PDV Jean (alter ego)

La fumée qui brouille mon regard se dissipe enfin, rapportant avec elle cette horrible odeur citronnée qui me donne des hauts le cœur. Qu'est-ce qui vient juste de se passer au juste? Je ne comprends absolument rien à la situation, je ne sais même pas ce qui s'est passé dans ma tête.

J'avais décidé de sécher les cours pour aller passer la journée chez mon petit ami. Le pauvre s'est brisé le poignet en glissant dans les escaliers que le concierge venait juste de laver. Cet Hannes est vraiment un incompétent de la pire espèce. Pas capable de mettre une pancarte d'avertissement! J'ai déjà trouvé de l'alcool dans la petite salle qui lui est réservée et je mettrais ma main au feu qu'il picole au travail. Pourquoi ne l'ont-ils pas encore renvoyé?

Je marchais donc vers le Starbucks le plus près, question de prendre un moka au chocolat blanc pour mon grand blessé, quand j'ai eu l'immense sentiment que j'oubliais quelque chose d'important au lycée. C'est comme si à ce moment, je ne contrôlais plus mes mouvements, que je ne réfléchissais plus. J'avais seulement besoin de retourner dans ce lieu que je venais de quitter. Mes pas m'ont guidés au local de science dans lequel je me suis engouffré, puis une intense fumée blanche m'a submergée, diffusant cette odeur citronnée...

Maintenant que ma vision est claire, je tourne la tête dans tous les sens pour chercher à comprendre ce qui s'est passé. Je ne suis plus dans la classe de science, il s'agit d'une simple pièce vide qui empeste. Peut-être qu'on m'a kidnappé? En ce moment, je me retrouve peut-être enfermé dans un garage particulièrement laid? Ou encore dans le sous-sol de la maison d'un vieux pervers unijambiste?

Je ne suis pas seul. Un large sourire se grave sur mes lèvres quand je vois les trois autres silhouettes humanoïdes qui m'accompagnent dans ma séquestration. Parmi celles-ci, je reconnais monsieur je-me-prend-pour-le-nombril-du-monde, aussi dit, Eren Jaeger. Où est passée sa fidèle veste de baseball qu'il porte continuellement pour séduire les filles? À la place, il porte un veston brun très laid et d'étranges ganses sur tout son corps. C'est peut-être une sorte de fantasme masochiste?

Près de lui, j'aperçois aussi mon enseignante de science, Hansi Zoe, puis mon professeur de littérature, monsieur Livai Smith. Le petit noiraud semble totalement paniqué, clignant sans arrête des yeux. C'est la première fois que je le vois sans ses lunettes. D'ailleurs, il semble beaucoup moins coincé sans tout le gel qu'il porte dans ses cheveux et ses vêtements bruns. Je crois qu'il n'a aucune autre couleur dans sa garde-robe... Pourquoi est-ce que les adultes portent aussi des ganses? Je ne tarde pas à réaliser que moi aussi j'en porte.

-Où est-ce qu'on est? S'enquiert Mr Smith, qui êtes-vous?

-C'est moi, Hansi Zoe, répond la femme, il y a aussi Eren Jaeger et Jean Kirstein, je ne sais pas où nous sommes. Tu n'as pas tes lunettes?

-Je... je les avais... sont-elles tombées?

Comme deux idiots, les enseignants commencent à chercher les lunettes de Livai. Ce professeur est vraiment le plus faible du lycée. Rien n'est plus amusant que de se moquer de lui dans ses cours, car il n'a aucune autorité avec sa taille de lilliputien. Je crois qu'il ne nous aime pas beaucoup, mais il continue à nous sourire et à essayer de se faire aimer. Parfois, j'ai pitié. Je me dis qu'à sa place je n'aimerais pas que mes élèves me fassent souffrir. Moi, je le respecte, contrairement aux autres. Cet homme est plus courageux que beaucoup pour avoir osé épouser un autre homme et le dire ouvertement. C'est après une discussion avec lui que j'ai d'ailleurs trouvé la force d'accepter ma propre sexualité.

Alors que je regarde partout pour essayer de comprendre, j'arrive à plusieurs conclusions. Premièrement, nous n'avons pas de chaînes. Il y a des objets étranges au fond, comme des outils. Pour nous torturer? Je suis de plus en plus convaincu qu'on a été kidnappé par une sorte de Jigsaw qui nous a choisis pour ses jeux tordus. Même si la mort me terrifie, cette perspective est tout de même excitante. J'ai regardé tous les saw, donc je crois savoir comment me sortir de chaque piège. Pourtant je n'ai rien fait de mal pour être là? Quand j'avais douze ans, j'ai déjà volé une barre de chocolat Mars dans un dépanneur, mais c'était un accident. On ne peut pas me tuer pour ça? J'aurais dû retourner la payer...

J'attends toujours qu'une voix grave nous explique les règles du jeu quand le bruit de la porte d'entrée me fait sursauter. Les deux enseignants se redressent brusquement, le noiraud toujours sans ses lunettes.

-Major Hansi, on nous a demandé de vous dire qu'il est préférable d'attendre avant de sortir votre machine. Comme nous n'avons pas de titan sur lequel la tester, ce serait inutile et... où est passé votre machine?

Celui qui vient de parler est Armin Arlert, aussi dit la tête de champignon qui passe son temps à jouer à des jeux vidéo. C'est donc lui qui nous a kidnappés? Où sont passés ses t-shirts hideux de star trek et ses lunettes? Je suis certain qu'il veut me faire payer pour toutes les fois où je me suis moqué de lui. Près de lui se tient la gothique, Mikasa. Sans tout son maquillage effrayant et ses vêtements noirs, elle est plus mignonne.

-Pourquoi est-ce que vous nous avez enfermés ici? S'enquiert Livai, qu'avons-nous fait pour mériter ça?

-Hein? S'étonne Armin, mais vous n'êtes pas enfermés...

-Donc comment est-ce qu'on s'est retrouvé ici? Ajoute Eren en s'approchant méchamment du blond, vous nous voulez quoi? Notre fric?

Si c'est mon argent qu'ils veulent, ils ne risquent pas de devenir riches. Ma mère arrive à peine à nous faire survivre avec son salaire de crève-faim et la pension alimentaire minable que lui fournit mon géniteur. Nous ne sommes pas au seuil de la rue, mais nous ne vivons pas dans le luxe. Jaeger a beaucoup plus les moyens que moi avec son père qui est chirurgien. Mme Zoe dépense tout son argent dans des œuvres d'art abstraites totalement affreuses, ça, tout le monde le sait et le portefeuille de monsieur Smith m'est inconnu. Est-ce que les professeurs sont bien payés?

Le petit blond fait un pas à reculons, surpris par le ton brusque qu'Eren a employé. Tiens, il a changé de coupe de cheveux?

-Eren, qu'est-ce qui te prend? S'inquiète-t-il, je ne comprends plus qu'est-ce qui se passe.

-Parce que tu crois qu'on comprend? Répliquai-je, pourquoi le coup de la fumée? C'était du coraform?

-On dit, chloroforme, me corrige Hansi, et ce n'est pas de la fumée. J'ignore comment vous nous avez enlevés, mais sachez que c'est un crime et que vous pouvez avoir de gros problèmes, les jeunes. Si vous nous libérez maintenant, on peut surement trouver un moyen de se mettre d'accord sur les conséquences de votre acte.

Armin et Mikasa nous regardent étrangement avant de se jeter un regard. Pourquoi ne semblent-ils rien comprendre à la situation? Ils sont aussi paumés que nous quatre, ce qui ne me rassure pas. Je devrais penser à envoyer un message à mon petit ami pour lui dire que je vais être en retard. Il va s'inquiéter sinon... Je tâte mes poches à la recherche de mon téléphone, puis je sens mon cœur s'accélérer quand je ne le sens nulle part. Je ne m'en départis jamais! C'est comme une troisième main pour moi.

-Qu'est-ce que vous avez fait de mon téléphone? M'exclamai-je, je ne le trouve plus.

-Ton quoi? Demande Armin, écoutez, je ne sais pas ce qui s'est passé ici, mais quelque chose ne vas visiblement pas... Vous êtes tous bizarres. Je crois qu'on devrait s'assoir et chercher à s'expliquer.

Je vois les autres captifs chercher aussi dans leurs poches à la recherche de leur téléphone, puis leur visage devient pâle lorsqu'ils se rendent compte qu'ils ne l'ont plus sur eux. Livai s'apprête à dire quelque chose quand une voix familière le coupe :

-Le commandant Pixis veut que vous alliez à une réunion dans son bureau. C'est au sujet des Mahr et... MAIS LÂCHE-MOI!

-Je suis tellement content de te voir en ce moment, tu n'as pas idée!

Je n'ai pas pu résister à prendre mon petit ami dans mes bras en le voyant arriver. Moi qui paniquais jusqu'à maintenant, je suis sincèrement heureux de voir Floch! Il n'est pas censé être blessé au bras? Je ne comprends pas pourquoi il est là, mais je me sens déjà plus en sécurité. Je lui embrasse tendrement la joue quand une intense douleur se repend dans mon bas ventre. Je me recule en me pliant en deux. Est-ce qu'il vient juste de me donner un coup de genou? C'est la première fois que je le vois me regarder avec dédain.

-Mais qu'est-ce qui lui prend? Crache-t-il, il est tombé sur la tête ou quoi?

-Je crois qu'on a beaucoup de choses à régler, conclut Armin, Floch, va dire à Pixis qu'il y a un problème et que la réunion doit attendre s'il-te-plait.

Je regarde mon petit ami quitter rapidement la pièce en me lançant un dernier regard mauvais. J'ai mal au cœur... Nous sortons ensemble depuis trois ans bientôt et c'est la première fois qu'il me repousse. C'est comme s'il ne ressentait plus rien pour moi.

Tout ça, c'est si étrange et pourtant, aucun de nous quatre ne parle en ce moment, tous prêt à écouter le petit Arlert.

Les alter egos risquent d'être un peu cliché, mais c'est le but XD.

Je vous invite à aller lire mon autre histoire Eruri si cela vous intéresse. Elle s'appel « mon coloc ».