𝕔𝕙𝕒𝕡𝕚𝕥𝕣𝕖 21
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Il était vingt deux heures, alors que tous les pensionnaires dormaient paisiblement, et que Minho tentait de chasser ses idées noires en écoutant le dernier album de SHINee, le brunet sentit un sentiment étrange l'envahir, comme une présence tapie dans la nuit.
Il arrêta sa musique et ouvrit les yeux, à l'affût du moindre mouvement. Il ne se passait rien à proprement parler, mais quelque chose d'anormal se sentait dans l'air.
Des grincements, des bruits de pas, encore. Minho ne s'en inquiétait plus, même si cette omniprésence l'exaspérait parfois.
La couverture tirée au dessus du nez, immobile comme une figurine, Minho écoutait, observait, par de rapides mouvements des yeux, l'improbable événement qui n'allait pas manquer de se produire.
La première manifestation fut sonore. Une petite musique lancinante, un murmure d'abord, à peine audible, qui montait tout doucement en puissance.
Des fifres, des tambourins, une ritournelle médiévale au refrain unique qui tournait en boucle, obsédante, entêtante.
Des bruits de pas, différents de ceux qui grinçaient au plafond, et qui avaient cessés d'ailleurs, les bruits de pas d'une foule nombreuse, marchant à l'unisson, une procession peut-être, un défilé.
Soudain, sous l'air abasourdi de Minho, un cheval surdimensionné traversa le dortoir. Le brun se releva d'un bond.
" c'est quoi ce bordel ? Murmura-t-il. "
Le cheval repassa dans l'autre sens, personne ne le contrôlait, une selle inoccupée, prête à tomber, pendant son flanc, et un étrier trainait au sol, parfois soulevé et projeté en l'air par l'élan que lui donnaient les mouvements enragés du cheval fou.
D'une impulsion qu'il ne s'expliqua pas, Minho s'approcha du cheval, attrapa sa bride et parvint à ses hisser sur le dos de l'animal qui s'ébroua, poussa un hennissement, et partit au galop.
Bizarrement, Minho n'était pas effrayé. Il essayait de se convaincre que ce n'était qu'un rêve, et que, dans les rêves, tout peut arriver, sauf mourir.
Le cheval traversa le couloir à vive allure, renversant au passage les enfants et leurs parents qui s'amassaient devant l'escalier.
« Mais qu'est-ce qu'ils font là ? Monsieur Jeon avait dit qu'ils étaient plusieurs mais là, ils sont plus de mille ! » pensa fortement Minho, les sourcils froncés, l'air embêté.
Le cheval s'engagea dans l'escalier et son cavalier frémit à l'idée des trois étages qu'ils allaient dévaler de cette façon. Il n'avait jamais vu un cheval descendre un escalier, et n'avait jamais imaginé la chose possible.
D'un autre côté, il n'avait jamais vu un cheval fantôme, donc bon, tout était possible...
Une fois dans le hall d'entrée, le cheval ralentit un peu sa course et Minho se prépara à descendre, croyant le périple terminé. Mais contre toute attente, l'animal accéléra soudainement sa course et, comme il allait s'écraser contre le mur, les contours d'une porte se dessinèrent, encadrés d'une vive lumière orange. Les deux battants s'écartèrent pour les laisser passer.
Derrière, une gigantesque place surpeuplée s'étendait à perte de vue. Au centre, juché sur une estrade, un homme charismatique, vraisemblablement un homme d'église, haranguait la foule. Une foule nombreuse, compacte et disparate, qui s'écarta néanmoins pour laisser passer un homme encapuchonné qui agitait une crécelle.
Un lépreux, à n'en pas douter. Ces spectres n'avaient donc aucunement conscience du fait qu'ils étaient morts, sinon en quoi la menace d'une maladie aurait pu les effrayé ?
Minho se fraya un chemin à travers eux, et aperçu soudain celui qui l'avait fait venir, son fantôme. Il était habillé différemment de la dernière fois, un peu plus élégant, avec des vêtements propre, et un bouclier beaucoup plus grand que la normal. Étrangement, maintenant qu'il le voyait dans cet accoutrement, il lui rappelait vaguement quelqu'un.
Et soudain, une illumination. Mais bien sûr, c'était l'homme qui pleurait suite aux morts des deux... Ils étaient quoi d'ailleurs, ces hommes ? Amants ? Frères ? Cousins ?
Bref, c'était l'homme qui se tenait la tête entre les mains en pleurant face à la mort tragique de ses personnes. Il lui ressemblait vraiment, c'était flagrant maintenant. Minho se demandait comment il avait fait pour ne pas le reconnaître.
Le spectre tendit la main, coupant court aux pensées du brun. Cette fois, Minho ne recula pas, au contraire: il approcha sa main, pour saisir celle du fantôme, mais la traversa. Il n'y avait pas moyen d'entrer en contact. Pas moyen.
Mais il repensa aux mots du petit Jeongin, et s'écria:
" donne-moi un signe, s'il te plaît, je ne pourrai pas t'aider sans ! "
Alors ses yeux tombèrent sur le bouclier du chevalier. Une bande en or, un oiseau, une autre bande... Un oiseau ?
Il regarda de plus près et correction: c'était un cygne. Et pas un vulgaire dindon, c'était maintenant évident... Tout devenait clair dans sa tête. Il fit appel à ses connaissances, les vraies, celles qu'il avait lui-même acquises en plongeant de temps en temps un œil distrait dans ses livres d'histoire.
Le chevalier au cygne, comme le surnommait Chrétien de Troyes, celui qui répondit à l'appel du pape pour aller mener la première croisade, celui qui fut sacré, avant de refuser modestement cet honneur, celui qui avait perdu son unique frère dans un tragique accident encore inconnu, le premier roi de Jérusalem.
Minho articula distinctement:
" Godefroy de Bouillon ? "
Alors, une rafale de vent balaya la place, et un tourbillon gigantesque se forma, emportant dans sa spirale la foule qui hurlait, se dématérialisait, engloutie à jamais dans les limbes d'où l'on ne revient jamais.
La tornade s'approcha, se stoppa net devant Minho, et s'évanouit brutalement. Une lumière blanche, acide, envahit l'endroit, et éblouit le lycéen. Étourdi, il attendit quelques secondes avant de rouvrir les yeux.
Il les écarquilla quand, en regardant autour de lui, il remarqua qu'il était de nouveau dans son lit. Il ne pouvait pas y rester. Il se leva, traversa les deux bâtiments, et se dirigea dans la salle 307.
" seigneur Godefroy ? Appela-t-il fermement, vous êtes ici ? "
Dans la pénombre apparut une silhouette. Un homme s'approcha, il n'avait plus rien d'un fantôme. Il ressemblait plus à un vieillard fatigué. Il déposa ses armes sur une table et marcha jusqu'à Minho.
Il tendit une main et caressa la joue du brun dans un sourire triste.
" j'ai été si soulagé en te voyant sein et sauf, mon Lee Know, mon petit frère. Je suis content que tu sois en vie, et heureux ici. Retrouve Han, je suis sûr qu'il n'attend que toi. Merci, mon frère, merci pour tout. À présent, je vais pouvoir retrouver les miens, les nôtres, en attendant de te revoir parmi nous. Souviens toi toujours de moi. "
Il enlaça doucement le dos de Minho, dans un soupire soulagé. Et sans qu'il ne comprenne, la bouche de celui-ci s'ouvrit toute seule et sa langue parla d'elle même.
" je suis heureux d'avoir pu te parler, Godefroy, tu m'a manqué aussi. Prend soin de tout le monde, je vous rejoindrai le plus vite possible. Dit-il, d'une voix blanche et lente. "
Le vieil homme hocha lentement la tête, les larmes dévalant lentement ses joues. Il serra plus fort le corps de Minho entre ses bras avant de se retirer. Il lui caressa une seconde fois la joue avant de sourire, un sourire joyeux.
" je t'attendrais, pour toujours. "
Un tourbillon se forma au fond de la pièce, et le fracas épouvantable saccagea les tympans du pauvre brun qui reprit violemment ses esprits.
Une vive lumière violette aveugla Minho, et un vent violent le fit frissonner. Le chevalier, immobile, attendait, main sur le cœur, que la terrible spirale l'absorbe pour le conduire au lieu de sa dernière demeure. Il avait attendu ce moment durant des siècles.
Puis, le tourbillon s'immobilisa, la gueule béante, comme un long tunnel de lumière, et des sons mélodieux emplirent la pièce. Le spectre s'engouffra sur cet étrange chemin, qui se referma et disparut aussitôt.
Minho était abasourdi. Il se tenait droit comme un piqué, une main sur la poitrine. Il avait l'impression qu'il lui manquait quelque chose, comme une part de son âme qui serait partie avec le spectre.
Tant de nouvelles le laissait perdu. Comment ça, son frère ? Et qui est Lee Know ? Et Han ? Et puis, pourquoi avait-il parlé sans qu'il ne le veuille, d'une voix qui n'était même pas la sienne ?
Il secoua la tête, il avait dû mal comprendre, c'est sûrement ça.
Alors qu'il s'apprêtait à partir, il remarqua un objet qui avait roulé à terre. C'était un vieux rouleau de parchemin, qui renfermait le résumé de la vie du chevalier Godefroy, en vers et en latin.
À première vue, il s'agissait de la version originale du manuscrit qu'il avait écrit sous la dictée, le soir où ses professeurs l'avaient envoyé seul à la rencontre du chevalier.
Minho s'en saisit et s'aperçut qu'il avait le pouvoir étrange de le déchiffrer, sans effort. Il se laissa tomber sur une chaise, absorbé par sa lecture, et ne se releva qu'après avoir lu le dernière vers. La mort tragique du chevalier le fit sourire malgré lui.
Empoisonné par une pomme, voilà qu'il se rappelait d'une vague histoire avec ce fruit, comme quoi... Les pommes, c'est vraiment maudit... Les railleries de Jennie lui revinrent en mémoire, et il se dit que pour une fois, il préférait largement son sort à celui d'un autre.
Il allait ranger l'objet et retourner se coucher, mais un petit papier, qui avait dû être enroulé avec le reste, tomba à ses pieds.
Il le ramassa. C'était un arbre généalogique, celui de Godefroy de Bouillon. Minho l'observa attentivement, un nom retint son attention. À côté du nom du chevalier se trouvait celui de Lee Know, écrit en dessous d'une image.
La voilà sa réponse. Lee Know était bel et bien le frère de Godefroy, et étonnement, il ressemblait comme deux gouttes d'eau à Minho. Les mêmes cheveux, les mêmes yeux, le même visage, absolument tout rappelait Minho.
Le nom était relié à une personne dont le visage et le nom était brouillé, impossible de reconnaître quoi que ce soit. Mais pourtant, Minho eût le pressentiment de savoir qui s'était, sans vraiment connaître.
Étrange, comme arbre.
Bon et bien voilà, on connaît maintenant le fin mot de l'histoire. On sait qui est le fantôme et quel est le rapport avec Minho (mm s'il vs manque un p'tit truc 0:) )
Brf, j'espère que le chapitre vous a plu, il a été TRÈS compliqué à écrire jpp
Sachez que Godefroy de Bouillon existe réellement mdrrr j'ai juste modifié quelques petits trucs (comme bah Lee Know du coup jpp) mais sinon, le personnage est le même ! Même sa mort est supposée vraie, en revenant de guerre, certains suppose qu'il a été empoisonné par une pomme (d'autres disent que c'est par une flèche ou une maladie, mais la mort avec la pomme est bien mieux je trouve :p)
Sinon, j'espère que vous ça va ? Perso, jsuis extenuée, j'ai pas arrêté d'enchaîné entre les cours et l'écriture des deux prochaines histoires (j'en ai parlé sur insta :p), donc là il me faut vrm des heures de sommeils ptdrrrrrrr
I hope you are doing well ! take care of yourself, love u sweetie <3
See you soon~
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