20. Réduction

Dans le bureau du boss, les garçons cherchaient un nouveau plan. Pendant leur débat, Evangelisto revint entièrement trempé. Alors que Lingrad s'apprêtait à le rabâcher, l'adolescent décida de leur faire un doigt d'honneur en réponse à leurs méprisants regards.
- Vous faites quoi les pédés ?
- On essaie de parler entre hommes, répondit Basilio. Du coup, tu peux te barrer.
- Très drôle, connard.
- Plus sérieusement, reprit Lingrad, je devrais y aller avec Dorian. Il tient à y aller et je suis le seul à pouvoir nous rétrécir grâce aux technologies de mon père. Ses gadgets étaient vraiment loufoques mais ils nous seront bien utiles.

Janice entra dans le bureau et le fils du boss décida de faire sortir ses sbires. Dorian se leva dans les premiers et il mit ses mains dans ses poches.
- Je suis d'accord pour y aller avec Lingrad. Je vais le former.
- Il faut cependant qu'on sorte de la ville pour retourner au manoir. Là-bas, je récupèrerai ce dont on a besoin.
- Ça reste urgent, soupira Valerio. Si elle meurt, on aura des problèmes...

Dans la voiture, le duo roulait jusqu'à Winepuck. Leur trajet fut plutôt long alors ils parlèrent chacun de leur passé. Du moins, Dorian décida de lui raconter un moment de sa vie. Pendant le trajet, l'adolescent vit une lueur étrange. Une lumière le transportant dans un autre monde...

Le plus beau de ses souvenirs. Quand il était petit, du moins pas très âgé, il allait jusqu'au collège tout seul. Sa mère était très occupée et donc impossible pour elle de l'accompagner. Sur le chemin, il se faisait souvent embêter par des lycéens.
- Allez, file-moi ta thune, gamin.
- Je n'ai pas d'argent...
- Alors tu vas payer autrement.

Une rafale de coup de poing venant de trois types plus vieux que lui pour le petit déjeuner. Il en avait marre au bout d'un mois mais sa mère ne faisait pas attention à ses blessures. Alors, il continuait de se faire tabasser. Parfois, il tentait de contourner la route mais ces ordures le retrouvait à chaque fois.
- Alors, gamin ? Toujours pas d'argent ?
Sans répondre, Dorian baissa la tête.
- Tu sais ce qui t'attends, hein ?

Le directeur du collège vit un jour l'enfant dans un sale état, allongé dans les toilettes de l'établissement.
- Dorian ! Que se passe-t-il ? On t'a fait du mal ? Ce sont tes camarades ? Tes parents ?
- Mes parents... Impossible. Ma mère ne fait pas attention à moi et mon père est mort avant ma naissance.

Furieuse après avoir entendu la nouvelle, la mère de Dorian décida de punir l'enfant car il se laissait faire.
- Mère... Vous êtes odieuse.
Puis, il s'en alla en courant. Il était tard le soir et le garçon tomba sur les lycéens complètement ivres.
- Oh, le gamin ! Viens ici...
Le petit brun fit demi tour et percuta un homme inconnu.
- Ne me faites pas de mal, je vous en prie !
- Ces enfoirés veulent te faire la peau ? Je vais arranger ça.

Sans difficulté, l'inconnu leur brisa des os et les étala au sol en souriant.
- Tu es vengé, l'ami.
- Merci beaucoup monsieur. Vous êtes mon héros !
- Tu habites encore loin ? Je vais te ramener chez toi.
Ensemble, ils allèrent jusqu'à chez lui. Lorsque sa mère ouvrit, elle écarquilla ses yeux. C'était le coup de foudre.

Le sauveur du garçon expliqua la situation et la femme, aux anges, se permit de lui répondre :
- Puis-je connaître votre nom ?
- Silvio... Silvio Jilliardo.

Lingrad ouvrit grand ses yeux.
- Alors ce n'est pas ton vrai père ?
- Pas du tout. Je le considérais comme tel car depuis qu'il est arrivé dans ma vie, tout à changé.
La voiture s'arrêta. Devant le manoir abandonné, ils ne bougeaient plus.
- Tu m'attends ici ?
- Pas de souci.

Lingrad se pressa. Dans les sous-sols, il cherchait un tas d'objets intéressants. Des grenades radioactives, des boules de fumée et les appareils rétrécissants. Il n'y avait plus de temps à perdre. Les deux collègues firent le retour à toute vitesse et arrivèrent à l'hôtel au bout de vingt minutes.

À l'accueil, Dorian demanda à la guichetière de lui donner quelques informations.
- Écoutez, monsieur. Je n'ai pas le droit de divulguer quoi que ce soit.
- C'est une question de vie ou de mort. Celerina Mozami est en danger.
- Si c'est réellement le cas, vous devez prévenir la police.

Lingrad mit son haut de forme et prit une cloche qu'il fit sonner. La résonnance interféra avec les pensées de la femme qui refusait de les aider.
- Chambre six. Au rez-de-chaussée.
- Je vous remercie infiniment, belle femme.

À l'intérieur de la chambre, les garçons se regardaient. Leur cible était allongée dans son lit, endormie. Son verre d'eau était sur le sol, renversé.
- Il est déjà entré ?
Le brun se précipita vers le corps et posa sa main sur son sein. Ses joues devenaient rouges.
- Son cœur bat et elle respire encore. On peut essayer d'entrer.
- Ça risque d'être spécial, déclara le plus âgé. Je ne suis jamais entré dans un corps.

Les Luziano claquèrent leurs capsules et leur taille commença à réduire. Dorian monta sur la femme et lança un regard gêné à son collègue.
- C'est glauque comme position.
L'homme sauta au-dessus du lit et hurla :
- N'y penses pas !

C'était fini. Ils étaient tout petits. Par la bouche de la femme, ils pénétrèrent le corps. Sans savoir où aller ni comment remonter, ils avançaient dans ce sombre endroit. Avec sa minuscule lampe torche, Dorian éclairait les paroies rouges.
- Saches que dans dix minutes, la capsule ne fera plus effet et on grandira. On doit vaincre ce mec avant.
- Apparemment, y a qu'un chemin alors dépêchons-nous.

Ils glissaient jusqu'à entrer dans un tunnel visqueux et caoutchouteux. Ils étaient plein de sang, c'était particulier. Les secondes passaient plutôt vite. Ils devaient faire le trajet en sens inverse avant la moitié du temps.
- Putain, j'aurais du passer par son vagin, ça aurait été plus excitant.
- Dommage pour toi, s'exclama Dorian. Tu aurais aussi pu nous éviter.

Il pointa son arme sur un homme à lunettes et en survêtement de sport taché de sang.
- Qui êtes-vous ? Des Mozami ?
- Pas vraiment, non. On a juste conclus un marché. Fais ta prière.

La main droite de leur ennemi grandit rapidement. Celle-ci commença à reprendre sa taille normale. Alors, avant qu'elle arrache les intestins de celle qu'ils devaient sauver, Dorian lui tira dans la tête. Le type s'écroula.
- Bien, remontons, maintenant.

Ce n'était plus nécessaire. Étant mort, son écho n'était plus contrôlable. L'ennemi retrouva son apparence normale et le corps de Celerina se fit déchirer de l'intérieur. Tout son sang gicla dans la totalité de la pièce. Projeté vers la moquette désormais pourpre, les garçons tremblaient.
- Non... On a foirés...
- Les Mozami vont s'en prendre à nous, cria l'adolescent. On est dans la merde !

Ils ne pouvaient pas dire à Celerino qu'ils avaient échoués. Alors, Valerio décida de s'expliquer à leur place. Son excuse était toute simple : elle est morte avant qu'ils arrivent.
- Je m'y attendais. Vous avez pu venger Celerina ?
- Oui, Dorian lui aurait explosé la cervelle. Sans indiscrétion, on peut savoir pourquoi ce type a fait ça ?
- Il fait partie d'une mafia polonaise vivant à quelques kilomètres d'ici. Le clan Shramzous. On leur a livré des armes et selon eux, c'étaient les mauvaises.
- Je vois...
- Écoutez, vous pouvez encore vous racheter en tuant Crocifisso. Vous aurez l'argent et la mort du shérif. Ça vous convient ?

Le barbu n'était pas tout à fait prêt à tuer un Suarez suite à leur dernière fusillade mais il n'avait plus vraiment le choix. S'il voulait se débarrasser d'Evangelisto et retrouver son chef, il allait devoir faire un effort.

Au Baracuda, les Luziano jouaient aux cartes. Davidio lança son huit de trèfle et leva sa main droite.
- Un échange ?
- Certainement pas, répondit Valerio.
- Moi je prends. déclara Dorian en laissant tomber son six de cœur. Ça te va ?
- Troc.
C'était la formule à prononcer lorsque le quémandeur était en accord avec la carte proposée par l'acheteur. Ces règles avaient été inventées par les jumeaux lors de leur arrivée ici.

Le blond aux yeux vairons posa trois cartes face cachées.
- Je les file au marché noir.
- Menteur. soupira Lingrad.
- Perdu, l'ami.
Il retourna son roi, sa dame et son valet.
- Enfoiré !

Evangelisto entra dans le salon. Il avait les mains dans les poches et il regardait ses sbires.
- Valerio. Dans mon bureau.
- En quel honneur ?
Il sortit son pistolet et le colla à l'arrière du crâne du blond.
- Tu vas fermer ta putain de gueule et tu me suis. C'est important...

L'adolescent souhaitait emmener le second en prison afin de rendre visite à Ricard. Ils devaient discuter de la situation actuelle. Le boss des Luziano était heureux de les revoir, derrière cette vitre.
- Alors ? Comment ça se passe, ici ?
- Sûrement mieux que dehors, je suppose. répondit le père de famille.
- Ne vous en faites pas. On va vous sortir d'ici.
L'homme regarda son fils.
- Je t'ai donné une mission. Prends soin des Luziano. Personne ne doit essayer de me sortir, le shérif est puissant. Vous risquez gros. On ne doit pas tomber.
- Oui, père.
- Encore une chose, Valerio. S'il arrive quelque chose à l'un de vous... Préviens moi.

En sortant, les deux garçons tombèrent sur Alberto, furieux.
- Vous vous foutez de ma gueule ?
- Bonjour, sourit Valerio.
Il plaqua le barbu contre le capot de sa voiture et Evangelisto en profita pour s'enfuir.
- Qu'est-ce que vous voulez ?
- Les Suarez ne sont pas dans vos histoires.
Valerio se débattait.
- Vous êtes sérieux ? Ils vous ont payé ?
- Je ne sais pas ce que vous manigancez, Luziano. Ça ne me plaît pas, vos conneries...
Soudain, il parvint à se libérer de l'emprise du policier. Face à lui, il grimaçait.
- Vous m'énervez. Vous pensez avoir le pouvoir sur nous mais en fait, vous n'êtes rien. Réglons ça demain, à l'aube. Devant notre bar.
- Je ne garantie pas votre survie, Luziano.

Alberto : 78%.

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