Pour Lise,
Pour MA Lise

vous ne l'avez sûrement pas remarquée

cette étoile dans cette nuit noire
qui s'est éteinte
laissant ses enfants et son mari vivre
sans elle.

on ne peut pas tout faire, tout vivre,
quand on est malade.

alors ses filles et son mari sont là,
malades de devoir vivre.

elle est entrée en seconde,
mère malade,
cœur lourd,
mensonges de pacotille et sourires dissimulateurs.

elle a quinze ans
elle est détruite
sans qu'on ne le voit.

elle a quinze ans
elle est forte
on le lui dit, mais elle ne le sait pas.

elle est là,
sans mère,
elle aimerait justement naviguer en mer.

parfois

elle se dit

MER-DE

MERE-DE

alors elle regarde le ciel la nuit
(parce que le jour
les astres ne se montrent pas)
elle compte les étoiles
il en manque une

je suis désolée
triste
abattue
je pense à toi

et tu dois vivre, malgré ça ?

oui.

oui,
Lise,
vis.

on te poussera
je te pousserai
à bout de souffle
courir dans les champs
-pourquoi pas-
on ira
loin
loin
loin
histoire de fuir
de te reconstruire

je serai là
pour toi

même si tu ne le veux pas

je ne te lâcherai pas.

elle a quinze ans
et elle aimerait ne jamais avoir vécu
ces années
- si c'était pour arriver là

là
sans tout
avec rien

oui,
sa mère,
c'était tout.

elle ne le voit pas,
mais il reste tellement.

le ciel est encore bleu.

cruel, n'est-ce pas ?

les larmes sont rudes
elles ont prit l'habitude
de parsemer ses joues
autrefois roses de joie de vivre

elle est là,
pourtant
vaillante
comme un phare qui
illumine
les bateaux et les navires
pour les guider
toujours plus loin.

elle a quinze ans
(tu es là
et tu aimerais prendre la mer)
elle continue de marcher
même si elle n'en a pas
l'impression

illusions.

Lise
tu es là
je suis là
nous sommes là
soyons là

il le faut

s'il te plaît

je t'aime
Lise

et elle aussi

alors

ne

te

perds

pas

en

mer