sept

Lorsqu'Anastasia aperçut Corentin arriver en face, elle lui sourit discrètement. Le garçon lui rendit la pareille, et lorsqu'il se rencontrèrent, il lui demanda si elle serait au parc ce soir, ce à quoi elle répondit par l'affirmative.

« C'est qui ? demanda Jordan, alors qu'ils dépassaient le brun.

- Un gars que j'ai rencontré hier au parc. » répondit simplement la jeune fille.

L'adolescent ne répondit rien, se renfrognant. Anastasia ne pouvait s'empêcher de s'en vouloir. D'abord elle ne venait pas à leur rendez-vous, et ensuite elle rencontrait quelqu'un d'autre. Elle se répétait en boucle que ce n'était pas sa faute, mais malgré ça, elle se sentait coupable.

Le cours de sciences passa rapidement, le professeur leur expliquant en détail en quoi consistait l'épreuve du baccalauréat dans sa matière.

Lorsqu'ils sortirent pour le déjeuner, Anastasia attendit Jordan, qui l'avait appelée.

« On peut aller s'asseoir un peu ? »

Elle acquiesça, et le suivit dehors. La température devenait supportable, plus douce. Ils s'assirent sur un banc, et Jordan commença :

« Tu sais le poème que je t'avais récité ?

- Tu veux vraiment reparler de ça ? interrogea narquoisement Anastasia.

- Ouais, je crois que j'ai compris le sens.

- Vas-y, accouche.

- Ça risque d'être un peu compliqué vu que j'ai un autre engin que celui qui permet d'accueillir un bébé.

- Jordan !

- Désolé. Je disais donc, que je pensais avoir compris.

- Tu l'as déjà dit.

- Tu vas me laisser parler sans m'interrompre oui ? rigola-t-il.

- Pardon.

- Si j'ai bien compris, le poète se compare à l'albatros. Seul, il se sent puissant, roi. Mais lorsqu'il se retrouve au milieu des hommes, il se retrouve moqué de tous, rabaissé plus bas que terre.

- T'as trouvé ça tout seul ou Internet notre ami t'a aidé ?

- Je te jure que je l'ai fait tout seul ! C'était tentant mais j'ai résisté !

- C'est bien, tu es un grand garçon Jojo.

- M'appelle pas comme ça.

- Sinon quoi ? Rigola la jeune fille.

- Sinon je t'appelle Ananas.

- T'as pas le droit de me faire ça Jojo, fit-elle en feintant une moue blessée.

- Tu tu tu. Joue pas à ça avec moi.

- D'accord Jojo, j'arrête. »

Le surnommé Jojo se leva, et partit en marchant rapidement.

« Jojo ! cria-t-elle. Tu peux pas me laisser toute seule !

- Oh si, je peux faire ça, s'exclama-t-il sans se retourner.

- Jojo ! »

Les coins de ses lèvres se relevèrent narquoisement lorsqu'il disparut à l'angle du bâtiment, sachant déjà qu'il allait faire demi tour. Elle s'installa en tailleur sur le banc, et attendit patiemment. Au bout de deux courtes minutes, Jordan réapparut au même endroit où il avait disparut quelques instants plus tôt.

La jeune fille sourit de cette victoire. Elle aurait dû parier (même si elle n'avait personne avec qui faire de telles choses).

« Ça te dit pas qu'on aille au McDo ? » demanda-t-il alors qu'il s'approchait.

Il débattirent durant cinq bonnes minutes. Jordan avait beau la supplier, argumenter, rappeler la présence du succulent Big Mac, rien n'y faisait. La jeune fille était catégorique, ils n'auraient pas le temps.

« Anastasia, ma petite Nanas, tu sais combien j'ai besoin d'énergie pour survivre toute une journée dans mon corps d'homme. »

La jeune fille pouffa à l'entente de ce dernier mot, avant de répliquer :

« Premièrement, tu n'es pas encore un homme. Deuxièmement, la cantine suffit amplement.

- Je ne suis pas un homme, mais un adolescent, et tu sais autant que moi que nous sommes les êtres les plus demandeurs d'énergie. Et puis, à la cantine c'est dégueulasse, on mange jamais rien.

- Tu penses vraiment qu'on aura le temps ?

- Mais oui, on sera même en avance ! Tu me fais confiance non ? »

La jeune fille dodelina de la tête, pour montrer son hésitation, avant de sourire narquoisement.

« Je sais pas.

- Tu me vexes là.

- Bon, d'accord, mais je te préviens. Si on est...

-...en retard tu me tabasses, oui j'ai compris. » rigola-t-il.

Ils partirent en riant, Jordan mimant l'effroi qui le prendrait si jamais Anastasia devait le taper. Après avoir avalé un gros morceau de cheeseburger, Jordan demanda plus sérieusement :

« Je sais que ça fait le gars jaloux, alors qu'on est pas en couple ou quoi, mais le mec de ce matin, il t'intéresse ?

- Pour être honnête, j'en sais rien. Je ne l'ai rencontré qu'hier tu sais.

- C'est vrai. Désolé.

- C'est rien. Je comprends que tu puisses avoir peur de perdre quelqu'un comme moi, sourit-elle ironiquement.

- Tu t'imagines pas à quel point, répliqua-t-il d'un ton neutre. »

Anastasia sentit le feu lui monter aux joues, et ils finirent le repas en silence.

Lorsque l'après-midi passé, Anastasia se rendit au parc, Corentin l'attendait, les yeux dans le vague. Elle sourit à cette vision, et s'approcha rapidement.

« Hey, commença-t-elle en s'asseyant.

- Salut, répondit-il sans bouger d'un pouce. Tu savais qu'une personne passe environ six mois de sa vie assise devant un feu rouge ?

- Hum, j'aime pas avouer quelque chose que je connais pas, mais là, j'avoue que...

- Qu'est-ce qu'on fout sérieux ?

- Quoi ?

- On passe notre vie à attendre, commença-t-il en tournant vivement la tête vers elle, et on se plaint que celle-ci soit trop courte. On est vraiment cons.

- Ouais, mais pourquoi tu...

- Regarde, nous deux. On sait très bien qu'on se teste, pour voir si ça peut aller plus loin. Ça se trouve, on gaspille du temps qu'on pourrait passer ensemble.

- On est ensemble, là.

- Tu sais très bien ce que je veux dire. »

Anastasia déglutit. Elle savait au fond d'elle qu'il n'avait pas tort. Elle se décida alors à faire quelque chose qu'elle n'aurait jamais pensé faire. Cela ne lui ressemblait pas.

« OK.

- Quoi OK ? »

Elle se pencha lentement vers lui, et déposa délicatement ses lèvres sur les siennes. Lorsqu'ils s'écartèrent, quelques secondes plus tard, Corentin déclara :

« C'était bizarre.

- Ouais.

- On fait comme si rien ne s'était passé ?

- Ouais.

- Mais continue à se voir.

- Non. »

Corentin fronça les sourcils, étonné de cette réponse négative.

« Je rigole, idiot. »

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