~Chapitre 5~
Une odeur de drap frais flottait près de moi.
Je me redressai d'un seul coup.
Où étais-je? Pas chez moi, ça c'était sûr.
Alors que je me remémorais les derniers événements, j'entendis deux voix. Je m'approchai de la porte près de laquelle venait les voix. Mais... qu'est-ce que mon père faisait ici?
Je me rappelai qu'Alix m'avait dit que mon père était également un... Un quoi? Lapinus? Lapidus?
C'en était trop.
J'ouvrai la porte en trombe, regardant mon père et Alix tour à tour.
-Je crois qu'on devrait aller parler un peu, me dit mon père en lançant un dernier regard à Alix, visiblement énervé.
Nous nous assîmes sur un banc près de la plage. Je n'avais pas dit un mot depuis... depuis quand d'ailleurs? Étais-je restée longtemps inconsciente?
19h30.
J'étais restée inconsciente presque 10 heures!
-Je ne veux pas que tu revois ce garçon, dit mon père d'un ton autoritaire.
Son ton me sidérait, il ne m'avait jamais parlé comme ça. Mais malgré tout je voyais une pointe de tristesse dans ses yeux.
-Est-ce que c'est vrai...? Tout ce qu'il m'a dit? lui demandai-je.
Une personne normale aurait certainement répondue qu'après ce qu'il s'était passé, elle ne l'aurait, de toutes façons, pas revue.
-Non.
Aucune explication. C'était étrange.
-Juste non?
-Qu'est-ce que tu veux que je te dise? Non c'est tout.
-Bon ok. On rentre alors?
-Pas tant que tu ne m'auras pas promis de ne plus jamais le revoir.
Je le regardais un long moment, ne comprenant pas sa réaction.
Si ce jeune homme était juste un échappé d'asile qui ne m'avait raconté qu'une affabulation, pourquoi mon père réagissait-il comme ça?
En temps normal on en aurait rigolé pendant des années mais là... Il fallait absolument que je revois Alix.
-Je te le promets.
Je mentais bien évidemment.
Ce soir-là, nous restâmes à la maison, n'ayant bizarrement plus vraiment envie de sortir.
Une fois sûre que mon père dormait, je sortis sans faire de bruit par la terrasse, la porte aurait fait trop de bruit.
Je fermai les yeux, essayant de me rappeler l'endroit où j'avais passé une partie de ma journée. Une fois arrivée à destination, je toquai à la porte, Alix vint m'ouvrir en bas de jogging et un air pas bien réveillé en se passant une main dans les cheveux. Il paraissait surpris de me voir. J'avais légèrement oublié qu'il faisait nuit.
-Rentre, me dit-il.
Il me désigna un siège où je m'assis.
Je ne disais rien, attendant de voir s'il allait encore me lancer un sortilège. Il m'assura qu'il ne me ferait rien. Il y eut un long moment où nos regards se fuyaient, personne ne sachant réellement quoi dire.
-Je suis venue chercher une réponse, une seule. Est-ce que ce que tu m'as dit était vrai? dis-je, brisant ce lourd silence.
-Oui, bien sûr que c'est vrai. Si ton père t'as dit le contraire c'est pour te protéger. Mais malheureusement je pense qu'il ne se rend pas compte que si tu n'apprends pas à te servir de tes dons, tu ne pourras pas te défendre. Lorsque j'ai parlé à ton père hier, il m'a fait juré de ne plus jamais te revoir, mais je n'ai pas pu accepter.
-Pourquoi?
-Je dois être ton protecteur Mélodie. Je suis ton protecteur.
Je pris un grande bouffée d'air pour me donner du courage. Je ne comprenais pas grand chose mais à cette heure-ci, je préférais me concentrer sur le plus important et cette histoire de protecteur ne l'était vraiment pas.
-D'accord pour commencer l'entraînement, mais à une seule condition: on ne dit rien à mon père.
-Évidemment.
-Du coup... Il faudrait qu'on s'arrange pour se voir lorsqu'il n'est pas là.
"Roméo et Juliette, c'est trop mignon!" me souffla ma conscience.
-Bien sûr, m'assura-t-il.
-Alors quand est-ce qu'on commence?
-Quand tu veux. Demain peut-être? me proposa-t-il.
-Tout de suite?
Je n'avais pas vraiment le temps d'attendre, j'avais l'impression d'être une petite fille qui ne pouvait attendre pour ouvrir ses cadeaux.
-D'accord et bien, tout de suite! Laisse moi simplement le temps d'aller mettre un tee-shirt.
Je devins cramoisie. Ça se voyait autant que je le regardais?
-Il fait un peu froid et puis, il faudrait qu'on aille sur la plage pour essayer de voir ce que tu sais faire, crut-il bon de m'expliquer. Par contre toi tu devrais avoir un peu froid.
Je regardais ma tenue. J'avais pris des vêtements au hasard, c'est-à-dire un short de sport et un débardeur. En effet, j'allais sûrement avoir froid.
-Tu veux un pull? me proposa-t-il.
-Non merci ça ira, déclinai-je en replaçant une mèche de mes cheveux -détachés pour une fois!- derrière mon oreille.
Il insista, me disant qu'il ne fallait pas que je tombe malade au début de mes vacances -qui promettaient d'être mouvementées- et je ne pus refuser en me disant que ce serait plutôt agréable de porter l'un de ses pulls.
02h42.
Je me souvenais pourtant avoir enlever ma montre! Ce n'était pas la première fois que cela arrivait mais je pensais juste que c'était moi qui l'avait oubliée. Cependant au vue des récents évènements, il devait y avoir quelque chose d'autre que le fait que je sois tête en l'air.
-Dis-moi, il n'existerait pas un don du temps ou quelque chose dans le genre? lui demandai-je en fixant ma montre.
-Si, bien sûr, pourquoi? s'étonna-t-il.
-Je crois que je l'ai aussi.
-C'est plutôt rare. Mais ça ne m'étonne pas de toi.
La plage était magnifique à cette heure-ci. Les vagues étaient éclairées par la seule lumière de la lune.
"Très romantique tout ça!" me souffla à nouveau ma conscience. C'était devenu une habitude que je me parle toute seule ou quoi?
-Bon, alors, montre-moi ce que tu sais faire?
Je ne bougeai pas, ne sachant quoi faire. Je n'avais aucune capacité dans ce domaine!
-Tu as déjà fait quelque chose qui te paraissait... étrange? m'encouragea-t-il.
-Ma montre ne me quitte jamais, elle revient sur mon poignet, même quand je l'enlève.
En disant ceci, je me rendis compte que ça n'était pas normal. Je grimaçai.
-Ne t'en fais pas, c'est ce dont je te parlais tout à l'heure, le don du temps.
-Et il y a aussi ça.
Je lui pris la main et le regarda avec Le-regard-qui-tue, oui je l'avais baptisé ainsi! Parce que, les Lapinus et Prodicors, ce n'était pas du tout mon truc!
Alix était absorbé par mon regard, mais je percevais comme une douleur au fond de ses yeux. Je relâchai sa main, ayant peur de moi-même. Il faiblissait, ses jambes tremblaient. Il dût s'appuyer sur ses genoux pour reprendre son souffle. Je m'accroupis près de lui.
-Je.. je suis désolée! Qu'est-ce qu'il faut que je fasse? paniquai-je.
Il releva la tête, un grand sourire sur les lèvres.
-C'était genial!
J'ouvris des yeux énormes. Je croyais que j'avais fait quelque chose de mal et lui m'affirmait que c'était genial. Je ne comprenais pas tout. Etait-il masochiste?
-Aucun Lepidus ne me résiste normalement. C'est l'un des avantages des Cupidum. Je ferme mon esprit dès que le temps s'empare de moi, et je le rouvre pour sortir de la transe. Mais là, impossible! Je m'incline! s'enthousiasma-t-il en se courbant réellement.
Je ne savais vraiment pas quoi dire. Waow! Je résistais à Monsieur-Le-Roi-Du-Temps!
-Réessaies, je vais voir ce que je peux améliorer.
Il me semblait surtout qu'Alix était passionné par ce don qu'il ne comprenait pas parfaitement.
On ne voyait pas le temps passer. Cependant, je me rendis compte que le soleil se levait déjà. J'aurais bien aimé rester ici, devant ce paysage magnifique (avec Alix) mais il fallait que je rentre.
-Je te ramène? me proposa-t-il.
-Surtout pas, si mon père est réveillé il va nous tuer!
"Roméo et Juliette..." Foutue conscience!
Nous échangeâmes nos numéros, je lui promis de l'appeler dès que j'étais disponible.
En effet, mon père était réveillé.
-Où tu étais?
J'inventai un mensonge, lui dis que j'étais allée voir le lever du soleil sur la plage (pas tout à fait faux, si?).
C'était la seconde fois que je lui mentais et bizarrement je n'éprouvais aucun remord. Il m'avait menti. Certes, c'était pour me protéger mais il m'avait tout de même menti... La roue tournait. Il m'avait menti, je lui mentais.
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