9# La vie est belle
PDV Livai
Pour une rare fois dans ma vie, je me sens totalement impuissant. Erwin est très sévère depuis que je lui ai dit la vérité à mon sujet et depuis, il cherche un moyen de sauver la peau de son mari, ce qui est compréhensible. Je l'ai vu passer plusieurs téléphones, dont à « mon » travail, pour dire que je serai absent un certain temps parce que je suis malade et à Farlan pour lui demander de garder notre fille plus longtemps.
Notre fille... Je regarde depuis que je suis réveillé les albums photo que j'ai trouvés, fasciné par la qualité et les couleurs de ces images. La vie de l'autre moi semble si merveilleuse. J'ai le cœur gros quand je vois des photos de mon mariage, d'autres de ma jeunesse avec Farlan et Isabel ou encore de notre enfant adoptive. Elle est magnifique avec ses cheveux blonds bouclés et ses petites joues potelées.
Pourquoi n'ai-je pas le droit à cette vie? Pourquoi est-ce que le monde où je vis m'empêche de fonder une famille et être heureux avec celui que j'aime? Je n'avais jamais vraiment songé à ces possibilités, mais maintenant que je vois tout ce que je pourrais avoir, cela me fait mal. Peut-être que rester ici ne serait pas une mauvaise chose... J'aurais du mal à m'adapter au début, mais je finirais surement par trouver mon bonheur. Erwin pourrait même tomber amoureux de moi.
Je soupire en réalisant que cette pensée est purement égoïste. Je ne peux pas jeter un innocent dans le monde dans lequel je vis. Non seulement il trouverait la mort dans un temps record, mais ce serait aussi abandonner tout ce pourquoi je me bats depuis que j'ai rejoint le bataillon... J'ai même encore les mots qu'Erwin m'a dits ce jour-là dans la tête, ce jour où j'ai joint sa cause. Je me moque de savoir si ses intentions n'étaient pas aussi nobles que ce qu'il m'a vendu. Tout ce qui compte, c'est les actions posées. Jamais l'humanité n'a été si près de la paix.
Je tourne la tête vers la porte du local qui s'ouvre, puis me lève de ma chaise en reconnaissant Erwin, accompagné de Jean et Jaeger. Le grand blond verrouille l'unique sortie de ce bureau dans lequel je suis enfermé depuis ce matin, récemment rejoint par la binoclarde qui s'extase devant chaque nouveauté qu'elle voit. Cela fait plus d'une demi-heure qu'elle explore ce qui s'avère s'appeler "un ordinateur".
-Les murs de mon bureau sont insonorisés, commence Erwin, personne ne va entendre notre conversation et je pense que c'est mieux ainsi... Vous pouvez vous assoir et me poser toutes les questions que vous avez. Je vais tenter d'y répondre de mon mieux.
Eren et Jean s'assoient sans un mot sur des chaises, visiblement confus de voir l'ancien major au courant de notre situation. Ils ont dû comprendre que c'est moi qui lui ai tout raconté. Je n'avais pas le choix.
-Avant de commencer, ajoute mon mari, j'aimerais te poser une question Hansi. Qui a peint le tableau « Ceci n'est pas une pipe »?
Hansi ouvre grands les yeux, surprise par cette question alors que je fronce les sourcils, ne comprenant pas ce qu'il fait.
-Euh... je n'en sais rien, répond finalement la femme, c'est censé être quoi?
-Pardon pour cette question soudaine. Je voulais simplement m'assurer que tout cela est vrai. La Hansi que je connais est une fanatique des œuvres d'art et n'aurait pas manqué une occasion de répondre à cette question. Tu as dû remarquer toutes les peintures qu'il y a dans ta maison? Tu dépenses presque tout ton salaire là-dedans. Moblit essaie de t'empêcher de faire trop de folie dépensière.
Quand il raconte tout ça, ses yeux débordent de tristesse. Je n'aime pas le voir comme ça, même s'il n'est pas vraiment l'homme que j'ai connu.
-Vous avez aussi des informations sur nous? S'enquiert Eren, hier, c'est Mikasa qui m'a ramené chez moi et elle est très bizarre... C'est comme si elle me détestait. En plus, il y avait Sieg dans ma maison et j'ai eu du mal à agir normalement.
-Je ne connais pas énormément la vie de mes élèves, répond calmement Erwin, mais je peux vous dire que votre père est un médecin et votre frère a été un brillant élève à moi. Sans vouloir vous offusquer, vous êtes le moins sérieux. Vous êtes capitaine de l'équipe de baseball et je pense que la rumeur du moment dit que vous sortez avec Historia Reiss.
Eren semble stupéfait par ce qu'il vient d'entendre. Personnellement, je me moque de connaitre la vie de ce gamin. Il y a beaucoup plus intéressant et pourtant, l'autre aussi s'en mêle avec intérêt :
-Et moi?
-Vous... vous êtes un élève assez doué, même si parfois vous être un peu trop bavard avec le petit Forster. Votre mère est une femme charmante. Je sais que Livai vous a beaucoup encouragé dans votre acceptation quand vous avez commencé à fréquenter Floch, mais je ne vous connais pas plus.
La discussion continue un moment où Erwin nous explique le fonctionnement de ce monde. C'est si étrange la façon de faire de ce qu'il appelle le gouvernement. Pourquoi ne pas avoir un roi ou reine? Avec le calme qui lui est propre, il nous montre comment fonctionne un téléphone. Cette boite rectangulaire est fascinante. J'ai l'impression d'assister à un tour de magie quand il montre des vidéos.
C'est très tard le soir que nous allons porter les deux garçons à leur maison respective. Celle de Eren est tellement grande et luxueuse que j'en suis fasciné. Comment est-ce possible de posséder cela? Nous venons à peine de déposer Jean quand Erwin regarde son téléphone en fronçant les sourcils.
-Farlan a un imprévu, déclare-t-il, il veut qu'on vienne chercher la petite...
Je ne parle pas sur le coup, n'aimant pas le ton qu'il a pris pour dire cette phrase. L'homme tourne ses yeux bleus vers moi avec un grand sérieux pour continuer:
-J'aurais préféré que tu ne la voies pas, mais j'aimerais que tu fasses un effort pour ressembler au Livai que je connais devant elle. Kaya a seulement cinq ans, mais elle est très intelligente et adore son papa.
-C'est compris.
Erwin semble hésiter un instant avant d'entreprendre le chemin vers la maison de Farlan. Je ne me souviens pas de la dernière fois où j'ai ressenti une telle angoisse... Je ne suis pas doué avec les gosses et ignore ce que je vais pouvoir dire à cette gamine qui me prend pour son père! Même l'idée de revoir mon vieil ami me terrifie. Se ressemble-t-il encore?
La voiture s'arrête devant un drôle d'immeuble de plusieurs étages qui me rappelle une auberge. Le blond sort en m'invitant à faire de même. Je le suis en regardant partout autour, toujours curieux par ce nouveau monde. Nous pénétrons dans l'établissement qui empeste le tabac à plein nez, croisant des gens louchent qui me rappellent les bas-fonds. Est-ce vraiment ici que Farlan habite?
Erwin s'arrête devant une porte à la peinture écaillée, puis il frappe en se tenant bien droit. Ce lieu n'est vraiment pas adéquat pour y faire garder un enfant... Je jauge la quantité de crasse sur le sol quand la porte s'ouvre, laissant apparaitre un homme que j'ai si longtemps connu. Avec ses cheveux pâles et son visage pointu, Farlan est identique au meilleur ami de mes souvenirs. C'est si irréel.
-Désolé d'avoir dû vous appeler si tard, soupire-t-il, Isa m'a appelée en pleurs pour que j'aille la chercher au parc. Elle s'est encore disputée avec Sairam. Je hais ce connard et je continue à dire qu'ils n'auraient jamais dû se marier! Même Flagon était en accord avec moi pour une fois, mais ces deux-là sont des têtes de mules.
-Tu sais bien qu'ils vont se réconcilier demain, réplique Erwin comme si c'était normal, ils font toujours ça.
-Mouin... mais en attendant, c'est moi qui me fais appeler en pleine nuit par ma meilleure amie en pleurs!... Livai, c'est très bizarre de te voir sans tes lunettes. Je pensais que tu ne voyais rien sans? Tu les as encore perdus? Où l'un de ces nabots que tu éduques les a brisés?
Je me contente d'acquiescer la première supposition en essayant de ne pas trop parler. De toute façon, le regard noir d'Erwin semble m'interdire de dire un mot de plus, comme s'il craignait que j'en dévoile trop. Ai-je l'air d'un bavard? Pendant que les deux hommes continuent à parler des problèmes d'Isabel, mon attention est portée vers une gamine en pyjama de chat qui vient vers nous, à moitié endormi. Avec ses cheveux bouclés et sa grosse grenouille en peluche, elle est magnifique.
La petite fille s'avance vers moi et tend les bras, attendant quelque chose que j'ignore. Je suis censé faire quoi?
-Elle t'a demandé toute la soirée, explique en souriant Farlan, elle avait hâte de voir son papa Livai.
-Prends-moi, marmonne Kaya d'une voix fatiguée.
J'hésite un instant avant de me pencher pour la prendre dans mes bras. Je suis censé la tenir comment? La petite se place heureusement d'elle-même en mettant son visage dans mon cou pour dormir. Elle n'est pas trop lourde... c'est bizarre comme sensation.
Farlan nous accompagne bientôt jusqu'à l'extérieur et je porte toujours dans mes bras l'enfant qui semble s'être endormi. J'entends sa respiration calme et régulière. C'est apaisant. Mon ami nous salue finalement, puis Erwin m'aide à poser Kaya dans un petit siège en arrière de la voiture. Je lui jette un dernier regard avant de monter du côté passager. C'est ma fille...
-Tu t'es bien débrouillé, affirme Erwin, merci.
Désolé si je suis lente à publier >~<... Aimez-vous encore?
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