3. Écho

Le moteur ronronnait. Les pneus crissaient. La voiture venait de s'arrêter. Dorian descendit de la voiture avec ses collègues.
- On vient en paix, n'oubliez pas, chuchota Farenzo. Pas d'altércation.

Face à l'ancienne mairie, ils attendaient que quelqu'un vienne leur ouvrir. Tonio à au préalable sonné à l'interphone. C'est alors qu'un homme apparut dans leur champ de vision.
- Tiens, tiens, les Luziano.
- On vient en paix.

Le type aux cheveux gris et à la cicatrice en forme de s au niveau de l'œil gauche se décala et les laissa entrer.
- Merci de ta compréhension, Crocifisso.
- Pas si vite.
Ses mains se posèrent sur les jambes du premier à être entré. Puis, il palpa ses poches, ses fesses et se baissa jusqu'à ses pieds.
- Rien à signaler. Tu peux entrer.

Dorian sentait des sueurs froides couler dans son dos. Il savait qu'il ne devait pas être agressif mais il ne pensait pas qu'il aurait dû laisser son arme dans la voiture. Il fit un pas en avant et déglutit.
- C'est le nouveau. Il n'est pas encore autorisé à avoir d'arme.
- La confiance n'exclut pas le contrôle.

Le membre des Suarez posa ses mains sur la taille de l'adolescent qui paniquait.
- Ça ira, Crocifisso. Ils n'ont aucune raison de nous attaquer à trois. On est bien trop nombreux.
- Reçu, boss.

Le chef était venu en personne. Tonio sentit alors une vague de frisson parcourir la totalité de son corps.
- Les jumeaux et un nouveau. Qu'est-ce que ça veut dire ?
- Don Nemesio. On veut juste obtenir un renseignement.
L'homme les invita à prendre un café dans un bureau. Dorian et Tonio étaient assis en attendant le service de la boisson chaude. Farenzo, lui, touchait à tout.

Au bout de quelques minutes d'attente, ils furent servis. Le chef s'installa face à eux, souriant.
- Qu'esperiez-vous entendre et en échange de quoi ?
- Ne parlons pas d'échange. déclara le roux au grain de beauté. On veut simplement savoir si un de vos hommes est allé tuer des flics.
Nemesio porta une cigarette à sa bouche et l'alluma.
- Cela ne vous regarde pas.

Dorian prenait sur lui. Il ne voulait pas être suspendu comme Valerio et faire la même erreur que le fils de Ricard.
Je ne dois pas sortir mon arme. pensait-il.

Farenzo posa brutalement sa tasse vide et se redressa vers l'avant.
- Écoutez, don Nemesio. Si vous protégez celui qui a fait ça, vous aurez des ennuis. Les Suarez seront définitivement hors course.
- Ma famille n'y est pour rien. J'exige que vous partiez.
Tonio se leva, ajusta son col et poussa un long soupir avant de repartir. Dans un couloir, il regardait les photographies accrochées. Puis, l'une d'elles l'intrigua. Entre son index et son majeur, il saisit celle-ci et ouvrit grand les yeux.

Peu après, au Barouf, les jumeaux et Dorian s'installèrent à une table en terrasse. Un verre d'alcool chacun. C'était la première fois que l'adolescent allait déguster un whiskey de qualité.
- En fait, c'est surtout la première fois que je bois.
Les frères se lancèrent un regard complice avant de rire aux éclats.
- Tu vas bien dormir, cet après-midi.
- Bon, venons-en aux faits. Je pense avoir une piste.
Tonio posa une photo sur la table.
- Elle a été prise par un photographe professionnel le jour où les flics sont morts. Ils ont pu le payer, vous ne pensez pas ?

Valerio s'incrusta dans la conversation. Il souhaitait aider les Luziano et remonter dans l'estime de Ricard. Alors, il s'installa à la place du conducteur.
- Dépêchez-vous ! Nous n'avons plus de temps à perdre.

Rapidement, les Mafieux arrivèrent dans la zone commerciale. Ils devaient trouver un photographe. Chaque personne jeta un œil d'un côté. Tonio pointa du doigt un restaurant.
- Vous n'avez pas un peu faim ? Le soleil va se coucher, ça va être l'heure de manger.
- On ira après, répondit Valerio. C'est vrai qu'un bon steak me tente bien. Je t'invite, Dorian.

Le brun le remercia en souriant. Puis, il ordonna à son collègue de s'arrêter. Ils étaient devant un cabinet de photographie.
- Tonio, Farenzo, allez-y. On vous attend.
Le moteur était coupé. Les mains sur le volant, le barbu observait les frères avancer.
- Pourquoi est-ce que tu es revenu ? demanda le nouveau. Tu risque ta vie alors que tu es mis à pied.
- C'est ce que le boss retiendra. Je serais donc de retour dans la famille Luziano. Je ne laisse pas tomber mes frères.

L'homme baissa les yeux et frappa à plusieurs reprises son volant. Les coups de klaxon attiraient le regard des passants.
- J'ai déjà perdu ton père... Je ne tolèrerais pas que ça recommence.
- Je comprends.

Les frères arrivèrent en courant. Ils montèrent dans la voiture, essoufflés.
- On a son identité ! Le chef m'a dit que son meilleur employé à démissionné car il était devenu riche.
- L'argent des Suarez... Les enfoirés. Vous savez où il est ?
- Virgilio est le nouveau propriétaire de la maison à la piscine en lune.
- Le quartier riche ? s'écria Valerio. Il n'a pas perdu de temps. Allons lui rendre une petite visite après notre repas.

Les jumeaux se tenaient face au blond et au brun. Assis à une table pour quatre personnes, ils dégustaient leurs plats. Le crissement du couteau de Valerio frottant contre l'assiette blanche dérangeait ses camarades. Lorsqu'il coupait sa viande, il n'y allait pas de main morte.

Dorian, lui, avait commandé une poêlée de la mer. Il y avait du riz, des crevettes, des saucisses sucrées et des noix de cajou mélangés à du lait de coco. C'était délicieux.

Farenzo jeta un œil à sa montre.
- On devrait y aller.
La nuit était tombée. Les Luziano payèrent l'addition et s'en allèrent. Dans leur voiture, ils s'attachèrent et c'était enfin parti : Virgilio allait se faire punir.

Discrètement, les quatre types entrèrent dans sa demeure non surveillée. Aucune caméra, pas de chien de garde et l'homme était visible depuis l'extérieur. Il se préparait à manger et ne faisait donc absolument pas attention à ce qui se tramait dans sa cour.

Valerio donna un révolver à la nouvelle recrue.
- Écoute-moi bien. Ceci est une arme. Tu penses peut-être que tu es capable de tirer lorsque tu le devras mais tu vas avoir peur.
Il leva les yeux et vit leur cible enfourner un plat.
- On a tous peur. Ce que tu dois te dire, c'est que c'est lui ou toi.
- Compris...

Tonio et Farenzo entrèrent par une fenêtre ouverte. Les deux autres regardaient les moindres faits et gestes de Virgilio à travers la baie vitrée.
- On y va.
Discrètement, ils avancèrent jusqu'à la porte d'entrée et l'ouvrirent silencieusement. Heureusement pour eux, elle n'était pas verrouillée. Après avoir fait un pas à l'intérieur, Valerio sourcilla.
- Merde...
- Qui êtes-vous ? hurla le propriétaire.

Il replia légèrement ses doigts et créa une sorte de tourbillon au creux de sa main. Quelque chose se formait avec son énergie.
- Vous allez regretter d'être entrés ici.
Un appareil photo se matérialisa finalement dans sa main. L'homme aux longs cheveux noirs et bouclés leva l'objet et cliqua sur un bouton avec son index.

L'objectif était dirigé vers les deux mafieux. Le barbu leva alors ses deux mains. Elles tenaient l'arme qu'il allait utiliser pour tuer Virgilio. Seulement, un flash l'arrêta net. Dorian, derrière, était également pétrifié. Était-ce de la peur ?
- C'est quoi ce bordel ?
- Mon Écho... Je peux immortaliser un instant et le figer pendant quelques secondes. En bref, vous êtes à ma merci.

Cependant, les jumeaux arrivèrent derrière lui. Son instinct le fit se baisser lorsque les Luziano tirèrent. Les balles passèrent très près de leurs collègues.
- Désolé ! s'écria Tonio.
Le photographe courut jusqu'à sa table basse où était posé un pistolet. Encore immobile, Valerio se concentra sur cette zone et le repoussa avec un champs de force.

Puis, ils furent libérés. Les quatre hommes se tenaient devant l'assassin qui touchait son appareil. Il venait d'activer un autre mode.
- Je vous emmerde...
Sans les viser, il lança le mode vidéo et filma toute la pièce en se relevant. C'est alors que trois cercles bleus apparurent autour de chaque personne. Un au niveau des genoux, un autre près du bassin et le dernier autour des épaules.
- Vous êtes ralentis. Ça va me permettre d'aller chercher mon joujou.

Dorian déplaça l'arme de l'ennemi par la pensée mais son pouvoir était également affecté par le ralentissement. Du coup, Virgilio la saisit sans difficulté et visa le plus jeune.
- Qu'est-ce que vous me voulez ?
- Simplement discuter.
- Avec des armes ?

L'ennemi tira dans leur direction. Lentement, le nouveau échappa au projectile de justesse. Leur vitesse revenait peu à peu.
- Ne bougez plus !
- Virgilio ! s'exclama Farenzo. Est-ce que c'est toi qui a tué ces flics ? Si c'est le cas, dis-nous pourquoi.
- C'est cette foutue famille qui m'a payé plus cher ! Ils voulaient éviter de se salir les mains !

Les garçons se regardaient.
- Laisse-nous partir et on te promet qu'on ne reviendra plus. On sait maintenant que c'est bien de la faute des Suarez. On va les faire tomber.
- Nan, nan, nan ! Je ne peux pas vous laisser partir.

Virgilio se mit à pleurer. Les larmes coulaient sur ses joues tandis qu'il agitait son arme comme un fou.
- Ils vont me tuer s'ils apprennent que je les ai balancés ! Je peux pas prendre de risque...

Cette-fois, il venait de tirer sur Valerio. La balle était partie très vite mais celle-ci ricocha contre une poêle. Dorian avait prévu le coup et avec une impressionnante vélocité, il a envoyé cet objet vers son partenaire. Alors, Tonio en profita pour tuer Virgilio d'un tir dans la tête. Le sang aspergea le décor et l'homme s'écroula. Son corps sans vie resta sur le sol. Aucun d'eux ne daigna l'enterrer.

Le lendemain matin, Valerio se rendit dans le bureau du shérif. Les deux discutaient de ce qu'ils avaient fait pour l'aider.
- Comment ça, un photographe ?
- Payé par les Suarez. Ils ne vous apprécient pas depuis votre dernière descente chez eux.
L'homme à la peau noire se leva et fouilla un de ses tiroirs.
- Autre chose ?
- Oui. J'ai une nouvelle croustillante à vous annoncer.

Dorian n'étais pas allé au Barouf ce matin-là. Il devait toujours prendre soin de sa mère. Celle-ci ne s'arrêtait pas de pleurer et de regarder son album photo. Celui du jour de son mariage. Peiné par ce comportement et toujours blessé par la mort de son père, l'adolescent se laissa tomber au sol. Son dos frotta contre le mur jusqu'à ce qu'il finisse assis.

Au bar des Luziano, Ricard leva sa pinte de bière.
- À ma famille et à mes fidèles clients. Je paie ma tournée !
Les hurlements de joie de chaque homme résonnaient dans toute la pièce. Puis, la porte s'ouvrit avec brutalité et trois policiers entrèrent en brisant la bonne ambiance.
- Qu'est-ce qui se passe ? s'exclama le barman.

Plusieurs mafieux se firent pousser d'autres plaquer contre les tables. C'est alors que le shérif s'approcha du boss et s'arrêta juste devant lui.
- Nous venons arrêter le petit Evangelisto pour meurtre sur un civil en pleine rue.
Ricard gardait son air impassible. Il fixait l'homme noir tandis que son fils se faisait menotter.
- Père ! Père, aidez-moi ! Je vous en pire, père !
- Bonne journée, Ricard...

Le shérif s'en alla en fermant la porte derrière lui. Les Luziano étaient devenus calmes. Le silence régnait dans le Barouf.
- On va devoir régler ça...

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