3. Metal Brother
L'orage grondait et les éclairs déchiraient les cieux. La pluie s'abattait sur Salslaw. Otto, dans un état des plus déplorables, se releva difficilement. Le monde tremblait pour lui. Ses yeux ne lui permettaient plus de voir correctement.
- Reviens ici... Connard...
Son robot s'élança vers Miria qui se fichait éperdument de lui. Ignorant, toujours en avançant le dos tourné à son ennemi, l'homme glissa sa main dans son pantalon. Puis, il sortit son pistolet.
Pan ! La balle s'échappa du canon et heurta le corps blindé et froid de l'étrange personnage qui se trouvait désormais face à un des criminels les plus redoutés.
- Turtle bite !
Une vague transparente s'étendit sur plusieurs mètres jusqu'à atteindre le gamin tenant à peine sur ses jambes.
- Qu'est-ce que...
Il bougeait tout doucement, comme ralenti par quelque chose. Les gouttes de pluie tombaient lentement jusqu'au béton trempé.
L'homme leva son bras et visa le petit. Il savait que le robot était un fragment de son écho et qu'en se débarrassant de son maître, celui-ci allait disparaître. Cependant, la carcasse de métal n'était pas affectée par son étrange pouvoir de ralentissement.
- Alors...
Otto relâcha sa respiration et sourit, les larmes aux yeux.
- C'est ça, l'étendue de tes capacités ? Je m'en suis à peine rendu compte que c'est déjà terminé ?
Le bassin légèrement avancé, sur la pointe des pieds, le garçon prit une pose des plus curieuses puis il poussa du revers de ses mains les deux côtés de sa veste ouverte.
- Non !
Une seconde balle fut tirée, par Miria apeuré. Chacune des phalanges du jeune homme étaient posées sur les deux revolvers qu'il avait volé aux policiers en se levant.
- Pas si vite...
La chose qui protégeait son maître fit son travail jusqu'à la fin. Encore une fois, la balle fut stoppée. Seulement avec son pouce et son index. La tête en forme de seau afficha un visage amusé. Deux petits yeux rouges et un sourire joyeux.
- Merci, monsieur... Je devrais te donner un nom, tiens !
- Parce que tu crois que vous allez survivre ? s'exclama Miria.
- Tu trembles devant un gosse et une machine issue de son âme. Bien-sûr qu'on va s'en sortir, c'est toi le plus peureux.
Il dégaina brusquement ses armes et visa le mafieux des Serpente Rosso.
- C'est toujours les plus courageux qui gagnent une guerre.
- Turtle Bite !
Les doigts du garçon avaient au préalable pressé la détente. Les balles n'atteignirent point la cible de par leur faible vitesse. En revanche, l'homme put courir jusqu'à poser le canon de son arme sur le front du jeune blond.
- Parfois, pour vaincre son adversaire, il suffit d'un peu de jugeote.
Son index frôla un instant la détente. Cependant, avant de faire partir le coup, il lâcha un long soupir et sourit.
- Tu aurais pu te servir de ta tête.
- C'est ce que j'ai fait, Miria.
Il ouvrit grand ses yeux. Désarmé par le garçon plus rapide que ce qu'il pensait, il recula, effrayé par l'arme qui le visait.
- Tu étais ralenti !
Otto posa sa main droite sur sa taille. L'autre tenait le revolver qui pointait dans la direction de l'assassin de sa mère.
- Tu n'as pas conscience de tes propres limites. J'ai juste fait semblant de ne rien pouvoir faire les dix dernières secondes.
- Enfoiré...
Sans retenue, le blond pressa la détente et perfora le ventre du type qui sentit la puissance de la projection le repousser. Il fit un pas en arrière et se recourba vers l'avant, les dents serrées. Sa main droite sur le trou, il appuyait de manière à empêcher le sang de trop couler.
- J'ai volé quelqu'un de ta famille et tu aurais pu me tabasser.
Le sol trembla. Chaque pas faisait vibrer les environs. La machine s'approchait du criminel.
- Tu as hélas pour toi, scellé ton sort en tuant le dernier membre de ma famille.
Une lumière vive traversa l'esprit du garçon. Il voyait une silhouette lui tendre la main. Un vieux souvenir.
- Je vais te démolir...
D'un uppercut surpuissant, la créature de métal fit voler Miria. Lors de sa chute, l'homme put se rendre compte de son erreur. Sur le point de s'écraser sur le sol, il ferma les yeux et commença à réciter une prière.
- Metal Brother... Balance une rafale !
Le mafieux ne put retomber sur la terre ferme ! Mitraillé de coup de poing, il subissait cette violente haine qui se déversait sur lui comme il le méritait.
- Metal Crusher !
C'était le nom qu'Otto donna à l'attaque de son nouveau compagnon. Ils avaient mis hors d'état de nuire cet individu.
- Enterrons-le loin d'ici. Loin de ma maison... Fils de pute...
La tempête cessa. Le soleil revenait. Une pelle à la main, le garçon marchait sur la route, seul. Le bout de l'outil raclait le goudron. Quelques voitures passaient près de lui. Les conducteurs prirent soin de klaxonner pour le réveiller au passage mais il était obnubilé par quelque chose. La vision qu'il eut en plein affrontement.
- Scud... Mon frère...
Albani pointa enfin le bout de son nez. Face à son collègue, les mains dans les poches, il plissa les yeux.
- T'es dans un sale état.
- C'est rien, ça...
- Si tu le dis. Viens avec moi, nous sommes conviés quelque part.
Otto leva la tête et regarda le visage angélique de son camarade.
- Hein ?
- On va rencontrer le parrain. On entre au Palace...
L'île sur laquelle se trouvaient ces garçons étaient circulaire. Beaucoup de rues montaient et descendaient. L'immense ville de Salslaw était érigée sur des hauteurs diverses. Certains bâtiments se trouvaient à des dizaines de mètres au-dessus d'autres habitats. Au centre de cette île, près de la place du marché, se trouvait le Palace dans une allée déserte.
- C'est pas un piège, hein ? demanda Otto. T'as rien balancé ?
- Je t'ai dit de me faire confiance si je ne suis pas en danger par ta faute.
- Qui t'a ordonné de venir ?
Les grilles de la cour s'ouvrirent devant eux. Un mafieux s'approcha, souriant.
- C'est moi.
Kamila laissa les deux invités pénétrer dans l'enceinte de leur base. Puis, il posa ses mains sur leurs épaules.
- Attendez avant d'entrer. Sachez une chose.
Il approcha sa bouche de leurs oreilles et murmura :
- Si vous voyez le visage du boss, vous allez devoir mourir lorsque vous quitterez nos rangs.
Une interrogation frappa alors Otto. Foudroyé du regard par ce dernier, Kamila croisa ses bras.
- Un problème tocard ?
- On n'est pas censés mourir si on se barre de la mafia ?
- Si, si. Dans tout les cas, vous disparaissez de Salslaw.
Les portes s'ouvrirent devant eux. Le jardin fleuri était des plus accueillant, tout le contraire du somptueux décor intérieur qui s'offrait aux nouveaux. C'était à la fois beau et effrayant. Sombre et riche en couleurs.
- Énorme... déclara Otto en souriant.
Il s'approchait de son objectif. En marchant sur le sol de marbre si lisse et luisant qu'il était possible d'y voir son reflet, il observait les alentours. Il y avait des murs ornés de tableaux, des vitraux dorés, des lustres et pourtant, aucun éclairage.
- Pourquoi est-ce qu'il fait si sombre ici ? demanda Albani.
Un type débarqua dans le salon. Il s'adressa aux garçons en leur tendant sa main afin de les saluer.
- Parce que le parrain ne veut pas que l'on soit vu par quiconque.
- C'est idiot, répondit le blond. Pourquoi faire ça alors que quelqu'un peut juste entrer en se demandant pourquoi ce palace d'apparence vide est si bien entretenu ? Y a personne dehors qui surveille !
Kamila attrapa Otto par la bouche d'une seule main. Il souleva le nouveau et fronça les sourcils.
- Ne traite pas le boss d'idiot. C'est toi le con.
L'autre personne dans la pièce dégaina un sabre à la lame enveloppée d'une aura noire.
- Lâche-le, mec.
- À vos ordres, Stivio.
Il laissa le jeune homme tomber sur le canapé et se retourna en sortant son pistolet. Les deux types se regardaient avec haine.
- Pour en revenir à ta question, le parrain surveille toute la rue avec son écho.
Stivio rangea son arme et leur tourna le dos. Il avait une longue chevelure noire, une queue de cheval attachée avec un élastique rose et des yeux marron.
- Maintenant, si vous voulez bien me suivre.
Kamila prit la bouteille d'alcool qui traînait sur la table et l'ouvrit. Il porta le goulot à sa bouche et s'avachit sur le fauteuil de cuir en regardant les nouveaux s'éloigner dans la pénombre.
Tout en haut, au troisième étage, il entrèrent dans un bureau fleuri. Il y avait du lierre sur le mobilier, des fleurs qui poussaient sur les étagères remplies de livre et de la mauvaise herbe aux coins de la pièce.
- Les voilà, dit Branno impatient.
C'était le second du boss. Il avait des cheveux violets, chatoyants. Ses yeux bleus luisaient dans les ténèbres du bureau. Il remit ses lunettes correctement et s'approcha du parrain.
- Présentez-vous, déclara le boss sans les regarder.
Un genou au sol, Albani déclina son identité. Puis, il se fit attraper par les cheveux. C'était le frère de Kamila, qui n'avait pas le moindre poil sur le caillou et des lunettes de soleil.
- Tu t'es cru au moyen-âge ?
- Pardon...
- Moi, c'est Otto.
- Assez !
Une chevelure verte et allant jusqu'à ses fesses, des yeux d'un pourpre étonnant tels une rose aux parfaites couleurs du sang. Des lèvres fines et un visage pâle. C'était le chef des Lupi Neri qui se trouvait face à eux, debout.
- Je vous demande ici et maintenant de me prouver votre valeur. Vous êtes entrés dans le clan pour avoir aidé notre recruteur à accomplir une tâche des plus insignifiantes mais je ne sais pas qui vous êtes réellement. Vous vous présenterez si vous menez à bien votre mission.
Une plante carnivore se tenant sur le bureau grandissait. Sa tige s'allongea jusqu'à ce qu'elle atteigne les nouveaux. Otto ne bougea pas d'un poil. Les dents de la plante se trouvaient à quelques millimètres de lui.
- Je surveille la base grâce à ces jolies petites bêtes mais elles me servent aussi à exécuter ceux qui ne valent pas la peine de rester en vie.
- Qu'avez-vous à leur confier ? demanda Branno. Dites-leur maintenant, ils empestent. Plus vite ils sortiront d'ici, mieux je pourrais respirer.
Des ronces emmenèrent une photo devant les garçons.
- Vous devez tuer cette personne. Miria, des Serpente Rosso.
- Haha... Hahahahaha !
Otto s'esclaffa une longue minute puis il essuya la larme qu'il avait à l'œil.
- Je n'ai jamais terminé de mission aussi vite.
Il croisa ses bras et sourit.
- Je l'ai enterré sous un arbre près de la crique il y a quelques heures.
Branno hurla :
- QUOI ?
- Alors là, je suis épaté, déclara leur chef. Allez vérifier s'il dit vrai. Si c'est réellement le cas, vous allez pouvoir monter en grade dès maintenant.
Furieux, le père des deux frère s'en alla en courant. Stivio, amusé, colla son dos à un mur de feuillage.
- J'en connais un qui n'a pas confiance et qui risque de vous mettre des bâtons dans les roues.
Le parrain avança jusqu'aux garçons.
- Vous savez, ce gars là n'est que mon second. Rien de bien important. Si jamais il nuit à votre santé et vous empêche d'exécuter mes ordres...
Avec son index et son majeur, il mima un pistolet et imita le bruit d'une détonation avec sa bouche en posant ses doigts sur la joue d'Albani.
- Butez-le...
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