PDV Jean

Ce matin, quand je suis venu pour partir à l'école j'ai eu la mauvaise surprise de découvrir Floch dans la cuisine, assis avec ma mère devant un café. Selon lui, nous n'avons pas de cours avant dix heures puisque monsieur Ackerman est absent, donc il m'a demandé de rester avec moi. Comme si j'avais envie de le supporter...

Assis au bureau dans ma chambre, le garçon fait un travail pour le lycée alors que je joue sur mon téléphone, essayant de comprendre cette boite rectangulaire. C'est fou comme il est possible de faire des choses sur ce petit engin! Avec amusement, je fais des recherches sur ce qui s'appelle « YouTube ». Il y a des animaux trop adorables et amusants! Pour l'instant, regarder ce genre de chose c'est tout ce que je sais faire là-dessus, mais cela me plait.

-J'ai enfin terminé! S'exclame joyeusement Floch en levant les bras en l'air, je suis fier d'avoir réussi les exercices au complet.

Je n'y porte pas vraiment attention, n'en voyant pas l'utilité. Si je le laisse parler seul, je ne vais pas causer de problèmes à l'autre moi en disant n'importe quoi? J'entends quelque chose sonner, puis le garçon grogne.

-Sieg me harcelle encore pour que j'accepte un rancard... il ne me lâche vraiment pas depuis la fête chez Eren! Tu devrais lui écrire un petit message pour lui montrer que je t'appartiens.

-Mouin, je pourrais.

Je grimace, essayant de me concentrer sur cette vidéo hilarante de chèvres qui tombent sur le côté. Cette espèce animale est vraiment amusante à regarder. Peut-être qu'un jour je pourrais en élever une? Je crois que Floch continue à parler, mais je ne l'écoute aucunement.

Alors que je cherche une nouvelle vidéo à regarder, je sens quelque chose de lourd se glisser sur moi. Qu'est-ce qu'il fait? Mon « copain » pose son menton sur mes pectoraux pour me regarder en souriant, entièrement allongé sur mon corps. Il m'écrase.

-Tu sais que je suis juste à toi? Sourit Floch, je me sens affectueux avant de partir à l'école.

Toujours en souriant, je sens le garçon faire lentement glisser sa main le long de mon ventre. Il est totalement fou? Dès qu'elle arrive trop bas, je le repousse brutalement pour qu'il me lâche, le faisant tomber en bas du lit. J'entends Floch gémir de douleur, probablement à cause de son poignet cassé. Peut-être que j'y suis allé un peu trop fort? Ayant peur de l'avoir blessé, je tourne la tête vers lui pour le découvrir les larmes aux yeux, le visage horrifié en se tenant le bras.

-Désolé, soufflai-je, je ne pensais plus à ton poignet... je t'ai fais mal?

-Je m'en fiche de mon poignet, ce n'est pas le problème!

Floch commence à pleurer encore plus, essuyant ses larmes de sa main non blessée. Quel est le problème si ce n'est pas son bras? J'avoue que je ne comprends plus rien à ses réactions... Je suis impuissant et je déteste voir quelqu'un pleurer. Comment suis-je censé réagir?

-C'est la première fois que tu me repousses, articule-t-il après un instant, je... je te trouve distant depuis deux jours. Je ne comprends pas ce qui t'arrive Jean. Tu es si affectueux d'habitude. Maintenant, j'ai l'impression de te dégouter chaque fois que je te touche! Est-ce que j'ai fait quelque chose qui te déplaît ? Tu m'aimes moins?

Il me regarde avec panique, pleurant toujours plus, la respiration légèrement saccadée. C'est normal que je réagisse de la sorte, car il me dégoute vraiment! Je ne vais pas me forcer avec lui alors que mon cœur bat pour Marco? Voyant que je ne parle pas, Floch se lève, le visage pâle, puis il se dirige vers la sortie.

-On se voit à l'école, souffle-t-il, à plus tard...

Sur ces mots, le garçon sort en fermant la porte derrière lui. Je n'ai même pas envie d'essayer de le retenir. À quoi bon? Je ne pense bientôt plus à Floch, puis je m'allonge à nouveau pour regarder d'autres vidéos amusantes.

***

J'arrive à l'école juste avant mon cours et je peine à le trouver, même avec l'explication que le major m'a fournis hier. C'est après m'être informé à une personne au hasard que je suis enfin arrivé en classe pour écouter pendant près de deux heures Dieter Ness parler dans une langue qui m'est complètement étrangère. Qu'est-ce que l'espagnol?

La seule bonne nouvelle, c'est que Eren est avec moi et fait une tête aussi perdue que la mienne. Lui au moins il n'a pas un petit ami trop collant qui essaie de le toucher sans son consentement! Quand le cours se termine enfin, je rejoins l'idiot suicidaire à la sortie pour aller prendre notre gouter.

-Tu as compris quelque chose? Demande-t-il, moi je n'ai pas compris un mot de ce que l'enseignant a dit...

-Moi non plus.

Nous suivons le troupeau d'élèves vers la cafétéria pour prendre notre repas. J'espère qu'elle ressemble un peu à celle qu'il y avait pendant la formation militaire, car sinon nous risquons d'être paumés à nouveau. Nous nous apprêtons à rentrer dans la grande salle bruyante quand une petite blonde se glisse devant nous, accompagnée d'une grande brune au visage tachetée.

Historia ne ressemble en rien à la reine que nous avons chez nous. Sans le moindre sourire et portant des vêtements provoquants qui mettent en vedette son ventre plat, elle regarde avec un air dédaigneux Eren.

-Écoute Eren, commence-t-elle, j'ai quelque chose de très important à t'apprendre. Toi et moi, c'est maintenant du passé, okay? Je suis désolé de devoir te l'apprendre maintenant, au milieu de tous ces gens, mais tu ne sais pas comment entretenir une femme.

J'observe la fille avec stupéfaction, choqué par le ton qu'elle prend pour parler. C'est bien la gentille petite Historia qui est devant nous? Je n'en crois pas mes yeux et Eren semble autant surpris que moi.

-Euh... d'accord, répond-il simplement.

-Ne pleure surtout pas, j'ai horreur de voir des garçons pleurer. Je sais que ça va être compliqué et que tu ne peux pas trouver quelqu'un de mieux que moi, mais tu vas surement rencontrer une fille qui veut bien être un second choix.

Elle donne une petite tape avec un faux air triste sur l'épaule de Eren avant de tourner les talons, suivis par Ymir qui rigole comme une hyène. Je ne suis pas certain de tout avoir compris.

-Tu sais ce qui vient juste de se passer? Demande le brun.

-Je pense que tu viens juste de te faire larguer... mais je n'en suis pas certain.

-C'est ce que j'ai cru comprendre aussi. Eh bien...

Nous préférons ne pas nous attarder davantage sur cette scène étrange et pénétrons enfin dans la cafétéria qui est bondée. Comme les élèves font la file à un endroit, c'est là que nous nous dirigeons et après une longue attente, nous sortons avec un plateau replis d'un repas qui semble succulent. Ils servent de la viande sur l'heure du midi? Eren me donne un petit coup de coude dans les côtes, ce qui me fait grogner. Il sait que ça fait mal?

-Je viens de voir Armin et Mikasa, je crois, sourit-il avant d'entamer le chemin.

Je le suis sans hésiter, remarquant au loin Reiner et Bertholdt qui nous lancent un regard étrange en compagnie d'autres types que je ne connais pas, ainsi qu'Historia et Ymir. Après avoir contourné plusieurs élèves, nous arrivons près d'une petite table plus à l'écart où se trouvent seulement deux personnes que je ne tarde pas à reconnaitre. C'est vraiment eux?

Armin a les yeux rivés sur son téléphone et d'épaisse lunette sur le bout de son nez alors qu'il mange un sandwich. En face de lui, Mikasa semble perdu dans ses pensées. Portant des vêtements noirs et le visage maquillé de la même couleur, c'est bien la première fois de ma vie que je ne trouve pas l'Asiatique séduisante.

Eren ne parle pas avant de s'assoir, comme si c'était normal, puis je fais de même en prenant place au côté du petit blond qui nous porte enfin attention. Son visage blanchit quand il pose ses yeux sur le brun qui commence tranquillement à manger son repas.

-Je... Eren... souffle-t-il, je n'ai pas d'argent à te donner ce midi, donc ne me frappe pas!

Je fronce les sourcils alors que Mikasa commence à fixer mon ami sévèrement, probablement prête à intervenir s'il y a des complications. Eren ouvre grands les yeux sous ces mots et relève la tête.

-Quoi? S'étonne-t-il, mais pourquoi je voudrais te frapper? Tu es mon meilleur ami, Armin. Ne sois pas idiot.

-Ton... ton meilleur ami? Que... qu'est-ce que tu racontes là? Tu t'es frappé la tête ou quoi?

-Bien sur non Armin, je t'ai toujours apprécié et tu le sais!

-Tu as une drôle de façon de montrer ton appréciation, se mêle calmement Mikasa. 

Eren semble sur le point de perdre patience, regardant chacun leur tour ses deux meilleurs amis. Oublie-t-il encore une fois que nous sommes dans une réalité différente de celle que nous connaissons? J'ai l'impression qu'il n'a pas suffisamment d'intelligence pour tout assimiler. Je cherche quelque chose à dire avant qu'il ouvre de nouveau sa grande bouche, mais je suis arrêté par une voix familière:

-Tien, c'est rare que vous mangiez ensemble. Vous avez enfin fait la paix?

Marco prend place près de moi, souriant de cette manière dont il a le secret. Je regarde avec admiration ses belles joues rondes, profitant une fois de plus de sa présence qui m'avait tant manqué depuis sa mort.

-Je n'en sais rien, répond Armin sur la défensive, je ne comprends pas ce qui arrive avec Eren pour enfin daigner nous parler sans moquerie.

-Mais pourquoi dis-tu ça? Je ne me suis jamais moqué de toi! Je t'ai toujours défendu!

Je masse mon front, découragé par l'idiotie de ce garçon. Ensuite, les gens osent mettre tous leurs espoirs sur lui... le détenteur du titan originel aurait pu être mieux choisi. Lui et Armin continuent leur dispute et je sens le souffle chaud de Marco faucher agréablement mon oreille, ce qui me fait frissonner.

-Floch m'a appelé en pleurant ce matin, chuchote-t-il, je sais que tu n'es pas le genre à lui faire mal pour rien... encore moins à le repousser ou le tromper. Je vais vouloir que tu m'expliques tout après le repas. Compris?

J'avale de travers. Qu'est-ce que je suis censé lui dire?