10. You're not relishing victories

Le premier sentiment qui me submerge en ouvrant les yeux est une totale incompréhension.

C'est quand je me redresse péniblement sous l'horrible brûlure qui me calcine l'intérieur du crâne que je me remémore vaguement la raison de ma présence dans cette chambre qui n'est pas la mienne.

Je reste quelques minutes hébétée, assise en tailleur sur le bord du lit, à analyser la situation.

Hier soir. Concert à la Rengaine des Artistes. Rilès y a fait son magnifique show (dont je ne me suis pas complètement remise d'ailleurs). Puis la fête chez Younes. Mon cours de danse improvisé avec le bouclé (Oh mon Dieu. Je m'en suis encore moins remise, de ça). Puis... La discussion avec Younes, au bar.

Puis plus rien.

Enfin si... Quelques bribes du reste de la soirée me reviennent à l'esprit au fur et à mesure que les dernières traces de sommeil se dissipent de mon organisme.

Mon état déplorable dans la minuscule salle de bain. La dispute entre Younes et le métisse. Notre départ précipité. Le chemin quelque peu chaotique que nous avons effectué dans Rouen sombre et endormie. Mon incompréhension lorsque je suis entrée dans cet appartement que je ne connais pas.

Sa voix, puis ses lèvres chaudes sur mon front.

Oh mon Dieu. Je suis chez Rilès. J'ai dormi dans son lit. Je rougis de honte toute seule. Comment vais-je pouvoir le regarder dans les yeux après ça?

Quel heure est-il? Les rayons du soleil filtrés à travers la petite fenêtre m'indiquent qu'il doit être assez tard dans la matinée.

En respirant profondément pour remettre mes idées en place, je me met à détailler la minuscule pièce dans laquelle je me trouve.

Même si quelques objets sont dispersés çà et là sur le sol, on ne peut pas dire que cette chambre soit particulièrement désordonnée. La décoration est même plutôt jolie, je dirai.

Sur un côté se trouve un bureau encombré de feuilles et notes diverses, où trônent deux ordinateurs et des haut parleurs. Un clavier et un micro régissent fièrement sur plus de la moitié du petit espace, ainsi qu'une belle guitare acoustique près de la porte.

Je me lève, peut-être trop brusquement car un violent tourni me fait virevolter violemment la tête. Lorsque ce dernier finit par cesser, je me glisse devant le bureau, feuillette quelques notes, tapote sur le micro, caresse le manche de la guitare.

Cette chambre est un véritable studio d'enregistrement en lui même. Virtuose que je suis, je reste émerveillée devant ce précieux matériel qui pourrait permettre de réaliser de véritables chefs-d'œuvre musicaux.

Rilès est loin d'être un amateur. Je le savais déjà, cela se voyait lorsqu'il était sur scène. Mais à ce moment précis, j'en suis personnellement témoin et cela me paraît être une vérité frappante, incontestable.

Mais une certaine partie de moi-même ressent l'horrible impression de violer un certain secret, une intimité. Je me tiens dans l'antre du bouclé, de cet artiste tellement talentueux mais qui reste tout de même effroyablement énigmatique.

Serait-ce la musique, la réponse de tous les mystères qui entourent Rilès?

En mettant mes réflexions de côté pour le moment, je me décide enfin à sortir de la petite chambre.

Je pousse timidement la porte, une certaine anxiété m'habite à l'idée que le bouclé m'ait vu dans une situation pareille. D'ailleurs, dans quel horrible état suis-je à présent?

C'est alors que je l'aperçois. Dos à moi, torse nu, il semble chercher quelque chose dans un placard au dessus du petit bar. Je fixe discrètement ses larges épaules nues, où ses muscles tendus semblent incroyablement bien dessinés.

Mais la porte grince soudainement et trahit ainsi ma présence.

Il se retourne et me lance son merveilleux sourire dès qu'il m'aperçoit, comme si j'étais la chose la plus formidable qu'il n'ait jamais vue.

- Enfin réveillée, la marmotte?

Mes joues virent à l'écarlate, pas seulement à cause de sa réflexion mais aussi par la vision de sa poitrine nue qui me perturbe grandement. Je reste raide comme un piquet, la bouche grande ouverte à le fixer sans parvenir à bouger ou à articuler quoi que ce soit.

Il rit, et je réalise avec horreur qu'il a dû facilement deviner l'origine de mon trouble. Mais à mon plus grand soulagement, il ne fait pas de commentaire là dessus et se contente de me demander:

- T'as envie de manger un truc?

Je secoue la tête négativement. Mon estomac est trop noué par les relents d'alcool qui n'arrangent pas mon état nauséeux.

- T'as perdu ta langue on dirait, il ricane. Si tu veux faire un tour dans la salle de bain, c'est par là. J'ai mis de quoi te changer si tu en as besoin.

Le bouclé m'indique une porte dans le fond de la pièce, vers laquelle je me dirige hâtivement. Je ferme la porte et m'observe dans le miroir de la petite salle de bain, déconcertée par mon horrible apparence.

Mes cheveux blonds sont complètement emmêlés, et on a l'impression que mes yeux sombres sont couverts d'un voile brumeux. Mon teint révèle une horrible couleur cireuse, que mes poches bleues en dessous des yeux n'arrangent pas. Je suis voûtée, mon petit corps frêle ratatiné sur lui-même, et mes vêtements sont sales et imprégnés d'alcool et de sueur. J'ai l'impression de ressembler à une vieille clocharde alcoolique. Je me demande même comment Rilès s'est retenu de faire trois pas en arrière en m'apercevant.

Je remarque le pull soigneusement plié à mon intention sur la commode de bain à côté du lavabo. Je l'enfile et réalise que, même si le bouclé a dû opter pour celui-ci car il est probablement trop serré pour lui, le vêtement est tout de même trois fois trop grand pour moi au point qu'il m'arrive au dessus des genoux. Je décide tout de même de le garder, profitant de la douce odeur du métisse dont il est imprégné. Après avoir tenté d'arranger mes cheveux et mon visage, je finis par rejoindre le bouclé dans son petit salon.

Ce dernier en a profité pour enfiler un t-shirt, ce qui n'est pas plus mal au vu de mon récent embarras. Même si profiter à nouveau de la vue qu'il me donnait ne m'aurait pas vraiment ennuyé non plus, au final.

Je m'avance timidement vers lui, jusqu'à ce qu'il remarque ma présence et qu'il se retourne. Le bouclé affiche un sourire railleur lorsqu'il détaille ma tenue et contient très difficilement son hilarité.

- Ça te va bien habillée en moi, faudrait juste que tu grossisses un peu.

Je me joins à son rire et, pour la première fois depuis que j'ai ouvert les yeux aujourd'hui, je me détends doucement.

Il m'invite à m'assoir sur sa banquette en sa compagnie en tapotant d'un geste machinal un coussin à côté de lui. Lorsque je suis installée à ses côtés, il s'éclaircit la gorge et se lance:

- Écoute Melo, fallait que je te parle d'hier soir.

Je me raidis brusquement tandis que le profond embarras qui m'habitait il y a encore quelques instants refait violemment surface en moi. Je balbutie quelques mots incompréhensibles, le feu aux joues, mais il m'arrête en levant la main.

- Attends, attends, panique pas. C'est pas de ta faute, tu sais. Je voulais justement t'expliquer quelques trucs sur la manie de Younes de... Tester les gens, en quelque sorte.

Il semble chercher ses mots quelques secondes puis reprend:

- Je sais pas pourquoi, il est comme ça. Ça doit être un trait de caractère lié avec sa clairvoyance, j'en sais rien. En tout cas, il s'est rendu compte par je ne sais quel moyen que t'avais du mal à gérer l'alcool, et il a essayé de voir jusqu'où tu pouvais aller.

Il lève les yeux au plafond, semblant exaspéré par ses propres dires.

- Et il fait ça avec tout le monde ce débile, c'est insupportable. C'est pour ça que je m'engueule tellement souvent avec lui, déjà à cause de sa manie de s'immiscer dans la vie des autres comme ça, et puis parce qu'il passe ses journées à pousser les gens à bout.

Je me remémores alors leur première dispute à laquelle j'ai assisté dans le parc, alors que je ne les connaissais même pas encore.Je regarde son visage concentré tandis qu'il tente de mettre des mots sur ses pensées. Je réalise qu'il semble épuisé, lui aussi.

- Et en ce moment, c'est toi qu'il a choisi pour exercer ses talents de prévision et tout ça. Il a dû te dire un truc qui t'as sûrement perturbée, et il en a profité.

"Il te fait de l'effet, hein?". Je rougis en me remémorant les paroles intrusives du brun. Le métisse m'observe virer à l'écarlate, mais s'abstient de tout commentaire et se contente de me lancer un sourire réconfortant.

- Alors il n'y a pas de honte à avoir, te prends pas la tête avec tout ça. On s'en fout, tu vas bien et c'est tout ce qui compte pour moi.

- Merci, je souffle, profondément touchée par ses paroles.

Je me sens mieux, même si une certaine honte reste profondément marquée en moi, et n'importe quelle excuse n'y changera jamais rien.

Il se lève et m'ébouriffe affectueusement les cheveux, puis me tend les mains en m'encourageant à me lever à mon tour.

- Viens, j'ai un truc à te montrer.

Docile, je le laisse s'emparer de mes doigts et m'entraîner vers sa chambre. Une fois dans la petite pièce, il s'installe dans son fauteuil devant le bureau où trônent ses papiers et ses ordinateurs, et me pousse alors brusquement contre lui. Prise au dépourvu, je tombe sur ses genoux, et le métisse me cale confortablement contre lui en emprisonnant ma taille d'un bras.

Ma respiration se coupe automatiquement à son contact, et, en me demandant pourquoi mon cœur se met tout à coup à péter les plombs, je me tourne vers lui en lui lançant un regard perplexe.

- Attends tu vas voir, il répond à mon regard avec un sourire malicieux.

Le métisse allume ses ordinateurs, met en marche ses haut-parleurs et, au bout de quelques minutes, la musique s'élève dans la pièce et sa voix surgit, merveilleuse, et me plonge dans son univers peuplé d'accords de guitare, de mélodies bouleversantes et de paroles riches de sens.

_______

Nous passons la journée ainsi, à refaire le monde dans cette petite chambre qui lui sert de refuge et qui détient tout un univers en lui même. Le temps passe au rythme des morceaux que le métisse me fait découvrir, certains drôles, d'autres tristes, quelques uns obscènes, la plupart riche d'espoir. Je découvre enfin la vraie nature du bouclé, celle du musicien passionné, celle de l'artiste égaré, celle du magicien des harmonies. Je semble enfin toucher au but, j'ai l'impression d'avoir vaguement cerné la personne qu'il incarne. Le musicien m'a invité dans son monde vaste et fantastique, et je n'ai aucune envie d'en échapper.

- Mais... C'est ce que tu me faisait traduire dans le parc, ça!

Après m'avoir fait lire quelques notes où étaient griffonnés certaines paroles de ses chansons, je réalise que les mots que j'ai sous les yeux ne me sont pas étrangers. Le métisse rit en approuvant.

- Je savais pas quoi te proposer, alors j'ai pris ce que j'avais sous la main... Et puis au fond, je trouvais que c'était pas une mauvaise idée.

- Tu aurais pu me dire que c'était les paroles de tes chansons!

- C'était encore top secret à cette époque.

- Tu parles comme ça faisait des années alors que la dernière fois c'était il y a cinq jour.

Il rit à gorge déployée devant mon sarcasme exagéré. Je crois que jamais je ne me lasserai de son merveilleux rire. J'ai envie de lui demander pourquoi il tenait à passer son talent sous silence pendant si longtemps, mais j'ai l'horrible pressentiment que c'est une mauvaise idée alors je m'abstiens.

- C'est à ton tour de me dire pourquoi tu tiens tellement à apprendre l'anglais, il renchérit avec une véritable lueur de curiosité dans les yeux.

- Ça, c'est toujours top secret par contre.

- T'es même pas drôle!

Il feint une moue boudeuse, très vite remplacée par son hilarité qui ne semble pas vouloir le lâcher (pas plus que le bouclé n'ait envie de me lâcher non plus, à vrai dire).

Notre fou rire est soudainement interrompu par le bruit d'un téléphone qui vibre. Le bouclé s'empare du sien et soupire en découvrant l'identité de son interlocuteur. Il décroche tout de même avec lassitude sans pour autant me demander de quitter la pièce (ni ses genoux) et je fais mine de feuilleter les cahiers de notes que le bouclé m'a présenté il y a quelques minutes, passant en revue les mots qui me sont familiers ou inconnus. Ce sont sur ces mêmes carnets que l'ai aperçu tant de fois griffonner, sans jamais parvenir à savoir ce qu'ils contenaient puisqu'il les cachait furtivement dès qu'il me voyait. Je réalise les progrès que j'ai fait en anglais; je parviens à présent à comprendre l'essentiel de ce que je lis, alors que déchiffrer de simples mots était encore une épreuve insurmontable il y a seulement quelques semaines.

Tout ça grâce au bouclé.

Je sors brusquement de ma rêverie lorsque j'entends mon hôte s'énerver.

- Mais puisque je vous dit que j'ai pas besoin de votre aide!

Je me retourne discrètement et détaille l'expression agacée de Rilès. Son bras a quitté ma taille et sa main empoigne à présent machinalement ses longues boucles brunes, le visage renversé en arrière et le regard levé vers le plafond.

- Je m'en fous, je suis capable de produire ma merde tout seul... Oui, j'ai dit de moi-même, sans l'aide de personne... Arrêtez de m'harceler avec vos propositions à la con maintenant... Ouais, c'est ça!

Puis il raccroche et jette nerveusement son téléphone sur son matelas à l'autre bout de la pièce, en lâchant un très long soupir éreinté.

Et sans avoir le temps de dire quoi que ce soit, la tête toujours renversée en arrière, il lâche:

- Je reçois souvent des appels de maisons de disques ou de gens qui veulent faire des partenariats avec moi, mais je refuse toujours. J'ai envie de leur prouver qu'on peut accomplir les meilleures choses en étant seul.

Il relève doucement la tête et plante son regard vert-gris intensément dans le mien, comme s'il avait un lourd secret à me divulguer mais que cela n'était pas possible autrement que par les yeux.

- Je... Je veux pas perdre mon authenticité en m'associant à quelqu'un, je veux pas risquer de perdre ce que je suis vraiment.

Ses mots ne sont étrangement empreints ni de lâcheté ni d'orgueil, mais plutôt d'une sincérité et d'une détermination comme je n'en ai jamais vue. Ses paroles révèlent une véritable conviction, un principe fondamental faisant partie intègre et indissociable de son être, et jamais rien ni personne ne le fera changer d'avis.

Son indépendance semble prendre une place importante dans sa vie, et il se sent menacé dès que cette dernière est remise en question. C'est un côté où l'on se ressemble beaucoup, tous les deux. Mais... Mais j'ai l'impression que cet aspect de lui-même est bien plus compliqué que ce qui en donne l'air.

Nos regards restent attachés l'un à l'autre, sans qu'aucun de nous ne puisse s'en défaire.

- Faut qu'ils comprennent que je ne fais pas tout ça pour la gloire, ni pour l'argent. Je fais ça pour dépasser les limites, comprendre jusqu'où je peux aller. Il n'y a pas d'autres raisons.

- Mais... Tu ne savoures donc pas les victoires?

Le bouclé paraît surpris par ma soudaine question. Il semble néanmoins y réfléchir quelques secondes avant de répondre.

- Si.

Ses lèvres s'étirent en un petit sourire rêveur.

- S'il y a bien quelque chose que je n'avais pas prévu en créant tout ça, c'est bien l'impact que j'allais avoir sur les gens. J'ai... J'ai un millier de personnes derrière moi, qui suivent ce que je fais et qui m'encouragent, en plus de mes amis. Et ça, ça vaut tout l'or du monde.

C'est à mon tour de sourire.

"Et maintenant moi aussi je suis derrière toi, et je te suivrais toujours, quoi que tu fasses."

Je constate avec horreur que je viens de dire cela tout haut. Rilès, surpris, me fixe et semble sonder l'intérieur de mes yeux, comme s'il cherchait quelque chose, une bribe de mensonge, un éclat d'arrière pensée.

Mais il doit être rassuré par ce qu'il voit dans mon regard car son visage se fend en un magnifique sourire, l'un des plus beau et sincère que je n'ai jamais vu, et il m'encercle de ses grands bras avant de me serrer fort contre lui.

Et ça, ça vaut tous les remerciements du monde.

______

- C'était pas le chanteur d'hier soir, l'autre gars là?

Sam me toise avec un scepticisme que je ne lui reconnais pas.

- Si. Pourquoi?

- Comme ça, il répond en haussant les épaules avant de se diriger vers le bar.

Je le fixe s'éloigner, étonnée. Il a l'air blessé par je ne sais quelle raison. Qu'est ce qu'il me fait, encore?

J'hausse les épaules à mon tour puis décide de vaquer à mes occupations, et replonger dans ma rêverie par la même occasion.

Il y a une heure de ça, le bouclé m'a déposée sur mon lieu de travail après avoir passé une bonne partie de la journée chez lui. J'avais presque oublié que j'avais un boulot, et j'aurai aimé ne jamais quitter le merveilleux monde dans lequel il m'a invitée à entrer. Mais la vie réelle nous rattrape toujours, indéniablement, et il faut bien faire avec.

Après avoir laissé s'envoler quelques heures dans sa minuscule chambre qui renferme bien des surprises, nous nous sommes installés sur la petite banquette de son salon devant une émission au hasard dont je ne prêtais d'ailleurs pas une très grande importance, voire aucune. Si bien que je me suis endormie doucement sur son épaule, calée contre lui, sombrant dans un sommeil sans rêves. Après la nuit mouvementée que j'ai passée, je crois que j'en avais besoin, et cela m'a fait beaucoup de bien d'ailleurs. Mais je me suis réveillée d'un coup en catastrophe, en ayant complètement omis que j'avais un travail et que j'étais d'ailleurs terriblement en retard. Ma petite crise de panique a valu un véritable fou rire de la part du bouclé, qui assistait à mon accès d'affolement en se tenant les côtes, les joues gonflées pour se retenir de rire. Ce dernier a finalement daigné m'amener à la Rengaine des Artistes avec une moue quelque peu déçue.

Quand je lui ai finalement demandé ce qui lui valait cette mine désabusée lorsque la voiture s'est arrêtée devant l'auberge, il a arrêté le moteur et s'est tourné vers moi en déclarant avec un petit sourire contrit:

- C'est que j'aurai aimé que tu restes avec moi plus longtemps.

Je ne sais pas pourquoi, à cet instant mon cœur s'est soudainement mit à battre plus fort.

- Et tu l'aimes bien?

Je me retourne en soupirant. Samuel est à nouveau à mes côtés et lève un sourcil en me fixant, avide d'une réponse qu'il souhaiterait probablement négative.

- On peut dire ça.

Je ressens soudainement un profond désaccord à l'intérieur de moi, comme si mes sentiments contestaient ce que je venais de dire.

- Et tu le connais depuis longtemps?

- Écoute Sam tu m'emmerdes avec tes questions, je m'énerve en le fusillant du regard.

- D'accord d'accord je me tais, rit Sam en levant les mains en signe d'innocence.

Mais malgré son sourire, il cache une certaine douleur que ses yeux ne peuvent obscurcir, et je me sens alors coupable et impuissante.

Après quelques secondes sans un échanger un mot, chacun dans ses pensées, il déclare soudainement:

- Lui, il a l'air de bien t'aimer en tout cas.

Son amertume est cette fois ci bien apparente sur son visage, frappante, indiscutable. Ses mots sonnent comme une fatale sentence, dont il est le seul condamné.

Il me lance un sourire chagriné, puis se retourne et sort à l'air libre en déposant son tablier sur le comptoir, signifiant que son service est prématurément terminé.

Je reste figée quelques secondes, en essayant d'encaisser ses dernières paroles. Elle me donnent envie de rire et pleurer à la fois, elles me donnent l'effroyable sensation d'avancer et de reculer en même temps.

Ses mots, qui me font peur et plaisir à la fois, me font également réaliser avec horreur que je me retrouve à présent déchirée par un ultimatum, celle de perdre l'amitié de l'un pour gagner petit à petit la précieuse affection de l'autre.

Je secoue la tête afin que ma conscience cesse de me tourmenter, et me contente de mettre de côté la brûlure mordante de la déchéance pour tenter de mieux profiter ma récente victoire, celle que la culpabilité m'empêche de pleinement savourer.

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Hey hey !

1k de vues. Wow. C'est fou. Je suis choquéeeeee

MERCI BEAUCOUP C'EST UN TRUC DE FOU J'EN PEUX PLUS 🙏🙏🙏

Je vous promet que jamais j'aurai imaginé que ma fanfiction soit aussi lue. Je sais que par rapport à d'autres histoires ce chiffre est complètement dérisoire, mais pour mon petit coeur c'est une victoire en soi. Merci! 🙏

Vous êtes d'accord avec moi, c'est pas pareil les dimanches sans attendre un Rilèsundayz, hein? 😥

Encore merci, vraiment, et à bientôt !
🔥⏳🔥

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