2. Turtle Bite

Otto Gariette. C'était le nom le plus populaire de la gare. Les touristes le cherchaient pour acheter ses cigarettes. La police le cherchait pour le faire chanter. Depuis ces derniers jours, il était devenu plus facile d'acheter du tabac auprès de ce garçon.
- Bonjour, est-ce qu'il vous reste une cartouche ?
- Bien-sûr, ça vous fera sept euros. répondit-il en adressant un sourire inspirant confiance.

Ce jeune homme tout juste âgé de dix-huit ans aurait probablement dû devenir un des meilleurs éléments de Lupi Neri. Cependant, sa soif de pouvoir, d'argent et d'amour l'empêcha d'exécuter les règles.
- Attends, je sais pas si c'est une bonne idée.
Albani se laissa tomber sur un banc de pierre.
- C'est du suicide.
- Si tu ne veux pas me suivre, c'est ton choix, déclara le blond en détournant le regard. Par contre, je te dénoncerai pour arnaque.

Le brun se leva furieusement, en sueur.
- Tu es sérieux ?
- Je ne te demande pas la lune, mon pote ! On est juste des esclaves pour eux et je veux simplement changer ça. Avec ou sans toi, j'y arriverais. Alors autant que tu m'aide, non ?

Beaucoup de passants allaient et revenaient dans ce dédale qu'était la gare de Salslaw. Même pour ceux qui vivaient dans le coin, trouver son chemin ici était une rude épreuve. C'est alors qu'un inconnu s'approcha des mafieux novices.
- Bonjour. Excusez-moi...
Les garçons ne daignèrent pas une seule seconde tourner la tête. Se sentant seul dans cette ville, tout juste arrivé, l'asiatique baissa la tête et s'en alla.

Albani croisa ses bras et soupira.
- J'accepte mais si a un quelconque moment ma vie est en danger, j'arrête tout.
- Parfait ! Ça me va !
Otto mit ses mains dans ses poches et s'en alla en souriant. Leur journée était terminée. Sur le chemin du retour, il passa dans une petite ruelle en sifflotant, serein. Puis, il fit apparaître une porte de trèfle. C'était celle qui l'emmenait systématiquement dans sa chambre depuis son placard.

Enfin chez lui, il sauta dans son lit et ferma les yeux, prêt à se reposer. Au rez-de-chaussée, en attendant, sa mère préparait le dîner. Elle fredonnait un air mélancolique tout en coupant ses carottes en rondelle. Le « tic tac » de l'horloge résonnait dans le couloir et elle pouvait percevoir chaque tintement malgré la mélodie berçante qui s'échappait de sa poêle. Ces petits crépitement en harmonie avec les odeurs alléchantes de la viande la rendait on ne peut plus joyeuse.

Lorsque les légumes furent tous coupés, la femme les plongea dans un bouillon qu'elle prit soin de préparer au préalable. L'horloge avançait et le bruit ne cessait point. « Tic, tac, tic, tac » encore et encore. Sans y faire attention, elle poursuivit son chant, la bouche fermée. Avec une planche à découper pleine de pelures, elle passa devant une silhouette macabre.

« Tic... Tac... »

Elle avait l'impression d'entendre les bruits d'ambiance au ralenti. Ses mouvements semblaient moins rapide. Ses yeux se fermaient délicatement puis s'ouvraient doucement après quelques secondes. L'eau du robinet coulait moins fort qu'à son habitude. D'ailleurs, elle n'eut pas assez de temps pour réfléchir.

Otto fut alerté par des sirènes. Réveillé en sursaut, il jeta un œil à l'extérieur par la fenêtre. Les pompiers s'approchaient de son habitat qui semblait prendre feu selon la chaleur qu'il ressentait.
- Mère !
Rapidement, il se jeta hors du lit et ouvrit la porte de sa chambre. Un souffle d'air brûlant le repoussa un instant. Il leva son bras droit et tourna la tête afin de se protéger par réflexe. L'incendie s'était sans aucun doute déclaré dix minutes plus tôt.

Le garçon descendit à toute vitesse, en sautant au-dessus des marches. Arrivés en bas, il atterrit en fléchissant ses jambes. Puis, il se servit de cet appui pour bondir vers l'avant et rejoindre la cuisine en proie aux flammes.
- Mère...
Immobilisé, complètement tétanisé par la peur, dominé par la tristesse et envahi par une colère noire, il serra ses poings. Les secours s'adressaient à lui mais il les ignorait.
- Emmenez-le !

Porté par deux hommes, il se laissa sortir de sa maison. Les flammes s'éloignaient de lui. Tout paraissait si lointain désormais alors qu'il était juste dans la rue, accompagné par quelques pompiers.
- Jeune homme. Est-ce que vous allez bien ?
- Où est ma mère ?

Il tourna la tête afin de regarder en direction de la maison assaillie par d'impressionnantes flammes aux couleurs du ciel, sous ce coucher de soleil.
- Je n'en sais rien. Ce que je sais, c'est que c'est un voisin qui nous a contactés. Que faisiez-vous pendant tout ce temps ?
- Je dormais...
Furieux après lui-même, il s'agrippa les cheveux et les tira en hurlant.

Une explosion les alerta. L'étage venait de sauter. Il ne restait plus rien de leur habitat. Un pompier sortit en courant, son collègue dans les bras. Traversé à la gorge par un morceau de poutre brisée et ardente, il s'accrochait à la vie en sachant pertinemment qu'il allait y passer.
- Alors ? Où est ma mère ?
Les ambulanciers prirent le pompier blessé et laissèrent le survivant expliquer ce qu'ils ont vu a l'intérieur.
- Elle est décédée mais... Ce n'est pas à cause de l'incendie. Quelqu'un l'a assassinée avant.

Les regards se posèrent sur Otto qui, déstabilisé, tomba sur les genoux. Les mains au sol, en pleurs, il ne comprenait pas ce qui a bien pu se passer. Il pensait à sa pauvre maman tandis que les autres le suspectaient.
- On devrait voir ça avec la police.
Le blond se leva brusquement et courut jusqu'à l'intérieur, toujours en feu. Suivi par les pompiers, il grimaçait.
- Seven Doors...

??? : 27%

Rapidement, il sauta dans un mur de flammes et disparut. Les pompiers n'ont pas pu le retrouver alors ils passèrent à l'action : éteindre cette maison.

Otto se retrouva au port de Salslaw. Il courut jusqu'à un ouvrier du chantier naval. Furieux, il l'attrapa brutalement par les épaules et le plaqua contre un mur de bois.
- J'ai besoin de ton aide !
- Je ne suis pas flic, je te l'ai déjà dit. Je ne veux pas me servir de mon pouvoir.
- Paolo, je t'en prie... C'est ma mère qui est morte. L'ex femme de ton frère !
Le marteau que tenait l'homme glissa de ses mains et heurta les planches du ponton.
- Putain...

La police et les autres services d'urgence se tenaient dans la rue. Cachés à l'écart, ils attendaient que la voie soit libre.
- Je te l'ai déjà dit, je n'ai pas un écho offensif. J'espère que je ne vais pas devoir me battre, Otto.
Les agents cherchaient à enquêter mais cela empêchait le fils de la défunte propriétaire d'entrer avec son ancien oncle.

Ils durent attendre un long moment quand le blond décida d'approcher.
- Tu n'es pas assez près, hein ?
- C'est exact.
- On dirait qu'il y a personne dans ma chambre. Entre par ici.
Une porte blanche au trèfle représenté dessus apparut devant l'ouvrier qui pénétra dans la maison carbonisée. Il y avait un tas de débris, de poussière et de policiers.
- Bon... C'est parti.

Grâce à son pouvoir, l'homme put revoir ce qu'il s'est passé ici quelques heures auparavant. Il ferma les yeux et se laissa tomber dans un gouffre profond. Il ressentait chaque onde. Chaque détail. L'horloge. La cuisson des viandes... La troisième présence.

Otto vit l'homme revenir en sueur.
- Je suis navré mais je ne ferais rien contre la mafia.
- Pardon ? Qui était-ce ?
- C'est...
Il n'osa point regarder le garçon dans les yeux en prononçant son nom.
- Miria du clan Serpente Rosso.
Les yeux de l'orphelin s'ouvrirent en grand. Il sentit soudain un coup de vent. Une sorte de rafale puissante mais lente. Les poils de ses bras se hérissaient tout doucement. Il s'en rendait compte et comprenait que tout était devenu différent. Puis, il vit Paolo tomber vers l'arrière. Son crâne fut violemment fracturé par une mystérieuse force.

L'assassin de sa mère se tenait devant lui et il venait d'éliminer celui qui l'avait dénoncé à Otto. Avec hâte, le jeune mafieux se précipita vers la police en hurlant.
- JE L'AI TROUVÉ !
Un policier attrapa le blond et le mit à terre. Miria se trouvait devant lui, les mains dans les poches.
- Peut-être mais lui, il m'a filé plus de clopes que toi, petite merde...
Les larmes aux yeux, la rancœur dans son regard, il fixait son ennemi, tout tremblotant. Il était impuissant. Incapable de vaincre ceux qui se dressaient sur sa route. Ce n'était pas comme ça qu'il allait pouvoir remplacer le parrain et il le savait.

??? : 66%

Les autres policiers arrivèrent sur la route. Ils fixaient tous Otto se faire frapper dans le dos à coups de matraque.

??? : 70%

Le ciel s'assombrit. Quelques gouttes de pluie tombait.
- Allez, on l'exécute ? sourit le policier qui le maintenait au sol.
- Non, soupira le mafieux en s'approchant.
Cet homme portant des vêtements noirs et un chapeau melon de même teinte s'accroupit. Ses longs cheveux gris et bouclés virevoltaient face au vent et son regard perçant glaça le sang du Lupi Neri.
- Ce geste était un affront envers ce gamin, pas son clan. Ce serait idiot d'avoir des ennemis inutiles.
- Pourquoi vous avez fait ça ? pleurait Otto.

Miria se releva et tourna le dos à la victime.
- Parce que tu t'es permis de voler de l'argent à des personnes de la famille ce midi. Je sais que tu es nouveau dans le domaine et que tu agis seulement pour toi. Alors ta mère devait payer à ta place.

??? : 95%

La pluie s'abattait désormais sur la ville devenue bien trop sombre pour un soir d'été. Les voitures de police s'éloignaient une par une et le policier profita d'un instant seul avec le gamin pour le tabasser jusqu'au sang.
- Fallait pas me baiser sur les cigarettes.
- Seven...
Les yeux du garçon se fermèrent doucement.

??? : 100%

Une puissante aura s'échappa de son corps. Puis, inconsciemment, il fit bon usage de son écho.

« Seven Doors... »

Un rayon noir s'écrasa brutalement sur le policier qui fut désintégré. Cette étrange sorcellerie fit apparaître la porte noire où un pique blanc était dessiné. Puis, celle-ci s'ouvrît en laissant une sorte de machine humanoïde sortir. Un robot de deux mètres et très musclé.
- Je vais te buter, fils de pute ! hurla Otto en observant le meurtrier s'éloigner.

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