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Kris
Sans un mot, je m'assieds à ses côtés sur le trottoir, le cœur serré. Je suis comme déboussolée face aux larmes qui inondent son beau visage. Je l'ai déjà vu dans des états pas possible, surtout lorsqu'il est emplit de colère mais le voir pleurer... Non. Et je ne crois pas que j'arriverai à me remettre de le voir ainsi, ravagé de chagrin.
Le temps passe, et aucun de nous ne bouge. Je n'ose pas le toucher, j'ai bien trop peur qu'il me repousse. Je commence à avoir des courbatures à force de rester assise sur le sol, mais je ne dis rien. Je me contente de fixer un point invisible entre mes pieds et d'attendre qu'il se calme. Si c'est larmes se sont taries, les tremblements de ses mains ne se sont pas arrêtés.
— Elle... Matysse.
Le son de sa voix le fait sursauter, puis je hoche la tête doucement. Il faut qu'on aille voir sa fille.
Lentement, je me lève et déverrouille la Chevrolet. Je m'y installe côté conducteur et patiente quelques minutes avant que Jake daigne monter dans l'habitacle. Sans un mot, je passe une vitesse et nous fait quitter cet endroit.
Le trajet est long, enfin pas vraiment mais le silence est tellement pesant que j'ai l'impression de rouler pendant des heures.
— Tournes ici, et arrêtes-toi devant la troisième maison.
Je hoche la tête toujours en silence, Jake ne m'a adressé la parole que pour me donner le nom du quartier où vivent ses parents, et maintenant, pour le dire de me garer. Je coupe le moteur et fixe l'horizon droit devant moi.
La portière côté passager s' ouvre et mon copain descend avant de faire le tour de la voiture et de se pointer vers moi.
— Viens...
C'est plus une supplique qu'autre chose et je le suis. Les larmes qu'il accumulent au bord des yeux les font briller. Les larmes le rende plus fragile, plus beau aussi mais je regrette tant de les voir. Il ne sourit plus, et cela a été si difficile de le faire ne serait-ce qu'esquisser un sourire...
La boule au ventre, je le suis dans le petit sentier qui mène à la porte d'entrée et celle-ci s'ouvre avant même que nous soyons sur le seuil. Mona nous accueille avec un faible sourire, presse une main sur la joue de Jake qui se dégage aussitôt en évitant son regard et elle se pousse pour nous laisser entrer. Je m'excuse d'un regard pour le comportement de mon mec, et Mona me rassure d'un sourire. Elle comprend, elle sait ce qu'il traverse et ne lui en veut pas de se dérober.
Une tornade nommée Matysse dégringole la volée d'escalier en faisant un boucan d'enfer et Jake se baisse pour la réceptionner alors qu'elle saute dans ses bras depuis la troisième marche. Ils s'étreignent pendant un moment pendant qu'elle babille à propos de ses poupées. Et c'est là que je comprends que ni Mona, ni Arthur ne lui ont dit pour sa maman.
Je ferme les yeux un instant, imprimant le petit sourire triste qui égaye un peu le visage de Jake pendant qu'il s'agenouille devant sa fille.
— Et Princesse Lilou, elle refuse de boire son thé !
— Princesse, écoute moi s'il te plaît...
Le ton qu'emploi Jake doit alerter la petite puisqu'elle s'arrête de parler pour le fixer droit dans les yeux en fronçant ses petits sourcils, la mine boudeuse.
— Ta maman...
— Ma maman va venir vivre avec nous ?
Oh mon Dieu ! J'ai tellement envie de pleurer... ma poitrine se serre tandis que les larmes affluent au bord de mes yeux.
— Non bébé... ta maman est... elle est au ciel.
— Mais elle va revenir... insiste Matysse, la voix tremblante.
— Non, répond Jake en secouant la tête. Elle est avec les étoiles maintenant.
Matysse ouvre la bouche, la referme, fronce un peu plus les sourcils puis lève les yeux vers moi. Elle doit lire sur mon visage triste que c'est la vérité puisqu'elle secoue la tête avant de pousser son père.
— C'est de ta faute si j'ai pas de maman ! Crie la petite avant de grimper les escaliers en courant.
— Matysse ! Bébé, reviens !
— Non !
Et elle claque la porte de sa chambre.
Lentement, Jake se laisse tomber sur la première marche et se prend la tête dans les mains, cachant à la vue de tous les larmes de tristesse et de désespoir qui perlent le long de ses yeux. Personne n'ose bouger ou dire quoique ce soit, le silence règne pendant quelques minutes, pesant.
— Je vais lui parler... souffle Jake en reprenant doucement contenance.
— Non, je vais y aller, dis-je en secouant la tête. Matysse t'en veux pour le moment, laisse-lui le temps de se calmer, bébé.
Je n'attends pas sa réponse et passe derrière lui pour grimper la volée d'escalier. Je ne peux pas me tromper de porte lorsque je suis arrivée à l'étage puisque celle de la chambre de Matysse porte son prénom inscrit dans du bois et une multitude de dessins orne la porte. Je toque doucement et n'obtenant pas de réponse, pousse le battant.
Je fais le tour de la pièce de mes yeux, murs roses, lit entouré de tulles, poupées et autres jouets jonchant le sol, petite table pour boire le thé renversée et Matysse qui est effondrée dans un coin sur un énorme ours en peluche.
— Va-t-en ! Me dit-elle en s'apercevant de ma présence.
— Je veux juste qu'on discute, ou même pas d'ailleurs. On peut jouer ensemble si tu veux.
Matysse fronce les sourcils, réfléchissant à ma proposition. Elle se lève finalement de son lit et me demande si je veux jouer avec ses poupées. J'acquiesce, redresse la table pour le thé et nous installons les poupées autour de celle-ci avant de nous assoie à notre tour. J'attrape la fausse théière en plastique et commence à servir du thé imaginaire dans chacune des petites tasses.
— Princesse Kris, je te présente...
— Je croyais que j'étais une Reine moi ? M'étonné-je en me rappelant notre brunch avec elle et Jake.
— Ah oui, c'est vrai ! Reine Kris, je te présente les princesses Lilou, Agathe et Gertrude.
Je hoche la tête et salue les princesse une par une sous le regard amusé de la petite. Nous jouons quelques minutes comme ça puis, elle relève les yeux sur moi, le regard interrogateur.
— Elle va plus du tout revenir ma maman, pas vrai ?
— Non ma chérie, je suis désolée.
— Et papa aussi il va partir au ciel ?
Putain.
Je déglutit difficilement, puis lui sourit tendrement avant de lui répondre, bien qu'incertaine de ce que j'avance. Il aimait tellement Lucy...
— Non, princesse. Ton papa ne va pas partir au ciel. Et tu sais, il est très triste aussi que ta maman ne soit plus là.
Ses petits yeux bleus s'embuent de larmes et bientôt, elle se réfugie dans mes bras, nichant sa tête dans mon cou.
— Je peux entrer ? Chuchote alors Jake
Je sursaute légèrement, je ne sais pas depuis combien de temps il se trouve dans l'encadrement de la porte à nous observer, à nous écouter.
Il n'attends pas de réponse et vient s'agenouiller devant nous avant de nous serrer dans ses bras tatoués, répétant à Matysse qu'il l'aime fort.
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