Chapitre 30

POV JUNGKOOK

Il est cinq heure du matin... Haeli pleure. Je soupire bruyamment. J'en ai marre... vraiment. Je me lève péniblement, m'approche de son berceau et le prend dans mes bras. Il hurle de plus belle, me frappe à coup de poings et de pieds, rouge comme une tomate. Impassible ( à force, on s'habitue), je m'assois sur le lit et allume la télé. Au départ, ce ne sont que les infos habituelles mais, très vite, ils dévient sur un sujet... important : l'avion qu'a emprunté monsieur Park.

À l'entente du crash, mes yeux s'écarquillent et mes pensées se dirigent immédiatement vers Jimin. Bordel... qu'est-ce qu'il fait en ce moment même ? Est-ce qu'il a, lui aussi, appris la nouvelle ? Dans quel état est-il ? Est-ce qu'il pleure ? Est-ce qu'il... n'est pas en train de faire une connerie ?

À l'idée qu'il soit actuellement en situation de détresse, j'attrape mon téléphone, et, automatiquement, je l'appelle. Mes doigts ont bougés seuls, mon cerveau a arrêté de fonctionner. J'attends. Je ne veux pas lui parler, je ne veux pas qu'il réponde. Et pourtant, j'attends. Je tombe sur sa messagerie. Je soupire de soulagement mais un léger pincement au cœur me fait souffrir.

Le reste de la journée, je m'occupe de Haeli, vais à l'université où je retrouve Bangchan et il me propose de boire un verre après les cours. Alors, ma dernière leçon terminée, je le rejoins à la sortie du bâtiment. Il est adossé à une voiture plutôt basique, une cigarette à la main. Je lui en demande une qu'il me tend immédiatement avant de me l'allumer, et monte dans son véhicule.

– J'espère que ça ne te dérange pas de côtoyer le petit peuple...

– Tu me prends pour un snob ou quoi ?

– Hum... peut-être.

– Tss... dis toi qu'aux yeux de la plupart des héritiers, je ne suis même pas leur égal. Je me sens mieux avec les gens... comme toi que ceux que je suis sensé "côtoyer".

– Comment ça ? T'es riche, ils sont riches. C'est la même chose.

– Non. Moi je suis nouveau et eux anciens. Ce sont tous des descendants de nobles à la cons...

Je pouffe légèrement de rire.

– "Je suis un descendant de la lignée des Yi" dis-je d'une voix aiguë. C'est la phrase favorite de Jimin.

Bangchan rit à son tour.

– Bordel, c'est vraiment trop absurde comme état d'esprit.

– Je te jure.

On arrive devant un café. Il s'arrête. On descend, s'installe et on commande. Il a pris un Ice Americano accompagné d'une tarte citron meringuée et moi un caramel Macchiato avec un gâteau au chocolat.

– Pfft ! T'es un gamin ou quoi ?

– Je t'emmerde.

Il rit de plus belle.

– Même ma petite sœur a des goûts plus matures que toi !

Agacé, je roule les yeux. À croire qu'être adulte c'est devoir aimer des choses amers, fortes et absolument pas délicates ! Qu'est-ce qu'ils ont tous contre le gâteau au chocolat ?! À croire que c'est l'aliment le plus enfantin du monde !

– Je plaisante, Jungkookie~! Ne t'énerve pas pour si peu~

– Je ne suis pas énervé. C'est juste toi qui est énervant.

Il explose de rire.

– Enfin bref ! Comment va le petit bout de chou ?

– Il pleure beaucoup...

– C'est normal pour un enfant de son âge !

– Oui mais... c'est chiant.

– Donne le moi si tu n'en veux pas...

– Tu peux toujours courir !

– Tch ! Alors arrête de te plaindre !

– C'est toi qui a commencé à...

Soudain, mon oreille est attiré par une voix familière qui raisonne au loin. Bordel, qu'est-ce que ce connard fait ici ?!

– Je reviens.

Je me lève rapidement et me dirige vers la caisse où Kai est en train de commander. Je m'approche de lui et pose ma main sur son épaule en lâchant :

– Rejoins moi dehors.

Sur ce, je sors du café. Debout à subir silencieusement le froid de l'hiver interminable, j'attends qu'il finisse de passer commande. Aish... je suis sûr qu'il fait exprès de prendre autant de temps !
Pour me réchauffer, je sors mon paquet de cigarette et il arrive au même moment. Je lui en propose une, qu'il décline immédiatement.

– Alors comme ça le parfait petit toutou fume ?

– Hm, affirmai-je en allumant ma clope.

Je prends une bouffée profondément et l'expire en fixant l'horizon, songeur.

– Je voulais m'excuser pour la dernière fois. J'ai démarré au quart de tour et... je n'aurais pas dû te frapper.

– Ouais. Mais... Hum... moi aussi... je... Hum... m'excuse... pour... tout ça et...

Tss... on croirait entendre le nouveau directeur Park ! Incapable de s'excuser correctement.

– T'as des nouvelles de Jimin ? l'interrompai-je.

Il me fixe avec incompréhension, les sourcils froncés.

– Bah non.

– Tu connais à peu près... sa situation actuelle ?

– Ben j'ai entendu par-ci par-là qu'il était devenu le chef de la société Park ou un truc du genre mais comme je me préocupe plus trop de lui, j'en sais trop rien. D'ailleurs, pourquoi il est déjà directeur ? Il n'a pas terminé ses études, si ?

Bordel, il sait vraiment rien de rien. Je prends une énième bouffée avant de l'expulser en soupirant gravement.

– Son père est mort... il y a deux mois. Et sa mère est en dépression donc Jimin s'est senti obligé de prendre les reines.

Kai m'observe avec effarement avant de plonger sa tête dans ses mains.

– C'est vraiment... vraiment la merde.

– Hm, affirmai-je.

– Heureusement, tu es là pour le soutenir.

Je ne réponds rien. Il relève la tête vers moi.

– Pas vrai ?

Je détourne le regard.

– Tu pourrais... rester à ses côtés pour moi ? demandai-je.

Silence.

– J'ai... quitté Jimin il y a un mois parce que je... je ne le supportais plus.

– Quoi ?!

– Il buvait tout le temps et rentrait tard tous les soirs. Les seules fois où on interragissait, c'était pour le sexe et il repartait aussitôt. Il n'y avait plus rien alors...

Kai éclate de rire sans joie. Ma mâchoire se contracte.

– Tu déconnes ? Tu déconnes, pas vrai ?

Les poings serrés, je fixe mes pieds.

– Jimin est en train de sombrer, il a perdu toute sa famille et toi tu te casses tout seul, comme un égoïste ?!!

– Je... j'ai pris Haeli.

Il rit encore plus fort. Et, les mains dans ses cheveux, il fait des allers retours nerveux.

– Je me retiens de te cogner là, t'es au courant ?

– Ne te retiens pas.

Ni une, ni deux, je sens son poing s'écraser violement sur ma joue. Bordel... ça fait un mal de chien.

– T'es vraiment...

Il avance vers moi et me pousse l'épaule avec sa paume au rythme de ses paroles.

– Un fils de pute. Un putain... de fils de pute.

Il s'écarte en s'arrachant les cheveux.

– Qu'est-ce qui t'es passé par la tête, putain ?! Comment tu peux être aussi con ?!!

– J... Jimin s'en fout de tout... de moi, de Haeli, de notre famille. Et... et...

– Il souffre, connard, il souffre !

– Non il... ne ressent plus rien. Au début, je voulais juste prendre mes distances un jour ou deux mais le lendemain de mon départ, j'ai appris qu'il se tapait son assistant...

Il me tourne le dos en acquiesçant gravement.

– Je me disais que j'avais tors ; que t'étais un type bien, que peut-être que toutes tes erreurs n'étaient que des enchaînements de "trop tard" et de "j'étais pas là"... mais en fait t'es qu'une merde, Jungkook. Tu sers vraiment à rien. À la moindre complication, tu te casses. Jimin souffre ? Tu te casses. Jimin déconne ? Tu te casses. Jimin est au bord du suicide ? Tu te casses. Encore et encore et encore, tu répètes tes conneries comme un petit connard sans cervelle.

– C'est facile à dire quand on décide de l'abandonner par pure jalousie.

Il se tourne vivement vers moi.

– Je te conseille de la fermer, Jungkook. Moi je ne suis pas son partenaire. Je n'ai pas fait un enfant avec lui et je ne me suis pas marié avec lui ! Tu as fait tout ça, tu étais là lorsque toute cette merde a commencé donc tu es sensé être là pour lui ! Le soutenir, être présent !

– Et comment pouvais-je le soutenir alors qu'il ne me voyais que comme un bout de chaire ?! On ne parlait plus ! Il n'y avait plus rien, je te dis ! Rien du tout ! Il... il restait bloqué dans l'illusion que son père était encore en vie, il ne fallait pas dire un seul mot de travers et je devais m'occuper de Haeli seul ! Il ne me voyait plus ! Il ne m'aimait plus ! Qu'est-ce que j'étais sensé soutenir ? Un pantin sans âme ni humanité ?! Un alcoolique nymphomane sans aucun am...

Kai me frappe au visage avec encore plus de violence que le premier coup avant de me saisir par le col.

– Je t'interdis de l'insulter ! Tu ne le connais vraiment, mais alors vraiment pas pour penser comme ça.

– Parce que toi tu le connais mieux ?!

Il relâche mon col et s'éloigne d'un pas.

– Jimin a eu une vie plus dure que tu ne le crois. Il n'en parle pas parce qu'il trouve que c'est normal, que c'est son devoir, mais depuis tout petit il se fait abuser psychologiquement par sa famille. En primaire, il est parti aux États-Unis parce que son père a ouvert une autre branche de la société Park. Il a alors suivi le système éducatif américain combiné au programme coréen dès l'âge de sept ans, jusqu'à ses quinze ans. Là, il est retourné en Corée et a dû s'intégrer à ce nouveau monde qu'est le lycée, sans connaître personne. Il a charbonné encore plus, travaillant toujours plus, sans aucun espace pour les jeux et les bêtises de son âge. Puis, il est allé à l'université et c'est là que je l'ai rencontré. À l'époque, il ne connaissait rien de la vie sociale alors je lui ai tout appris. Rire quand on est heureux, pleurer quand on le veut, boire pour décompresser. Je lui ai montré comment s'affirmer, je lui ai forgé un caractère, une identité, certe pas parfaite du tout, mais toujours mieux que cette apparence robotique qu'il a toujours eut. Sauf que, il n'a jamais lâché son rapport aussi dur avec le travail acharné et dès qu'il commence à perdre prise, il ne pleure plus, ne rit plus, perd ce côté humain tout récent pour lui et se terre derrière le boulot... et l'alcool pour décompresser.

Il détourne le regard.

– Je ne dis pas que Jimin ne t'a pas trompé mais ça, pour tout te dire, je m'en fous et tu devrais faire de même. Parce que celui qui a engendré ça, celui qui a quitté ce nouveau née des émotions, c'est toi, Jungkook, et toi seul. Tu ne peux pas t'en aller, sans rien dire, sans un mot, et lui en vouloir d'être allé voir ailleurs. T'es qu'un sale con.

J'ai l'impression que ma tête va exploser. Je pensais avoir raison tout ce temps, je pensais avoir fait les bons choix... mais je n'ai fait que des erreurs. Je ne comprends rien. Ça n'a pas de sens. Rien n'a de sens.

– Ce... c'est trop bizarre. Il... il n'a plus rien, vraiment. Je... je ne sais pas comment il... enfin... je... il ne souffre pas ! Il n'éprouve rien ! Ce n'est pas normal !

– Donne moi ton téléphone.

– Quoi ?

– Ton tel, donne le moi.

Déboussolé, je le lui tends. Il le déverrouille d'un geste, pianote dessus avant de me le présenter, micro face à moi.

– Voici un des messages vocaux les plus anciens de Jimin, écoute bien.

Il appuie et l'audio s'enclenche.

– Salut, Jungkook, c'est Jimin. Je... j'ai vu que tu ne répondais plus à mes appels... ni même à mes messages et je... bref. Tu reviens quand ? Ça fait une semaine, je sais mais... j'ai besoin... de toi. Enfin, je sais que tu ne m'aimes plus et que tu... tu ne veux certainement plus me voir mais... on pourrait en parler autour d'un verre ? Je finis tôt aujourd'hui, je t'attendrai devant l'immeuble vers vingt heure. Et hum... tu pourrais... emmener Haeli ? Il me manque et... et toi aussi. Ah oui et... Hum... je t'aime. Bisou.

Le message s'arrête. Kai, devant moi, a la lèvre qui tremble, les yeux embués de larmes tandis que moi, je fixe le vide, désemparé.

– Il ne souffre pas ? me demande Kai d'une voix faible. Ce n'est pas quelqu'un qui souffre pour toi ? Il est... dévasté et toi tu...

Il fond en larme.
Soudainement, mon téléphone sonne. Je réponds après quelques sonneries, pose l'écran contre mon oreille et attend.

– Allo ?

– Bonjour, ici l'hôpital de Séoul, c'est bien Jeon Jungkook à l'appareil ?

– Oui, c'est moi.

– Très bien. N'ayant aucune réponse de madame Park, j'ai pris la liberté de vous contacter au sujet de votre conjoint, Park Jimin.

– Que... qu'est-ce qu'il se passe ?

– Il a été hospitalisé il y a quelques heures et...

– J'arrive tout de suite.

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To be continued...
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2:32

J'espère que ce chapitre vous aura plu ^^

En attendant le prochain on se dit à bientôt pour de nouvelles aventures d'Utopie~

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