Chapitre 26

Coucou tout le monde ! 

Sorry, encore une fois ce chapitre arrive tardivement. Je vous avoue que j'ai un peu de mal à trouver la motivation pour écrire et publier en ce moment. Je suis assez fatiguée, etc du coup c'est un peu compliqué, mais bon. Du coup je vous préviens à l'avance, pas sûre de réussir à publier systématiquement les samedis dans les semaines qui vont suivre, mais je vais essayer d'être régulière et de vous poster quand même un chapitre par semaine. 

Comme d'habitude, merci pour les vues et les votes, ça fait tellement plaisir... 

J'espère que l'histoire vous plait toujours !

Des bisous :)


P.S : pour me faire pardonner, un chapitre plus long que d'habitude... et une agréable surprise j'espère ;)

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Chrissy hurlait sur sa mère, lui ordonnant de la laisser. Cette chose difforme qui se décomposait devant elle en l'insultant n'était pas réelle, c'était obligé. Tout ceci n'était que son imagination, et elle allait bien se réveiller dans le lit d'Eddie, en hurlant peut-être, mais elle se réveillerait.

Les ongles de Laura s'enfonçaient dans sa chair et Chrissy ne cessait de lui demander de partir.

– Chrissy ! Hurlait la voix. Chrissy, réveille-toi !

Soudain, la voix de la jeune fille se tut, comme si d'un coup, elle était devenue muette. Elle ouvrait sa bouche pour hurler, mais rien n'y faisait. Le silence l'enveloppa et la pression sur ses épaules se relâcha légèrement. Chrissy ne parvenait plus à bouger. Allait-elle mourir ici, assise dans la chambre d'Eddie ? Et lui, qu'allait-il lui arriver ?

– Chrissy, appela une voix lointaine, masculine, douce.

La jeune fille cligna des yeux. Elle était assise dans la chambre, les jambes tremblantes, la bouche entrouverte. Elle tenta de dire quelque chose, mais tout ce qui sortit de sa bouche ne fut qu'un balbutiement à peine audible. En face d'elle, Eddie la fixait, paniqué. Ses cheveux étaient encore plus ébouriffés que d'ordinaire, et il la tenait par les épaules. Elle put le sentir à travers le tissu : il tremblait.

– Eddie, murmura-t-elle.

– Bon sang Chrissy, c'était quoi ce cirque ?! Gueula-t-il.

– Quel cirque ?

– T'étais prostrée là, la bouche grande ouverte et t'avais les yeux révulsés !

– Je... je ne sais pas Eddie, c'était si réel...

Le métalleux ne répondit pas tout de suite. Il la regarda avec incompréhension. De quoi parlait-elle ? Pourquoi Chrissy semblait avoir vu le diable en face d'elle ?

– Qu'est-ce que tu as vu Chrissy ? Demanda-t-il d'une voix calme, même si au fond de lui la panique prenait lentement le pas sur la raison.

– C'était... ma mère était devant moi, mais elle était... comme zombifiée. Il y avait la peau de ses joues qui tombait, et elle avait une voix monstrueuse.

– Et ça t'arrive souvent de voir ce genre de chose ?

– Oui... la fumette c'était pour ça.

D'un coup, tout s'éclaira. Il se souvint de l'air apeuré de Chrissy lorsqu'elle l'avait rejoint dans la forêt, les moments où elle semblait absente, les maux de tête qui allaient jusqu'à la faire saigner du nez et son regard dans le vide. Tout était dû à ça.

– Mais tu sais... depuis que je te connais, ça va mieux.

– Comment ça ? Chrissy je n'ai aucune influence sur ça tu sais.

– Chaque fois que j'avais une vision, trancha-t-elle, je voyais ma mère qui me disait que j'étais grosse, je voyais mon père qui n'avait plus de bouche. Je voyais toute la violence dont elle pouvait faire preuve, et elle m'insultait, et me faisait me sentir encore plus insignifiante que d'ordinaire.

Eddie déglutit. Ce qu'elle lui décrivait lui donnait la nausée tant c'était violent. Chrissy était en fait une guerrière. Ça n'était pas la première fois qu'elle était victime de ce genre de chose, et pourtant elle était toujours là. Elle avait toujours envie de vivre.

- Mais depuis que je te connais, reprit Chrissy, je recommence à aimer manger, j'ai repris du poids, un petit peu. Je réapprends à m'écouter et à me faire passer en premier là où avant je m'effaçais au détriment des autres. Je vais mieux...

- Comment tu expliques la vision que tu viens d'avoir ?

- J'ai peur Eddie. J'ai peur que quelqu'un me retrouve chez Rick et que l'enfer recommence.

– Ça n'arrivera pas. Je te promets que ça n'arrivera pas. Je te protègerai, je te le garantis. Et tu ne seras pas seule, ajouta le métalleux en lui tendant un talkie-walkie neuf qui était posé à côté de lui.

Chrissy prit l'objet dans ses mains et l'observa. Partout, au cinéma dans les films policiers, parfois en jouet dans les mains d'enfants qu'elle croisait dans la rue. Mais la jeune fille ne savait pas s'en servir. Elle jeta un œil gêné à Eddie, qui lui lança un sourire.

– Je m'en doutais, rigola-t-il. Viens, on s'assoitasseoit sur le lit, et je te montre comment ça marche.

La blonde acquiesça, et se releva pour se mettre sur le lit. Dehors, par la petite fenêtre, elle remarqua que le soleil tombait de plus en plus. La nuit allait bientôt tomber. Ils allaient manger, puis partir pour l'emmener loin d'ici.

À côté d'elle, Eddie s'assit, deux talkies en main. Il tendit le neuf à Chrissy et prit le sien dans ses deux mains.

– En fait c'est comme une radio où tu peux parler aux gens, expliqua-t-il. Il faut tirer l'antenne pour pouvoir capter un signal, puis tu choisis une fréquence. Par exemple, on va prendre celle-ci : pousse le bouton Chanel sur B, puis le bouton Squelsh sur cette position. Mets un peu de volume avec le bouton d'à côté pour entendre. Si ça grésille, tu n'es pas sur une fréquence, quand tu n'entends plus rien tu es sur une fréquence. Normalement toutes les personnes qui sont sur la même pourront entendre, mais franchement, je doute que ça arrive.

Chrissy l'écouta, studieuse. Elle tourna les boutons comme indiqué jusqu'à ne plus entendre de grésillement.

– On va faire un test, annonça Eddie une fois que ce fut fait.

Il se leva et partit à l'autre bout du mobile-home. Chrissy attendit. Un frisson la parcourut. De nouveau, il y avait le silence. Elle avait pris l'habitude d'avoir de la vie autour d'elle, et elle allait devoir être seule.

– Gobelin appelle Princesse Elfe, fit une voix grésillante dans l'appareil.

Chrissy regarda le talkie comme si c'était un artefact magique et attendit. Il devait y avoir un bouton pour parler. Elle tourna l'objet dans sa main et appuya sur le bouton latéral.

- Allô ?

- Cool, ça fonctionne !

- Pourquoi... commença Chrissy. C'est quoi un gobelin ?

Personne ne lui répondit, mais elle entendit des pas dans le couloir.

- C'est une vilaine créature de Donjons & Dragons. Et c'est surtout très moche, expliqua Eddie en passant la porte de sa chambre.

- Mais tu ne corresponds pas du tout à cette description ! S'offusqua la jeune fille.

Eddie ne répondit pas. Il tourna la tête vers la fenêtre pour observer l'obscurité de la nuit. Dans sa poitrine, son cœur ne savait plus comment battre. Vite, pour témoigner de l'effet que lui avait fait ce compliment à peine masqué ? Lentement, pour montrer la tristesse qui s'emparait de lui à l'idée de ne plus avoir Sa Majesté Cunningham auprès de lui ?

– Eddie, tu es sûr que ça va ? Demanda-t-elle en s'approchant de lui.

Comment lui répondre sans l'alarmer ? Non, ça n'allait pas. Tout se mélangeait dans sa tête et il avait peur. Et s'il arrivait quelque chose à Chrissy quand il serait loin d'elle ? Et si elle voulait rentrer chez elle et ne plus jamais le revoir ? Et si Jason la retrouvait et qu'il ne parvenait pas à la défendre ? Ces quelques jours passés avec elle à ses côtés lui avait permis de vraiment connaître Chrissy, de voir tous les côtés rebelles et affirmés qu'elle avait enfouis en elle et qui devaient voir le jour.

– Tout va bien, murmura-t-il.

Le métalleux inspira un grand coup, puis se tourna vers elle. Il croisa son regard larmoyant, apeuré. Chrissy le regardait avec de grands yeux inquiets, ses doigts parcourant les contours du tatouage de son bras. Elle était aussi effrayée que lui, mais une chose était certaine pour tous les deux : si Chrissy n'allait pas chez Rick la Fumette, Jason la trouverait ici et les tuerait tous les deux.

– Tu... tu as fini tes affaires ?

Chrissy acquiesça.

– Est-ce que... j'ai vu tes livres dans le placard, est-ce que je peux en prendre un pour passer le temps ?

Enfin, Eddie eut la sensation de retrouver le contrôle de son corps. Il se décala et se tourna pour ouvrir le rangement en question, dévoilant ses tomes du Seigneur des Anneaux et toutes les autres œuvres de J.R.R Tolkien. Elle vit aussi d'autres ouvrages d'un certain H.P Lovecraft.

– Je te déconseille Lovecraft. Non seulement c'est difficile à lire, mais si tu as des visions je ne pense pas que ce soit une bonne idée d'en rajouter une couche avec des nouvelles horrifiques.

– Je pensais de toute façon partir sur le Seigneur des Anneaux, rétorqua Chrissy en haussant les épaules. Je peux prendre les trois tomes d'un coup ?

– Sers-toi. Je ne sais pas quand je pourrais passer te voir pour te ravitailler en nourriture et en divertissement, alors n'hésite pas à prendre du stock. Je vais te mettre des piles de rechange pour le talkie.

La jeune fille sourit. Elle tentait tant bien que mal de garder contenance, mais la peur grandissait à mesure que les minutes passaient. Elle savait que son départ n'était pas loin, mais elle ne pouvait se résoudre à appréhender tout ça sereinement. Chrissy avait un mauvais pressentiment, et Eddie n'était pas non plus dans son état normal. Ça ne l'aidait pas à rester calme.

Le métalleux revint quelques secondes plus tard avec quelques piles dans la main, qu'il fourra dans le sac de sport. Chrissy y ajouta les livres avant de tirer sur la fermeture. Plus aucun des deux ne parlait. La lycéenne voulait parler, mais elle ne savait par où commencer. Eddie décida pour elle. Il saisit les anses du sac et lui lança un regard.

– Il est temps qu'on y aille.

Chrissy baissa les yeux et le suivit. Sans un mot, les deux jeunes gens enfilèrent leurs chaussures laissées à l'abandon dans l'entrée du mobile-home, et se dirigèrent ensuite vers le van. Eddie était aux aguets, vérifiant par-dessus son épaule.

– C'est loin chez Rick, chuchota le métalleux une fois monté dans la voiture. Je ne pourrais pas te demander de rester accroupie dans l'habitacle pour que personne ne te vois, alors mets ça.

Il lui tendit un de ses pulls, qu'elle ne l'avait pas vu saisir au passage. Chrissy l'enfila, se perdant dans le vêtement bien plus grand qu'elle. Elle finit par faire sortir sa tête et remonta la capuche pour masquer son visage.

– Attache-toi, on démarre, murmura Eddie.

La jeune fille s'exécuta sans un mot. Eddie démarra la voiture et remonta l'allée du parc sans allumer les phares. Il ne les alluma que lorsqu'ils atteignirent la route goudronnée. Chrissy regarda par la fenêtre. Elle ne reconnaissait aucune des rues par lesquelles ils passaient, toutes remplies de petites maisons bon marché, qui se ressemblaient toutes. Il n'y avait pas âme qui vive. Juste le bruit du moteur et le silence assourdissant. La jeune fille se retourna pour regarder Eddie. Il avait le regard dur, fixé sur la route. Ses lèvres étaient pincées. Jamais elle ne l'avait vu si concentré, si déterminé. Elle repensa à tous les moments qu'ils avaient eus ensemble, comme si tout ça n'était qu'un lointain souvenir. D'un coup, elle avait l'impression de sortir d'un rêve. Les nuits qu'ils avaient passées collés, la leçon de guitare. Bon sang comme elle avait eu envie de l'embrasser. Aurait-elle un jour l'occasion d'aller jusqu'au bout ?

Eddie était concentré sur la route. Il prenait garde à chaque carrefour, à chaque voiture qu'il voyait sur le bord de la route. Y aurait-il quelqu'un sur le chemin qui le reconnaîtrait ? Machinalement, il regardait dans le rétroviseur toutes les cinq secondes. Tout était silencieux et à côté de lui, Chrissy ne pipait mot.

Soudain, le métalleux tressaillit. Les doigts de Chrissy se glissaient sur sa joue et remontaient lentement dans ses cheveux, entortillant ses mèches et massant son cuir chevelu. Le toucher était apaisant, et pourtant effrayant. Bientôt, tout ça n'existerait plus. Chrissy ne se réveillerait plus à côté de lui, elle ne le caresserait plus, ne lui sourirait plus. Elle n'existerait plus que par la voix. C'était une torture insupportable et pourtant nécessaire.

- Je suis désolée, dit-elle à voix basse. Pour toutes les choses que j'ai faites et qui nous ont mené ici, et... Et pour toutes les choses que je n'ai pas faites et qui font qu'être loin de toi sera à la fois supportable et atroce en même temps.

Eddie ne répondit pas. À nouveau, son cœur s'emballa, entamant un rythme anarchique. S'il n'écoutait pas sa raison, il se serait stoppé sur le bas côté pour embrasser la blonde à pleine bouche. Pour lui montrer tout ce qu'il ressentait pour elle, toute la profondeur de ses sentiments et à quel point il lui était dévoué depuis cette rencontre dans la forêt. Peut-être qu'il s'emballait, peut-être que Chrissy ne voulait pas dire ce que le métalleux avait compris, mais il l'avait perçu de la sorte. Pour lui, la blonde ressentait cette même frustration de ne pas être allée au bout de leur rapprochement, juste avant que Wayne ne les interrompe. Elle aussi regrettait d'avoir hésité. Peut-être que les choses seraient différentes s'ils s'étaient embrassés la veille. La veille. Le temps lui paraissait s'être étiré. Pour lui, une éternité s'était écoulée depuis hier.

Chrissy lâcha finalement les cheveux d'Eddie, rompant leur contact, et reporta son attention sur les lumières des réverbères.

Un quart d'heure plus tard, le van d'Eddie quittait à nouveau la route goudronnée pour s'enfoncer sur un petit chemin de terre, avant de se stopper devant une maison vide. Derrière, en fond, se trouvait un immense lac qu'elle connaissait de nom : Lover's Lake. D'un regard, le métalleux invita son amie à descendre, avant d'ouvrir la portière arrière pour prendre le sac de sport. Chrissy le suivit silencieusement, le regardant s'approcher de la porte de derrière et de soulever les pots de fleurs.

- Je sais que Rick laisse toujours une clé par ici, mais impossible de me souvenir de quel pot il s'agit, grommela-t-il.

La jeune fille ne répondit rien. La gorge nouée, elle regardait chaque mouvement qu'il faisait, observant chaque détail : les tatouages qui s'animaient sur son bras quand il contractait ses muscles, ses boucles indisciplinées qui lui tombaient devant les yeux, ses lèvres qu'il pinçait, léchait, ses doigts calleux, masculins, et pourtant si doux lorsqu'ils enserraient sa taille le matin, lorsqu'ils se réveillaient tous les deux. C'était évident maintenant. Chrissy se mentait à elle-même. La relation qu'elle avait avec lui n'avait plus rien d'amicale depuis qu'elle était arrivée chez lui.

Eddie se releva enfin, une paire de clés dans la main. Chrissy lui sourit, encourageante, mais quelque chose en elle se brisait de plus en plus. Tant bien que mal, elle tentait de refouler ses larmes. Elle était fatiguée d'être tout le temps en train de pleurer. Eddie faisait ça pour elle, pour qu'elle soit en sécurité. Elle était d'accord, pourquoi regretter maintenant ? Pourquoi avoir peur maintenant ? Le principal était là : ni Jason, ni sa mère ne la retrouveraient ici. Eddie la mettait en sécurité, elle n'avait pas à avoir peur.

Le métalleux ouvrit la porte. Une larme roula sur la joue de la blonde. Il pénétra dans la maison et alluma la lumière de la pièce qui semblait être une cuisine. Une deuxième larme coula sur la joue de Chrissy, et elle le suivit. Soulagé, Eddie commença à lui expliquer où trouver ce dont elle aurait besoin. Il lui conseilla de dormir sur le canapé plutôt que dans le lit de Rick, car selon lui "pour être entré une fois dans sa chambre, tout pue tellement l'herbe qu'il ne serait pas étonné que les draps impriment leur odeur sur elle". Il lui trouva une couverture et un oreiller plus rembourré pour qu'elle puisse dormir sur le canapé à son aise.

Eddie passa encore un quart d'heure à donner des conseils à Chrissy. La bâtisse en ferraille à côté de la maison était le hangar à bateau de Rick. Il servait également de débarras et il y avait un établi de bricolage ainsi que des outils. Si elle avait besoin d'une arme avec une grande allonge, elle trouverait ce qu'il lui fallait dans le hangar. Pour le reste, tout était dans la maison. Il lui déconseilla de fermer les rideaux car Rick était censé être en prison. Un rideau fermé donnerait certainement l'alerte. Chrissy hocha de la tête à chaque fois qu'Eddie lui parlait, mais ne lui répondit pas. Pas question de lui montrer que son absence imminente la bouleversait. Ça n'était plus le moment pour vouloir rester près de lui.

Arriva le moment que la jeune fille redoutait le plus. Eddie avait terminé de lui faire visiter. Ils étaient venus en van, et il devait rentrer avant que quelqu'un n'aperçoive le véhicule. Chrissy le raccompagna jusqu'à la porte arrière, dans la cuisine, et le regarda s'avancer sans un mot vers la voiture. Était-il aussi triste qu'elle ? Eddie ouvrit la portière. Chrissy étouffa un sanglot tout en gardant les yeux rivés sur lui. Le métalleux hésita, la main en suspens sur la poignée de la portière. La blonde ne bougea pas d'un poil. Lentement, il referma la voiture, prenant garde à ne pas faire de bruit. Le cœur de Chrissy s'affola dans sa poitrine, alors qu'Eddie faisait demi-tour. Il fit un pas dans sa direction, puis un autre, jusqu'à arriver devant elle.

Chrissy se mordit la lèvre. La main pleine de bagues du métalleux se leva et se glissa doucement dans les cheveux lâchés de la jeune fille, caressant sa peau du dos de la main. La blonde ferma les yeux, savourant ce contact.

- Est-ce que j'avais rêvé, hier ? murmura-t-il.

Chrissy n'osa pas répondre. À nouveau, la voix d'Eddie était rauque, basse, envoûtante. La raison la quitta, laissant place à cette chaleur enivrante qui prit possession de son corps.

- Ai-je rêvé le fait que toi aussi, tu t'approchais ? répéta-t-il.

- Non, Eddie, tu n'as rien rêvé, répondit-elle dans un souffle, les yeux toujours fermés.

Le métalleux ne répondit pas. Chrissy sentit son souffle cogner plus fort contre sa bouche et ses doigts s'enfoncer plus loin dans sa chevelure. Elle déglutit, et ouvrit les yeux pour risquer un regard vers Eddie. Il la fixait avec des yeux si sombres, si intenses, qu'elle sentit ses genoux trembler. Son souffle raccourcit jusqu'à se saccader. Dieu, que cette odeur lui avait manqué. Le tabac froid et l'eau de Cologne.

– J'espère que là non plus, je ne rêve pas.

Il ne lui laissa pas le temps de répondre, alors qu'elle ouvrait la bouche, et colla ses lèvres sur les siennes dans une baiser féroce. Chrissy ferma à nouveau les yeux, savourant cette sensation. Ça n'avait rien à voir. Jamais elle n'avait ressenti ça, cette liberté, cette explosion de chaleur qui irradiait son corps, sa raison qui la quittait. Ses doigts s'accrochèrent à la veste en jean d'Eddie et elle s'approcha un peu plus de lui sans jamais décoller ses lèvres.

Chrissy pria pour que le temps soit suspendu, pour que ce baiser dure une éternité. Mais, quelques secondes après, Eddie relâcha ses cheveux et se recula, retournant vers sa voiture sans un regard de plus pour elle. 

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