1# Retour vers le futur?
PDV Jean (SNK)
Quand la fumée se dissipe, j'ai d'abord du mal à habituer ma vue. J'ai l'impression que tout est brouillé autour de moi et l'odeur citronnée refuse de quitter mes voies nasales. Ce n'est pas désagréable, mais pas ce que je préfère. J'arrive finalement à voir ce qui m'entoure. L'étrange machine d'Hansi est toujours là, intacte, mais ce qui me perturbe c'est le reste de la pièce.
Les murs blancs n'ont pas changés, même si ceux-ci semblent moins dégarnis que les anciens. De longues tables sont apparues à divers endroits, alignés contre le mur avec des petites chaises en bois. Tout au fond se trouve un étrange tableau blanc. Qu'est-ce qui s'est passé?
-Wouah, Lili, ça te va bien les lunettes! Rigole Hansi.
Les lunettes? Je me retourne vers Livai et je dois me retenir de pouffer à sa vue. Cheveux tirés vers l'arrière et portant une veste brune qui ne lui va pas du tout, d'énormes lunettes couvrent son visage. Le caporal les retire dans une grimace pour les regarder.
-Tu as profité de la fumée pour me costumer? Grogne-t-il, c'est très malin de ta part.
-Quoi? Bien sûr que non! Je t'assure que je ne t'ai pas touché... Tu n'es pas le seul à avoir changé.
La femme montre de la tête Eren et moi, puis j'en profite pour jeter un coup d'œil vers l'idiot suicidaire. Cheveux en pétard, il porte une veste verte étrange sur lequel est inscrit en grosses lettres le mot : « TITAN ». Son pantalon est déchiré à maintes endroits. Est-il tombé?
-Est-ce que quelqu'un sait ce qui se passe, au juste? Me mêlé-je, cette machine n'est pas censé redonner forme humaine aux titans et non nous vêtir différemment?
-À la base, oui, mais je ne comprends pas ce qui s'est passé...
Pour réfléchir, la majore Hansi commence à faire les cent pas, parlant à voix haute de plusieurs probabilités que je ne comprends pas. La regarder faire m'étourdit et j'ai l'impression que Eren pense comme moi puisqu'il se dirige vers la porte d'entrée.
-Oi, tu comptes faire quoi, là? S'enquiert Livai.
-Aller voir si nous sommes les seuls affectés.
Sans attendre la permission, Eren tourne la poignée de la porte brune, puis il se fige en regardant à l'extérieur. J'entends un énorme chahut, signe que plusieurs soldats sont là. J'aimerais aller voir moi aussi.
-Euh, les gars, je crois qu'on a un problème, affirme le garçon, venez voir.
Sans attendre, nous allons tous les trois rejoindre le brun dans le cadre de la porte afin de voir ce qui se trouve de l'autre côté de cette pièce. C'est censé être la salle d'attente miteuse? Mon sang se fige quand je remarque que l'endroit a énormément changé. Tout ce que je vois, c'est une sorte de couloir au plancher lustré et aux murs beiges. J'aperçois aussi d'autres portes, mais ce qui me tourmente le plus c'est les gens qui se promènent. Leur manière de se vêtir est tellement étrange... Ce ne sont certainement pas des soldats. Ils doivent avoir mon âge, rient et parlent ensemble.
Où sommes-nous? Je ne reconnais pas l'endroit...
-C'est quoi ce bordel, souffle Livai, Hansi, qu'est-ce que t'a fait au juste?
-Bah... en ce moment, je n'en sais rien. Je ne comprends pas.
Nous regardons en silence les gens passer devant nous. Certains jouent sur un petit truc rectangle, d'autres nous sourient. Un grand blond aux cheveux moutonneux s'arrête devant Eren pour lui donner une petite tape sur l'épaule.
-C'était vraiment chouette la partie de vendredi, Eren. Go les titans!
Sur cette phrase loufoque, il continue son chemin. J'ai l'impression de l'avoir déjà vue, mais je ne saurais dire où. Tout ça me dépasse et je ne comprends rien.
-Hansi, donne une explication et vite, ordonne Livai.
-Je cherche, tu sauras! C'est vraiment bizarre comme situation... il va me falloir plus de temps pour étudier ma machine et comprendre. En attendant, vous pouvez vous promener et cherchez des indices.
Je ne sais pas si l'idée de me promener dans ce lieu inconnu me plait, mais quand le caporal-chef Livai nous force à avancer, moi et Eren n'avons pas le choix de lui obéir. C'est en restant tous les trois ensembles que nous marchons dans cette bâtisse remplie d'humains. J'ai beau chercher, mais je ne vois personne que je connais. Certains me disent vaguement quelque chose, mais c'est trop flou dans ma tête pour que je puisse mettre un nom sur leur visage.
-Ah, Jean! Je te cherchais partout.
Mon corps se crispe en entendant quelqu'un m'interpeller. Pourtant, cette voix, je suis convaincu de la connaitre. C'est cependant impossible que ce soit lui. Ce serait trop étrange, trop beau. Peut-être aussi que cela signifierait que cette fumée nous a tous tués? Je me retourne afin de découvrir qui est mon interlocuteur, mais mon cœur s'accélère en voyant ce visage familier. C'est officiel. Je suis mort.
-J'ai terminé ton devoir d'histoire en faisant bien attention pour que ce ne soit pas évident que ça vient de moi, sourit Marco en me tendant une feuille, la prochaine fois, tu t'y prendras d'avance au lieu de paniquer comme tu l'as fait.
Il est exactement comme dans mes souvenirs, mais peut-être même mieux. Son visage rond est identique que celui de mes songes, comme son regard marron si tendre. Comment est-ce possible qu'il soit là, devant moi alors que j'ai vu son cadavre? Ce doit être un rêve... Ce ne serait pas la première fois de toute façon.
Pour vérifier, je passe mes doigts sur son visage tacheté. Sa peau est si douce sous mes doigts. On jurerait que c'est vrai... Marco me regarde étrangement, l'air embarrassé.
-Euh, Jean. Est-ce que je peux savoir ce que tu fais?
-Marco, c'est bien toi?
Sous l'émotion, je le prends dans mes bras pour le serrer de toutes mes forces. Il est bien là, contre moi, vivant. Jamais je n'ai été si heureux qu'en ce moment! J'ai beau ne rien comprendre, mais je profite de cette version de mon meilleur ami qui me rend timidement l'étreinte. J'en ai les larmes aux yeux.
-Je ne pensais pas que faire ton travail te rendrait si heureux, rigole le brun, les gens nous regardent bizarrement.
-Tu es vivant, c'est tout ce qui compte.
-Hein? Pourquoi je ne le serais pas?
Je ne lui réponds pas, me contentant de le serrer encore plus fort. Si c'est un rêve, je ne veux jamais qu'il s'arrête et je compte en profiter au maximum.
PDV Livai (SNK)
J'observe tous ces étrangers qui marchent dans ce qui est censé être un lieu réservé au bataillon d'exploration. J'ai l'impression que certains visages me sont familiers, mais même si je cherche leur prénom, je n'arrive qu'à me souvenir de gens censés être morts. Peut-être est-ce une hallucination collective? La binoclarde nous a tous drogués avec sa fumée infecte. Ce ne serait pas la première fois qu'elle rate une expérience de toute façon.
Les bras croisés, je cherche des indices permettant de comprendre où nous sommes. Cette veste brune me gratte et je déteste cela. Au moins, j'ai pu retirer ces énormes lunettes. Je ne sais pas ce que j'ai dans les cheveux, mais la sensation de les avoir tirés vers l'arrière est insupportable. J'aimerais me passer sous l'eau.
Ce qui est encore plus étrange et que je n'ai pas montré aux autres, c'est cet anneau sur mon doigt. Je ne suis pas marié, donc pourquoi ai-je une alliance? J'ai beau le fixer, mais il m'est toujours impossible de comprendre comment elle est arrivée là.
-Livai, je peux te parler deux minutes avant ton cours?
Je pâlis en reconnaissant cette voix, puis doucement, je tourne la tête vers la grande masse qui vient de prendre place à mes côtés. Impossible... Sa carrure est bien la même, mais je n'arrive pas à concevoir que ce grand blond en veston soit bel et bien Erwin Smith. Les morts ne parlent pas. Ils ne ressuscitent pas comme par miracle. C'est quoi ce bordel?
-Qu'est-ce que tu as fait de tes lunettes? S'enquiert-il, tu ne les as pas encore perdus? Bref, ce n'est pas pour ça que je suis là... J'ai fini plus tôt et je me demandais ce que tu voulais manger ce soir?
-Ce que je veux manger ce soir?
-Oui, je pensais aller nous chercher du chinois. Ça te va?
Cet homme parle de la même façon, agit comme Erwin. Je suis figé, paralysé par sa présence. J'ai pleuré sa mort, donc pourquoi est-il là?
-Livai, ça n'a pas l'air d'aller? S'inquiète-t-il, tu es certain que tu peux donner un cours comme ça?
Le grand blond passe sa main sur mon front, comme pour prendre ma température. Je le laisse faire, toujours fasciné. C'est le bruit d'une sorte de sonnerie qui coupe ce moment. Autour de nous, les gens commencent à s'agiter. C'était quoi, ça?
-Je vais te laisser y aller, sourit Erwin, à ce soir.
Je me fige quand il se penche pour m'embrasser rapidement sur les lèvres.
Vos avis jusqu'à maintenant? Aimez-vous ce concept?
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