3# Twilight Zone
PDV Livai (SNK)
Je croyais avoir vécu la plupart des expériences étranges qu'on peut vivre dans une vie. Être ami avec la binoclarde, c'est déjà tout un défi chaque jour. Cependant, jamais je n'aurais pensé me retrouver dans cette situation totalement insensée! J'ai l'impression d'avoir perdu la tête, de ne rien comprendre et cela m'enrage.
C'est bien Erwin que j'ai vue, bien lui qui m'a embrassé avant de partir avec une normalité déconcertante. Je regarde la main sur laquelle se trouve mon alliance et je réalise tranquillement qu'il est possible que ce soit avec lui qui je suis marié. Deux hommes ensemble qui ne se cachent pas, c'est vraiment possible? Du temps où il était encore parmi nous, lui et moi avions développé une grande affection l'un pour l'autre. Plus d'une fois, j'ai profité de sa chaleur les soirs et plus d'une fois j'ai perdu tout contrôle face à lui. Il était l'unique personne à me voir comme je suis réellement, celui à qui je tenais le plus. Le revoir devant moi, c'est troublant.
Il semblerait que je suis enseignant. Je ne m'imagine pas faire la classe à des gosses et encore moins à devoir les supporter. Pourtant, je me retrouve en ce moment devant un groupe entier d'adolescents boutonneux qui me fixent comme si j'étais un morceau de viande particulièrement appétissant. Je n'aurais pas dû suivre Mike quand il m'a dit qu'il devait me parler de certains de mes élèves... Il m'a conduit jusqu'ici avant de se plaindre du comportement de Jaeger qui causerait trop de problèmes dans son cours. Je n'ai rien écouté, me contentant de fixer cet homme censé être décédé, jusqu'à ce qu'un troupeau bruyant rentre dans la pièce.
Je crois n'avoir jamais été aussi paumé...
Au fond du local, un petit blond à lunette lève la main. C'est Armin Arlert? Pour n'avoir jamais été à l'école quand j'étais jeune et avoir tout appris sur le tas, je suis le moins bien placé pour savoir comment enseigner. Comme il semble attendre, je le pointe.
-Monsieur, le cours est commencé depuis dix minutes déjà, déclare timidement Arlert, on attend que vous nous disiez quoi faire.
Je hausse un sourcil avant de baisser la tête vers mon bureau couvert de papiers. Au moins, tout semble en ordre et bien rangé. Il n'y a donc aucun ménage à faire.
-Continuez ce que vous avez commencé au dernier cours, répondis-je.
-Mais, on a terminé les exercices, monsieur.
-Vous osez remettre en doute mes consignes, Arlert? Trouvez-vous quelque chose à faire, mais je veux que vous soyez occupé.
Je vois des personnes qui chuchotent ensemble, mais je ne leur porte pas attention. J'ai bien géré, je trouve... en fait, c'est horrible. Dès que ce cours termine, je fonce retrouver Hansi pour qu'elle me fournisse des explications convenables. C'est sa machine qui nous a amenés dans ce lieu étrange, donc c'est à elle de régler tout ça.
Je sens en moi la pression retomber un peu quand la même cloche que tout à l'heure sonne et que les jeunes sortent de la classe en me saluant pour certains. Enfin, c'est terminé. Dès qu'il n'y a plus personne, je marche rapidement vers l'endroit où se trouve Hansi et sa machine, bientôt rejoint par Jean et Eren.
Je contourne des gamins qui m'esquivent, puis nous pénétrons tous les trois dans la pièce où nous sommes arrivés. La binoclarde est là et me sourit en me voyant, l'air folle de joie. J'espère que cette bonne humeur signifie que tout va revenir à la normale... Jean ferme la porte afin que personne ne nous entende.
-Vous ne devinerez jamais qui j'ai vue! S'exclame Hansi, Moblit! Il est là, bien vivant! Je n'en croyais pas mes yeux, donc je l'ai interrogé un peu et devinez quoi? Il ne sait pas ce qu'est un titan!
-Nous aussi nous avons vu des gens censés être morts, ajoute Eren, est-ce que tu comprends pourquoi?
Hansi semble réfléchir. En temps normal, je me dépêcherais de fuir pour ne pas écouter l'une de ses théories interminables, mais là, j'ai juste envie de comprendre.
-Je pense que cette fumée nous a envoyées dans une sorte d'univers alternative, commence-t-elle, cela peut sembler du délire, mais il y a plusieurs preuves. Par exemple, ils n'ont jamais connu les titans si je m'en fis à Moblit, donc personne n'est mort. J'ai aussi l'impression que le bataillon d'exploration est devenu cette école. Tous ceux qui étaient ou sont haut gradés semblent être désormais enseignants.
Quel genre de machine Hansi a bien pu construire pour qu'on se retrouve là ?
-Donc on est pris ici? Demande Jean.
-Non, je crois que je peux trouver un moyen de nous faire partir, mais ça peut être un peu long. Oh, et de ce que j'ai compris, nous existions déjà ici avant notre arrivés, ce qui signifie qu'un autre nous vivait cette vie. J'imagine qu'ils sont dans notre monde en ce moment? Les pauvres... j'espère qu'ils survivront... Bref, je crois que jusqu'à ce que nous partons, il serait préférable que nous vivons la vie de notre alter ego sans lui causer de problème.
Je fronce les sourcils. Ainsi donc, un autre moi serait enseignant et marié à cet autre Erwin? Je me demande quel genre de personne je suis ici et quel genre de caractère ai-je? Si c'est un double de moi, il doit me ressembler? Je n'ai jamais vraiment aimé jouer un rôle. Comment remplacer quelqu'un qu'on ne connait pas? Ça n'a pas beaucoup de sens.
-Fouillez vos poches, ordonne Jaeger, il va surement y avoir des indices.
Pour une fois qu'il n'est pas totalement con, je fais ce qu'il dit en sortant de ma veste un portefeuille brun et le même petit objet rectangulaire que tous les élèves semblent posséder. Je commence par ouvrir ce qui m'est connu. À l'intérieur, il y a plusieurs morceaux de papier multicolores et des cartes. Je les sors tous pour les observer. On y voit mon visage et écrit « Livai Smith ». Donc je suis bien marié à Erwin... J'ai un étrange pincement au cœur à cette pensée.
-Quelqu'un sait comment marche cet engin? S'enquiert Jean qui regarde la petite boite rectangulaire, waouh, je l'ai bougé et la vitre s'est allumée!
Tous curieux, nous nous penchons au-dessus de son épaule pour regarder. La vitre est remplie de textes, près desquels se trouve les mots « MON minou ». Je me demande à quoi sert ce truc? La surface redevient noire et Jean la secoue pour essayer de la rallumer. Peut-être que le mien fait pareil?
Je bouge sèchement ma boite rectangulaire. Moi, il n'y a pas de texte d'écrit, mais j'y vois la photo d'une petite fille aux cheveux blonds qui sourit dans les bras d'Erwin. C'est qui?
-Pourquoi quand je le bouge, c'est la photo d'une fille en petite tenue qui apparait? S'étonne Eren.
-On devrait s'informer aux autres, répond Jean, ils vont pouvoir nous expliquer ce que c'est. Je ne sais pas pourquoi je n'ai pas de photo et seulement du texte.,
-C'est une bonne idée, conclut Hansi, je vais demander à Moblit de m'expliquer à quoi sert cette chose! En attendant, allez vivre la vie de vos doubles et essayez de faire en sorte que personne ne remarque les changements. Compris?
Je marmonne avant de sortir de la pièce. Qu'est-ce que je suis censé faire maintenant? Mon regard se pose sur chaque visage quand je sens la boite rectangulaire vibrer dans mes mains, libérant une forte musique. Je la regarde de plus près, tout comme Jean et Eren. Pourquoi le visage d'Erwin est maintenant représenté en gros? Sous lui se trouve un petit cercle dans lequel est écrit « répondre ».
-Essayez d'appuyer dessus, propose Eren.
Toujours curieux, j'appuie sur le mot avec l'index. Toujours rien. Je réessaie à plusieurs reprises avant de le faire glisser. La vitre devient noire, puis j'entends une voix parler, mais je l'entends peu. Pour comprendre, j'apporte la chose à mon oreille.
-Livai, est-ce que tu m'écoutes? Fais une voix grave.
-Euh, qui parle?
Je ne sais pas si la chose m'entend, mais si c'est le cas, peut-être qu'elle va pouvoir donner des réponses à nos questions?
-C'est Erwin, tu ne me reconnais pas? Je t'attends devant le lycée. Je viens juste d'aller porter Kaya chez Farlan pour la nuit. Je sais que tu n'aimes pas quand il est le baby-sitter, mais j'avais vraiment envie qu'on passe la soirée ensemble et mon père ne pouvait pas. Tu penses en avoir pour combien de temps?
-J'arrive.
-Je t'attends.
J'entends un petit « bip », puis plus rien. Je crois qu'il est préférable que je ne lui avoue pas que je n'ai absolument aucune idée de qui est Kaya. Est-ce possible que Farlan soit encore vivant? Si c'est le cas, je vais aller le voir avant de repartir de ce monde étrange.
C'est en m'informant à plusieurs gamins qui me regardent de travers que je trouve la sortie de cet établissement. Quelle est cette machine? Je m'approche doucement de la vitre de cet engin sur roue dans laquelle se trouve Erwin. Ce dernier s'étire pour ouvrir une porte.
-Tu montes? S'enquiert-il, tu sais que je n'ai pas le droit de rester stationné ici trop longtemps.
Voyant que je n'ai pas le choix, je m'assois sur le banc près du blond en refermant la porte un peu trop brutalement. C'est confortable comme engin. Beaucoup plus qu'un cheval ou qu'un bateau. Il y a plusieurs de ces machines sur roues qui nous entourent, mais je me crispe lorsque nous commençons à avancer. C'est spécial comme sensation, mais je ne déteste pas ça. Après quelques minutes, je me calme un peu.
-Je voudrais encore m'excuser pour hier, affirme Erwin qui regarde la route, je sais que ton travail est ce que tu as de plus important, mais parfois, je trouve que tu te surmènes un peu. Ces élèves ne sont pas toujours gentils avec toi et je m'inquiète. Quand je te vois surchargé de travail, je perds patience, mais ce n'est pas contre toi que je suis en colère.
-Ce n'est rien, c'est déjà tout oublié.
Faire semblant de comprendre est compliqué, mais cela semble le satisfaire puisque je sens sa main se déposer sur ma cuisse. Cela fait si longtemps qu'on ne s'est pas touchés... Il a beau être qu'une simple copie de l'homme que j'aimais, mais quand je le regarde j'ai vraiment l'impression que c'est lui.
La maison dans laquelle je vis est spacieuse. Avec des murs de pierres grises, j'aime beaucoup la façon dont elle est construite. Elle ne ressemble en rien à ce que je connais. Erwin me conduit jusqu'à l'intérieur et je ne peux m'empêcher d'admirer chaque détail avec attention. Plancher de bois luisant, murs beiges et meubles fabriqués de manière très minutieuse, je suis content de voir qu'il y a de la poussière nulle part.
Le grand blond me fait manger ce qu'il appelle « du chinois ». Jamais je n'ai gouté quelque chose d'aussi bon! D'où est-ce que ça peut bien venir? Je ne connaissais pas ces recettes avant.
-Tu as de l'appétit, rigole Erwin qui commence à faire la vaisselle, j'aurais pensé que tu me parlerais encore d'hier, mais je suis content si tu dis que c'est déjà tout oublié.
-Oui, j'avais faim.
Une fois rassasié, je vais l'aider à tout laver quand je sens ses bras musclés m'entourer par-derrière. Je frémis lorsque ses lèvres chaudes se déposent dans mon cou, m'embrassant sans la moindre gêne.
-Tu veux que j'aille nous couler un bain? Propose-t-il, on va profiter de la solitude.
Qu'est-ce que je suis censé faire? Au fond, cette version d'Erwin n'est qu'un inconnu pour moi... Je suis mélangé et à la fois si heureux de le retrouver.
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