Je réfléchissais le plus vite possible mais rien ne venait. La jeune femme allait s'effondrer, comme je m'étais effondrée dans les bras d'Alix lorsque nous nous étions rencontrés, ou comme mon voisin de siège dans l'avion -qui s'était un peu plus enfoncé dans son siège-.

Mais contrairement à ce qu'il se passait habituellement elle ne tomba qu'au bout de plusieurs longues secondes. Des gens se mirent à crier et en regardant autour de moi, j'aperçus une femme d'une cinquantaine d'années qui me fixait avec un air apeuré. En voyant que je l'avais remarquée, elle courut vers la sortie.

Et moi, j'eus le -très mauvais- réflexe de refaire la même action.

Elle s'effondra à son tour et je me retrouvai comme aspirée dans une spirale infernale où je bloquais les gens sans même m'en rendre compte.

Les gens me fuyaient et se dirigeaient vers les sorties les plus proches.

Il ne restait plus que les caméras. Caméras qui bien évidemment avaient tout filmé. À quoi cela servirait-il d'arrêter les caméras maintenant? Mais par réflexe je le fis quand même.

" Une attaque de type terroriste se déroule actuellement. Nous vous prions de bien vouloir vous diriger vers les sorties les plus proches et de laisser vos caddies, je répète..." criait une voix masculine dans tous les haut-parleurs du supermarché.

Je pris mon téléphone portable et composai le numéro de ma mère.

Bien sûr, elle ne répondait pas mais je voulais tout de même lui laisser un message vocal pour lui dire adieu.

Il était impensable de songer à revenir!

"Maman, c'est... c'est moi, Mélodie. Je préfères que tu le saches par moi alors..." commençai-je.

-Mélodie?

Je me retournai vers ma mère qui tenait son sac à deux mains, prête à s'enfuir si jamais sa fille se retournait contre elle. Comme si moi j'allais me retourner contre ma propre mère. Tout bien réfléchit, je n'avais pas non plus souhaité faire du mal à ces deux femmes, mais pourtant... Elles étaient là, allongés par terre.

-Je suis désolée maman, je ne peux pas revenir en arrière. Je ne sais pas ce qu'il m'a prit c'est... Peu importe. Maintenant je vais devoir partir et ce sera certainement pour toujours. Mais s'il te plait, n'en veux pas à papa. Il n'y est pour rien dans cette histoire, ce serait... ce serait beaucoup trop long à t'expliquer. Ce que je dis n'a aucun sens de toute façon, tu ne dois rien comprendre...

Fallait-il que je m'enfuis le plus vite pour éviter une autre catastrophe ou pouvais-je me permettre de la serrer une dernière fois contre moi?

-Je t'aime Mélodie, me coupa ma mère en m'étreignant.

-Tu... tu devrais rejoindre les autres dehors, arrivai-je à prononcer à travers mes sanglots.

Ma mère mit ses mains des deux côtés de ma tête et m'observa en souriant avant de m'embrasser sur le front.

-Dis à tout le monde que je vous aime. Bonne chance ma chérie.

Je regardais ma mère s'éloigner et les lumières s'éteindre.

Je ne reverrais plus jamais ma mère.

Cette phrase tournait en boucle dans ma tête.

Une balle m'atteignit dans le bas du dos, je m'effondrai.

Je ne pouvais plus bouger, mes muscles ne répondaient plus; même pas capable de former un léger Crepitus, je fermai les yeux.

Je n'avais pas envie de bouger, pas envie de faire d'efforts.

Je voulais simplement de lâcher prise.

"Allez relève-toi! Princesse ça ne va pas se finir comme ça! On a combattu tellement de Proditors! On a même tué Davrick ensemble! Tu ne vas pas te laisser avoir par des humains sans pouvoir!" me suppliait Alix par télépathie.

"Je sais mais..."

"Il n'y a pas de mais! Tu ne vas pas me laisser tout seul éduquer nos deux enfants?! Pense à eux! À ton père! À tes élèves! À Emma, à tes amis!... Pense à moi... Qu'est-ce que je vais faire sans toi? Aurais-tu oublier que lorsque l'un de nous deux meurt, l'autre meurt aussi?"

Quoi?! Alix...

Il était sûrement déjà en mauvais point, aussi mal que je l'étais...

Le petit cercle qu'avait formé les agents de sécurité autour de moi explosa. Ils furent projeter vers l'extérieur et je les immobilisai dans l'air.

Une force venue de nul part me permit de me relever et de prononcer la formule du Peregrinatione, qui me transporta jusque devant la maison de ma mère.

Julian sortit en courant et me porta jusqu'à l'intérieur, sur un lit près d'Alix.

Le reste n'était que brouillard, j'entendais Naïla et Julian se disputer et une autre voix, beaucoup plus étonnante. Emma était dans cette maison.

Alix trouva la force de poser sa main sur la mienne.

Alors que je pensais fermer les yeux pour la dernière fois, la force revint petit à petit dans chacun de mes membres.

Au bout de quelques secondes, j'eus assez de force pour tourner la tête vers Alix qui lui, était déjà assis.

-Comment c'est possible? lui demandai-je.

-Je ne connais qu'une façon et j'ai bien peur qu'elle ne nous plaise pas.

Il avait dit ça d'une voix où la panique primait sur la joie d'être vivant.

Il se releva et sortit de la chambre alors que je me remettais encore du choc que j'avais subi, bien loin d'imaginer que ma meilleure amie s'était sacrifiée pour me sauver...