Le Crepitus partit des mains d'Alix en atteignant un des hommes de Davrick. Mon père enchaîna par un Arascrapem et aussitôt, l'homme qui avait essayé de lancer un sortilège à Alix se mît à saigner abondamment de la bouche et à enfler.

Deux hommes étaient déjà à terre. Il en restait trois, deux à gauche de Davrick plus ce dernier.

-C'est tellement facile! Je m'ennuie! se plaignît Alix en croisant les bras.

Davrick lança un Bullibulus Sanguinolo vers Alix pour le faire taire.

Ses veines se rétrécissaient et je ne savais que trop bien ce qui allait suivre.

Alix allait complètement s'assécher jusqu'à en mourir.

Je poussai cette porte invisible et me jetai sur Davrick, qui tomba à la renverse.

Mon père lança un Stupefix général pour parer les sortilèges que les "collaborateurs" de Davrick allaient me lancer. Ce sortilège ne durait pas plus de quelques secondes normalement, mais mon père avança vers Davrick et posa ses mains sur ses tempes. Il souffla sur ses cheveux calmement, qui ondulèrent au ralenti.

-Yes! fit-il en se tournant vers nous. Mesdames et messieurs vous venez d'assister à la création d'un nouveau sortilège. Comment va-t-on l'appeler...

-Baisse-toi! lui hurlai-je en lançant la première chose que je trouvais - c'est-à-dire un vase rempli de marguerites - derrière mon père.

-C'est bien ça! Baisse-toi, ricana mon père en envoyant son poing sur le nez d'un homme chauve.

Le vase partit vers un des hommes de Davrick, qui avait réussi à retrouver sa mobilité. Au même moment, le deuxième homme se releva et le vase se multiplia en deux, si bien que deux vases s'écrasèrent sur les deux nez des deux hommes de Davrick, qui s'écroulèrent en même temps. Je me tournai vers Alix, certaine qu'il avait un rapport avec cette démultiplication.

-Oups! Désolé! fit-il avec une grimace aux deux hommes à terre.

Je riai en m'approchant d'Alix, qui me serra dans ses bras.

-Ça va durer longtemps? demanda Alix à mon père, en désignant Davrick de la tête.

-A vrai dire je n'en sais rien, c'est la première fois que je m'en sers sur un humain. La dernière fois, je l'ai testé sur le chien de Mme Williams et ça a duré une heure et demie...

Devant l'attitude désolée de mon père, nous pouffâmes discrètement.

Nous aurions pu croire que tout était normal, nous étions en train de rire et Alix avait posé sa tête sur la mienne tranquillement, personne n'aurait jamais pu croire que nous venions de livrer une bataille pour rester en vie.

-Bon, qu'est-ce qu'on va bien pouvoir faire d'eux? dis-je en désignant les quatre hommes à terre et Davrick qui ne bougeait que les yeux.

-Locomotor Barda vers l'Angleterre? proposa Alix, la tête toujours posée sur le haut de mon crâne, ses bras entourant ma taille.

-Pauvres anglais!

-Impero? proposa mon père à son tour.

Ce sortilège très puissant soumettait la victime du sort à la volonté de celui qui le lançait. Un sortilège quasiment impossible à se débarrasser, même pour les plus puissants. Alix m'en avait vaguement parlé un jour qui me paraissait lointain.

-Très bonne idée! approuvai-je.

-Alix, tu sais le faire? Je ne peux plus malheureusement, mais j'aurais adoré le faire sur... ça, dit mon père en désignant Davrick avec une moue dédaigneuse.

-Il faudrait que j'essaye sur quelqu'un, je n'ai jamais essayé.

-Sur moi, dis-je.

-C'est trop dangereux Mélodie, désapprouva mon père.

-La dernière fois que tu as dit ça, on a mît tellement de temps à trouver une alternative que cinq blaireaux se sont retrouvés dans ma chambre!

-C'est vrai... Bon d'accord! acquiesça mon père.

Mon père prit deux bonnes minutes pour lui expliquer comment marchait ce sortilège. Il fallait qu'Alix prélève une goutte de son sang et qu'il le mélange au mien, puis qu'il tourne autour de moi en prononçant la formule de l'Impero jusqu'à ce que mes yeux deviennent entièrement blanc. Je frissonnai quelque peu.

-Alix tu vas devenir un vaudou! J'ai juste une petite recommendation: ne me tues pas s'il te plait! riai-je nerveusement.

-Je te rappelle que si tu meurs, je meurs aussi! Ne t'en fais pas tout va bien se passer, me rassura-t-il en m'embrassant.

Je m'écartai de lui, me plaçant au centre de la salle de danse pour avoir plus de place -nous commençions à être quelque peu serrés ici- et lançai un sourire qui se voulait rassurant à mon père.

Alix entama son rituel qui lui permettrait d'avoir une entière domination sur moi. Il fit apparaître une aiguille qu'il planta dans mon doigt sans me lâcher du regard. Il retira l'aiguille et appuya doucement sur mon doigt pour faire sortir une goutte de sang. Il planta ensuite l'aiguille dans son doigt et le colla au mien. Il m'embrassa sur le front, se décala et commença à tourner autour de moi. " Impero Mélodie Alix Impero Mélodie Alix Impero Mélodie Alix..." répétait-il sans cesse.

Petit à petit, je sombrai dans un sentiment indescriptible, un sentiment de vide en moi.

Je ne ressentais plus rien.

Je n'entendais plus rien.

Je ne voyais plus rien.

Je ne pensais plus à rien.