𝕔𝕙𝕒𝕡𝕚𝕥𝕣𝕖 𝟚
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Monsieur Jeon, droit comme un i, bien cintré dans son costume impeccable, salua froidement les garnements. Il ferma la porte derrière eux, prit place derrière son bureau, les pria de s'asseoir, feignant de ne pas remarquer l'absence de chaises.
Minho hésita entre s'asseoir par terre, aller chercher une autre chaise dans la pièce à côté, en demander une poliment ou s'asseoir sur un coin du bureau... Finalement il resta debout.
Monsieur Jeon s'engagea dans un long discours apparemment bien rôdé, une leçon de morale assez généraliste qu'il devait avoir composée dix ans auparavant et dont il connaissait chaque virgule pour l'avoir répétée en de nombreuses occasions.
Enfin, il conclut en annonçant la sanction : un devoir de quatre heures, sous sa surveillance, qui devait occuper leur mercredi tout en les empêchant de faire des bêtises. Minho l'écoutait d'une oreille distraite, le regard errant sur les étagères disposées derrière lui.
" Tu as vu ça ? Demanda-t-il à Felix, une fois dans le couloir.
- Quoi ?
- Dans son bureau, les diplômes. Il y a une vingtaine de prix récompensant les meilleurs résultats des élèves en Histoire. Je n'avais pas remarqué qu'il y avait des passionnés d'histoire ici.
- Moi non plus. Et si c'est le cas, ce ne sont pas des élèves de madame Hyejin. "
Il est vrai que madame Hyejin, si elle était passionnée par son métier, et par la discipline qu'elle enseignait, n'était pas une personne particulièrement captivante. C'était pourtant une sympathique petite grand-mère, que la retraite avait oubliée, on ne sait par quel miracle, sans doute à cause de sa discrétion.
Serrée dans une longue robe noire, un petit chignon de cheveux blancs relevé sur le haut du crâne, elle ressemblait à un baba au rhum un peu périmé, un peu fade, mais copieusement imbibé ; bref, elle était un peu soûlante, comme on dit.
Mais elle était gentille, mollassonne comme un carambar resté trop longtemps exposé au soleil, et n'étais pas de taille à discipliner une classe de vingt-huit élèves plus préoccupés par ce qui se passait dehors que par ses leçons sur le second Empire.
Les élèves l'aimaient bien, là n'était pas le problème, mais Minho avait du mal à voir en elle le professeur qui conduirait sa classe vers l'excellence. Elle tenait son quartier général dans la salle 307, longue salle exiguë et un peu froide sur les murs de laquelle s'alignaient des portraits de rois mérovingiens que madame Hyejin chérissait comme s'il s'agissait du portrait de ses ancêtres. C'était d'ailleurs dans cette même salle que les voleurs en herbe devaient accomplir leur punition.
Une mauvaise surprise les attendait en bas de l'escalier. Une bande de filles leur avait réservé un comité d'accueil. Jennie, bras croisés, leur barrait la route, suivie par sa fidèle acolyte, Lisa. Derrières elles, le clan. Un ramassis de mauvaises élèves, bêtes et méchantes -en proportions à peu près égales. Jennie n'était pas très grande, brune, mais ses yeux respiraient la méchanceté. Elle ne perdait jamais une occasion de gâcher la journée des bons élèves. Elle avait pris Minho en grippe depuis le premier jour, et l'occasion était trop belle pour le laisser passer.
" alors les terlouzes, on vole des pommes ? Vous vous prenez pour Blanche neige ? "
Les nouvelles allaient vite. Felix voulut répondre, Minho l'en empêcha, et lui fut signe de se taire.
" c'est ça, tu fais bien d'obéir à ta nounou, Yongbokie. N'ai pas le malheur de t'approcher d'un peu trop près, ou tu n'auras bientôt plus assez de dents pour manger autre chose que des bananes. Mais finalement, ça te convient bien, hein, p'tit gay ? "
Il y eut des murmures derrière elle, et des éclats de rire. Vraiment détestables, ces filles. Il aurait été plus intelligent de leur part d'aller réviser les bases de l'orthographe, au lieu de perdre leur temps à proférer des menaces. Mais le lycée devait leur plaire au point de désirer y passer plusieurs années de plus. Minho empoigna Felix par le coude, et ils passèrent leur chemin, sans plus écouter les insultes qui fusaient.
La soirée fut un peu maussade. L'heure d'étude s'écoula comme l'eau de la baignoire (lentement et péniblement), et l'exercice de chimie à rendre pour demain fut bouclé en quelques minutes, puisque Namjoon, le plus calé de la classe, fit généreusement circuler son devoir à travers la salle, au nez et à la barbe du surveillant.
Minho était songeur. Bien sûr, ce n'était pas le moment, mais il ne pouvait s'empêcher de penser à cette possible romance entre Felix et Changbin. Cette histoire l'aurait beaucoup amusé, mais il savait que Felix, malgré ses apparences, était un garçon timide, et que jamais il n'oserait déclarer sa flamme. Le jeune garçon aux cheveux noirs lui-même ne devait se douter de rien. Si on les laissait faire, rien n'arriverait jamais... Si on les laissait faire.
Minho, à ce moment-là, eut une idée lumineuse. Si le devoir de mercredi après-midi se passait bien, et si sa mère n'était pas avertie de cette stupide histoire de pommes, alors elle pardonnerait. Et en échange, Felix aurait sa récompense...
Lui, Minho, s'engageait à faire tout son possible pour réunir ces deux jeunes amoureux. Entièrement à sa rêverie, Minho avait posé son menton dans sa main et son coude glissait lentement sur la table.
Il fut réveillé en sursaut lorsque ledit coude poussa involontairement la pile de livres entassés sur le coin du bureau, et que tous tombèrent dans un fracas épouvantable. Toute la classe sursauta.
Comme il se baissait pour ramasser, son attention fut retenue par un détail, insignifiant peut-être, mais... Son geste resta suspendu quelques secondes, puis il finit par ramasser ses livres. Quand il eut terminé, il était toujours aussi songeur, mais pour d'autre raisons...
Le lendemain fut un jour de détente: le professeur d'EPS était absent, et la classe de Minho était libérée toute l'après-midi.
Parfois, lorsqu'il n'avait pas cours, Minho aimait bien se promener seul dans les bois. Cela lui permettait de s'oxygéner et de réfléchir un peu.
L'internat, c'est plutôt cool, mais pas moyen d'être tranquille. Quoi qu'on fasse, on est toujours entouré d'une centaine d'élèves, et la solitude est une notion qui n'existe pas, au point que parfois, Minho se disait qu'une fois adulte, il partirait seul accomplir un tour du monde en voilier, avant de se faire volontairement naufrager pour vivre sur une île déserte le restant de ses jours.
Il se nourrirait de racines, porterait un pagne en fibre de bananier, domestiquerait des iguanes, boirait du lait de chèvre (si il trouvait une chèvre, et de l'ice tea s'il n'en trouvait pas) et finirait avec un peu de chance par rencontrer un indigène qu'il baptiserait Samedi Matin.
Mais il n'en était pas là. Pour le moment, il avait juste besoin d'un peu de recul. Minho partit d'un bon pas, en s'assurant de ne pas être suivi, puis, lorsqu'il se dit à l'abri des regards, dissimulé par les épais feuillages des arbres, ralentit l'allure. Généralement, il remontait le cours de la rivière, s'arrêtait parfois avec un livre sur un petit banc de pierre qu'il avait remarqué au milieu d'une clairière, puis continuait sa balade.
Ce jour-là, Minho décida de faire l'inverse, et de suivre la rivière dans le sens du courant. C'est au bout d'un petit quart d'heure de marche qu'il entendit des éclats de voix. Intrigué, il s'avança plus dans les bois, et fut surpris d'y découvrir un bâtiment en ruines, une sorte de petite tour, sans doute un colombier. Autour de la construction s'agitait des enfants d'âge différents.
Minho s'approcha discrètement. Ils étaient cinq ou six, de petits enfants un peu crasseux d'avoir joué dans la terre. Tous avaient entre quatre et huit ans. Comme il arrivait près d'eux, Minho vit sortir deux jeunes garçons de son âge, qui le saluèrent et l'invitèrent à s'approcher.
Le plus grand s'appelait Bang Christopher Chan, appelé Chan par tous les petits autour d'eux, et à côté de lui se trouvait Jisung, son frère cadet. Ces enfants qui couraient partout étaient leurs frères et cousins. Les deux jeunes garçons les emmenaient jouer dans les bois après la classe. Ils aiment beaucoup cet endroit, qu'ils nommaient le château magique.
Les enfants encerclèrent Minho et lui donnèrent l'ordre d'entrer.
" tu seras notre prisonnier ! Décida le plus grand. "
Le jeune homme se prêta volontiers au jeu. Le rez de chaussé du colombier avait été aménagé en habitation de fortune, on y avait traîné des couvertures, de vieux coussins, et un fauteuil usé. Dans un coin, un sofa beige était réservé aux visiteurs prestigieux: princes, ducs, papes. En ce moment, il était inoccupé. Et pour tout dire, il servait peu.
Le prisonnier fut agenouillé au milieu de la pièce, et dut avouer de bien grands crimes que lui soufflait le petit juge au gré de son inspiration.
Minho fut surpris d'apprendre qu'il s'était montré coupable de haute trahison, qu'il avait pillé les biens des paysans, et qu'il avait cherché à séduire le prince Jisung. La sentence fut sans appel: il était condamné à rester ligoté trois jours et trois nuits.
Sur un geste du juges, trois jeunes enfants apportèrent une corde, avec laquelle ils lièrent ensemble les bras et les jambes de Minho. Jisung riait de bon cœur, et le brun se laissa faire sans broncher.
Puis les petits retournèrent à leurs jeux. Au bout d'un moment, Minho fit comprendre à Jisung, d'un signe de tête, qu'il attendait de lui qu'il le détache. Le blond prit un air très sérieux.
" oh non, dit-il, la sentence du juge est sans appel. Vous êtes accusé de haute trahison ! "
Et il sortit en riant aux éclats. Minho se mit à pester contre lui même, en se disant ô combien c'était une bonne idée d'aller ici. Il entendait les enfants jouer dehors, ils paraissaient l'avoir oublié. Puis Jisung revint au bout d'un certain temps et pris place sur le sofa sans dire un mot.
Il souriait. Minho, d'où il était, pouvait l'observer à sa guise. Il était plutôt beau, de fins cheveux blond encadraient son visage enfantin, parsemé de toutes petites taches de rousseur. Il avait aussi de bonne joues et des petites dents, ce qui eut l'effet de faire penser à un rongeur, un hamster ou un écureuil, au choix.
Ses yeux bruns tournés vers la fenêtre semblaient perdus dans le vide. À quoi pouvait-il bien rêver ? Dans son regard, il y avait à la fois quelque chose de serein et de tourmenté, quelque chose de triste et de joyeux. Toutes les contradictions du monde semblaient rassemblées en lui. Il inspirait la curiosité, l'émotion, le doute. Il tourna son mignon visage vers Minho, et retrouva instantanément son sourire de petit garçon, et sans dire un mot, vint le délivrer des cordes.
" malheureusement, nous pouvons pas rester. Les petits ont des devoirs à faire.
- est-ce que je te reverrai ?
- possible... Je passe beaucoup de mon temps ici, c'est mon petit endroit secret. "
Minho regarda la petite troupe s'éloigner. L'air s'était rafraîchi, comme si Jisung avait emporté le soleil avec lui, accroché à ses cheveux. Le toit du colombier s'entourait déjà de bruine, l'humidité commençait à retomber. La rivière toute proche chantait doucement et les arbres se balançaient mollement. Il était temps de rentrer.
~♡✧*◍•ᴗ•◍*✧♡~
Une silhouette boulotte l'attendait devant la porte de l'internat. Les deux mains sur les hanches et l'air un peu vexé, Felix exigeait des explications.
" T'étais où, encore ?
- j'me baladais. "
Eyaaaaa ça fait archi longtemps que j'avais pas écrit mdrrr ça m'avait manqué un peu :'(
Bref, Breath de Got7 et 90's love de nct = soty >> J'adooore et comme toujours, Sungchan est grrrr~
Bref, j'espère que ça va vous ? Les cours, tout ça tout ça ? :3
See you soon~
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