Chapitre 20
Alors c'est cela que l'on appelle la mort ? Être noyé dans un tourbillon noir sans fond ? Ne plus sentir quoi que ce soit ? Revoir sa vie défilé en seulement quelques secondes ? Avoir l'impression d'agoniser ? La fameuse lumière que l'on dit voir avant de mourir, n'existe pas... Je ne l'ai pas vu, elle ne m'es pas apparu. La seule chose que je vois est un trou. Un trou sombre, noir, sans fond... Une fois que tu tombes à l'intérieur, tu n'arrives pas à en ressortir.
Quelques bruits parvinrent à mes oreilles. Des voix familières.
??: "Elle va bien?"
??: "Elle va s'en sortir ?"
??: "Claudia..."
??: "Mon ange..."
Une petite pression s'exerça au niveau de ma main droite. Ce contact me fit frissonner intérieurement. Mais le noir m'emporta à nouveau.
Toute ma vie, je m'étais demandé à quoi ressemblait la mort. Et maintenant que je sais à quoi elle ressemble, je me sens effrayée. J'ai envie d'hurler pour que l'on me sorte de ce trou mais les mots restaient en suspend. Aucun bruit ne sort de ma bouche.
Je repris, à nouveau, connaissance quelques instants plus tard. Mais je ne pouvais définir si j'allais ou non ouvrir les yeux. Pourtant, j'en ai plus qu'envie. J'ai envie de voir le sourire de Martinus, d'entendre son rire, de voir ses magnifiques yeux chocolat, de...
Je me redressa, brusquement sur le lit, en sursaut. Je toussais, comme si on venait de me noyer ou de m'étrangler.
Drôle de manière de ressusciter.
(-C: tu ressuscite pas! T'étais juste endormie.
-Moi: dans le coma?)
??: "Claudia!!"
Je me sentais encore faible mais, en rassemblant les dernières forces, je tourna la tête vers cette voix si familière.
«Martinus...» , voulai-je crier, mais les mots ne sortaient pas.
J'observa la pièce : des murs blancs, un bureau en bois avec plusieurs dossiers ainsi qu'un ordinateur posés dessus, une petite fenêtre fermée... Une chambre d'hôpital.
Martinus: "Claudia..."
Une main se logea dans mon dos, me couchant à nouveau sur le lit. Un autre visage que je connaissais plus que bien m'apparut soudainement, sortis de nul part. Mme Watson, ma psychologue depuis mes cinq ans, appuya sur un petit bouton rouge placé juste au dessus du lit.
La seule chose qui semblait me maintenir en vie était la pression de sa main sur la mienne. Il ne m'avait pas lâché, ne m'avait pas laissé tomber.
Je me forçais à ne pas fermer l'oeil, serrant, au passage, de plus en plus fort la main à Tinus.
Martinus: "Mon ange..."
Mon regard rencontra le sien. Ses yeux rouges ainsi que ses cernes en disait beaucoup sur son état. Il avait pleuré... Pour moi?
Ma main se plaça, automatiquement, sur sa joue. Il ferma alors les yeux, une larme roulant le long de sa joue.
Moi: "Martinus..."
Ma voix était rauque, comme si j'avais attrapé un mauvais rhume.
La porte s'ouvrit brusquement sur un homme âgé d'environ la quarantaine. Ses lunettes tombaient sur le bout de son nez, ses cheveux étaient blonds, masquant quelques cheveux blancs. Il portait un dossier sous le bras.
??: "Monsieur, je vous prierai de sortir, s'il vous plaît."
Martinus: "Je... Je veux rester avec elle."
Mme. Waston: "Juste un moment."
Il me regarda avant d'hocher, à contre cœur, la tête.
Il déposa un bisou sur mon front puis quitta la pièce, sans oublier de me regarde une dernière fois.
Je me sentais, toujours, proche du trou noir, celui qui m'avait envahi pendant quelques temps.
Mme. Waston: "Claudia, comment vas-tu ?"
En temps normal, j'aurai éclaté de rire face à cette question.
Moi: "À part le fait que je me suis faite renversée par une voiture, que j'ai mal partout, je me sens parfaitement bien."
Mon ton était plutôt froid.
Mme. Waston: "Tu n'as pas changé de comportement..."
??: "Et c'est une bonne chose?"
Mme. Waston: "Au moins, on sait qu'elle est vivante et qu'elle n'a pas perdu la mémoire."
Moi: "J'ai envie de dormir..."
Mme. Waston: "Je vais t'injecter de la morphine pour t'endormir un moment."
??: "Tu as reçu un violent choc à la tête et tu as une entorse à la cheville gauche."
Moi: "Aïe!"
Une chose métallique entra en contact avec mon bras : une aiguille. Je hais les piqûres!
Mes paupières devinrent plus lourde et je ferma les yeux.
**
Mes yeux s'ouvrirent lentement, très lentement. La lumière était éblouissane.
J'observa la pièce avant que mon regard ne se pose sur une personne endormie sur mon ventre, le visage tourné en direction du mur face à moi et une main tenant, fermement la mienne.
À l'aide de mon autre main, je caressa, délicatement, la chevelure blonde. Je devinais, facilement, qu'il s'agissait de Martinus.
Il poussa un gémissement avant de relever la tête, tout en se frottant les yeux d'un seule main.
Moi: "Salut."
Il se redressa brusquement.
Martinus: "Claudia ? Tu... Tu es... Réveillée ?"
Moi: "Oui, je le suis. En revanche, toi, tu as l'air endormi."
Je rigola pendant qu'il baissait la tête vers mon mains entrelacées l'une dans l'autre.
Un mal de ventre m'empêcha de continuer de rire.
Martinus: "Comme est-ce que tu te sens? As-tu mal quelque part? Tu as besoin de quelque chose ? Tu-"
Je le coupa.
Moi: "Calme-toi. C'est trop de questions pour une personne qui vient de se réveiller."
Il baissa à nouveau la tête.
Moi: "Je me sens pas en pleine forme mais ça va. J'ai mal partout et je n'ai pas besoin de quoi que ce soit pour l'instant."
Il hocha simplement la tête avant de plonger son regard dans le mien.
Moi: "Ça fait combien de temps que je suis ici?"
Martinus: "Trois jours."
Moi: "Quoi?"
J'ouvris la bouche avant de la refermer aussitôt.
Trois jours... Trois jours que je dors. Trois jours que je suis dans ce fichu hôpital.
Moi: "Depuis combien de temps, tu n'as pas dormis?"
Il sembla hésiter, fixant un point invisible.
Martinus: "J'ai dormi très peu... Je voulais être là quand tu te réveillerai. Enfin... J'espérai que tu te réveilles."
J'hocha la tête.
Martinus: "Je suis désolé. J'aurai dû t'attendre et pas traverser la route en courant. J'aurai-"
Moi: "Ah, non! Tout sauf des excuses! C'est pas ta faute si je suis là, sur ce putain lit d'hôpital !"
Martinus: "Mais-"
Moi: "Y a pas de mais!"
Je croisa mes bras sur ma poitrine.
Martinus: "Désolé... Je voulais pas mettre en colère."
Moi: "Mouais..."
**
Pendant ces deux jours à l'hôpital, j'avais passé une série d'examens et j'avais pu, également, voir mes amis. J'avais surtout eu droit à un interrogatoire en rapport avec les nombreux hématomes, coupures et cicatrices présentes sur mon corps. J'avais simplement gardé le silence, ce qui avait eu le don d'énerver le médecin et les quelques infirmières présentes, seul ma psychologue semblait calme.
Joey, Lukas, Mike et Marcus étaient arrivés lundi matin, les mains pleines de peluches. Avec Martinus, nous avions éclaté de rire face à cette scène. Mike avait accroché un ballon autour du barreau du lit.
Ils - Marcus et Martinus - étaient restés à mon chevet depuis le début, principalement Tinus. Je leur suis très reconnaissante d'avoir apporté un peu de joie dans cette pièce blanche et vide.
??: "Tu pars aujourd'hui !!"
Je sursauta.
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