Chapitre 22
La grande porte en metal était devant moi, je sentais sa fraîcheur sur mon visage. Kenma était derrière moi, tenu par un des membres de l'organisation ennemie. J'avais reconnu Suguru Daisho, et sa voix sifflante à mon oreille lorsqu'il m'avait ordonné de marcher jusqu'à la porte.
- Ne me fait pas regretter de t'avoir détaché les pieds de la chaise, hm ? Me lança Daisho.
- Oui. Soufflais-je.
Kenma m'avait prévenu de me tenir sagement sous leurs ordres et leurs caprices. J'avais peur. Je n'avais jamais eut aussi peur. Daisho passa devant moi afin d'ouvrir la porte de notre cellule. Kenma lui était attaché et muselé. Le garçon à la voix sifflante m'ordonna de sortir de la pièce, tenant fermement la chaîne de mon ami. Je restai sagement derrière eux, ne percevant que leur silhouette.
- Vous allez prendre vos douches sans traîner, et revenir pour aller manger. Nous expliqua Daisho.
Nous hochâmes la tête devant son regard suspicieux. Il ouvrit une porte et m'autorisa à entrer pendant qu'il détachait le faux blond de ses chaînes, lui laissant sa muselière en métal. Daisho referma la porte derrière Kenma.
- Faites vite. Nous conseilla-t-il.
Nous nous retrouvions seuls dans une vieille salle d'eau, et je devinais le sol couvert de moisissures incrustés par l'odeur qu'elle dégageait. Je m'approchai doucement du faux blond, plongeant mes yeux malvoyants dans les siens. Je me doutais bien qu'ils devaient être larmoyant de haine. Je lui détachai la sangle de la muselière d'une main hésitante, laissant tomber à terre le morceau de fer dans un vacarme qui brisa le silence.
- Merci. Murmura-t-il.
Je baissai les yeux et commençai à me déshabiller un peu plus loin. Je détachai ma ceinture d'armes sous le regard étonné de Kozume qui se déshabilla à son tour. Nous évitions tout regards sur l'autre, mais il était difficile d'ignorer le seul corps nu qui nous accompagnait.
L'eau coulait sur mon corps, effaçant peu à peu les écritures des coordonnées de notre position. Je ne pouvais pas rester ainsi, impuissante face à notre sort. Je pris un couteau de ma ceinture, puis, hésitante, la lame entra dans ma chair.
- Que fais-tu ? S'exclama Kenma.
- Laisse-moi... Couinais-je en repassant les chiffres sur mes bras.
- Ne fais pas ça ! Murmura-t-il en forçant sur sa voix.
- C'est le seul moyen que j'ai pour vous sauver. Pleurais-je en continuant mes scarifications.
Je finis par éteindre l'eau au bout de quelques courtes minutes, lorsqu'elle devint trop froide. Kenma semblait regarder mon bras avec horreur, puis se retourna pour me laisser atteindre ma serviette et mes nouveaux habits. Je me séchai rapidement, essuyant le sang de mes bras, et m'habillai difficilement des changes qui m'étaient imposés, attachant ma ceinture sous ma poitrine à l'aveuglette.
- Je t'attends à l'entrée. Murmurais-je en me tournant vers la porte.
Kenma s'habilla rapidement de notre tenue commune, simplement composée d'un pull à mailles noires et d'un bas de survêtement trop large. Le faux blond vérifia que mes armes étaient bien cachées, puis me tapota l'épaule en signe de soutien. Je toquai à la porte et Daisho nous libéra de la pièce à l'ambiance humide et sanglante.
- Qui t'as autorisé à enlever ta muselière ? Demanda sèchement le serpent.
- C-C'est moi. Murmurais-je.
Son regard perçant me dévisagea sans gènes, laissant ses lèvres s'étirer en un sourire des plus pervers.
- Non. Je lui ai demandé. C'est ma faute. S'interposa Kenma.
- Kenma-
- J'en assumerais toutes les conséquences. Me coupa-t-il.
- Remets-lui. M'ordonna Daisho en pointant l'objet du menton.
- Je-Oui. Balbutiais-je en baissant les yeux.
Kenma s'écarta de mon chemin pour me laisser ramasser l'objet de torture. Je me sentais honteuse de lui remettre ce qui allait l'empêcher de manger. Mon ami m'aida en plaçant lui-même la muselière sur la moitié de son visage, me laissant attacher les sangles de mes mains tremblantes.
- La prochaine fois, tu crèves de faim dans ta cellule, compris ? Me cracha Daisho en empoignant mon bras fortement.
- Oui. Couinais-je.
- Restes derrière.
J'hochai simplement la tête pendant que Daisho approchait Kenma avec ses chaînes. Mon ami se laissa faire docilement puis nous repartions.
- Le soir, c'est le seul moment où vous pouvez tous vous revoir. Sourit malicieusement le serpent.
- Je suppose que c'est pas à prendre comme un acte de gentillesse de votre part. Chuchotais-je.
- Tu es plutôt maligne en fait.
Le garçon nous arrêta devant une porte, puis nous sourit.
- Tu gardes tes chaînes. Lâcha-t-il en voyant Kenma contenir ses nerfs.
Daisho nous laissa en partant au fond du couloir. Kenma était immobile. Attaché par des chaînes qui liés ses pieds et ses mains, il ne pouvait rien faire. Le garçon se racla la gorge en toussotant, m'indiquant d'un coup de menton d'ouvrir la porte.
- J-Je vais les revoir. Je vais tous les revoir ? Demandais-je doucement.
Le garçon évita simplement mon regard. J'ouvris la porte de la salle, laissant passer Kenma devant moi. La pièce était vide et mon cœur reprit un rythme normal. Je suivis mon ami jusqu'à une table libre où nos assiettes remplies étaient déjà disposées. Je m'assise et restai silencieuse.
La porte s'ouvrit quelques minutes plus tard, et je priais intérieurement pour ne voir aucun blessé. Un grand blond accompagnait deux autres garçons, sûrement Tsukishima. Mon cœur accéléra lorsque je reconnus Kageyama et Oikawa. Je ne pus m'empêcher d'aller jusqu'à eux, me laissant simplement tomber contre leur torse.
- Putain j'arrive pas à y croire. Murmurais-je.
- Tu vas bien ? Me demanda Oikawa.
- Oui. Mentis-je en souriant.
Kageyama me prit dans ses bras. Je voulus détailler son visage, de mes yeux flous, et mes mains sentirent quelques bosses sur sa peau en la caressant. Le noiraud me chuchota un mensonge de réconfort et nous rejoignit Kenma à table. Tobio ne parut pas surpris de voir le faux blond dans cet état, et encore moins Tooru.
- Les autres ne viendront pas. Lâcha Oikawa.
- Comment ça ? Demandais-je surprise.
- Iwaizumi et Kuroo sont trop faibles pour se déplacer.
- Et Sugawara et Hinata ? Demanda Kageyama.
- Je ne sais pas.
Pourquoi ne parlaient-ils pas des autres ? Pensais-je.
Je restai muette. Ils avaient sûrement une bonne raison d'avoir oublié de mentionner les autres membres de la FSJA. Je commençai mon assiette timidement, devant Kageyama et Oikawa qui mangeait en silence.
- Kenma... Soufflais-je.
Le garçon secoua la tête. Je fronçai mes sourcils à la recherche de la sangle, n'y voyant rien, et détachai la muselière afin de laisser mon ami manger. Je préparais chaque part pour lui apporter à la bouche, abandonnant mon propre repas.
- Tu vas te faire tuer... Murmura-t-il.
- C'est toi qui va mourir si tu ne manges pas...
Je voulus me servir un verre d'eau, puis tous les garçons se rendirent compte à quel point mon problème de vue ne s'arrangeait pas. J'étais incapable d'attraper la poignée de la carafe d'eau mise à disposition. Kenma se gratta la gorge et Kageyama me servit lui-même un verre d'eau.
- Merci. Murmurais-je honteuse.
- T'as vue ne c'est pas arrangée ? Demanda soudainement Tobio.
- Comme tu peux le voir.
- Kenma. La tienne était revenue après quelques heures. Lâcha Oikawa.
- Ça va passer. Dis-je sûre de moi.
- Haru... Souffla Oikawa.
- Ça va revenir ! M'exclamais-je.
Un silence grandi dans la salle. La porte s'ouvrit sur une silhouette familière. Son regard perçant et sa voix sifflante ne me présageaient rien de bon.
- Haru. M'appela-t-il.
- Daisho. Chuchotais-je.
- Tu as enlevé la muselière de Kenma, n'est-ce pas ? Demanda-t-il calmement.
- J-Je ne voulais pas le laisser mourir de faim. Me justifiais-je.
- J'ai bien fait de venir passer voir. Dit-il en s'approchant de notre table.
Le garçon ria amèrement et me prit par les cheveux. Mon cri aigüe sembla crisper tous les garçons présents dans la salle. Je sentais la tension monter pendant que mon cœur accélérait sous la peur.
- Elle n'a rien fait ! S'écria Kenma.
- Tu prends sa défense encore une seule fois, je la bute. Cracha Daisho.
- Pitié ! Suppliais-je.
Oikawa contenait ses nerfs pendant que Kageyama détournait le regard. Daisho me traîna par les cheveux jusqu'à la sortie de la salle.
- Kenma ! Criais-je.
- La ferme ! Me frappa Daisho.
Le garçon resserra sa poigne sur mes cheveux longs, me forçant à le suivre. Je reconnus le chemin qui menait à notre cellule. Daisho jurait en me faisant rentrer dans la pièce, me jetant sur ma chaise. Kenma arriva peu de temps après, poussé par une silhouette aux cheveux rouges. Daisho m'attacha les pieds et les mains à la chaise d'un geste tremblant de rage, m'ordonnant de la fermer.
Je me retrouvai devant Kenma qui était obligé de rester debout, tenu fermement par le garçon rouge. Le faux blond semblait s'agiter et criait toutes sortes d'insultes à travers sa muselière qui étouffée sa voix. Daisho revint avec une matraque électrique et Kenma se prit un coup dans le ventre lorsqu'il voulu riposter. Des larmes perlaient déjà aux coins de mes yeux.
- Vu que tu ne peux pas voir souffrir ton camarade à cause de ta putain de vue, c'est lui qui va le faire à ta place. Sourit Daisho.
Le serpent me donna un coup dans le ventre à l'aide de la matraque, me faisant crier à plein poumons lorsque le cran de l'arme m'électrocuta. Kenma hurla à travers l'objet de torture et gigotait dans tous les sens. Daisho répéta son geste et m'électrocuta le ventre en riant. Je pleurais à chaudes larmes et voir Kenma en face de moi me donnait envie de vomir.
- Ça t'apprendra à désobéir. Sourit le serpent.
Il me donna un dentier coup de matraque électrique et me laissant reprendre ma respiration. Le garçon aux cheveux rouges jeta Kenma à mes pieds pendant que Daisho repartit, nous laissant tous les deux dans notre cellule.
- Kenma... Kenma je suis tellement désolée. Sanglotais-je.
Le garçon se releva difficilement du sol, ayant les pieds et les mains attachés entre-eux.
- Kenma ?
Mon ami s'appuya sur mes cuisses, laissant tomber sa tête sur celles-ci. Mon cœur s'émietta lorsque je l'entendis sangloter. Mon ventre me causa quelques douleurs qui me firent grimacer. Je baissai la tête afin de la poser sur celle du faux blond, captant sa chaleur naturelle. Kenma se redressa en reniflant une dernière fois, puis laissa tomber son visage sur ma cuisse.
- Je vais bien. Murmurais-je.
Le garçon appuya un peu plus sa joue contre ma cuisse et nous nous laissions mutuellement se reposer malgré la douleur.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top