Alix

Les yeux de Mélodie étaient à présent entièrement blancs. Je n'avais qu'une envie, c'était de la prendre dans mes bras et retrouver son regard bleu étoilé.

Mais je savais qu'il ne fallait pas, alors je m'arrêtai, me postai face à elle et lui demandai de s'asseoir sur le lit, ce qu'elle fit sans broncher.

Je me tournai vers son père, guettant le moment où il me dirait que je pouvais arrêter. Mais au lieu de me dire la formule qui me permettrait de la faire revenir à elle, il me demanda de lui ordonner de se mutiler.

-Quoi? hurlai-je.

-Juste pour vérifier, tu lui diras d'arrêter au moment où elle mettra la lame sur sa peau. Alix fais moi confiance.

J'inspirai profondément et lui ordonnai de se couper. Un couteau apparu comme par magie -Vraiment par magie, puisque là, personne ne l'avait fait apparaître, il était simplement apparu comme ça-, Mélodie s'en saisit et l'approcha de son torse.

Un Silencio m'atteignit, m'empêchant de dire à Mélodie d'arrêter. Je me précipitai donc vers elle pour lui arracher son couteau et reçus un sortilège d'Intercessiones qui m'empêcha d'avancer normalement.

Dans d'autres conditions, Mélodie aurait rigolé en me disant que comme ça on se croyait dans un film d'action pendant une scène au ralenti, mais à ce moment-là Mélodie ne rigolait pas.

Un larme coulait de son œil blanc.

Je baissai le regard jusqu'à sa poitrine, où du sang coulait d'un trait net et long, juste au dessus du cœur, tâchant son débardeur blanc comme la neige.

Que faisait son père?

Il devait être blessé... ou peut-être même mort?

Voilà, le cauchemar de Mélodie se réalisait.

Nous allions tous mourir, à une différence près du rêve de Mélodie.

Ce ne serait pas elle qui assisterait à nos morts.

C'était moi qui allait assister à sa mort avant de mourir moi aussi, mort d'un amour sans bornes, d'un amour vrai qui nous tuerait tous.