1. Les portes de Salslaw

Dimanche 5 juillet, 1998. Les oiseaux planaient au-dessus d'une ville partiellement baignée dans la lumière du soleil. Quelques chats et chiens errants traînaient entre les passants à la recherche de nourriture.

Au marché de Salslaw, pour cet été, il y avait des réductions pour les femmes se prêtant à une règle. Celle-ci consistait à se promener dans les rues animées en maillot de bain. Beaucoup d'entre-elles décidèrent d'accepter l'idée pour obtenir un tas de promotion en ignorant simplement le regard pervers de la plupart des hommes.

Un jeune blond s'approcha d'un stand de frites. Il admirait attentivement la cuisson de celles-ci, tout en dégustant sa première barquette. Il laissa un instant pendre sa main pour faire une petite pause dans son repas. Un chien renifla ses doigts couverts de sel et de graisse.
- Dégage, le cabot.
- Qu'est-ce que tu fiches encore ici, Otto ?
- J'admire la vue.

Il y avait des poitrines rebondissantes à chaque pas que faisaient ces femmes. Des fesses rondes, moulées par des petites tailles de maillot. De quoi se rincer l'œil et pourtant, il préférait regarder les pommes de terres frire dans de l'huile brûlante accompagnée par cette chaleur étouffante.
- Tu devrais rentrer, non ? Ta mère doit certainement t'attendre.
- Nan mais tu as raison. Je vais me retirer.
Il jeta un œil à sa montre et sourit.
- Je commence ma sixième journée de travail.

En courant dans la foule, il prenait une grande inspiration tous les deux pas et expira les deux suivants. Les poings fermés, concentré sur son souffle pour ne pas en subir la moindre douleur, il traversa la place du marché et s'arrêta dans une ruelle sombre.
- Tiens, tiens, c'est le nouveau.
- Des Lupi Neri ?
Se tenaient devant lui deux policiers éreintants.
- Vous voulez quoi aujourd'hui ?

L'un d'eux s'approcha du garçon et lui tendit sa main.
- La même chose que d'habitude, on ne va pas encore augmenter le tarif.
Otto sortit un mouchoir dépassant de son pantalon et s'essuya les mains avant de saisir un paquet de cigarette dans la seconde poche.
- Tenez.
- Merci, mon bon, sourit le policier à qui il lui tendit la petite boîte rouge.

Tandis que le garçon se précipita derrière eux, l'agent corrompu ouvrit leur cadeau.
- Y a que cinq clopes. Il en manque une !
- Quel enflure, grimaça son collègue. Lui, on le chope dès qu'on peut.

Caché dans un coin, à la vue de personne, le blond aux yeux verts se retourna. Il cherchait à rester discret alors il observa ses alentours. Aucun inconnu n'avait l'air de le surveiller et les policiers ne l'avaient pas suivi.
- Seven Doors...
Une lumière vive éclaira l'impasse dans laquelle Otto s'est réfugié. Une fissure blanche et verticale. Puis une autre, à quelques mètres de la première avant de laisser place à une troisième, cette fois-ci horizontale, joignant les deux autres.

Un cœur se dessina sur la porte blanche qui venait d'apparaître. Le garçon vêtu d'un simple jean et d'une veste grise posa sa main sur la poignée et l'ouvrit. Derrière celle-ci s'offrit étonnamment un nouveau décor. C'étaient des toilettes. Discrètement, il y entra et ferma la porte.

Dans la rue, il ne resta aucune trace de son passage. Puis, lorsqu'il sortit des sanitaires, il se retrouva dans une gare. Celle de Salslaw. Son objectif de la journée était de vendre une trentaine de cartouches de cigarette. Plus loin, sur le même terrain de chasse, son partenaire vendait des flacons d'alcool dilués à l'eau. Une belle équipe d'arnaqueurs

Ayant oublié son sac chez lui, il décida d'employer une méthode quelque peu particulière. Doucement, il s'approcha d'un homme et fouilla son sac brièvement. Ce fut très court mais il eut assez de temps pour lui voler dix euros en deux billets ainsi qu'un paquet de cigarette.
- Bonjour monsieur, dit-il en s'adressant à un inconnu marchant juste derrière la victime du vol. Est-ce que vous voulez ces cigarettes à cinq balles ?

Pendant une longue heure, sans s'arrêter, il pista les plus susceptibles de fumer et les traqua jusqu'à les soutirer des biens les plus précieux. Otto put revendre un tas de cartouches et se faire des bénéfices personnels avec l'augmentation du prix non conforme aux règles de son boulot.

Au bout d'un certains temps, ennuyés, il alla dans une pièce vide. Il n'y avait personne d'assis sur les fauteuils, c'était un lieu agréable pour ce détendre un instant. Devant un distributeur de boissons, il hésitait entre une bouteille d'eau et un soda.
- Eh, gamin !
Il se retourna et vit un potentiel nouveau client.
- Oui ?

Le type portait des baskets blanches, comme son pantalon et son pull. Ses manches étaient plus grandes que ses bras et ses mains étaient cachées. Il avait un anneau traversant sa lèvre inférieure d'où partait une chaîne allant jusqu'à sa boucle d'oreille gauche. Ses cheveux étaient blonds, longs sur le côté droit, cachant son visage et allant jusqu'à son épaule. Le reste était presque rasé a blanc. Ses yeux orangés intimidaient le jeune homme.
- Quel âge as-tu ?
- Je suis majeur. Pourquoi ? Vendre des cigarettes est illégal ?

Le type laissa échapper un son de succion de sa bouche tel un « tss » puis il se baissa en fléchissant ses genoux.
- Nope. Je voulais juste éviter de tabasser un mineur...
Il bondit sur Otto en lui attrapant la tête et en lui éclatant le visage sur la vitre du distributeur qui se brisa. Le verre pénétra ses joues et s'incrusta profondément dans sa peau.
- Je suis Kamila, des Lupi Neri. Le boss m'a demandé de surveiller les nouveaux et apparemment, vous n'avez rien compris.

L'homme attrapa la jeune recrue par les cheveux et le souleva jusqu'à avoir ses yeux face aux siens. Puis, il bombarda les coups de poings. Frappé au ventre à de nombreuses reprises, le nouveau divaguait. Puis, ses yeux brillèrent un instant.
- Seven... Doors...
Kamila le lâcha et fit une pirouette afin de finir sur un coup de pied retourné. Il le toucha au visage de plein fouet. Le sang gicla hors de son nez, de sa bouche et les casseaux de verre sortirent de sa peau en laissant des plaies pour certaines assez profondes.

Le type s'accroupit afin de s'adresser au garçon à terre.
- Ecoute moi bien petit enculé. Ici, c'est moi qui fait la loi. Je suis le frère du fils du bras droit du boss.
Il leva les yeux et sourit.
- En fait, je suis aussi le fils de Branno, du coup. Bref, j'ai des responsabilités. Je fais régner l'ordre au sein du clan et malheureusement, vos petites cachoteries ne sont pas tolérées.

Il se releva et tapota sur ses vêtements tachés de sang.
- Tu es nouveau alors c'est ton premier avertissement.
Il se retourna et se retrouva face à une étrange porte blanche sur laquelle était dessinée un losange rouge. Un carreau.
- Mais c'est aussi ton dernier.
Prenant conscience que cette porte ne devait pas être ici, il fronça les sourcils. Puis il se retourna en entendant Otto rire.
- Profiter de ses avantages de famille... Pathétique.

Le jeune blond se releva lentement. Ses jambes tremblaient, il se tenait debout, le dos recourbé. Ses bras pendaient le long de son corps.
- T'as pas compris la leçon ?
- Expulsion !
Une sorte de champs de force repoussa Kamila contre la porte qui s'ouvrît à son contact. L'homme ouvrit grand ses yeux en voyant les cieux. Il s'accrocha rapidement à la poignée et baissa les yeux.
- C'est quoi ce bordel ? hurlait-il suspendu au-dessus du vide.

Otto s'approcha de lui, tout doucement.
- Le val d'Artemis. Vacance d'été de l'année dernière. J'ai posé cette porte à plus de milles mètres de haut.
- Tu as un pouvoir ? S'il te plaît, sors moi de là ! Je m'excuse !
- Oui, j'ai sept portes reliées ensemble. Celles du cœur sont reliées, tout comme celles du trèfle et du carreau. Cependant, la dernière ne me sert jamais.

Kamila s'agrippa au carrelage de la gare.
- Aide-moi vite !
Il tendit sa main à son agresseur.
- Je ne suis pas rancunier. Tant que tu me laisse tricher sans entacher votre réputation, tu n'as rien à me reprocher.
L'homme put remonter vivant. Il ferma immédiatement cette porte et s'en éloigna.
- Ça reste à voir. Si le boss me demande de t'exécuter, je le ferais. Ensuite, tu disais ne pas te servir de la dernière porte ?

Otto croisa ses bras.
- La dernière porte de pique est noire et elle ne s'ouvre pas quand je désire me téléporter. C'est pour ça que je n'ai que sept portes au lieu de huit. M'enfin je sais pas pourquoi je te raconte ça...
Kamila prit le garçon par le col.
- J'étais en mauvaise posture alors je me suis excusé mais saches que tu es désormais mon ennemi et le jour où je pourrais te tuer...
Il approcha ses lèvres humides d'une oreille du garçon et murmura :
- Je le ferais.

Sans ajouter quoique ce soit, il se retira en laissant seul le nouveau. Peu après, Otto rejoint son partenaire, arrivé en même temps que lui dans le clan.
- Tu t'es fais frapper ?
- Non, non, connard. Je me suis maquillé.
- Excuse-moi, c'était déplacé.
Le blond posa sa main sur l'épaule de son allié.
- Je vois que tu n'as pas encore compris le message. Kamila n'est pas venu te voir ?
Le brun aux yeux bleus et au visage banal sourcilla.
- Non ?

Les nouveaux discutèrent de leurs manières de faire. Cela ne leur plaisait pas de se fier aux règles du clan car ils n'empochaient pas assez d'argent pour survivre.
- Alors je te propose quelque chose, déclara Otto.
- Dis-moi, répondit son ami Albani.
- On va renverser le trône. On prend le pouvoir des Lupi Neri et on devient les plus puissants des criminels de Salslaw...

Le cœur du garçon s'arrêta.
- Que... Quoi ? Tu es malade ?
- Attends, écoute... On y va petit à petit. On sème le trouble dans le Palace. On les retourne les uns contre les autres sur le long terme. Puis quand le moment sera venu, on tuera le parrain...

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