Kris

Contrairement à Jake qui se réveilla plus en forme que jamais, avec en prime, un immense sourire aux lèvres, je me levai d'humeur massacrante et fusillai mon copain du regard devant tant de joie dès le réveil.

- J'ai pas fais de cauchemars, j'ai dormi tout le long, me dit-il super fier de lui.

- Tant mieux pour toi, bougonné-je, avant d'avaler une longue gorgée de café.

- Qu'est-ce que t'as ? Demande Jake, en ravalant son sourire.

Je levai les yeux au ciel, et marmonna :

- Tu as ronflé toute la nuit comme un putain de tracteur, et pour couronner le tout, j'ai rêvé de Serena.

Jake écarquilla les yeux et éclata de rire.

- Vous faisiez quoi dans ce rêve ?

- Ravale ton sourire, espèce de pervers ! Dis-je, en reposant brusquement mon café. J'ai rêvé qu'elle se mariait avec Kendrick, dont j'ignore totalement à quoi il ressemble ! Et en plus, cette imbécile refusait de me dire à quoi ressemblait sa robe ! Je passai des heures à chercher sur Instagram... et, pour finir, j'ai la gueule de bois.

Jake éclata une nouvelle fois de rire, tout en me m'insultant de timbrée. Je le fusillai du regard et allai prendre une douche.

Sous l'eau, je repassai en boucle le rêve, sérieusement, c'était quoi ce rêve à la con ? Des mains tatouées m'encerclèrent la taille et des baisers parcoururent ma nuque et mes clavicules.

- Toujours énervée ? Susurra Jake contre mon oreille.

- Mmmhhh. Continue.

Je le sentis sourire contre ma peau alors qu'il continuait à déposer des baisers tendres sur ma peau. Il fit lentement glisser une main entre mes jambes tandis que l'autre jouait avec l'un de mes tétons et ma colère, complètement idiote soit disant passant, s'envola alors qu'il me menait doucement au septième ciel. Ça, c'est clairement un réveil comme je les aimes.

Après ce petit moment d'intimité, nous nous lavâmes rapidement, nous rappelant que nous devions aller chercher Matysse chez les parents de Jake.

Plus tard, après que j'ai soudoyé Jake pour conduire sa voiture, je me gara devant l'allée de sa maison d'enfance.

- Viens, dit-il en me prenant la main pour me guider sur le sentier menant à la porte d'entrée.

Il était tôt, à peine neuf heures. Mais Mona ouvrit de suite la porte avant même que Jake ait pu sonner.

- Kris ! Sortie de prison à ce que je vois, me dit-elle avec un sourire moqueur.

- Ouais... approuvé-je, gênée.

- Matysse dors encore, nous indiqua-t-elle, une fois que nous fûmes rentrer.

- Je vais la réveiller. Aujourd'hui, on passe la journée tout les trois, dit Jake avec un clin d'œil dans ma direction.

L'instant d'après, il disparaît dans les escaliers tandis que je m'installe dans la cuisine, retrouvant Arthur entrain de lire le New York Post, un café fumant devant lui.

- Alors, la taule ? Se moqua-t-il sans même me saluer.

- Le grand luxe !

Il rit, puis secoua la tête l'air de dire « ah les jeunes... ».

- Café ? Proposa Mona.

- S'il te plaît.

A peine la tasse fumante était déposée devant mes yeux qu'une mini tornade blonde entrait dans la cuisine.

- Kris ! C'est vrai qu'on passe la journée tout les trois, avec papa ?

- Oui mon chat, dis-je avant de lui faire un câlin.

- Trop Cool !

Après un grand sourire, elle élue domicile sur mes genoux et demanda à sa grand-mère un chocolat chaud.

- Tu peux venir sur mes genoux, indique Jake. Et laisser Kris boire son café tranquille...

- Non ! Enfin, Kris tu veux pas ? Demanda Matysse d'une toute petite voix.

J'échangeai un regard avec son père, histoire d'avoir son accord et secouai la tête.

- Non, aucun problème ma chérie.

Le sourire qu'elle me fit en retour me serra le cœur autant qu'il le gonfla d'amour. Bordel, cette gamine est juste adorable. Comment ne pas craquer ?

Je lançai un coup d'œil à Jake, il nous observait, un petit sourire aux lèvres, mais les yeux brillants. Je terminai rapidement mon café et prétexta un besoin urgent de me rendre au toilette afin que la petite rejoigne les genoux de son père. Aucun doute qu'il pensait à Lucy en nous voyant si proches, sa fille et moi.

Alors que je me lavai les mains, je ne pu, moi aussi, ne penser à rien d'autre qu'à Lucy. Jake m'a dit que Matysse avait vue sa mère qu'à une seule occasion, et que, Lucy étant dans un mauvais jour, il n'avait pas retenté l'expérience tant la gamine avait été choquée.
Peut-être que cela leurs ferait du bien à tout les trois de se réunir, comme une famille...

En sortant de chez Mona, Jake installa Matysse dans son siège auto tandis que je prenais place derrière le volant, bien décidée à ne pas rater la chance de réunir Matysse et sa mère. Discrètement, j'envoyai un sms à Riley pour lui demander l'adresse du centre où se trouve Lucy et coup de chance, celle-ci me répondit aussitôt. Et gros coup de bol, je connais plutôt bien le quartier de l'établissement, étant allée faire quelques clichés dans un parc non loin peu avant mon départ pour la Bretagne.

Sur la route, j'écoutai distraitement Jake et sa fille parler de tout et de rien, le premier n'étant pas du tout concentré sur la route, nous arrivâmes sur le parking sans même qu'il ne me pose une question. Lorsqu'enfin, il se rendit compte de l'endroit où nous nous trouvions il me regarda à la fois surpris et en colère.

- Bordel Kris !

- Papa ! Un dollar dans la boîte à gros mots.

- Jake, il faut que vous y alliez, moi, je peux rester ici, dis-je doucement.

- Mais merde, tu sais très bien que...

- Papa ! Encore un dollar dans la boîte à gros mots ! L'interrompt Matysse en fronçant les sourcils.

Jake soupire, sortit son portefeuille de sa poche arrière et donna dix dollars à Matysse.

- Bouche toi les oreilles, dit-il en lui fourrant les billets dans les mains.

Manifestement, c'était elle qui détenait la boîte à gros mots, pensé-je avec un sourire, que je perdit aussitôt que Jake se tourna vers moi.

- Putain de bordel de merde, Kris ! Qu'est-ce qu'il te prends ? Tu sais très bien que je ne veux pas que Matysse voit Lucy !

- Ah ouais ? T'étais pourtant sur le point de pleurer quand tu nous contemplaient ce matin ! Matysse a besoin de comprendre que sa mère est malade, qu'elle ne peut pas s'occuper d'elle.

Jake garda le silence un instant avant de murmurer des injures que je ne parviens pas à entendre puis de me dire :

- Tu fais vraiment chier quand t'as raison.

Puis il fit signe à Matysse d'enlever ses mains de ses oreilles et sortit de la voiture, la détacha et lui chuchota :

- On va aller voir ta maman.

- Elle va rentrer avec nous ?

- Non, mon chat. Dit-il tout en me fusillant à nouveau du regard. Maman est en fauteuil roulant et sa tête est malade, tu comprends ?

- Oui... murmura Matysse. Kris peut venir ?

Jake me regarda un moment sans dire un mot alors que les battements de mon cœur s'accéléraient.

- Oui. Il est grand temps que je lui présente ta maman.

Je sortis de la voiture comme une automate, et sembla reprendre vie lorsque Matysse noua ses petits doigts aux miens.
Jake, de l'autre côté de sa fille hocha doucement la tête, comme pour me dire : merci de m'avoir poussée, bébé.