16. Il y a comme un lézard

Ricard attendait qu'Alexa lance le premier assaut. Pendant quelques longues secondes, ils se fixaient. Puis, la femme décida de sortir deux sortes de faucilles à angle droit. Comme un grand couteau plié sur le côté à la moitié de la lame.
- Fais ta prière, Luziano...
Elle courut jusqu'à lui et commença à l'enchainer de coups. Chaque pas en arrière de l'homme lui permettait d'esquiver le contact des armes. Cependant, il savait que son adversaire allait s'en rendre compte et elle allait pouvoir contrer ça.

Une entaille au bras gauche et une sur le torse, Ricard se baissa et bondit plus loin sur le côté. Puis, il posa une cible sur le ventre de l'ennemi avant de tirer six balles et de recharger son arme.

Celle-ci avaient été tirées n'importe où et les projectiles tournaient autour d'Alexa. Puis, avant qu'elle se fasse pénétrer par ceux-ci, elle les trancha à nouveau avec des griffes invisibles. Soudain, avant même qu'elle ne reprenne position pour poursuivre son affrontement, Ricard lui sauta dessus avec son épée de feu.

C'était à son tour d'avoir l'avantage. Il lui mettait des coups horizontaux, verticaux et même en croix mais malgré la taille monumentale de l'épée - environ un mètre - Alexa reculait bien plus vite. C'est alors que l'homme lança son pistolet au loin.

L'arme approcha l'épaule du reptile. Puis, d'un mouvement de la main, le boss des Luziano activa le mécanisme et troua la boss des Rodriguez. Avec un dernier coup de poignet, il fit revenir son révolver dans sa main.
- Je n'aurais jamais cru que les fils de Luna me serviraient. Ça n'a pas été facile d'apprendre à les utiliser.
- Très bien, Luziano. On va passer à l'étape supérieure.

Jusqu'à maintenant, elle ne s'était servie de son écho seulement pour contrer les balles de Ricard. Cette fois, elle décida de le faire apparaître. Une sorte de créature amphibienne se tenait derrière elle. Le monstre qu'elle venait de créer n'avait pas de pattes. Juste une longue queue tel un serpent.
- Au-dessus du buste, ma créature abyssale devient très effrayante.
Il avait de grands bras parsemés de pointes, des griffes acérées et un visage sans bouche ni nez. Soudain, sa tête se divisa en quatre partie. De cette profonde gorge sortit un hurlement puissant au point d'en faire trembler la zone.

Ricard prit son épée à deux mains. C'était difficile car le manche était son cigare. Rapidement, il se rua sur elle pour la vaincre avant que son monstre ne pose problème. Avec quelques coups, il tentait de la brûler en vain.
- ABYSSAL GATES !

Immobilisé par une mystérieuse force, le boss pouvait toujours bouger ses yeux et regarder le décor changer. Les murs et l'air se fissuraient. De l'eau sortait de ses endroits. Puis, tout explosa et les Luziano furent ensevelis.

De nouveau capable de bouger, les hommes ouvrirent leurs yeux. Sous l'eau, dans une grande colonne de roches marines et de coraux, ils se lancèrent tous un regard de détresse.

Dans ces eaux salées, ils sentaient leurs globes oculaires les démangeait. Ils devenaient rouges. Puis, ils virent une sorte de tourbillon se former plus haut. Ricard fut attiré dedans et vit qu'il ne fut pas le seul. Au centre de cette tornade marine se trouvait la créature d'Alexa qui lui frappa le ventre d'une puissance phénoménale. L'homme fut projeté jusqu'au fond. Sa bouche s'était ouverte à ce moment et de l'eau y entra. Surpris par le liquide qui pénétra ses poumons, il se retenait de tousser mais c'était plus fort que lui. Le boss était pris d'un haut-le-cœur.

Les cinq autres garçons furent attirés. Gustavo ne comprenait vraiment rien mais il savait que sous l'eau, s'il utiliser son écho, ils allaient tous y passer. Valerio s'aggripa à un corail tandis qu'un autre tourbillon se forma. Cette fois-ci, il était plus gros. Dorian, emporté par le courant, saisit son pistolet et tira.

La balle arriva doucement près du monstre. Il la trancha sans problème. Puis, continua de créer son tourbillon afin de tuer tout le monde en une seule fois.

Je suis vraiment bête, songeait Dorian. Si elle est capable d'arrêter une balle à pleine vitesse, pourquoi je tire sous l'eau où tout est ralenti ?

Le garçon heurta un rocher et serra les dents. C'est là qu'une nouvelle idée lui vint en tête.

Je devrais me servir du courant pour que la balle soit emportée plus rapidement vers lui. Le problème, c'est qu'un effort m'épuise vite ici et j'ai besoin de garder le plus d'énergie possible car je manque d'air...

Ricard, au fond du gouffre, agonisait. L'eau était entrée dans ses poumons et ils étaient pleins. En pleine noyade, l'homme divaguait. Il voyait sa femme et son fils devant lui.
- Je me sens misérable...
Il ne parlait pas sous l'eau. Seulement, il en était convaincu. Les phrases qui passaient dans sa tête avaient l'air de sortir de sa bouche selon lui et de résonner dans les environs.
- Je ne vous ai même pas dit adieu et vous me voyez dans le pire état qui soit... Quel homme suis-je ?

Valerio ouvrit la bouche pour respirer par réflexe. Il n'en pouvait plus. C'était alors à son tour de tousser et de laisser l'eau atteindre ses organes vitaux.
- Alors, que pensez-vous de mes abysses ? riait Alexa, quelque part.
Dorian ouvrit grand ses yeux en ignorant la douleur qui persistait. Si la créature pouvait arrêter les balles, qu'en était-il de la Rodriguez, certainement cachée quelque part.

Au centre du tourbillon, les mafieux étaient sur le point de mourir. Les griffes du monstre s'approchaient à toute vitesse d'eux. Puis, une balle traversa le bras de la créature marine. Dorian venait de réussir son coup.

C'est un écho comme Killer. Logiquement, du sang devrait sortir du bras de la grosse. À ce moment, je verrais où elle est.

Il regardait autour de lui tandis que celui qu'il venait de blesser s'agitait. L'adolescent leva la tête et vit l'eau teintée de rouge plus haut. Rapidement, il fit de grands mouvements avec ses bras pour nager jusqu'à sa cible.

Ricard fermait les yeux. Ses forces l'abandonnaient. Son cigare toucha le sol de sable. Puis, ce fut sa tête. Couché au fond des abysses, il se laissa emporter par les ténèbres.

Alessi et Gustavo venaient de lacher prise. Eux aussi laissaient l'eau entrer dans leur corps. Basilio, était au bord de l'explosion. Entièrement rouge, accroché à un rocher, il luttait pour ne pas ouvrir sa bouche.

Dorian se laissait emporter vers le haut. Il flottait lentement jusqu'à son objectif. Sur le point de craquer aussi, il évitait d'user de ses dernières forces. C'était certainement la fin pour les mafieux.

Ils avaient tous abandonnés. C'était perdu d'avance. Il n'y avait plus aucun moyen de gagner. Vaincre cet adversaire était chose impossible pour des humains. Alors, ils fermèrent tous leurs yeux. Basilio ouvrit sa bouche et aspira de l'eau par son nez. C'était douloureux. Il sentait la mort le bercer.

Tenez bon, pensait Dorian. Je la vois...

Il prit son pistolet et sourit. Son arme était entre ses mains mais il devait encore être capable de viser la femme qui n'était pas tout près. Soudain, il se sentit aspirer. Était-ce la mort qui venait le chercher ? C'était trop tôt pour accepter la défaite. Dorian luttait dans sa tête tandis qu'il était de nouveau emporté par un courant. C'est là qu'il compris que c'était un dernier tourbillon. S'il souhaitait réellement en finir, il allait devoir sacrifier son énergie.

Je vais sûrement devoir y passer, pensait le garçon. Si je veux sauver mes amis, je dois mourir. J'espère qu'ils accompliront mon objectif. Sauvez Verremburg et vengez mon père, Luziano...

Dorian fit l'erreur d'ouvrir la bouche pendant son ascension. L'eau salée entra à toute vitesse dans ses poumons. Ils se sont remplis en un rien de temps. À cause de l'eau dans les yeux et de ce qu'il subissait, le brun voyait flou. Viser son ennemi avec une vue pareille allait être impossible. Pourtant, il ne restait plus que lui. Les autres étaient à deux doigts de se faire trancher.

En misant sur la chance, il prit son arme et se concentra. C'était sa dernière seconde. Il ne pouvait plus se permettre d'attendre. Alors, il visa Alexa et vida son chargeur. À cause de sa vision troublée, il ne voyait pas son ennemi correctement. Heureusement, elle était plus près qu'il ne le pensait. Une sorte de champs de force repoussa la Rodriguez qui tomba sur le béton de la zone abandonnée où ils se battaient.

À peine conscient, Valerio et Basilio regardaient autour d'eux sans bouger. Ils étaient allongés auprès de Ricard, Alessi et Gustavo qui s'étaient évanouis. Dorian, lui, se tenait debout, son révolver à la main. Puis, en crachant beaucoup d'eau, il s'écroula.

La femme lezard se leva. Elle était blessée aux côtes mais c'était supportable.
- Félicitations, Luziano. Vous m'avez mise en difficulté et vous êtes sortis de mon monde.
Elle fit quelques pas en avant et sourit.
- Malheureusement pour vous, il fallait faire ça plus tôt. Vous n'êtes plus en état de combattre.

Celerino arriva en courant. Il visait la femme avec un fusil d'assaut. Sans parler, il tremblait. Le chef des Mozami prit une grande inspiration et tira. Rapidement, elle explosa chacune des balles avec son monstre puis le griffa au visage.

Projeté contre sa voiture, il ferma les yeux à son tour. Alessi et Gustavo venait de se ressaisir. Obnubilé par la victoire et par peur de la mort, le Luziano aux cheveux d'argent se releva au plus vite. Alexa poussa alors un long soupir.
- Vous m'emmerdez.

Ricard reprit conscience. Il lui a fallu quelques secondes avant de comprendre qu'il n'était pas mort. Souhaitant par-dessus tout sauver sa famille, il se releva lentement. Le boss n'était pas en état de se battre mais il vit les griffes embrocher la tête de son sbire Alessi. Tranché en petits morceaux, l'homme était indéniablement mort.
- Espèce de pute...

Ricard ne comptait plus sur sa chance ni sa vitalité. Cette fois, il laissa sa colère l'emporter.
- Je vais te tuer...
Elle tenta de le griffer à son tour mais ses deux bras furent coupés net en une seconde, sans qu'elle ne l'ai vu bouger. En panique, elle recula et trébucha. Sans ses bras, elle ne pouvait plus se relever et avec ses balles dans le corps, elle ne pouvait plus forcer. Il ne restait qu'un moyen de remporter la bataille.
- Abyssal... Gates...

Rien ne se passa. Son crâne était traversé par une épée de feu. Ricard restait devant elle, son cigare à la main. Le feu consummait lentement le cerveau vert de la mère supérieure des Rodriguez qui venait de perdre.
- BOSS, ATTENTION ! hurla Valerio.

Quatre lézards s'approchaient de lui avec un homme de leur famille dans les bras. Ils se mirent à genoux devant le Luziano.
- Ne vous inquiétez pas, on ne compte plus vous faire de mal. Vous êtes bien plus forts que nous et il est inutile de poursuivre les rêves de dame Alexa.
Ils portaient le général qui luttait pour sa survie, lui aussi.

Ricard le regardait d'en haut.
- Bien. Décampez.
Les Luziano se relevaient tous. Encore secoués par leur sévère combat, ils ne faisaient pas de grands mouvements. Ils allèrent simplement serrer leur chef dans leurs bras.

Un brouillard s'installa dans Verremburg. Celerino et Gustavo étaient partis. Les mafieux restants allaient rentrer au Baracuda. Puis, quelques voitures de police encerclèrent les hommes en plein centre ville.

Les portières s'ouvrirent et plusieurs hommes sortirent. L'un d'eux avança près des blessés. Il portait un chapeau, deux boucles d'oreilles, dix bagues et une étoile sur son costume.
- Vous êtes étonnés de ne pas voir Black, n'est-ce pas ?
- Qui êtes-vous ? demanda Valerio.
- Son remplaçant. Il n'était pas capable de protéger la ville et puis ses jambes ne vont pas être rétablies aussi facilement alors...

Il leva ses épaules et sourit.
- Je suis le nouveau shérif. Alberto.
Six hommes coururent jusqu'à eux et attrapèrent le boss avant de le plaquer contre un mur en publique. Quelques gouttes de pluie tombèrent.
- Ricard Luziano, vous avez peut-être eu Black dans la poche mais ce sera différent avec moi. Je ne laisserais pas faire vos magouilles alors...

Menotté et emmené dans une voiture, il ne luttait pas. Simplement, il fixait sa famille en s'éloignant d'eux.
- Vous êtes en état d'arrestation. Pour vous, direction la prison...

La pluie s'abattait sur la ville à forte intensité. Sans saluer les autres, le nouveau shérif s'en alla. Les Luziano restaient debout sous la tempête à voir les voitures disparaître de leur champs de vision dans cet épais brouillard.

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