descendirent du véhicule en mitraillant la zone. Les clients en terrasse se prenaient une multitude de balle. Les Luziano à l'intérieur du bar foncèrent à l'armurerie et revirent en tirant sur leurs ennemis.

En plein centre de la fusillade, le barman rampait jusqu'à la sortie. Les Mozami vidaient leurs chargeurs si vite. La totalité du bar était dévastée. Les bouteilles en vitrine étaient exposées, les tables couchées étaient pleines de trou et il y avait d'innombrables balles au sol. Les murs de bois étaient repeints en rouge. Julian courut après leur voiture et hurla :
- Bande d'enfoirés !

C'est alors qu'une balle se logea dans sa tête. Les Luziano venaient de perdre quelques membres. Ricard, au dernier étage, observait leur véhicule depuis sa fenêtre. Il posa sa paume sur celle-ci et fronça les sourcils.
- Vous allez le regretter.

Les hommes sortaient. Le soleil tapait fort ce jour-là. Ils marchaient sur les casseaux de verre en évitant les cadavres.
- Le Barouf est détruit. On n'a même pas la thune pour le réparer.
- Donc les Luziano n'ont plus de repaire ? s'exclama Tonio.
Le barman se lamentait dans son coin. Il n'était plus possible de réparer quoi que ce soit sans y mettre de somme conséquente.
- Je suis navré, soupira Ricard. Vous devez tous rentrer chez vous. Ce n'est pas de votre faute mais vous êtes suspendus jusqu'à nouvel ordre.
Ayant pris connaissance de la nouvelle, Dorian décida de passer des jours sereins avec sa mère.

Au bout d'une semaine, Valerio s'approcha de Celerino.
- Il y a un problème.
L'homme expliqua qu'un voleur se trouvait certainement parmi eux parce que leur coffre était entièrement vide. Furieux, le nouveau boss décida de réunir tout le monde dans la salle principale. Ils étaient seize, en ligne.
- La question est simple. Qui a volé le million ?

Aucun d'eux n'avait l'air d'être coupable et pourtant, le blond aux yeux bleus soupçonnait Franjo.
- C'est toi, dis-le.
- Je le jure sur la tombe de Valdemaro... Je n'ai jamais volé les Mozami !
La balle traversa son crâne en une seconde. Le sang gicla et les autres tournèrent la tête.
- Ne jurez pas sur sa tombe.
- T'y vas un peu fort, soupira Celerino.

Valerio cassa le nez du suivant. Alors, le boss l'attrapa et le repoussa.
- Tu devrais partir. Ta place n'est pas parmi nous.
- Pardon ? Je crois même que je devrais devenir le vrai boss. Battons nous afin d'en juger.

Celerino se mit en garde, fit un tour sur lui-même et frappa d'un coup de talon le ventre de Valerio. Il fut projeté sur un mètre contre un pilier de bois. S'ensuivit alors un long combo de coup de poings au visage. Totalement ensanglanté, l'homme se mit à quatre pattes et toussa.
- Pardon ! Je me retire...
- Plus vite que ça.

Le barbu se mit à courir et disparut de leur vision. Pendant ce temps, Dorian préparait une bolognaise épicée. Il versa du piment dans le bœuf assaisonné tandis que ses tomates étaient en train de bouillir. Puis, quelqu'un frappa à la porte.
- J'y vais, mère.

Il courut jusqu'à l'entrée et ouvrit. Valerio titubait, tenant à peine debout. Inquiet pour lui, le garçon le fit entrer à l'intérieur et décida de le soigner avec leur kit de secours.
- Tu as fais ce que je t'ai demandé ? demanda le blond aux yeux bleus.
Dorian lui fit un grand sourire.
- L'argent est dans des cartons au fond de la cave.
- Allons voir Ricard.

Le soleil se couchait. Devant un bar abandonné, Valerio et le nouveau attendaient que le boss des Luziano arrive. Il y avait très peu de monde autour d'eux.
- Il me semblait t'avoir dit que je ne veux plus te voir.
- Boss. Je suis vraiment désolé de vous avoir repoussé dans vos retranchements et je n'avais pas vraiment prévu que le Barouf se retrouve dans un sale état.
- Je ne suis plus ton chef. Je ne suis plus rien pour toi et tu n'a plus aucune valeur pour les Luziano.

Valerio claqua des doigts en souriant.
- Je vous prierais d'y réfléchir...
Dorian ouvrit son sac à dos et le donna à Ricard.
- En voyant que vous étiez en colère après moi, j'ai eu l'idée d'en rajouter en faisant la pire connerie.

Le plan de Valerio consistait simplement à se faire virer de la famille pour aller chez les Mozami et les voler.
- Maintenant, boss, vous pouvez payer la caution de votre fils et racheter ce bar...
Souriant, le boss lui attrapa les mains et les serra.
- Je dois avouer que malgré le tort que tu nous a causé, je suis agréablement surpris. Je ne m'y attendais guère.

Ils mangèrent tout les trois dans un restaurant. Dorian pouvait enfin sourire. Il se sentait heureux d'avoir retrouvé son collègue. Ils étaient cependant toujours en guerre contre les Mozami et les Suarez avaient l'air de les haïr.
- Je libèrerai mon fils lorsque le bar sera reconstruit. Occupons nous de ça demain.

Au final, tout alla pour le mieux. Ils n'avaient aucune nouvelle de leurs ennemis et leur nouveau repère était enfin ouvert. Ricard leva son verre au bar et fit son discours :
- Chers Luziano. Chers clients. Je vous souhaite la bienvenue au Baracuda ! Levons notre verre pour Valerio qui nous a grandement aidé à réouvrir notre business. Mais surtout, portons un toast à notre nouvelle recrue qui est ici depuis déjà un mois.

Farenzo et Basilio attrapèrent Dorian qu'ils secouaient. Puis, Valerio posa sa main sur la tête de l'adolescent et lui frotta les cheveux afin de lui montrer son affection taquine.
- Bienvenue chez nous, officiellement.
- Tu es désormais un Luziano, s'écria Ricard. Félicitations ! Tu auras tes missions seul ou en groupe. Tu n'as plus rien à apprendre.

C'etait la fête au bar. La bonne ambiance. Pendant que les alcooliques du coin se saoulaient comme des trous, Valerio sortit un instant. Il marcha un peu afin de prendre l'air.
- Que...
Il baissa les yeux et vit une lame sortir de son ventre. Une déchirante douleur le coucha.
- C'est quoi... Ce bordel ?
Le barbu se retourna après avoir senti la lame se retirer. C'était un assassin. Un homme vêtu de noir mais légèrement transparent.
- Un fantôme ?
- Salut, Valerio...
Les mains sur sa plaie, les dents serrées, il recula.
- Qui es-tu ?
- Mon nom est Killer. Je suis un Écho.

Avec un grand champs de force, l'homme propulsa son agresseur au loin. Celui-ci étant d'apparence trop léger, il s'envola sur quelques mètres et s'écrasa dans une bijouterie après avoir traversé la vitrine. Perdu dans cette zone qu'il ne connaissait pas vraiment, Valerio se mit à courir afin de chercher ses collègues.

C'etait la panique. Il n'avait aucune arme sur lui et il était grièvement blessé. En un bond, à très haute vitesse, l'assassin revint à la charge. En plein air, il frappa son adversaire au visage d'un coup de pied retourné. Valerio fut projeté au-dessus d'une maison ! Killer fut tellement rapide qu'il put le frapper une seconde fois afin qu'il s'écrase au sol. Les yeux rivés vers le ciel, l'homme cracha du sang.
- Fait chier... Mourir si tôt ?
- La prochaine fois que tu m'envoie en détention...

Evangelisto saisit le col du barbu.
- Je te tue...
Ses cheveux étaient rasés. Il était légèrement plus musclé et son regard le terrorisait.
- Je vais le dire à ton père...
- Il ne te croiera pas. Les vrais Luziano passent toujours avant.

L'adolescent s'en alla en le laissant couché, dans un sale état.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top