22
Kris
Assise sur un tabouret, je touille mon café depuis environ dix minutes sans même en avoir bu une gorgée. Déjà que de base, je suis une vraie zombie le matin, mais avec le décalage horaire c'est encore pire. Les yeux dans le vague, je pense à mon tatooboy qui est resté sur le sol américain alors que son meilleur ami se matérialise devant mon nez.
- Salut, ça va ? Bien dormi ? Me demande-t-il avec son fort accent.
Je plisse les yeux et lui lance un regard noir en espérant qu'il se taise.
- Moi, j'ai dormi comme un bébé ! Dis, on va faire du bateau aujourd'hui ?
Je serre les dents et détourne la tête. Peut-être que comme ça il va comprendre le message : pas de bruit le matin.
- Laisse tomber, Quinn. Kris n'est pas du matin. Pas parler avant le café. Rit ma mère. Tu peux me servir un café ?
- Bien sûr, Madame. Noir ?
- Oui. Et appelle moi Annick, je suis pas vieille au point d'être appelée Madame. Dit-elle d'une voix railleuse.
- D'accord. Pardon Mada... Annick.
- Bordel faites moins de bruit... ruminai-je.
J'attrape ma tasse et en vide le contenu d'un trait avant de me pencher sur le comptoir pour me servir à nouveau. Ma mère et Quinn partent s'installer dans la salle à manger et je les suis tout en tentant de garder les yeux ouverts. Nous sommes arrivés il y a deux jours déjà et je n'ai pas encore vu mon frère qui est sur son campus, il devrait rentrer dans pas longtemps. Je me laisse tomber dans le canapé et entends justement une voiture se garer dans la cour.
Je pose ma tasse et me relève aussi vite que je le peux quand j'entends la porte d'entrée claquer et la voix rocailleuse de mon frère qui demande où nous sommes. En deux enjambées je traverse la salle à manger et lui saute dessus pour un câlin.
- Salut, p'tite sœur. Chuchote Loïc à mon oreille.
J'ai le sourire jusqu'aux oreilles quand il me fait un bisou sur la joue. Il m'avait manqué cet idiot. On va sûrement passer notre temps à nous chamailler pendant mon sejour mais c'est toujours comme ça avec lui.
- Mais t'es encore en pyjama ? S'étonne-t-il en jouant distraitement avec la boucle à son oreille.
- Je viens de me lever. Dis-je en retrouvant mon air ronchon.
- Bah va te changer, on va aller courir.
Je rouspète dans mon coin alors que maman fait les présentations avec Quinn. Ils s'étaient déjà rencontrés en visio et c'est tout naturellement que mon frère invité mon coloc à se joindre à nous pour aller courir.
Une demi-heure plus tard, vêtue d'un t-shirt trop grand, d'un sweat et d'un pantalon de course, je noue mes lacets et rejoins l'entrée de chez nous où m'attendent les garçons. iPod en marche, je prends la tête de la course, tant que je le peux... je n'ai pas couru depuis un moment et mon cardio n'est plus terrible. A petites foulées je prends la direction de la plage qui se trouve à deux kilomètres de chez nous. Avec Loïc nous allions souvent courir le week-end et nous allions toujours à la plage. On la parcourais en long et en large puis on rentrait. Parfois, on poussait un peu plus loin en faisant un détour pour rentrer mais je crois qu'aujourd'hui je ne tiendrais même pas jusqu'à la plage. Rapidement, les gars me dépassent et je ralentis pour marcher un peu et détendre mes muscles avant de soupirer et de reprendre ma course histoire de ne pas trop me laisser distancer.
Quand j'arrive à la plage, je vois les silhouettes des garçons déjà au beau milieu du sable. Je grogne, le souffle court et puise dans mes dernières forces pour les rattraper. Arrivée à leurs hauteur, mon frère, ce traitre nous dit qu'il est temps de piquer un sprint avant de partir comme une fusée.
- Enfoiré ! Je hurle.
Quinn attrape ma main et me tire dans sa direction. Avec son aide, j'arrive à rejoindre mon frère et lorsque mon coloc me lâche, je me laisse tomber sur le sable humide, épuisée comme jamais.
- T'es... un... grand... malade. Dis-je sur le point de vomir.
- T'avais pas qu'à arrêter la course, frangine.
Je lui tire la langue et attrape avec plaisir la bouteille d'eau qu'il me tends. Puis, je m'assois et contemple la mer qui scintille doucement avec les reflets du soleil qui, malgré le froid du mois de décembre, me réchauffe un peu la peau. L'odeur des arbres qui ondulent doucement sous la brise marine me parvient et je me surprends à soupirer de nostalgie. Ça m'avait tellement manqué. Ce calme, cette vue, mon paradis quoi.
- Donc, on va faire du bateau après ? Demande à nouveau Quinn en sautillant comme un gosse.
- Si la marée le permet, oui.
- La quoi ?
J'échange un regard avec mon frère.
- Ah ces américains !
•••
En rentrons nous avons prit une douche rapide, étant donné le vent, il a de fortes chances que nous soyons trempés en revenant de notre balade en mer. Pendant que Loïc aide ma mère à préparer le repas, je consulte les horaires des marées dans l'almanach.
- Haute mer dans une heure ! Lancai-je en pénétrant dans la cuisine.
Je souris en découvrant Quinn devant le bilig essayer de faire des crêpes. La tradition de ma maman, quand nous sommes tous réunis elle fait des crêpes. Je fronce les sourcils.
- Papa est rentré ?
- Il sera là quand vous rentrerez cette aprem.
- Cool ! Et ce soir, on sort ! Dis-je à Quinn. À moi de te faire découvrir les soirées.
- Ça change quoi des soirées américaines ? Demande-t-il un sourcil levé.
- Les filles ne sont pas à moitié nues déjà. Dis-je en riant.
On avale rapidement un reste de repas de la veille avant de nous rendre dans le garage. Je jette un ciré jaune au visage de mon coloc et lui tends ensuite les bottes de mon père alors que mon frère lui donne un vieux jeans pour notre virée en mer.
Loïc au volant de sa voiture, je branche mon téléphone et lance des musiques de Soldat Louis qui se prête parfaitement à ce que nous allons faire dans quelques minutes. Arrivés au port, je me dirige directement vers le ponton et aperçois au loin le bateau de la capitainerie qui revient en slalomant entre les différents bateaux amarrés.
- C'est lequel le votre ? Demande Quinn en bavant presque devant les différents voiliers.
- Un tout petit. Dit Loïc, mais il est parfait.
J'échange un sourire avec mon frère. On adore notre petit bateau à moteur.
Une fois la navette accostée, nous grimpons dedans et donnons notre numéro de mouillage à Alex, le capitaine. Il nous conduit rapidement à notre petit quatre places qui attends sagement en se balançant au gré des légères vagues. Loïc aide Quinn à grimper dans notre bateau alors que je m'active, ravie d'être de retour. Je descend le moteur, vérifie qu'il y a le plein avant de démarrer alors que Loïc s'active pour nous décrocher de la bouée. En quelques minutes, nous sommes partie. Je laisse mon frère le plaisir de sortir du port, je n'ai pas le permis et de toute manières, je stress beaucoup trop à l'idée d'abîmer la coque de mon bateau si jamais. Une fois que nous eûmes passées le périmètre du port, Loïc me cède la barre et je tourne avidement la poignée des gaz.
- C'est partit ! Criai-je.
Je file droit devant, un large sourire éclairant mon visage. J'ai toujours adoré naviguer et je réalise seulement maintenant à quel point être en mer m'avait manqué. Cette sensation de liberté, d'être seul au monde au milieu de cette étendue bleu.
J'éclate de rire alors que le bateau se fait malmener par les vagues de plus en plus forte et que Quinn devient pâle.
- Tu veux rentrer ? Demandai-je
Il hoche la tête avant de se pencher par dessus bord pour vider son estomac. Loïc explose de rire alors que je leurs cris de s'accrocher. Sans plus de cérémonie, je tourne la barre d'un coup pour nous faire virer de bord et fait plusieurs rond dans l'eau avant de filer droit vers le bord à pleine vitesse sous les rires de Quinn qui a reprit des couleurs.
- Ça va mieux ? Demandai-je soucieuse alors que Loïc s'approche de notre mouillage.
- Oui. C'était vraiment cool si on oublis l'épisode du vomi.
J'éclate de rire alors que le bateau-navette s'approche de nous. Rapidement, nous regagnions le plancher des vaches et je ris de nouveau en voyant Quinn tanguer. Une heure en mer et voilà le petit américain tout déboussoler.
Sitôt arrivés à la maison, j'accueille mon père avec un énorme câlin puis nous prenons le goûter avec une bonne bouteille de cidre.
Puisque ma mère voulait attendre que l'on soit tous réunis pour discuter de ma vie à New York, je file chercher mon ordinateur portable et laisse le soin à mon frère de l'installer sur la télé le temps qu'on s'installe tous dans le salon. S'en suit une bonne heure de défilement de photo, je leurs montre l'appartement, Riley, le campus, mes différentes virées dans la grosse pomme et les soirées. Ma mère tire un peu la tête en voyant les nombreuses photos où j'ai un verre à la main d'ailleurs...
- Et c'est qui le mec tatoué qui dort sur le canapé ? Lance mon frère devant une photo qui apparaît ensuite.
- C'est Jake. L'autre coloc et meilleur ami de Quinn. Dis-je en examinant la photo les sourcils froncés.
Nous sommes allongés sur le canapé Jake et moi, Quinn installé à nos pieds qui semble endormi lui aussi. Je suppose que Riley a dû subtiliser mon appareil photo... J'ai la tête sur les épaules de Jake. Je me souviens parfaitement du réveil brutal qui a suivit cette petite sieste. Le téléphone de Jake a sonné et lorsque je me suis rendue compte de ma position nous avons tous les deux mis autant de distance possible entre nous sur le canapé, il avait l'air horrifié ce qui m'avait blessé.
- Vous m'avez l'air proches... commente mon père.
- Non. Dis-je sèchement. C'est un con.
Quinn étouffe un rire qu'il essaie ensuite de camoufler avec une toux. Je lui lance un regard noir tandis que mes parents s'exclament en riant :
- Ouuuuh la menteuse, elle est amoureuse !
- Bande de gamins... soupiré-je avant de quitter la pièce sous leurs rires.
Hello mes chats,
Première partie des vacances de Quinn et Kris en Bretagne 😍
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