Je suis un monstre, un pêcheur. Je ne sais que détruire sur mon passage. Tout ce que je chéris fini un jour ou l'autre détruit. Et tout cela par mon unique faute. Je suis le mal incarné.

   Je suis celui qui l'a brisé.

   Sans une once de scrupule, j'ai anéanti l'ensemble de son monde. Tout ce à quoi il se rattachait. Tous ceux qu'il aimait. Même moi, j'ai fini brisé. Moi à qui il tenait tant. Moi qui ne le méritait pas. Moi qui n'ai jamais rien mérité...

   Mais tout ceci appartient au passé mais le passé est indélébile. Les faits sont éternelles. Mes erreurs, inhumaines.

   Jamais je ne pourrais me racheter.

   Ce qui est arrivé en ce jour funeste restera à jamais gravé dans ma mémoire. Comme une malédiction, mes actes me suivent, m'agrippent et m'entraîne vers les abysses.

   Reverrais-je un jour seulement la lumière de la surface ?

   Impossible. Mes crimes sont impardonnables et rien ne pourra jamais les réparer. Rien ne peut recoller les milliers de morceaux de ceux que j'ai brisé. Car tout ce que je touche vole en éclat pour l'éternité. Et dieu seul sait ô combien l'éternité est longue.

   Les ténèbres pour seule compagnie, je suis enchaîné à mes exécrables péchés. Parmi la glacial obscurité je ne discerne ni lumière ni échappatoire. L'ombre me recouvre peu à peu de son fin voile brumeux et sinistre avant de finir par m'engloutir entièrement, moi et mes sombres réflexions. Rien ne peut me sauver.

   Tout est terminé.

   Mais n'est ce pas mieux ainsi ? Je ne ferais plus jamais souffrir personne de cette manière. Si je disparais, moi et mes atroces abominations, le monde ne se portera que mieux.

"San..."

   Ces voix qui me hantent.

"San !..."

   Elles crient et me hurlent toutes sortes de choses. Trop de choses...

"Aide moi !..."

   Toujours les mêmes choses, comme une boucle infernale qui ne cessera jamais.

"Tout est de ta faute !"

   Mais à force, je m'y suis fait...

"Pourquoi eux et pas toi ?!"

   Ce ne sont pas elles qui me pousse à partir.

"Crève ordure !"

   Elles renforcent ce sentiment au fond de moi mais ne l'ont pas créé.

"Tu me dégoûte."

   Non, ce sentiment, j'en suis le seul responsable. Je suis celui qui l'ai créé.

"La vie ne sert à rien."

   Je suis celui qui veut en finir.