Chapitre 13

Hello tout le monde !
Voilà le nouveau chapitre de la semaine, qui j'espère vous plaira autant que les autres. Je sais, c'est toujours pas la joie, mais vous inquiétez pas ça va bientôt changer ;)
N'hésitez pas à me faire part de vos sentiments sur cette histoire, ça m'aide toujours à avancer (et parfois ça m'inspire...). Je suis hyper flattée et reconnaissante que cette fiction ait déjà atteint les 600 vues ici, c'est énorme mine de rien !
Merci infiniment et bonne lecture :)


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Eddie serra les dents. Connard Carver était appuyé sur son casier, le regardant venir. Bon sang mais ce mec était la définition du mot toxique. Et le métalleux n'était pas le genre à aimer se battre en public. Ni se battre tout court, même. L'image de Chrissy remontant le couloir enragée pour mettre un pain à cet idiot lui revint en tête. Elle s'était battue pour lui, et lui avait ordonné de ne plus leur chercher des noises. Jason était mal avisé de lui désobéir, bien qu'il leur était supérieur en nombre et en force. Chrissy la lionne allait le tailler en pièces si elle le prenait en train de faire chier le métalleux.

Le lycéen s'approcha de son ennemi en souriant.

- Bonjour Jason, dit-il sur un ton léger. Pardon de te déranger mais ton gros bras est posé sur la porte de mon casier.

- Me cherche pas Munson, répondit le basketteur, pas du tout emballé par le trait d'humour d'Eddie.

Eddie se planta devant lui et croisa les bras.

- Tu désires, Carver ?

Jason ne répondit pas. Le lycéen attendit donc, serrant les poings. Il le regarda plonger les mains dans les poches de son blazer de l'équipe de basket et en sortir des billets.

- Y a cent dollars.

- J'ai pas autant de marchandise sur moi, et si t'en voulais, fallait m'envoyer un mot au préalable, trancha Eddie, zieutant autour de lui afin de s'assurer que personne ne pouvait être témoin de leur échange.

Beaucoup de gens dans le lycée étaient au courant des petites magouilles d'Eddie le Taré Munson, et beaucoup lui foutaient la paix car il était leur meilleur moyen de s'assurer des soirées cools, mais jamais il n'avait effectué de transaction en public. C'était son sens du commerce : l'anonymat du client devait être respecté, aussi la table de pique-nique à l'orée de la forêt était son point de vente de prédilection. Ce que Carver faisait à cet instant était contraire à son éthique.

- Je ne suis pas en train d'acheter ta merde, Munson, cracha Jason en lui fourrant les billets dans la main.

- Ah non ?

S'il savait que ses petites fêtes entre sportifs étaient approvisionnées par mes soins, il tirerait une autre tête, pensa Eddie.

- Je veux... je veux que tu convainques Chrissy de revenir avec moi. Je ne suis pas quelqu'un de mauvais. Alors je ne sais pas ce que tu lui as lancé, comme sort, mais j'aimerais que tu le dissipes et que tu la fasses revenir.

Le métalleux éclata d'un rire franc, rejetant la tête en arrière. Il avait jeté un sort à Chrissy Cunningham pour qu'elle quitte son petit ami ? C'était la meilleure. Pourtant, quand il croisa à nouveau le regard menaçant et déterminé de Carver, il comprit que celui-ci n'était pas du tout ironique.

- Attends, tu penses vraiment que si ta copine t'a largué comme une merde c'est parce que j'y suis pour quelque chose ?!

- Évidemment que c'est toi, grogna Jason. Alors fais quelque chose sinon c'est pas l'argent qui te motivera mais mes poings.

Le sourire d'Eddie se fana. Il laissa tomber les billets à terre et recula d'un pas.

- Je ferai rien du tout. Tu t'es mis dans la merde seul, t'en sortiras seul, ordonna le métalleux. Maintenant bouge de mon casier, j'aimerais récupérer mes bouquins.

Jason serra les dents et s'avança d'un pas menaçant pour combler la distance qui les séparait. Il empoigna le métalleux par le col de son t-shirt et approcha son visage du sien.

- Un Taré comme toi fait ce qu'on lui dit, cracha-t-il. Et si t'es assez idiot pour refuser de m'obéir pour de l'argent, tu refuseras pas de m'obéir en échange de ta vie sauve.

Eddie ne répondit rien. Il n'était pas question qu'il rende un coup, car s'il se faisait prendre et plaidait la légitime défense, même avec un témoin, personne ne le croirait et il se prendrait un renvoi temporaire. À un mois et demi de la fin du lycée, c'était la dernière chose qu'il voulait. Tout le monde croirait le mignon petit Jason, et son uniforme de basketteur.

En face de lui, le poing se brandit. Eddie eut un sourire résigné. Depuis qu'il connaissait Chrissy, il en avait encaissé des coups pour elle. Mais il préférait dix fois mourir sous les coups trop violents de Connard Carver que de la laisser rester avec un type aussi dangereux. Chrissy ne méritait pas de mourir de la main d'un connard comme Jason. Pour lui, c'était plus discutable.

- Jason !

Et pourtant, le métalleux commençait à croire qu'elle aussi tenait à lui, car à chaque fois qu'il s'apprêtait à se faire violenter dans l'enceinte du lycée, elle était là pour lui sauver la mise.

- Je croyais t'avoir demandé de le laisser tranquille, menaça Chrissy, s'avançant pour se placer entre eux deux, face à Jason.

La main du basketteur relâcha le t-shirt et Eddie put à nouveau prendre un peu de distance.

- Chrissy, appela Jason. Tu dois me croire, ça ne t'apportera rien de bon de traîner avec ce cinglé.

Jason avait adopté un air larmoyant, la regardant comme s'il allait ne plus jamais la revoir. Intérieurement, Eddie espérait que ce soit le cas. Ce connard ne la méritait pas. Les yeux du lycéen passèrent du métalleux à Chrissy, et il prit son visage en coupe, la faisant frissonner. Eddie était alerte, prêt à lui bondir dessus s'il ne tentait ne serait-ce qu'un infime mouvement violent envers elle.

- Je t'aime Chrissy, et j'ai merdé sévère, je suis désolé. Mais je ne pourrais jamais te montrer à quel point je peux être le petit ami parfait si tu ne me laisses pas ma chance...

Chrissy sembla perdre ses moyens. De loin, il pouvait voir les larmes qu'elle avait aux coins des yeux, mais Eddie ne savait dire si elle regrettait le temps où elle était avec Jason ou si elle avait simplement peur. Ça le mettait très en colère de voir que même si la jeune fille avait réussi à s'émanciper de son ex, elle restait influençable par sa parole. Jason avait donc cette emprise sur elle.

- Je... Jason, hésita-t-elle. Je...

- Chrissy, s'il te plait...

Et il enfonçait le clou en plus. Les mains toujours plaquées sur son visage, il avait ancré son regard dans le sien. Eddie bouillonnait. Chrissy tremblait entre les doigts de Jason, et le lycéen craignait que s'il intervenait, il lui ferait du mal à elle. Ou bien elle serait prise entre deux feux. Il n'était pas question pour lui qu'elle subisse un coup, alors il resta là, à les contempler tous les deux en espérant que les mains de Jason ne descendent jamais de ses joues à son petit cou.

- Carver, tu lui fais peur, annonça-t-il prudemment.

Mais Carver ne retira pas ses mains du visage de Chrissy. Celle-ci tremblait toujours de la tête aux pieds à tel point que sa voix peinait à sortir de sa bouche.

- Jason je...

- Je t'en prie Chrissy, insista-t-il.

Autour d'eux, les gens s'amassaient de plus en plus, sans leur prêter attention. Parfois, Eddie captait des murmures. "Ils se sont remis ensemble ? Trop mignon !" N'importe quoi, pensa-t-il.

- Carver, arrête maintenant, ordonna Eddie, sans pour autant faire un pas de plus vers lui.

- Ta gueule le Taré, c'est entre elle et moi.

Chrissy cligna des yeux. Une larme coula sur sa joue, et pourtant, Eddie put constater que son regard s'était fait plus dur. Ses mains se fermèrent en deux petits poings et elle le regarda.

- Jason, je vais y réfléchir, d'accord ? lui dit-elle. Mais je veux que tu me lâches.

Carver lança au métalleux un regard noir. Ses doigts semblèrent s'enfoncer un peu plus dans les joues creuses de la cheerleader avant de lâcher prise, permettant à la jeune fille de reculer d'un pas. Eddie croisa le regard de Chrissy juste avant qu'elle ne détourne les talons et fonce vers sa salle de classe. Le métalleux resta un instant pantois, réalisant encore ce qui venait de se passer, et suivit le mouvement, rejoignant Connard Carver en classe.

Chrissy rentra chez elle seule le soir. Ayant une fois de plus séché l'entraînement de cheerleading, elle avait fait le chemin du retour à pied, savourant une fois de plus d'être seule avec ses pensées. D'ordinaire, elle aurait tout fait pour être accompagnée, pour s'éviter de réfléchir. Mais depuis ce joint avec Eddie Munson, elle apprenait à penser par elle-même, et elle appréciait se rendre compte qu'elle n'avait besoin de personne pour être heureuse, justement.

En fait, elle devrait passer le voir, un de ces jours, pour le remercier. Depuis qu'elle le connaissait, Chrissy prenait plaisir à manger, à s'habiller, à avoir faim. Elle souriait sincèrement et parfois même, elle se surprenait à réclamer sa présence, à le vouloir près d'elle pour la faire rire. Grâce à Eddie, Chrissy pouvait enfin être qui elle voulait sans avoir peur du regard des autres. La jeune fille lui était redevable.

Elle arriva chez elle le sourire aux lèvres, mais celui-ci s'évapora à la seconde où elle vit devant l'allée du garage la décapotable de Jason. La cheerleader serra les dents et s'engouffra dans la maison, rage au ventre. Elle salua sa mère à la volée, ne lui laissa pas le temps de la prévenir que Jason l'attendait et claqua la porte de sa chambre, se retrouvant nez à nez avec le capitaine de l'équipe de basket.

Celui-ci était assis sur son lit, zieutant autour de lui avec un regard résigné.

- Je vois qu'il a bien réussi son coup, lâcha-t-il.

- De quoi tu parles ? trancha Chrissy.

- Munson. Le taré. Il a réussi à te mettre le grappin dessus visiblement.

- Je répète, Jason : de quoi tu parles ?

- Tu crois que j'avais pas remarqué ?

Jason se leva, Chrissy posa sa main sur la poignée de la porte.

- T'as retiré tout ce qui avait un rapport avec notre couple. Pour toi nous deux c'est vraiment terminé.

Chrissy ne put s'empêcher de rire.

- En même temps, tu as quand même tenté de me violer dans la forêt, rappelle-toi. Je ne crois pas avoir rêvé ça.

- Mais bon sang Chrissy ! À qui la faute ? Ça fait des mois que je tente le coup, et tu ne veux jamais. C'est toi qui n'as pas voulu que notre relation avance, et maintenant ce Taré de Munson t'a monté contre moi.

- Qu'est-ce que tu racontes ? Jason tu débloques !

Le basketteur se tut, et contourna le lit pour s'approcher d'elle.

- Ah tu crois ? Pourtant, je pourrais jurer que là, il a commencé à se montrer attentionné. À te faire rire. Et bientôt il tentera de t'embrasser, et si tu te laisses faire, vous allez sortir ensemble, et là il commencera à faire comme moi. À essayer de te toucher.

- Tu délires là...

- Je crois pas non. Il est peut-être en dehors des cases pour beaucoup de choses Chrissy....

La main de la jeune fille se crispa sur la poignée. Jason s'avançait vers elle comme un loup devant une carcasse, et elle sentit la peur revenir en elle comme une maladie. Il vint se coller à elle, approchant sa bouche de son oreille. Elle le sentit la renifler, s'enivrer d'elle comme il avait eu l'habitude de le faire (une habitude qu'elle trouvait détestable). Puis il lui murmura :

- Mais il reste un homme, tout comme moi...

Chrissy ne répondit rien, et son ex se décolla d'elle, posa sa main sur la sienne, et lui fit tourner la poignée pour s'en aller. La cheerleader resta là, derrière la porte, réfléchissant à ce qu'elle venait d'entendre. Elle y songeait encore pendant le repas, triturant sa nourriture d'un air absent, écoutant à peine sa mère.

Eddie passa la soirée dans le même état, se demandant ce qu'il pouvait bien faire de plus pour éloigner ce salopard de Chrissy, pour l'aider à s'émanciper et à s'assumer. Il se dit que de toute façon, la solution ne lui viendrait jamais en un claquement de doigts, et qu'il valait mieux qu'il en discute directement avec l'intéressée.

Aussi le métalleux fut en joie lorsqu'il la retrouva devant la salle du Hellfire Club pendant la pause du matin. Il la vit de loin, dans son jean droit et son t-shirt rose, les cheveux lâchés, pour une fois. Il allait vers elle en souriant, s'apprêtant à lancer une blague nulle pour l'enjouer un peu plus.

Mais plus il avançait, plus il sentait l'atmosphère s'alourdir. Chrissy ne souriait pas du tout.

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