XIV - 12, square Grimmaud
XIV - 12, square Grimmaud
L'endroit n'avait pas changé d'un pouce et donnait à Sirius Black l'envie de s'effondrer sous le coup des mauvaises ondes et des mauvais souvenirs. Pas un bruit, à part celui des elfes qui s'activaient à l'entretien de la maison. Il avait poussé la porte comme s'il était encore chez lui, tremblant d'angoisse comme s'il s'introduisait dans la maison des horreurs.
Il semblait n'y avoir personne malgré l'heure assez matinale à laquelle Sirius s'était pointée. Peut-être Walburga et Orion étaient allés chercher Regulus à la gare. Cette pensée lui arracha un sourire ironique : dans quel monde feraient-ils cela ?
Sirius pénétra dans le salon en tout premier, malgré le silence, il pensait y trouver quelqu'un. Personne. Sur le mur était tapissé l'arbre généalogique des Black. Il remarqua quelques brulures sur certains endroits, notamment à l'endroit d'Andromeda. Il se souvenait encore d'à quel point son mariage avait fait scandale. Andromeda avait osé épouser un né-moldu alors que les Black n'épousaient que des Sangs Purs. Andromeda n'en avait rien eu à faire et avait prit un certain plaisir à décevoir sa famille. Elle les avait toujours trouvé dérangés et dingues. Sirius l'aimait bien. D'autres avaient été reniés de la famille pour être cracmol, avoir épousé un traite à son sang, un moldu, un né-moldu. Même son oncle, Alphard, frère de Walburga, avait été renié pour avoir envoyer en secret de l'argent à Sirius lors de son départ précipité, à ses seize ans.
Puis son doigt glissa jusqu'à son emplacement initial. Le même sort lui avait été réservé qu'Andromeda : brûlé. Ou autrement dit : renié. Sirius l'ignorait. Depuis combien de temps ? Depuis combien temps sa propre mère avait brûlé l'existence de son fils pour toujours ? Les larmes lui montèrent aux yeux tandis que ses doigts touchèrent la brûlure. Au contraire de sa cousine Andromeda, lui n'avait jamais enfreint de règles. Il n'avait épousé aucun né-moldu ou joué avec leur rang. Sirius était juste né et cela avait suffit à se faire haïr de sa propre mère qui avait engrené son père et son petit frère.
« Je t'avais dit de ne pas venir, je t'avais prévenu. »
Sirius se retourna, les larmes aux yeux, les veines palpitantes, les dents serrés : enragé. Il toisa Regulus, son petit frère, vêtu comme s'il se rendait à une cérémonie importante.
« Elle est où ? Cracha Sirius entre ses dents, de plus en plus en colère.
- Mère a reçu ta missive, raconta Regulus en croisant les mains dans son dos, elle n'est vraiment pas contente que tu n'aies pas voulu sauver ton honneur.
- J'en ai rien à foutre. Elle. est. où ?
- Cher frère, tu devrais vraiment surveiller ton langage ici... Encore une fois, c'est pour toi que je dis ça. Ce que tu as écris sur la lettre l'a vraiment mise en pétard. Maintenant, il n'y a plus de retour arrière possible. Elle te déteste. »
Regulus pointait la tapisserie du doigt à l'endroit où devait figurer le prénom de Sirius. L'incrusté ferma les yeux un bref instant, prenant une profonde inspiration. Il devait se calmer sinon il allait vraiment tout détruire autour de lui au certain risque de sa vie. Après tout, il marchait dans la maison des Black sans ne plus en être un. Son frère le regarda un instant avec pitié.
« Je vais la chercher. »
Regulus réapparu quelques instants plus tard, Walburga sur ses pas. Le cœur de Sirius battait si fort qu'il ressentait les palpitations partout dans son corps, jusqu'à entendre des acouphènes assourdissantes éclater ses tympans. Walburga faisait l'effet d'un obus, d'une bombe, sur son propre bébé.
Le visage neutre et encore plus blanc que la neige, la femme s'installa sur le fauteuil de velours aux broderies faites mains. Vêtue d'une immense robe blanche, elle croisa les jambes, regardant avec mépris Sirius qui se tenait debout, droit, au beau milieu de la pièce. Le visage de Walburga l'effrayait : elle était une magnifique femme, certes, mais une magnifique femme sans expressions, incapable de sourire, de ressentir. Faite d'indifférence et de lois, elle inspirait la terreur. Elle semblait n'avoir rien à perdre et de n'avoir peur de rien ni de personne. Ses cheveux bruns et bouclés étaient tirés en arrière, formant un chignon sur le bas de son crâne. Ses épais sourcils s'arquèrent et ses lèvres fines se pincèrent entre elles. Regulus ressemblait beaucoup à Walburga. Il se tenait, droit et silencieux, sur le côté gauche de sa mère.
« Qui a invité cet individu ? Demanda la mère à son seul fils.
- Il vient vous poser des questions, expliqua Regulus à la femme de blanc vêtue.
- Dépêchez. »
Sirius souffla, exaspéré par cette triste comédie. Elle ressemblait à un fantôme.
« C'est quoi cette histoire d'organisation secrète de magie noire ? Demanda directement l'intrus, autant mettre les pieds dans le plat tout de suite.
- Tu es intéressé ? »
Sirius fronça les sourcils. Comment pouvait-elle croire aussi facilement et naïvement que d'un coup il mettrait toutes ses convictions à la poubelle ? Tant pis. Il fallait se taire et saisir la perche. Le renié hocha positivement la tête, planta son regard déterminé et furieux dans celui de sa génitrice qui ne flancha pas. Toujours aussi neutre et belle, terrifiante et puissante.
« Connaissez-vous l'histoire de Mimi Geignarde ? »
Sirius fronça encore plus les sourcils, ne comprenant pas où Walburga cherchait à en avenir. Il savait que cette pauvre fille avait été assassinée dans les toilettes du troisième étage et les hantait depuis, crispant les filles avec son caractère susceptible et enfantin.
« Elle a été tué, répondit simplement Sirius.
- Exactement. Vous savez pourquoi ?
- Non.
- Elle était une sang de bourbe. »
Ou née-moldue. Comme Lily, comme bien d'autres encore. Sirius eu du mal à avaler sa salive, perplexe et anxieux.
« Par un homme qui a fondé notre organisation de mages noir, poursuivit Walburga en souriant. Seuls les sangs purs ayant une connaissance très pointue de la magie peuvent rejoindre les Mangemorts. »
Sirius déglutit, se sentant pâlir. C'était encore pire que tout ce qu'il avait pu s'imaginer. L'image de Lily, le jour où il lui avait raconté pour la lettre, s'imposa à son esprit. Son visage angoissé, son regard vert qui brillait, inquiète pour sa vie.
« Mangemort ? Répéta t-il.
- Elle était la première mais ne sera pas la dernière, l'ignora Walburga en regardant sa manucure impeccable. Nous soutenons le futur seigneur de notre monde. »
Plus elle parlait, puis Sirius se sentait pétrifié. Il posa son regard sur son petit frère qui ne disait mot, qui ne bougeait pas, comme une statue déshumanisée.
« Et toi, tu suis comme un bon chien !? »
Un sourire cynique souleva légèrement la reliure des lèvres de Regulus.
« Ironique, de ta part, pouffa Regulus.
- Ils t'ont complètement changé ! » Hurla Sirius qui pétait les plombs après s'être retenu trop longtemps.
Walburga se leva sans rien dire, avançant à pas délicats et légers jusqu'à son ancien fils, baguette tendue. Sur son bras était tatoué un serpent et une tête de mort, un peu effacée, comme s'il datait. Puis le serpent bougea un peu, qui arracha un cri de surprise et de douleur à Sirius : la bête semblait pomper le sang de ses veines, bouger sous sa peau. Vivant. Réel. Il brandit sa baguette à son tour, tout aussi déterminé que sa pauvre mère.
« Je vous conseille de faire le bon choix, Sirius, au prix de votre insignifiante vie.
- Je te suggère d'aller te faire foutre Walburga. »
Sans prévenir, la femme lança un Stupéfix que, par chance, Sirius évita de justesse avant d'essayer de lui rendre, de la haine combustible qui éclatait dans ses yeux sombres. Regulus déjoua le sortilège qui s'éclata au plafond, détruisant le lustre qui explosa en milles morceaux de cristal.
« Pars ! Lui hurla avec abomination Regulus. Dégage ! »
Cela sonnait comme une déferlante de haine mais aussi comme un conseil. Sa voix avait vibré tellement intensément que Regulus avait semblé presque affoler. Sirius avait transplané immédiatement. Ce fut bref, mais il avait eu ce qu'il voulait.
Il titubait dans une ruelle de pavés, sans trop savoir où il se trouvait pour le moment. Sirius n'avait pensé à aucun lieu en particulier, du moins pas de manière consciente. Transplaner était toujours aussi éprouvant physiquement. Peut-être finirait-il par s'y habituer, un jour. Pour le moment, il avait envie de vomir, sa tête tournoyait tellement vite qu'il n'arrivait pas à discerner le paysage qui l'entourait. Sirius se laissa tomber sur le sol et la chute lui arracha un cri d'épouvante et de douleur. Finalement, Walburga ne l'avait pas raté. Il sentait du sang couler d'une plaie ouverte dans son dos, du verre éclaté qui chatouillait sa chair. Ses yeux commençaient à rouler vers l'intérieur. Sirius paniquait vraiment, ne comprenant pas ce qui avait pu le blesser à ce point.
« Sirius ? SIRIUS ? »
La voix de James éclata dans ses oreilles mais il ignorait si c'était une pure production de son imagination avant de passer l'arme à gauche ou bien la réalité.
Sirius avait transplanté dans la rue de Potter, à quelques pas de leur maison. James avait entendu un cri, un cri qu'il connaissait et qui lui avait glacé le sang.
James se précipita sur son ami, complètement affolé.
« Maman ! Maman ! » S'époumona James avec terreur tenant entre ses mains le corps de Sirius qui avait fermé les yeux.
Euphemia Potter avait accouru rejoindre son fils et maitrisa parfaitement la situation, calmant son fils, rapatriant Sirius chez eux.
La maman de James, une femme ronde et souriante, les cheveux châtain et une frange épaisse sur le front, s'était occupé de panser les blessures de Sirius. D'apparence, Euphemia gardait son calme. Dans sa tête tournait en boucle mille et cent questions. Comment une mère pouvait-elle heurter son fils au point qu'il s'évanouisse et hurle de douleur ? Elle avait retiré tous les morceaux de verres un à un avec son engin mordu : la pince à épilé. Super efficace.
James hoquetait sur le canapé. Il avait fondu en larmes, cédant à la panique.
« Mon cœur, fit sa mère en lui caressant les cheveux, tout va bien. Il a juste un gros bobo, mais c'est soigné maintenant.
- C'est sa famille qui lui a fait ça ! Couina l'attrapeur des Gryffindor en reniflant. Il m'avait dit qu'il irait les voir et regarde le résultat ! Je dois prévenir les autres Maraudeurs.
- C'est votre petit club ? Sourit Euphemia.
- Si tu veux. »
James avait monté les marches pour regagner l'étage quatre à quatre, se dépêchant de gribouiller une lettre avec pour destinataires Moony et Wormtail. Il envoya sa chouette sur-le-champ, pas le temps.
Au même moment, Sirius émergea de son malaise de douleur. La nausée lui tordait l'oesophage. D'abord perdu, le brun regard autour de lui, ne reconnaissant rien. Plus rien ne faisait sens en cet instant. Euphemia se pencha vers lui, tout sourire, lui tendant de l'eau et du sucre.
« Sirius, chuchota t-elle pour ne pas le brusquer, bois ça. »
Reconnaissant le timbre de voix de la mère de James, Sirius obéit. Les vaisseaux sanguins dans ses yeux étaient éclatés. Il voyait un peu flou. Euphemia posa sa main sur le front du Gryffindor, essayant de prendre sa température. Elle semblait normale.
« Bienvenue chez toi, mon grand. »
Sirius se laissa retomber sur les genoux d'Euphemia, se retenant de fondre en larmes.
Une probable guerre se déclarait avec en ligne de front son père, sa mère et son petit frère.
*
Bonsoir (ou bonjour...) tout le monde ! J'espère que vous vous portez bien en ces temps de confinement. Voilà un chapitre qui vous divertira - du moins je l'espère. Qu'en avez-vous penser ? N'hésitez pas à me donner vos avis, vos impressions, vos ressentis car j'adore vous lire !
Je vous embrasse, petit.E.s moldus !
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