~Chapitre 17~

Dix sept ans plus tard, je me retrouvai ici.

On avait passé des moments formidables.

La vieille usine avait sûrement dû voir passer bon nombre de gens. Des squatteurs ou des SDF... Mais jamais aussi joyeux que nous.

Pas besoin d'enceintes, mon portable à fond, la musique se mit en route et mes pas s'enchaînèrent.

Les sentiments se bousculaient en moi comme jamais. La force, la petitesse, le chagrin, la colère, la haine, la honte, le désespoir.

Mes larmes tombaient au sol en même temps que moi, je tapais sur le béton comme sur un punching-ball.

J'hurlais ma haine contre le monde entier.

-Arrête, s'il te plaît, intervint la personne que j'avais le moins envie de voir à ce moment-là.

-Alix, va-t-en. S'il te plaît, je ne veux pas te faire de mal.

Mes yeux restaient fixés au sol, je ne voulais pas croiser son regard. Tout avait commencé par ces yeux bleus. J'aurais voulu les arracher.

-Alors, vas-y, frappe-moi, exprime ta colère, commença-t-il calmement. Mais putain fais quelque chose! hurla-t-il en me relevant brutalement.

Il me tenait les poignets et gardait son visage le plus près du mien sans jamais le toucher. Ses infernales yeux bleus dans les miens.

-S'il te plaît Alix, tue-moi, m'effondrai-je.

À ce moment-là c'était vraiment ce que je voulais. Mourir pour ne plus souffrir.

-Et puis quoi? Laisser à nos enfants la lourde tâche de tuer ce qui nous pourrissent la vie ? Pour une fois dans ta vie Mélodie, pense aux autres.

Ces mots étaient pires qu'une claque. Je pensais qu'il allait me prendre dans ses bras et me bercer jusqu'à ce que mes sanglots se calment, pas me dire mes quatre vérités.

-Tu penses que tu m'aurais aimé si tu n'avais pas été mon protecteur ? demandai-je après un long silence.

Sans un mot, Alix sortit, me laissant seule ici.

Seule et sans réponse.

M'aurait-il aimée?

Les questions se bousculaient dans ma tête.

Mon esprit était devenu une gare de métro bondée.

Alors l'histoire allait se finir comme ça ?

Est-ce qu'on allait se séparer et est-ce que mon père allait trouver un moyen de me retirer mes fichus pouvoirs?

Non.

Je ne le voulais pas, en fait.

Alors il fallait commencer à se battre, parce que finalement ce que nous avions fait jusque-là n'était qu'essayer d'empêcher un mal, pas de le guérir.

Il fallait trouver une stratégie, cette fois-ci, Trois et Quatre ne viendraient pas directement : ils avaient appris des erreurs de Davrick.

Alors il fallait voir le problème sous un autre angle.

Des idées passaient dans ma tête avant que je les rejette.

-Il faut que je trouve le cœur du problème, dis-je à voix haute en tournant en rond.

Le cœur du problème...

Le cœur du problème...

Le cœur du problème !

Le cœur du problème c'était les Lepidus! Sans eux, pas de problèmes et sans roi ou reine, ils n'existaient plus.

Je courrai jusqu'à chez moi et ouvris la porte, un sourire de triomphe sur le visage.

Alix et mon père -qui avaient l'air en pleine discussion- s'arrêtèrent instantanément.

"Ça c'est la Mélodie que j'aime, souriante et triomphante" me dit Alix par télépathie.

Mon sourire redoubla.

-Je vais infiltrer le camp ennemi. Il faut bien que ça serve à quelque chose d'être une reine non?

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