31. C'est de ta faute

Dorian tenait encore sur ses jambes. Il encaissait les coups sans broncher. Ses bras étaient en croix, devant son visage. De loin, sans risquer sa peau, Crocifisso le tabassait.

La tempête se calmait. Le ciel était toujours gris et la neige tombait doucement. Les flocons passaient devant ses yeux, un par un. Le jeune brun fixait son ennemi en réfléchissant à un moyen de le tuer. Sortir son arme aurait pu être efficace s'il ne pouvait pas frapper à distance.

Des hématomes se formaient sur ses bras. Il entre-ouvrait sa bouche en laissant ses dents blanches à l'air libre. La douleur le faisait grimacer.
- Tu compte tenir combien de temps comme ça ?
Le Suarez utilisa cette fois-ci son pied gauche pour taper dans les genoux du gamin.

Il tomba brusquement mais ne se laissa pas faire. Ses bras protégeaient encore son visage. C'était son principal but.
- Tu es ridicule, Dorian... Je vais terminer le travail.
Avec son autre jambe, il fit un mouvement latéral vers les cieux. Le menton du garçon fut touché et sa mâchoire craqua. Il se mordit aussi la langue jusqu'à en saigner.

De l'autre côté, au niveau du port, Celerino bandait ses poings avec du ruban blanc. Vinnie et Lingrad ont juré de ne pas se mêler de leur combat même si leur boss était condamné à mourir.
- Tu sais, Mozami... Je ne me priverai pas d'user de mes pouvoirs.
- Tu es si faible que sans eux, tu perdrais.
- Pas forcément. Je préfère juste éviter de perdre mon temps.

L'homme, furieux, leva son bras. Tendu, il se dirigeait vers Ricard. Dans sa main se trouvait un pistolet de policier. Il avait volé celui du shérif.
- Si tu veux utiliser ton feu, j'utiliserais le mien.
- Bien. Alors commençons.

D'un bond, en une seconde, le boss des Luziano apparut devant le chauve. Il avait le bras levé, son cigare à la main. L'homme s'apprêtait à le frapper. Avec un vif réflexe, Celerino bloqua ce coup avec le bras qui tenait son arme. Puis, il frappa Ricard au ventre. Il recula à cause de la puissance de cette offensive.
- C'est tout ce que tu peux faire ?
- Ne me prends pas pour un con. Je t'ai repoussé.
- Tu penses que je peux faire mieux ? Je me le demande...

Encore une fois, il sauta en direction du Mozami. Il survola le sol en le frôlant et en très peu de temps, il arriva devant lui. Avec sa jambe, il le frappa aux bras. Comme Dorian, Celerino avait mis ses membres en croix.
- Quel furtivité, dit Vinnie.
- C'est incroyable. Les deux m'épatent.

Même avec une garde, l'ancien mafieu recula. Ses pieds glissèrent sur la pierre gelée. Sans lui laisser de répit, le Luziano lui fonça dessus et l'enchaina avec de multiples coups de poing. Puis, il attrapa le chauve par le col avant de le faire voler plus haut. Avec son talon gauche, il frappa le ventre de son ennemi après un grand saut. Celerino fut éjecté à quelques mètres dans les airs.
- Rafale de phalanges...

En retombant, il accompagna son bras en y plaçant toute sa force. Puis, lors de l'atterrissage du Mozami, il le claqua violemment. D'une main, puis de l'autre. Plusieurs fois. Les joues rouges, le type fit un bond vers l'arrière pour éviter le coup de grâce.

Sa peau craquait et du sang sortait de ces petites lésions.
- Tu peux encore t'arrêter là.
- Jamais, répondit Celerino. Je dois venger Gustavo.

Crocifisso, lui, poursuivait son combat seul. Dorian avait les bras enflés et des bosses sur la tête. Il ne tenait plus. Il devait trouver une solution. Doucement, il tenta de se relever. Les épaules relâchées, les mains sur ses hanches, les jambes tendues, il s'était mis debout.
- Si ce n'est pas toi...
Un uppercut le fit voler en une seconde. Puis, il retomba et décida de rester au sol, allongé sur le ventre. La bouche collée à la neige, il se laissa partir. C'était le bon moment selon lui. Abandonner était sa dernière solution.

Le Suarez fit quelques pas jusqu'à lui. Méfiant, il restait à l'affût, prêt à frapper au moindre mouvement ennemi.
- Dorian, Dorian, Dorian... Tu me déçois énormément. J'en attendais vraiment plus venant de toi. Je pensais m'amuser un peu.
Il s'accroupit devant le garçon et l'attrapa par les cheveux.
- Ce n'est pas moi le propriétaire du fantôme que tu as vu. Je ne maîtrise pas la neige, malheureusement.
Soudain, il le souleva, toujours en le tenant par ses mèches. Puis, il le traîna en courant sur quelques mètres avant de le jeter plus loin. Complètement abattu et lassé de toute cette violence, Dorian cracha du sang avant de fermer les yeux.

Crocifisso avançait encore jusqu'à son adversaire. Au bout de quelques pas, il s'arrêta et mit ses mains dans ses poches.
- Par contre... C'est moi, qui ai tué ta mère.
Une explosion fit trembler le sol. De la neige s'envola. La montagne sur laquelle ils étaient n'était autre que le toit de la grande cathédrale. Furieux, l'adolescent retrouva la forme. Ses mains étaient luisantes. De nouvelles formes étaient apparues. Ce n'était plus une simple araignée. Ce qu'il avait sur le visage était simplement une toile allant de son front à son torse. Ce qu'il avait cette fois ressemblait plus à une veuve noire. Encrée en rouge dans son corps.

Ricard alluma son cigare. La tempête s'étant calmée, ce fut beaucoup plus facile. Puis, il en fit une épée de feu. Celerino se releva lentement et tira à deux reprises vers lui.
- Il ne sait plus viser, soupira Vinnie.
- Il a pris trop de coups.
Le Mozami courut soudain jusqu'à l'homme qu'il affrontait. Embroché par la lame enflammée, il poussa un grand hurlement. C'était chaud. Brûlant. En fait, la douleur était particulière. Elle paraissait irréelle et pourtant...

Le Luziano lâcha son arme. Une balle venait de traverser son épaule gauche. La main droite sur sa nouvelle blessure, il recula.
- Bien joué. J'ai baissé ma garde.
Lingrad posa sa main sur son révolver. Seulement, il ne pouvait pas se permettre de mettre un terme à l'affrontement. Il en avait fait la promesse.
- Celerino. Je te laisse une dernière chance. Si tu refuses, je te tue.
- Tu crois encore être en position de gagner ?

Le canon de l'arme était collé à la tempe de Ricard. Patient, il ne bougea point. Il regardait son adversaire d'un air indifférent.
- Alors je vais appuyer sur cette putain de gâchette et cette fois, Luziano... C'est fini.

Le coup résonna. La balle traça a toute vitesse alors que l'homme se baissa. Il avait vu le mouvement de son doigt. Avant même qu'il n'ait eu le temps de tirer, le boss s'est mis à plier ses genoux. Rapidement, il fit glisser sa jambe sur le sol et balaya Celerino. L'homme tomba sur les fesses et ouvrit grand ses yeux. Il avait perdu.
- Je t'avais laissé une dernière chance. Maintenant, c'est fini...

Vinnie et Lingrad tournèrent la tête. Égorgé par une épée de feu, le Mozami tendit sa main vers les cieux en faisant une dernière prière.

Valerio conduisait sa voiture à la recherche des autres. Il ne cessait de pleurer au volant pour la mort de son camarade. Il en avait assez de déplorer des pertes. À l'arrière, le général était mal en point.
- Bordel, où sont les autres ?
- Je m'en veux encore pour vos amis. Je me suis permis d'ôter la vie de vos camarades...
- Je ne veux plus en entendre parler. Je veux retrouver l'enfoiré qui a manigancé tout ça.

Le reptile ferma les yeux et prit une grande inspiration. Il commençait à divaguer. La mort venait le chercher mais il n'était pas prêt à lui tendre sa main.
- C'étaient des Suarez. C'est sûrement le boss.
D'un brutal coup de pied sur la pédale de frein, Valerio arrêta le véhicule.
- Tu as raison. On est tout de suite partis sur la théorie de Dorian mais...
Il leva la tête et observa son nouvel allié dans le rétroviseur.
- Don Nemesio est notre adversaire final.

Ricard et les deux autres marchaient à la recherche des autres Luziano. Ils s'approchaient de la place des Suarez. Vinnie remonta ses lunettes et pointa le toit de la cathédrale du doigt.
- Regardez... C'est le petit.
Déchaîné, il essayait de frapper Crocifisso mais cet homme était bien trop rapide pour lui. Il usait de ses forces pour un tas de mouvements inutiles. Chaque attaque ratée était punie. L'homme le frappait encore et encore.

Ricard jeta un œil aux alentours. L'explosion à détruit la passerelle pouvant les emmener en hauteur. Dorian n'avait aucun moyen d'être sauvé.
- J'espère qu'il va s'en sortir...
- Il est fort. Bien-sûr, qu'il y arrivera.
Une voiture arriva à toute vitesse. Le barbu se gara à côté d'un cadavre et descendit du véhicule.
- Boss !

L'adolescent, au sommet de la ville, poursuivait toujours son adversaire. Un coup par-ci, un coup par-là, il tentait en vain de le cogner.
- Bon, j'en ai assez de jouer avec toi. Je vais trouver une marionnette plus distrayante.
Crocifisso fit un mouvement étrange et le coup de pied poussa Dorian très loin.

Il fut projeté sur quelques mètres puis il roula sur la pierre avant de tomber sur une grosse couche de neige. Cependant, en-dessous, se trouvait un vitrail couché. Il se brisa alors sous le poids du brun qui tomba. À plus de quinze mètres de hauteur, sa mort était assurée, surtout dans un tel état. Heureusement que Ricard lui a prêté les fils de Luna.

Il déroula les bobines entièrement et arrêta sa chute à quelques centimètres du sol. Furieux de le voir vivant, Crocifisso sauta. Lors de sa chute, il se demanda comment atterrir sans mourir. Puis, avant qu'il n'atteigne la terre ferme, il se fit tirer dessus d'une balle dans la tête.

Dorian, intrigué, regarda plus loin. Assis sur un banc, le don Nemesio souriait. Il venait d'éliminer son sbire.
- Il était chiant, c'est incroyable.
- Vous êtes...
- Oui, c'est bien moi. L'homme qui a transformé Verremburg en un immense congélateur. Tu as quelque chose à me dire ?
L'adolescent prit son révolver et le tendit vers l'avant.
- Fais ta prière...

La porte de la cathédrale s'ouvrit. Les Luziano et leur camarade à écailles avancèrent.
- J'ai mis du temps avant de le comprendre, dit Ricard en souriant. Il n'y a de la place que pour un seul chef à Verremburg. Décidons dès maintenant de qui il s'agit...

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top