18. Jack le maître des reflets

Evangelisto ne s'occupait pas de Valerio. C'était ses collègues qui le soignaient. Allongé sur un canapé, il fixait le plafond en repensant aux nombreuses fois auxquelles il s'est retrouvé face à la mort.
- Il va survivre ? demanda le fils de Ricard en observant un cigare.
- C'est une évidence, sourit Basilio. Il a vécu bien pire.
- Alors il peut retourner tuer Crocifisso.

Les deux nouveaux se levèrent.
- Écoutez, jeune homme. On est loin d'arriver à votre cheville niveau hiérarchie.
Le type aux dreads fixait Davidio d'un regard noir.
- Seulement, je m'oppose à cette idée. Vous nous embauchez parce que vous êtes en manque de personnel mais si vous les envoyez combattre dans cet état, c'est normal qu'ils ne tiennent pas.

Leur discussion fut interrompue par d'intempestifs coups contre la porte. Plusieurs personnes devaient mitrailler celle-ci avec leurs poings. Furieux, l'enfant hurla :
- Entrez, putain !
- Boss !
Quatre clients ainsi que le barman avaient l'air essoufflés. Puis, un type apparut derrière eux, dans l'ombre.
- Un ennemi s'est infiltré ici !
Evangelisto prit son pistolet et visa l'homme qui leva les mains en l'air.
- Attendez...

C'etait Tymaho, le général des Rodriguez. Visé par chaque mafieu, il baissa les yeux.
- Je sais que je ne suis pas votre ami et j'ai tué des Luziano. Cependant, j'aimerais me racheter. Après ce que vous avez fait, je suis allé espionner les Suarez. Ils vont vous envoyer quelqu'un.

Valerio se leva. Son soin était terminé, il devait juste se reposer. Alors, il avança vers l'homme et colla son révolver sur sa joue verte. Puis, il déplaça le canon de l'arme jusqu'à sa bouche et le fit entrer dedans.
- Je ne veux plus jamais te revoir ici, fils de pute. Si tu mets un pieds dans le Baracuda une fois de plus...
Il appuya sur la gâchette et le reptile ferma les yeux, apeuré. Seul un petit clic fit comprendre à leur ennemi qu'il n'y avait aucune munition dans le barillet.
- Hors de ma vue.

Rapidement, le lézard s'en alla sans leur dire au revoir. Dorian, à côté, fronça les sourcils. Il n'aimait pas le comportement de son ami.

Pour calmer leurs ardeurs, Davidio proposa de préparer un bon déjeuner. Le barbu, le jeune brun et Vinnie décidèrent de se porter volontaire afin d'aller au marché récupérer ce dont avait besoin leur ami. Dans la voiture, à l'avant, Dorian restait silencieux.
- Alors ? demanda Vinnie, au volant.
- Il veut des melons frais. En cette saison, il n'y en a pas. Ensuite, il y a... Un tas de truc sur cette liste, qu'est-ce qu'il veut faire ?
Le conducteur s'arrêta peu après et descendit de l'automobile avec ses collègues.

Près de plusieurs stands, ils marchaient près de la foule en folie. Tout le monde se ruait sur les articles en soldes. Dorian, lui, s'approcha de ce qui semblait être un présentoir en bois où étaient entreposés un tas de fruits et de légumes. Valerio le suivit et sourit.
- Déjà, on va pouvoir éliminer un tas de truc. Quelqu'un a un stylo ?

Une éblouissante lumière l'aveugla. Il plissa les yeux, mit sa main devant et se concentra sur le flash afin de comprendre d'où il venait. C'était juste un miroir face au stand devant lequel ils bavaient.
- Ça a l'air bien bon tout ça, s'exclama Vinnie.
Puis, il jeta un œil aux alentours. Il y avait moins de monde et il manquait quelque chose selon lui.
- C'est étrange...
- Quoi donc ? s'etonna Dorian.
- Il n'y a pas de vendeur ?

Valerio leva les yeux. Lui qui fixait les haricots ne s'était point rendu compte de cet important détail. Étant du côté des criminels, ils pouvaient se permettre de voler les ingrédients nécessaires mais il sentait une forte présence dans les environs. Quelque chose qui allait les empêcher de commettre un délit.
- Bon, écoutez...

Un énorme fracas attira l'attention des garçons. Le miroir derrière eux venait de se briser. Valerio était sur le point de se retourner mais quelque chose lui trancha les poignets. À l'horizontal, sur quelques centimètres de longueur, des plaies venait d'apparaître sans que personne ne le touche. Puis, une sorte de silhouette opaque fonça sur lui à toute vitesse pendant qu'il hurlait de douleur.

Projeté contre le stand, il explosa les présentoirs et tout s'écroula. Méfiant, Dorian utilisa son frying pour faire tourner des planches en bois autour de son collègue de manière orbitale afin de le protéger.
- Un écho ? s'exclama Vinnie. Ne serait-ce pas le fameux mercenaire ?
À cet instant, une rage envahi Dorian qui hurla.
- Tu vois, enfoiré ! Si tu avais laissé le Rodriguez nous en dire plus, ça ne serait pas arrivé !
- Je t'emmerde... Tu n'as qu'à les rejoindre si tu les aime tant.
- C'est peut-être ce que j'aurais dû faire !

Il envoya une des planches sur laquelle ressortait un clou rouillé vers Valerio. Le projectile s'approchait à toute vitesse de sa cible mais il explosa grâce à un champ de force.
- Vous vous battez entre Luziano ? marmonna le nouveau. Je ne veux pas me mêler de vos querelles mais je pense qu'il y a mieux à faire, là, non ?
Valerio se tenait les mains. Il se vidait de son sang. Vinnie courut jusqu'à lui et Dorian cessa d'utiliser son pouvoir. Le barbu fut porté par l'homme à lunettes et les garçons montèrent vite dans leur voiture. De nombreux civils s'approchaient d'eux en courant et en hurlant "délinquants".

Le conducteur se précipitait. Il roulait à toute vitesse. Valerio, à l'arrière, commençait à perdre connaissance.
- Oh, mon pote, restes avec nous.
Vinnie s'inquiétait énormément.
- Dis-moi, tu as vu ce qui se passait ?
- Un miroir à explosé...
- Ce sont des morceaux de verres qui t'ont coupé ?
Le blond aux yeux bleus ferma les yeux et sa respiration commença à ralentir.
- Non, c'est... Il n'y avait pas...

Il était désormais inconscient. Emmené à l'intérieur de l'infirmerie du Baracuda, il se fit soigner par ses camarades.
- Encore ? s'écria Basilio. Il n'a vraiment pas de chance, lui. Il s'est passé quelque chose ?
- Un ennemi, déclara Dorian. Surveillez les environs. Je vais chercher mon jouet.

Evangelisto donna le fusil à pompe doré à l'adolescent qui le lui demanda. Puis, lui, il se leva en prenant son arme fétiche.
- Tu vas combattre avec nous ?
- Je ne sais pas ce qui se passe, déclara le fils du boss. Alors je vais improviser.
- Ben en fait...
- Je ne t'ai pas demandé de me raconter ta vie. Va protéger le Baracuda.

Les clients buvaient sans arrêt en hurlant de rire. Ils se racontaient un tas de blague entre eux. Puis, l'un d'eux vit un homme dans son verre. Pensant qu'il était déjà saoul, il décida d'arrêter car la journée ne faisait que commencer.
- Puis là, poursuivit un client, il s'approche de l'arbre et crie. Au secours, au secours, il a volé mes couilles !
C'etait la chute de la blague que le vieillard n'avait pas écouté mais les autres riaient à nouveau. C'est là qu'il recula brusquement, animé par la douleur.
- Géraldo !

Son verre venait d'exploser et les morceaux s'étaient enfoncés dans son visage. L'un d'eux lui avait même crevé l'œil gauche. De nombreuses colonnes de sang parcouraient sa tête tandis que ses amis s'empressaient de l'emmener à l'hôpital.

En entendant cette agitation, Dorian tint fermement son arme et entra dans le bar. C'est là qu'il vit une sorte d'homme invisible. Il était possible de l'apercevoir mais difficilement. C'était l'homme transparent du marché. Entouré de cadavres. Les verres, les bouteilles et les étagères étaient explosés.
- Connard ! hurla le barman en s'enfuyant.

Le mercenaire s'apprêtait à tuer cet homme mais Dorian ne le laissa pas faire. Il tira et fut poussé vers l'arrière. Le coup était partit si vite et la balle traversa simplement un mur de bois.
- Le recul est balèze, j'avais oublié.
Basilio, Davidio, Redento et Vinnie arrivèrent en courant.
- Toute la famille est réunie, c'est parfait.
- Qui êtes-vous ?

Le type les pointa du doigt et sourit.
- L'écho de Jack. Le maître des...
Un son de détonation fit siffler les oreilles des mafieux. Redento venait de tirer dans la tête du type. Sauf que c'est la sienne qui explosa. Le sang et sa cervelle réduite en bouillie s'éparpilla sur les Luziano qui hurlèrent de dégoût et de peur.
- Merde, c'est un homme miroir...

Rapidement, ils fermèrent la porte. En courant, les garçons se dirigèrent vers la sortie de secours. Dans la rue, en panique, ils regardaient autour d'eux. Valerio était avec ses amis, dans un sale état.
- Avec le marais du général, dit Dorian, on aurait pu s'en sortir. S'il renvoie les coups, il n'aurait rien pu faire contre ses pantins.

Une vitre se brisa en hauteur. C'était une fenêtre du bâtiment d'à côté. Vinnie fixa un des morceaux et vit le visage de l'homme qui a tué l'un des leurs. Alors, il saisit le révolver du barbu et tira sur le verre. Basilio sentit sa jambe se faire perforer au mollet. Davidio hurla car ses deux bras furent touchés. Valerio sentit seulement ses cheveux être effleurés.
- C'est quoi ce bordel ? cria Dorian.
- J'ai compris, répliqua Vinnie. Il se déplace soit dans le monde du miroir, soit dans notre dimension.
- Et alors ?
- Dans les deux cas, il ne peut nous atteindre que d'une manière sûre. En nous touchant. Pour cela, il doit sortir en brisant le verre et nous frapper.

Les deux autres étaient en larmes, à terre. La douleur était insoutenable.
- Seulement, sourit Vinnie, ce serait dangereux pour lui alors il reste caché. Il ne peux pas renvoyer chaque coup. Pas s'il ne regarde pas sa cible.
Dorian ouvrit brusquement ses yeux. Comme il était trop grand pour loger sur chaque bout de verre tombant du quatrième étage, il se trouvait dans plusieurs parties. C'est comme ça qu'il a pu regarder Basilio et Davidio afin de leur renvoyer les trois balles tirées.

Sans savoir tout ça, Evangelisto se tenait sur un toit, plus loin. Il visait ses collègues avec son sniper. Valerio était en joue.
- Ce serait rigolo...
Soudain, un homme apparut devant le barbu. Il semblait irréel. C'était l'écho de Jack. Curieux, le fils de Ricard décida d'attendre qu'il se passe quelque chose. Dos à un mur, face à ses ennemis, il sourit.
- Vous ne pouvez pas m'atteindre sans passer derrière moi. Vous êtes foutus...
Basilio se fit porter par Vinnie. Il courut afin de l'emmener jusqu'à l'infirmerie. Valerio et Davidio s'en allèrent du mieux qu'ils le pouvaient. Alors, le type décida de frapper Dorian au visage. Encore et encore, il le tabassait jusqu'au sang.

Evangelisto soupira puis décida de viser cet individu. S'il tirait, le brun allait mourir. Sans savoir que la balle était sur le point de partir, Dorian se releva et courut jusqu'à l'intérieur du bar afin de se cacher et trouver un nouveau plan. Heureusement pour lui, ce n'était plus nécessaire. L'homme miroir se fit exploser le crâne et n'ayant personne en vue, Jack décéda dans un coin sombre éloigné de la civilisation.

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