~Chapitre 9~
7h59.
Les rayons du soleil traversaient les rideaux.
Les draps blancs étaient doux. Je m'étirai et sortis du lit.
En descendant, je le vis qui sortait ce qui ressemblait à des croissants trop cuits du four. Il m'avoua qu'il avait essayé de me faire une spécialité française mais qu'il lui fallait encore un peu d'entraînement avant qu'on puisse manger quelque chose de correct.
Nous avions dansé longtemps la veille, puis nous étions rentrés chez Alix. Je ne voulais pas rentrer chez moi cette nuit-là et Alix m'avait proposé de venir chez lui. Il avait insisté pour que je prenne son lit et qu'il prenne le canapé.
Ce matin j'étais prête. J'allai parler à mon père. Les lettres de la veille m'avaient chamboulées. Je comprenais à présent la souffrance de mon père, assez pour lui pardonner. Nous nous preparâmes avant de partir vers la maison de mon père.
En chemin, Alix me tenait la main.
Une fois arrivés, je toquai à la porte en ébène. Mon père vint nous ouvrir avec un sourire que je devinais être forcé.
Nous nous installâmes sur le même canapé que la veille, Alix près de moi, mon père sur le fauteuil en face. Il ramena trois cafés qu'il disposa sur la petite table centrale. Il prit une grande inspiration avant de commencer.
-Bon, j'ai bien réfléchi, toute la nuit. Je suis d'accord pour que Alix t'aide à te servir des dons que tu possèdes déjà MAIS! Parce qu'il y a toujours un mais : tu ne cherches pas à développer d'autres pouvoirs. Et pas de rapprochement. Aucun.
Je commençais à faire une drôle de tête.
-Je ne veux pas que ma fille se rapproche de quelqu'un qui l'entraîne irrémédiablement vers la mort, sans vouloir t'offenser Alix. Les Cupidum sont traqués sans relâche à cause de la rareté de leur don et je ne veux pas que tu en subisses les conséquences Mélodie, s'empressa-t-il de m'expliquer.
Alix se détacha de moi.
-Et pour ce qu'il en est des pouvoirs, tes dons suffiront. Si tu te fais attaquer, un petit arrêt dans l'espace-temps afin que tu t'enfuies suffira. Plus tu auras de dons et de pouvoirs plus tu pourras être repérée. D'accord? demanda-t-il.
-S'il le faut... acceptai-je à contre-cœur.
-Alix? demanda mon père.
-Non, répondit-il sèchement.
-Non? Comment ça non?! gronda mon père.
-Non. Et vous savez très bien pourquoi, ajouta Alix.
Sa mâchoire était maintenant crispée.
-Oui, c'est justement pour ça que je te le demande. C'est soit ça soit vous ne vous voyez pas, répliqua mon père, amer.
Je ne comprenais rien à ce dialogue de sourd. Je posai une main sur le bras d'Alix qui se décala presque aussitôt.
-Alors je préfère qu'on ne se voit plus, dit-il en se levant.
-Alix! l'appelai-je en me levant à mon tour.
Il se retourna vers moi, me regardant dans les yeux.
-Je suis vraiment désolé Mélodie. Mais c'est la dure loi de ce monde, dit-il avec un visage impassible.
-Quelle loi?! protestai-je, alors que la porte claquait.
Je me précipitai vers la porte mais mon père me retint.
-C'est trop tard ma chérie.... me dit-il. Beaucoup trop tard.
Je m'arrachai à ses bras pour ouvrir la porte. Il n'y avait plus personne.
Je courus prendre mon portable et l'appelai un milliers de fois, lui envoyai un millier de messages, mais pas une réponse. Pas une seule.
Je courus donc chez lui malgré les conseils de mon père qui n'arrêtait pas de me dire qu'il était trop tard. Trop tard pour quoi? Effectivement, il n'y avait personne chez lui. Les lumières étaient éteintes, pas un bruit qui aurait pu trahir sa présence. Mes pensées ne firent qu'un tour.
Je savais où il était.
Je courus jusqu'au sommet de la montagne où nous étions allés l'autre fois, quasiment sûre de l'y retrouver.
À bout de souffle, je continuai de courir, jusqu'au sommet.
Alix était là.
Autour de lui, le peu d'herbe qui restait était roussi, et pourtant il continuait d'envoyer des flammes par terre. Il était en sueur, la colère émanait de lui. La colère mêlée à de la tristesse. Il s'arrêta.
-Je t'en prie, va-t-en, murmura-t-il en regardant le cataclysme qu'il avait provoqué.
-Non, pas avant que tu ne m'aies tout expliquée.
-Très bien c'est moi qui m'en vais alors, dit-il en commençant à se téléporter.
-J'ai dit : tu restes là, dis-je avec une voix calme mais ferme.
Je tendis les deux mains face à moi avec une force que je n'avais jamais ressentie, et les redescendis, entraînant Alix sur le sol.
-Tu ne veux pas jouer à ça avec moi, crois-moi! m'assura-t-il en haussant un sourcil.
Il recommença la même manœuvre à la différence près qu'il créa une sorte de bulle protectrice autour de lui en premier.
Il disparut finalement malgré mes efforts vains.
Je m'assis sur le bord, l'esprit tellement confus que je ne pouvais pas pleurer.
Je redescendis de la montagne lentement, l'esprit dans le vague, et repartis chez mon père. Il devait très certainement avoir une explication.
Effectivement il en avait une, mais il ne voulait pas me la dire.
-Je te promets qu'il est trop tard Mélodie... Je suis désolé que ça t'arrive mais c'est malheureusement les plus anciennes lois de ce monde, personne ne peut les déjouer.
-Vous ne pouvez pas tous arrêter avec ces histoires de lois? Ou au moins dites-moi de quelles lois il s'agit! criai-je en posant mes poings sur mes hanches.
-Rien, va te coucher, ça ira mieux demain, dit-il d'une voix douce.
Je n'avais mais alors pas du tout envie de me coucher! Je lui fis d'ailleurs bien comprendre en criant puissamment que je souhaitais une explication immédiatement.
Il me fit asseoir sur le canapé pour que je me calme, ayant le souffle court et les larmes qui commençaient à couler. Il commença en se tordant les mains.
-Une des plus anciennes prophéties est que lorsqu'un Lepidus ressente l'obligation de protéger un autre Lepidus, il devient son protecteur et des sentiments... très forts l'emplissent.
Je commençai à comprendre.
-Pour faire plus simple, Alix est ton protecteur, le destin l'oblige donc -en quelques sortes- à être...
-À être quoi? demandai-je, légèrement ennuyée de toutes ces histoires qui me paraissaient futiles.
-Être fou amoureux... Le pire des sentiments...
Ma respiration se coupa.
Je me répétai en boucle "c'est impossible, non, c'est impossible".
Je me pris le torse entre les mains dans une grimace de douleur.
Je ne pouvais plus respirer, tout mon thorax était comme en feu. Mon père paniquait à côté de moi, il me demandait ce que j'avais, mais j'étais incapable de lui répondre. Il appela les pompiers, qui me transportèrent à l'hôpital rapidement, où ils découvrirent qu'en effet, pratiquement tout mon thorax était brûlé. Pendant qu'on me mettait un masque d'oxygène sur le visage, les médecins questionnaient mon père sur ce qu'il s'était passé, mais personne n'était capable de dire ce qu'il c'était passé.
Personne sauf moi.
Et Alix.
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