~Chapitre 13~

6h47.

Je sortis sur la terrasse, où je découvris Alix et mon père en très grande discussion.

J'avais très mal dormi, réveillée en permanence par le même cauchemar, celui où je voyais mon père, puis Alix mourir puis moi-même, face à cet... homme?

Je m'asseyai autour de la table, les yeux intensément cernés, regardant dans le vide.

-Mélodie, on a un problème, dit mon père.

-Qu'est ce qui se passe? demandai-je en soupirant.

-Les Proditors arrivent, me répondit Alix. Ils t'ont retrouvé...

-Pff, soupirai-je. Alors espérons que le cauchemar que j'ai fait n'était pas prémonitoire.

Alix mît sa main sur la mienne.

-Il ne le sera pas. Je te le promets.

J'esquissai un demi-sourire mais ma tête me faisait atrocement mal.

Alors que je me sentais vaciller, Alix me retint et me porta jusqu'à ma chambre.

Je sentais tout ce qui se passait, le souffle d'Alix sur mon épaule qui s'était découverte, la montée de chaque marche, le vent chaud qui rentrait par la fenêtre de la cuisine, jusqu'à l'angoisse qui régnait.

Lorsque Alix me déposa sur mon lit, une force inhabituelle m'emplie.

Des cris de stupeur.

Je ne sentais plus les draps dans mon dos, je me sentais flotter, comme dans l'eau.

Noir.

Blanc.

Je me retrouvai dans une pièce blanche, comme dans une cellule temporelle. Et pourtant, je sentais bien que ça n'en était pas une.

Une silhouette apparut, de plus en plus.

Une silhouette de femme.

Mes yeux s'embuèrent.

Ma grand-mère se tenait devant moi.
Elle était décédée 4 ans auparavant, d'une crise cardiaque.

Je courus pour la serrer dans mes bras. Elle m'avait tant manquée...

Mes bras auraient dû se refermer autour de son cou, pourtant, ils se refermèrent sur du vide.

-Ma chérie, je ne suis pas là réellement, je viens te voir parce qu'il faut que je te parle.

-Mamie, tu ne peux pas savoir comment tu me manques!

-Mélodie, laisse-moi parler je ne peux pas rester indéfiniment ici, les Proditors arrivent.

Je me ressaisissai, je n'avais vraiment pas de temps à perdre.

-Peut-être que tu l'as compris mais ton père tient bien ses pouvoirs de quelque part. Ce "quelque part" c'est moi! Passons. Tu as senti cette force qui est entré en toi? Ce sont mes pouvoirs. Enfin, ceux que j'avais, car quand un Lepidus meurt, ses pouvoirs sont emprisonnés dans une sorte de boîte, qui est gardée dans les profondeurs du... de l'endroit où nous sommes. Cette boîte est gardée jusqu'à ce que celui qui les possédait demande à les récupérer pour les transmettre à quelqu'un. Aujourd'hui, je te transmets mes pouvoirs, car tu vas en avoir grandement besoin. Davrick arrive, accompagné ses deux sbires Trois et Quatre, continua ma grand-mère.

Les profondeurs de l'endroit où ils se trouvaient? Cela ressemblait plutôt à l'idée que je me faisais de l'Enfer... Je voyais mal parler de profondeur au Paradis. Cependant j'avais une question plus importante à poser. Civilement j'avais peut-être 19 ans mais dans ma tête j'en avais parfois encore 6....

-Trois et quatre? demandai-je en riant.

-Oui, ce sont leurs noms. Mais ce n'est pas le plus important. Ton père t'a-t-il expliqué qui était Davrick?

-Oui c'est un "méchant", dis-je en faisant des signes de guillemets. Il a failli tuer papa mais papa l'a immobilisé avec un sortilège bizarre.

-C'est ça. Il est très dangereux. Et ton père ne sait pas tout. Davrick avait retrouvé l'antre de Davius avant d'affronter ton père et a découvert sa bibliothèque. Sa bibliothèque contenant tous ses sortilèges!

- Mais qui est Davius? demandai-je, incrédule.

-Le premier Proditor de toute l'histoire des Proditors. Le plus fort.

Ma grand-mère leva les yeux en diagonale et s'arrêta de parler. Quand elle reprit, elle parlait rapidement.

-Bon, ma chérie, je ne peux pas te parler trop longtemps...

-Pourquoi? Personne ne peut te tuer!

-Oui mais ils peuvent te faire du mal à toi...

-... Et d'abord qui c'est ces "ils"? demandai-je.

-Je souhaite que tu les rencontre le plus tard possible. Je t'aime ma chérie.

Elle s'avança lentement vers moi et me chuchota "Tillandsia".

Le temps que je cligne des yeux elle avait disparu et j'étais de retour sur mon lit, entourée de mon père et d'Alix.

* * *

Je voulus raconter ce qu'il s'était passé mais ma voix ne sortait plus, comme bloquée. J'essayais de l'écrire, le stylo se cassait.

-Je crois que ce n'est pas la peine de t'acharner à essayer de nous raconter ce qu'il s'est passé. Apparemment, on t'as lancé un sortilège d'amnesia. Mais si tu vas bien, ce n'est pas important.

J'essayai une dernière fois de dire quelque chose. Mon père lu "mamie" sur mes lèvres.

-Mamie? demanda-t-il en ouvrant de grand yeux.

J'acquiesçai.

Ils me racontèrent ce qu'il s'était passé, à savoir que je m'étais évanouie et quand Alix m'avait déposé sur mon lit je m'étais mise à léviter. Puis tout d'un coup j'étais retombée comme une poupée de chiffon.

Du coin de l'oeil, je voyais qu'Alix ne m'écoutait plus. Il avait fermé les yeux et avait l'air concentré.

-Alix qu'est-ce qui se passe? demandai-je, inquiète.

Il y eut un silence pendant quelques secondes qui me parurent interminables.

-Ils seront là dans une vingtaine de minutes. Ils font qu'on se trouve un abri, ils sont plus que nous, répondit-il en se relevant de sa chaise.

-Combien? s'inquiéta mon père.

-Une dizaine.

Je tiquai. 10? Ma grand-mère m'avait dit 3! En plus je n'avais pas imaginé une seule seconde que l'arrivée des Proditors aurait été immédiate!

Mon père glissa sa main dans la mienne et la serra.

-Je connais un endroit, dit-il.

-Où ça? demanda Alix.

-Ici.

-Quoi? Non impossible ce n'est pas assez sécurisé!

Mon père nous exposa son plan. Il voulait emmener les Proditors vers une mauvaise voie. Alix et moi resterions ici tranquillement "en attendant qu'il revienne".

-Impossible, encore une fois, dis-je.

-Je suis sûr que ça marcherait, affirma-t-il.

-Ce n'est pas ça, je ne peux pas te laisser partir seul combattre des Proditors alors que tu n'as presque plus de pouvoirs!

-J'irai avec lui. Mélodie tu resteras ici, proposa Alix, resté silencieux jusque-là.

-Hors de question! Si Mélodie se retrouve toute seule? commença mon père. Tu sais au début j'avais du mal avec toi mais tu es quelqu'un de bien Alix. N'importe quel père voudrait quelqu'un qui s'occupe de sa fille comme toi.

-Ce n'est pas le moment pour les déclarations d'amour! pestai-je.

Et le débat continua. Mon père voulait partir seul, Alix voulait partir avec mon père, et moi je voulais que personne ne parte. En conclusion : la situation était extrêmement compliquée et nous ne faisions que perdre du précieux temps.

Lorsque la porte claqua en bas, je compris que nous avions de toute façon pris la mauvaise décision...

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