XI- Riséd

(TW : violence, mutilation)
C'était trop tard. Trop tard. Elle avait attrapée Lily. Bellatrix l'avait chopé par les cheveux comme on attrapait une bête à abattre. Sans scrupule, insensible aux hurlements de Lily, la baguette de Bella s'enfonça dans le cou de la Gryffindor tremblante. Le bras de la prisonnière était ensanglanté, mutilé. Le sang coagulé formait les mots : sang de bourbe.

Walburga, toujours vêtue de noire, d'une immense cape trainante, de gants cachant ses mains, perchés sur des talons qui claquaient au sol à rendre fou, fit singe d'écraser totalement la sale sang de bourbe. Regulus, un délicieux sourire sénile sur les lèvres, la tira par les jambes jusqu'à un immense trou ou gisait d'autres sorciers et sorcières comme elle, larmoyant, à bout de souffle, torturés.

« Les sangs de bourbe ne méritent pas aussi bon traitement, avait sifflé Walburga en se penchant pour admirer le spectacle. N'est-ce pas, mon fils ? »

Sirius était resté planté là. Figé. Stuporeux. Il n'y avait même pas besoin de lui lancer le moindre sort : il était de toutes façons inoffensif. Il hocha positivement la tête et son cœur devint radieux quand sa mère lui sourit enfin, tendant les bras vers lui. Mais d'un coup, il se sentit mourir. Il se sentait crever dans les bras de Walburga. Elle venait de lui assener un coup de couteau dans le dos et, en le regardant s'effondrer au sol, vomissant du sang, elle pleura :

« Je t'aime, mon fils. »

Quatre heures du matin. Noir total, demie-lune, silence assourdissant. Sirius se réveilla en retenant un cri, les mains moites et le dos en sueur. Il y passa sa main, comme pour vérifier que Walburga ne l'avait pas vraiment poignardé. Petit à petit, il réalisa que tout cela n'était pas réel -mais pourrait l'être.

Son cœur battait à la chamade, il n'arrivait pas à se calmer. Les larmes lui montaient aux yeux, un flot d'émotions incompréhensibles aussi. Il avait peur, se sentait tétanisé, impuissant, horrible. Inconsciemment, l'amour qu'il portait à sa famille existait bien toujours, enfouit en lui. Cet amour le pétrifiait : comment pouvait-il ramper au sol, secouer la queue, pour recevoir l'amour de Walburga ? Sirius avait envie de vomir. Il se sentait trop faible et vulnérable, face à eux.

Comme tout problème à une solution, Sirius se glissa hors de son lit. Ses pieds nus claquèrent contre les dalles en pierre, gelée à cette heure, avant de grimper dans un autre lit : celui de Remus.

Ce dernier marmonna quelque chose, à moitié endormi. Reconnaissant Sirius, Remus lui fit place. Toujours tétanisé et tremblant, Sirius posa sa tête contre le torse de Remus, le laissant le recouvrir de ses bras. Enfin, il pleura un peu. L'autre garçon, s'efforçant à quitter les bras de Morphée, glissa la main dans les cheveux longs et bouclés de Sirius.

« Ça va pas ? Marmonna Remus en s'appliquant, toujours à moitié assommé.

- J'aime toujours un peu ma famille...

- C'est normal, Pads. C'est normal. »

Remus se glissa à la hauteur de Sirius qui pleurait un peu en silence. D'un revers de pouce, il essuya les larmes salées qui coulait sur ses joues, un sourire léger aux lèvres. Habituellement, Remus détestait les réveils brutaux. Quand s'était pour trouver Sirius dans son lit, à moitié dénudé, il râlait beaucoup moins.

« Pourquoi tu souris ? Demanda Sirius en posant sa main sur le poignet de Remus, qui lui caressait toujours les joues.

- J'aime bien quand je me réveille et que tu es là, répondit simplement le loup garou. Sauf quand tu pleures.

- T'es défoncé.

- Fatigué, plutôt.

- Bonne nuit, Moony.

- Bonne nuit, Pads. »

Sirius se blottit de nouveau contre le torse de Remus, rassuré. Même qu'un léger sourire naquit sur ses lèvres, malgré les larmes d'angoisse que déversaient ses yeux. Il enlaça ses doigts à ceux de l'autre garçon, à moitié endormi.

« Je t'aime. » Chuchota t-il si doucement, comme s'il ne voulait pas qu'il entende.

Le long silence qui suivit lui fit penser que Lupin dormait déjà. Il semblait avoir les yeux clos mais avec une obscurité pareille, difficile à dire.

« Je t'aime aussi. » Répondit Remus, sur le même ton : tout doucement, à peine audible.

Il avait bien gardé les paupières fermées. Maintenant, c'était lui qui avait envie de pleurer. Heureusement, le sommeil le regagna assez facilement, après qu'il ai fait abstraction du garçon dans son lit qui gigotait et lui serait les doigts, écrasant son torse, lui piquant presque tout le drap.

*

Nuit tourmentée pour Remus Lupin, heureusement que les cours étaient banalisés aujourd'hui. Il avait prévu quelques heures de révision avec Lily en matinée, avant qu'ils ne doivent s'éclipser à la préparation du bal de ce soir.

Il était donc encore tôt lorsqu'il avait quitté le dortoir et Sirius, qui lui avait définitivement volé toute la couverture. La grande salle était plongée dans un silence inédit, seuls quelques Serdaigle et quelques Poufsouffle trainaient par-là, certainement d'autres préfets en chef des années antérieures. Il ne se souvenait pas de tout le monde, mais leur fit tout de même un sourire poli.

Il aurait bien aimé dormir plus longtemps mais se sentait bien. Il repensa à Sirius blottit contre lui et un sourire niais s'esquissa sur son visage. Il balaya la pensée en soufflant, il ne fallait pas qu'il pense ainsi à son meilleur ami. Une tasse de thé fumante, deux sucres, son bouquin ouvert, la journée pouvait commencé.

« Lupin ? »

Une voix féminine venait de l'interpeler. La nouvelle venue s'installa en face de lui, sucrant aussi son thé chaud.

C'était Emmeline Vance. Une Serdaigle, reconnue pour sa vivacité, son intelligence, très bonne joueuse de Quidditch. Elle était assez populaire, dans l'école, et connaissait un peu le groupe des Maraudeurs. Il faut dire qu'elle était une adversaire redoutable pour James, avec un caractère bien trempé aussi. Emmeline avait du mal a accepter les défaites et aimait bien hurler sur ses concurrents.

« Oui ? »

Ils ne s'étaient parlés que très rarement, mais s'appréciaient tout de même. Ils avaient déjà eu cours de botanique ensemble, Remus s'en souvenait vaguement.

« Tu es préfet, n'est-ce pas ? Demanda t-elle sans lui laisser le temps de répondre. Alors j'imagine que d'organiser le bal à dû prendre un temps fou ! Alors j'imagine que tu n'as pas pris le temps de chercher une partenaire ? »

Il bu une gorgée de thé, la dévisageant. Emmeline était encore en pyjama.

« Tu imagines bien, confirma le Gryffindor.

- Je ne suis pas préfet, mais je n'ai pas eu le temps non plus à cause de ce parchemin en études moldu...

- Et..?

- On peux y aller ensemble ? »

D'un coup, le thé semblait si chaud que Remus se retint de lui cracher dessus et se força à avaler, les larmes aux yeux à cause de la douleur. Ça, pour une surprise...

Le loup garou haussa les épaules.

« Pourquoi pas... »

Sa réponse fit sourire Emmeline. La Serdaigle avait de longs cheveux châtains secs et lisses, aplatis au niveau du crâne. Le teint lumineux, les lèvres fines, les joues osseuse. Ce n'était pas vraiment son style de fille mais elle restait sympathique et vivace. Alors pourquoi pas.

« Super ! À ce soir, Lupin ! »

La Serdaigle avala d'une traite tout le contenu bouillant de sa tasse sans geindre et regagna sa table habituelle, celle au blason bleu, entourée de ses amis. Remus se gratta le crâne, béat : elle devait être surhumaine pour ne pas s'être ébouillantée.

Il était bientôt l'heure d'aller rejoindre Lily pour leurs révisions bien matinales. Dehors, il faisait encore frais, la rosée s'était étendue sur toute l'herbe du château. Le ciel était rose et doré, reflet du soleil qui quittait son nid et renvoyait la lune dans ses loges. On entendait les oisillons chanter leurs premières notes, encouragés des plus grands. On entendait aussi le bruit du vent contre les nuages épais, qui tentait de les chasser de tout son souffle mais l'hiver était bien plus fort. Quelques morceaux du toit avaient gelés pendant la nuit. Tôt le matin, enfin en hiver généralement, il faisait assez froid dans l'enceinte de l'école.

Tremblotant, Remus remonta pour regagner le dortoir. Les couloirs étaient vides, calmes, déserts. Il adorait les matinées comme celles-ci, aussi calmes et délicieuses, juste tranquille, sans chahut. Poudlard devenait pittoresque. Il cessa net sa contemplation émerveillée du château quand la salle sur demande apparue devant ses yeux.

Remus se retourna, fit un tour sur lui-même : personne à l'horizon. Pourquoi aurait-il besoin de se rendre à la salle sur demande qui, comme son nom l'indique, n'apparait que lorsque quelqu'un en a vraiment besoin ? Cette journée s'annonçait pleine de surprise, bonne ou mauvaise, il restait encore à le découvrir.

Un peu hésitant, il poussa tout de même l'immense porte qui grinça. Il faisait sombre, dans la salle sur demande. Heureusement que les rayons d'or du soleil pénétraient à travers les petites fenêtres en haut. La poussière s'était accumulée ici, avec elle pleins d'objets divers et variés. Sans trop savoir ce qu'il cherchait, Remus s'avançait dans les allées encombrées de pacotilles. Il suggérera à Dumbledore de faire un grand tri ici, on avait du mal à circuler.

C'est en voyant un homme brun de dos que Remus manqua de glisser et sol et se rattrapa sur une montagne d'objet en ferraille et en or qui devaient valoir leur prix. Le bruit fit retourner l'autre personne présente dans la salle sur demande.

« Sirius ? »

Lui-même. Juste vêtu de sa chemise blanche et son pantalon noir, sans cravate, sans pull, sans signe distinctif de Gryffindor. Les manches retroussées, la chemise à moitié boutonnée, ses cheveux en bataille, l'air un peu négligé. Sans trop savoir pourquoi, Remus le trouvait incroyable en cet instant. Incroyablement beau. Tout le monde trouvait Sirius Black beau, il l'était de manière très objective. Mais l'air sur son visage, la lueur dans ses yeux, tout cela avait quelque chose d'époustouflant.

Sirius était planté devant un miroir. Le miroir du Riséd. Objet facilement démoniaque. La réflection avait le pouvoir de montrer le désir le plus profond de la personne qui le regardait. Beaucoup de sorciers sont restés très longtemps plantés devant, se nourrissant de cette image, la croyant réelle. Le Riséd était capable de faire apparaitre des personne défunte, au plus grand damne de l'endeuillé qui ne voulait plus détourner son regard du miroir.

« Qu'est-ce que tu fais ici ? »

Sirius lui sourit. Il n'en savait rien. La salle était apparue, il était entré et était tombé sur le miroir. Après son cauchemar de cette nuit, Sirius voulait s'assurer qu'au plus profond de lui, son désir n'était pas de redevenir un Black parfait et commode au nom de l'amour de sa mère. Un enfant ferait n'importe quoi pour être aimé de sa mère.

Remus se rapprocha, regardant à son tour dans le miroir. Les deux sourirent, se regardant dorénavant à travers le reflet.

« Qu'est-ce que tu vois ? » Demanda Remus.

Il y eu un long moment de silence, très long. D'au moins cinq minutes. Remus se demandait si son ami ne devenait pas sourd. Il lui jeta son regard de miel dessus, interpelé.

« Je te vois toi. »

Perturbé, Remus fronça les sourcils en faisant de nouveau face au miroir.

« Je te vois toi... » souffla Sirius avec un peu plus de douleur dans la voix, son sourire envolé.

Remus semblait ne rien voir. Il se voyait bien lui, avec son pull en maille vert sapin, son pantalon marron, ses cheveux miel d'où la lumière d'or se reflétait. Il voyait aussi Sirius, sa chemise déboutonnée, ses yeux bleus, ses cheveux bouclés. Puis d'un coup, une illumination traversa son esprit et emballa son cœur. En fin de compte, Remus se voyait avec Sirius.

Épaules contre épaules, ils tournèrent la tête l'un vers l'autre. Une réelle douleur dansait dans les prunelles de Sirius. Remus n'avait pas encore ouvert la bouche. Pour rendre cette lueur moindre, Remus avoua :

« Je nous vois, nous. »

Comme s'il avait rêvé ce moment, qu'il se l'était joué milles fois dans sa tête, Sirius glissa avec passion et soulagement ses mains sur les joues de Remus, attirant l'autre garçon contre lui pour l'embrasser. Avec fougue.

*

« Tu préfères laquelle ?

- Bon, Marls, je travaille ! » Râla Lily.

À peine onze heures du matin que Marlene était déjà en pleine forme, tout excitée à l'idée du bal. La jolie blonde hésitait entre deux robes alors que sa meilleure amie planchait déjà sur les devoirs pour les vacances. Si elle s'avançait suffisamment, Lily négocierait avec sa mère pour aller passer du temps chez James.

« Tu devais pas réviser avec Remus ? Demanda Marlene en examinant sa première robe couleur lilas.

- Si, railla la rouquine, mais il n'est pas là ni dans sa chambre.

- Ah... »

Remus venait de lui mettre un lapin. Un loup garou venait de lui mettre un lapin. Elle ne savait pas si l'image qu'elle avait en tête était assez mignonne et décalée pour faire pardonner à son ami son faux-bond. Peut-être que Minerva l'avait accaparée dès le petit-déjeuner, la professeure était très stressée quand venait le moment du bal. Elle tenait à ce que ce soit mémorable pour tout le monde !

Lily se trompait. Un étage plus haut, dans le dortoir, se trouvait bien Remus Lupin en bonne compagnie. Les révisions ? Il avait déjà totalement oublié, encore plus son parchemin à rendre après les vacances.

Sirius Black, allongé dans son lit, l'embrassait à pleine bouche, comme s'il en avait rêvé toute sa vie et que ce geste le soulageait d'une immense douleur. Au dessus de leurs deux corps entremêlés, la cape d'invisibilité de James. Il l'avait chipé un jour dans le bureau de Dumbledore après en avoir entendu parler et organiser des fouilles avec les Maraudeurs.

Sirius lui retira son pull sans la moindre hésitation et, une fois torse nu, Remus se sentit rougir de honte. L'autre garçon caressa son torse fiévreusement.

« Te caches pas Moony, je l'ai déjà admiré des millions de fois. »

Et Moonny se sentit évidemment rougir de plus belle mais ne se laissa pas démordre et retira à Sirius sa chemise, cassant deux trois boutons par maladresse. Ils n'arrivaient pas à y croire mais vivait l'instant comme si c'était une évidence.

Une fois la fièvre redescendue, dans les bras l'un de l'autre, le silence fut. Un silence agréable et apaisant. Sirius mordilla le lobe d'oreille du loup garou, chatouillant aussi son cou avec ses dents. Remus frissonna en souriant à pleines dents.

« On fait une connerie, hein, lui chuchota Sirius au creux de son cou.

-Je ne trouve pas que tu sois une connerie. »

Sirius ferma les yeux un instant, songeur. Il ne savait vraiment plus quoi penser. Il se sentait perdu, perdu dans ses sentiments et dans sa vie en général.

« Si James savait quelle utilisation on fait de sa cape, pouffa t-il finalement.

- On lui dira rien ! »

Leurs deux éclats de rire se nouèrent ensemble avant d'éclater en silence. Sirius glissa sa main dans celle de Remus avant de lui jeter un regard un peu triste, pensant qu'il ne devait pas aimer son meilleur ami de cette façon-là.

E N F I N. Alors, alors, j'attends vos retours avec impatience !!! Avis sur WOLFSTAR ?

+ fun fact : Emmeline Vance fait partie de l'ordre du Phénix dans l'oeuvre de JKR. Donc, il y a de fortes chances pour qu'on la revoit dans mon histoire ;)

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