8.1
Nous étions dimanche et je détestais la plupart des gens. À commencer par les média. Premièrement, ils continuaient tous à cracher sur les alters-humains et ce, de différentes manières. J'avais beau ne pas porter une profonde affection pour les Vampires et les Métamorphes à l'heure actuelle, je n'étais pas non plus assez « crédule » pour croire que tous les alters étaient coupables. Et la haine gratuite qu'ils diffusaient me rendait malade. Deuxièmement, ils n'apportaient pas d'informations croustillantes. À défaut d'avoir accès à une base de donnés importantes, j'avais décidé de me débrouiller comme je le pouvais, et faire des recherches sur le Conseil . Du coup, je m'étais directement tournée vers le net et les média malgré ma répulsion pour ces choses là.
Je n'avais rien trouvé sur ce Conseil.
Tibora, l'île sur laquelle je vivais, était un pur nid d'informations en ce qui concernait le monde magique. Enfin...Surtout sur ce qu'on appelait les people et stars. Mais rien sur la pyramide de décisions magique. Rien de concret, rien d'importants, ni même de second rang. Ma patience avait largement été émoussée par cette absence d'avancement.
Les media étaient un point , le second...
Je n'affectionnais pas vraiment les Vampires. Ni même les Métamorphes. Depuis la confrontation, le Serpent et le Renard n'était plus apparu. Et , pour être franche, ce n'était pas plus mal. Je n'aurais pas été d'une bonne compagnie, ni même agréable avec eux. Mon énervement s'était fait ressentir lorsque je servais les Vampires : une myriade de verres cassés avait été déposée dans les poubelles. Je lâchais accidentellement les verres avant de les servir. Je n'étais pas rancunière – ou peut-être un peu – mais je n'avais pas vraiment apprécié la mentalité.
Mon ventre manifesta le manque d'attention à son égard. En jetant un petit regard à l'horloge, je constatai que j'avais sauté deux repas. Je délaissai volontiers l'enfer qu'étaient les recherches et me dirigeai vers la sortie.
J'avais besoin d'un truc gras pour faire passer cettesemaine.
Des rayons de soleil éclairaient encore les rues et ma peau –merci l'arrivée de l'été. Je marchai lentement, morose. Je pensais à Marc et Théo, qui n'avaient pas de réelles réponses, je pensais à Joseph qui avait dû se tuer d'une manière ignoble pour m'offrir des explications, je pensais à la vieille qui avait disparu de la surface de l'univers sans nouvelle.
Au loin, près d'un parc et d'un fast-food, deux individus accostaient les passants. Je m'apprêtai à les éviter –j'avais déjà donné pour les causes comme le SIDA, les cancers – lorsqu'une voix nasillarde m'interpella à ma droite. Je fermai le yeux :je n'avais pas la patience. Mon corps se déplaça en face de l'homme. Il était jeune, chauve, imberbe, des yeux bruns basiques,et tenait des prospectus dans la main.
-Voulez-vous joindre L'Humanité ? Dit-il avec une voix qui se voulait apaisante.
Je clignai des yeux plusieurs fois, perturbée. Je faisais partie de l'humanité. Je voulais dire... je suis humaine... N'est-ce pas ? J'haussai les sourcils : je ne faisais pas confiance à ma voix en ce moment. Je pourrais laisser passer un commentaire sarcastique avec mon humeur et il ne le méritait pas.
-L'Humanité est une organisation pour les humains, fit-il en me tendant le fascicule. Saviez vous que les magasins tenues par les non-humains augmentent leurs prix lorsque le client est un humain ?
Ah ? Charmant.
-L'Humanité propose de palier à ce genre de problème en établissant un réseau. Un réseau absolument merveilleux pour nous. Que diriez de venir dans une de nos réunions ? Vous pourrez juger par vous même !
Et il partit comme il était venu, allant voir un autre passant.
Je réfléchissais. Je n'avais rien contre le communautarisme mais j'en connaissais les dérives. Et elles étaient assez moches en général. Mais j'étais curieuse et , surtout ça d'ailleurs, j'étais furieuse contre quelques alters. Mon regard tomba sur le fascicule où deux personnes lambda, face à face, se serraient la main, avec un sourire entendu.
« Affrontons les problèmes du quotidien parmiles nôtres » disait le papier.
Quels problèmes ? Désireuse de les connaître,je cherchai le programme où serait inscrit les futurs réunions et découvris qu'une dernière se déroulerait une fois que la nuit serait tombée. J'allais devoir me dépêcher.
Mon copieux repas allait devoir attendre.
Je me demandais s'ils seraient prêts à se pencher sur les diverses morts de l'île. Humains comme bébé Vamps.
La salle était plongée dans le noir. J'étais toujours étonnée de voir le nombre considérable de personnes installées sur les chaises mises en place ou assises à même le sol. L'ancien gymnase avait un certain volume, et malgré la nuit quiccommençait à pointer le bout de son nez, nous le remplissions largement.
Je m'inquiétai.
Quelque part, j'étais persuadée que si les intervenants eurent été plus nombreux dans les rues, il y aurait eu bien plus de monde. Et si cela s'avérait véridique, cela signifiait que les alters discriminaient beaucoup. Ou qu'ils avaient une très mauvaise image et qu'avec leur comportement, ils n'arrangeaient pas vraiment les faits.
Si c'était le cas, il risquerait d'y avoir une révolution.
En théorie une révolution est positive. Elle apporte améliorations des conditions de vies, des mentalités, des statues sociaux.
Sauf qu'aucune révolution n'est faite sans violence. Mutineries, viols, tortures, génocide... Tout y passe. Victimes comme coupables s'adonnent à l'activité quotidienne que sera la guerre pour faire-valoir son point de vue. Méprisant la vie humaine sur le moment, ils qualifieront plus tard les défunts comme des« héros de guerres », « des dommages collatéraux », « des cadavres ennemies »... Et ne parlons même pas de l'environnement. Dégradé à souhait à coup de bombes, de canons, de camions destructeurs... Le résultat final ?Pas tant de changement que ça, pas tant d'amélioration que ça. De nouvelles situations demandent de nouveaux règlements qui subiront de nombreux échecs et prendront du temps à s'imposer et à s'instaurer.
Voilà ce qu'était une révolution. Je n'étais pas vraiment pour.
-Bonsoir à tous. Je suis Alain, l'un des responsables de l'organisation L'Humanité.
-Eh , psht, moi chuis Anna et toi ? Interrompis la voix à coté de moi.
-Ush, chuchotai-je pour ne pas déranger. Je me concentrai une nouvelle fois sur Alain.
Il était un peu trapu. Le ventre bedonnant, un début de calvitie, et même au loin ses dents ne semblaient pas en bon état. Un homme basique de la quarantaine. Je n'avais pas de problèmes avec lui, il me semblait être quelqu'un de sympathique.
-J'espère que vous allez bien ? Que diriez vous d'oublier les convenances habituelles et d'entrer directement dans le vif du sujet ? Je suis persuadé que vous souhaitez tous rentrer tous chez vous.
De nombreuses affirmations s'élevèrent dans la pièce et Alain, avec son micro à la main, ria discrètement.
-Dans ce cas... Levez la main les personnes ayant essuyées un refus de souscription d'une banque « populaire »appartenant à un autre?
Le dernier mot avait presque été prononcé avec dégout. Mais je ne pus vraiment le savoir car toute sa question dégoulinait d'une colère enfuie. Une forêt de bras s'élevèrent soudainement et par réflexe je levai le mien aussi.
-Qui a été victime d'une manipulation mentale de la part des autres lorsqu'elle pensait être en train de parler affaires avec un autre ?
Je fus choquée. Comment pouvait-on faire une chosepareil ? Quelques arbres isolés de bras furent présents et jetrouvai que c'était déjà des arbres de trop.
-Qui n'a pas pu avoir de soin approprié pour un procheou soi même par un autre ?
Qu'est-ce que... ?
Quelques bras s'ajoutèrent aux précédents.
-Qui n'arrivent plus à trouver un magasin n'offrant pas des prix exorbitants aux humains ?
Toute la sale leva son bras et je sentis une boule de ma gorge.
-Vous pouvez baiser vos bras. Les autres pratiquent une discrimination envers les humains . Malheureusement, ça ne date pas d'aujourd'hui. Nous avons mis trop longtemps à réagir et il est temps pour nous de le faire, fit Alain en marchant sur sa petite estrade en long, en large et en travers.
-L'Humanité ne servira que les humains. Nous n'avons peut-être pas des pouvoirs mais ensemble nous pouvons nous ensortir. Nous n'auront plus besoin de payer plus cher ... tout. Sivous souscrivez à l'organisation vous aurez un accès totale àtous nos services. Restaurations, crèches, écoles, alimentation...Tout. Tous les domaines sont couverts par L'Humanité. Lessanitaires, les déménagements... Tout. Nous avons mis du temps àobtenir un réseau aussi conséquent et nous en sommes pas peu fière.Grâce à ce dernier, vous pourrez vivre comme vous le devriez depuisle début de votre installation sur l'île.
Mes yeux s'illuminèrent. De colère un peu – levivre ensemble ne semblait pas être une notion intéressante pourles alters – , mais surtout de bonheur. La surveillance ? Lescaméras ? L'illégal ? Tous réseaux possédaient sontcircuit sombre. Je me devais d'intégrer l'organisation pour y avoiraccès. Je devais voir ce qu'il s'était passé lors des meurtres.
Je m'installai plus confortable, prête à écouter lesarguments d'Alain pour allécher les personnes pas encore convaincue.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top