Kris

Un peu plus et j'embrassais Roxanne. Son frère Kelly a débarqué peu après dans le pub et la propriétaire des lieux, lui a presque sauté dessus pour savoir s'il avait de quoi nous loger. Rapidement, Riley et moi avons terminés nos bières et nos nachos avant de suivre Kelly dans la rue.

Nous sommes maintenant dans une maison d'hôtes aux allures de villa, et Kelly, grand prince, nous a donné une chambre avec vue sur la mer digne d'une suite, au prix d'une chambre plus modeste.
Il y a un grand lit kingsize, ce qui m'arrange puisque d'après Quinn, Ry est capable de donner des coups lorsqu'elle dort. Une salle de bain fait aussi partie de la chambre, avec une grande baignoire qui fait aussi jacuzzi, et Riley est déjà entrain de le tester soit disant « pour se détendre ». Moi tout ce que je vois, c'est qu'elle va me ficher la paix pendant au moins une demi heure et malgré la fatigue, je quitte la chambre armée de mon appareil photo après avoir crié à mon amie, à travers la porte, que je sortais.

Me voilà donc maintenant en bord de mer, au bord de la jetée de Santa Monica qui est environ a un kilomètre de là où nous logeons. Je prends quantités de clichés, puis me décide à rentrer, la fatigue reprenant le dessus sur mon enthousiasme à découvrir la ville. Après tout, nous sommes ici pour trois jours, j'aurais bien le temps de profiter après m'être reposée.

Je retrouve Riley, occupée à fouiller dans ses vêtements qu'elle a éparpillés dans la chambre, ce qui donne un énorme foutoir comme à l'appartement la veille de notre départ. Je fais claquer la porte derrière moi et me mets à hurler :

— Non mais t'es dingue ou t'es sous cachets ?! Comment peut-on mettre autant de désordre en si peu de temps !

Riley sursaute avant de lever vers moi un regard remplit de larmes.

— Je l'ai perdu...

— T'as oublié quoi ? Dis-je d'une voix radoucie.

— Mon bracelet porte bonheur... si je ne le mets pas demain, je vais rater mon entrevue...

Ok, elle est dingue, c'est officiel.

— Ry, tu n'as pas besoin de bracelet porte bonheur. Tu es douée, la meilleure de la promotion de journalisme. Ils vont t'engager, c'est sûr !

— Non mais tu comprends pas !

— Je comprends pas quoi ?

Riley se lève et continue de fouiller la pièce, envoyant valdinguer couette et oreiller, avant de commencer à vider le contenu de mon sac à dos.

— Wow, on se calme ! Hurlé-je à nouveau en accourant près d'elle.

Je la secoue par les épaules en lui hurlant de se calmer, comme si hurler sur quelqu'un allait la détendre...

— Mais Kris ! Putain, ce bracelet je l'ai depuis toujours ! Je l'avais sur moi pendant mes exams, quand on s'est rencontrées toutes les deux, quand j'ai connu Quinn aussi... si je ne le porte pas... c'est mort. Archi mort !

Elle se laisse tomber sur le lit, accablée.

— T'es complètement dingue, meuf. Tes exams, tu les a eus parce que tu avais travaillé, on est devenues amies parce que je suis archi cool, et Quinn est tombé raide dingue de toi à la seconde où il t'as vue. Ton bracelet n'a rien à voir avec tout ça, d'ailleurs, je crois que Quinn a d'abord flashé sur ton superbe cul.

Un sourire s'étire sur ses lèvres puis, elle explose de rire avant de fondre en larme.

Je m'allonge à ses côtés et lui prend la main, la serrant fort entre mes doigts. On a pas l'habitude de se faire des câlins, c'est pas maintenant qu'on va commencer. Une fois que mon amie respire plus calmement, je me redresse et lui fais signe de faire de même. Puis, je détache mon propre bracelet, celui que je ne quitte plus depuis le Noël qu'on a fait ensemble à la coloc, et le lui passe autour du poignet.

— Kris...

— C'est Jake qui me l'a offert pour Noël, j'y tiens comme jamais. Tu n'auras peut-être pas ton bracelet, mais je te prête le mien jusqu'à ce que tu sois engagée.

Elle me sourit, contemple les breloques puis me saute au cou avant de se redresser aussi vite, comme si elle était gênée par tant d'intimité. Je me marre puis lui dit d'aller se coucher pendant que je range le bazar qui jonche le sol de notre chambre.

•••

J'ai finalement abandonné le rangement à peine dix minutes après avoir commencé, et j'ai vite rejoins Riley dans le lit, rattrapée par le décalage horaires.

Il est maintenant neuf heures du matin, et mon amie est déjà au taquet, en chantant sous la douche d'une voix affreusement fausse. Je me lève à mon tour, vais rapidement frapper à la porte de la salle de bain pour lui crier de se la fermer avant de chercher de quoi m'habiller. Riley sort enfin de la salle de bain enroulée dans une serviette, fraîche comme le jour et je précipite dans la pièce pour prendre une douche express.

Je sors de la salle de bain dix minutes plus tard, vêtue d'un short en jeans et d'un débardeur noir et trouvé Riley seulement habillée de ses sous-vêtements, figée sur le lit.

— Bah grouille-toi, t'as rendez-vous dans une heure !

— Je vais me planter...

— Oh ça suffit ! Tu as mon bracelet, un super CV et tu es douée. Maintenant, enfile ça et dépêche toi !

Je lui balance successivement une jupe en jean noire, un haut noir et sa veste en cuir suivit de ses doc et la presse de les vêtir en tapant dans mes mains.

Rapidement, nous quittons la chambre et descendons au rez-de-chaussée où se trouve la cuisine.

— Salut les filles, vous êtes bien matinale ! Nous accueil Kelly avec un grand sourire. Café ?

Je hoche vigoureusement la tête tandis que Ry refuse d'un mouvement de la main, pâle comme la mort puis je m'assieds sur une chaise malgré mon envie irrépressible d'aller me percher sur le plan de travail, comme à mon habitude.

Une fois que j'ai avalé mon café, nous retournons dans notre chambre pour un rapide brossage de dent plus une retouche maquillage de Riley avant de filer. Dehors, bien qu'il soit tôt, il fait déjà beau et un peu chaud malgré le vent. J'attrape le bras de Riley et nous descendons la rue en papotant. Enfin, je parle et elle fait semblant d'écouter bien trop préoccupée par son entrevue.

Je l'abandonne devant la tour qui accueille le magazine Los Angeles sous tous les Angles, après lui avoir répété qu'elle allait assurer et rejoins la plage tout en sortant mon appareil photo. Avec un peu de chance, je pourrais prendre de jolis clichés qui auront parfaitement leurs places dans mon mémoire.

Riley

Kris a raison, je vais tout déchirer. J'suis douée dans ce que je fais et j'ai un CV en béton. J'ai fait bon nombre de stage dans de grands magazines à New York et je suis la meilleure étudiante de ma promo, je vais assurer !

J'entre dans la tour, puis dans l'ascenseur après avoir repéré l'étage du magazine. Mon coeur bar à tout rompre durant la montée et lorsque les portes s'ouvrent, j'ai l'impression que je vais vomir.

— Bonjour, Riley Granger, j'ai une entrevue avec le RH du magazine, dis-je à l'hôtesse d'accueil.

Elle me sourit et me fais signe d'attendre pendant qu'elle le prévient.

— Je suis désolée, Mademoiselle Granger mais vous n'avez pas rendez-vous.

Pardon ? C'est une blague ? Cette fois c'est sûr, je vais vomir. Je me sens pâlir à vue d'œil et l'hôtesse se lève précipitamment pour me demander si je vais bien.

— Oui oui... c'est juste que...

Je passe ma main dans mes cheveux et lâche une flopée d'injures.

— Je suis venue de New York pour un entretien aujourd'hui. Regardez, j'ai reçu un mail puis un autre de confirmation.

Je sors le tout de mon sac, soigneusement rangé dans une pochette et la luit tend. Elle les parcourt tout en secouant la tête puis me dit :

— Vraiment navrée, mais ce n'est pas un mail officiel.

Anna.

Bordel, Kris avait raison. Cette connasse à tout fait pour m'éloigner de Quinn et tout ça est son plan...

— C'est pas possible...

Je répète cette phrase sans cesse jusqu'à ce qu'un homme en costume s'arrête à l'accueil et demande quelque chose à l'hôtesse. Je récupère ma pochette remplit d'espoir qui vient de partir en fumée et fait demi tour en lui lançant un maigre sourire.

— Au revoir Mademoiselle Granger.

— Granger ? Vous êtes Riley Granger ?

Je me retourne vers l'homme qui vient de me parler et acquiesce doucement.

— J'ai reçu un étrange mail vous concernant... d'un certain Ashton Lunport.

— C'est l'un de mes profs à la fac de journalisme de New York, dis-je prudemment. Je croyais que... on m'a manifestement fait une... blague. Je pensais que... j'avais une entrevue pour un stage rémunéré dans ce magazine. Expliqué-je.

Il me fait signe de poursuivre et je lui montre les mails, il hoche la tête puis me fait signe de le suivre.

— Retardez mon prochain rendez-vous d'une demie heure, Mirtha.

L'hôtesse acquiesce et me fait un grand sourire accompagné d'un clin d'œil tout en me chuchotant que je suis une chanceuse. Je lui souris en retour, passe les doigts sur le bracelet de Kris et suis le type.

Nous arrivons dans son bureau et je remarque alors que c'est lui, le responsable des ressources humaines du magazine. Il me fait signe de m'assoir puis me demande mon CV. Nous passons en revue tout les stages que j'ai effectués, mes notes en cours, les différents articles que j'ai publié et il s'attarde notamment sur l'interview de mon papy, que j'avais faite plus tôt dans l'année.

— Il vous faut un stage pour valider votre dernière année d'étude c'est bien ça ?

— Oui Monsieur. J'avais espéré que je pourrais faire un stage ici pendant la deuxième année, non rémunéré bien entendu puis celui en alternance pour la dernière année.

Il me sourit puis hoche la tête en examinant une fois de plus mes articles de presse.

— J'ai une proposition à vous faire, Mademoiselle Granger.

J'ouvre grand les yeux, et l'écoute bouche bée.

— Si vous validez votre première année en étant major de votre promotion, vous ferez partie de nos stagiaire l'année prochaine, et en fonction de votre stage, vous resterez ici pour votre dernière année. C'est la meilleure proposition que je puisse vous faire étant donné que normalement, nous avons déjà tout nos sta...

— C'est parfait ! Dis-je en l'interrompant. Merci ! Merci ! Putain, merci !

Il rit en secouant la tête et me dit qu'il va de suite envoyer un mail à Ash pour l'informer de sa décision. Nous échangeons nos numéros et mails puis je le quitte, n'en croyant pas mes yeux.

Dans ton cul, Anna !