Chapitre 21

Je restais incrédule face au garçon. Impossible. Je n'arrivais pas à croire qu'il soit juste devant moi. Je ne l'avais pas vu depuis plus de deux mois, et sa voix monotone me semblait beaucoup plus inquiétée, apeurée.

- Tu vas bien ? Me demanda Kozume.
- J-Je ne vois plus...
- Ne t'inquiètes pas, j'ai vu flou pendant un moment aussi.
- Kozume ? Demandais-je doucement.
- Non, Haru. Tu n'as pas le temps de t'apitoyer sur ton sort. On va s'en sorti-

Kenma se tut à l'entente de la porte bruyante qui s'ouvrait. Le grincement se fit de nouveau entendre, sûrement lorsqu'une personne la ferma derrière elle.

- Kozume ? Demandais-je doucement.
- La ferme. M'ordonna une voix sifflante.

Je me ravisai directement.

- Tu es Haru Iwaizumi ? Me demanda-t-on.

Je cherchais la silhouette en suivant le son de la voix. Mes yeux cherchèrent désespérément un détail dans la peine ombre, et s'arrêtèrent sur une forme masculine aux côtés de Kozume.

- Tu n'as pas retrouvé la vue, apparement.

Il semblait sourire en apprenant cela.

- Qui es-tu ? Demandais-je.
- Je ne t'ai pas autorisé à parler.
- Tu m'as demandé mon nom. Signalais-je.
- Tu ne devrais pas jouer avec moi. Dit-il malicieusement.
- Je ne joue pas. Murmurais-je.
- C'est mon tour ? Demanda Kenma en reportant l'attention sur lui.
- Tu es pressé ? Ria le garçon.
- Non. Pas vraiment.
- Tu peux dire merci à ta coéquipière, Kozume.
- Qu-
- Je veux absolument qu'elle voit ce spectacle. Ria-t-il.

La silhouette s'approcha de moi, puis son souffle se posa sur mes lèvres. Mon cœur s'accéléra en sentant son pouce caresser ma joue, et ma respiration devint irrégulière.

- Ne t'inquiètes pas, ma belle. Siffla-t-il.

Le garçon relâcha mon visage et partit de la pièce, claquant la porte derrière lui. Je repris doucement une respiration calme, essayant de comprendre ce qu'il venait de se passer.

- Kenma ? Déglutis-je.
- Ça va aller.
- Qui est ce garçon ?
- Suguru Daisho.

Il semblait sourire pour me rassurer.

- Où sont Shoyo et Tobio ? Demandais-je soudainement.
- Dans une autre salle, avec un autre membre. Supposa-t-il.
- J'ai peur. Chuchotais-je.
- N'ai pas peur Haru, tout va bien aller. Dit-il doucement.
- Comment ? Comment avez-vous pu tomber dans ce piège ? Demandais-je en baissant la tête.

Kenma resta interdit. La pièce ne semblait pas être surveillée, alors pourquoi gardait-il le silence ? Pensais-je.

- Vous le saviez ? Demandais-je.
- Non.
- Et Akaashi ? Où est-il ?
- Je ne sais pas, Haru ! Cria-t-il.
- Je. Désolé. Murmurais-je.
- Écoutes. Ne lui dis pas si tu retrouves la vue. M'ordonna-t-il.
- Pourquoi ? Il s'en rendra compte ! M'exclamais-je.
- Lorsqu'ils ont su où vous trouver, ils m'ont séparés de Kuroo, et m'ont placé dans cette pièce jusqu'à ton arrivée. M'expliqua-t-il.
- Kuroo est dans un état-
- Pitoyable, tu peux le dire. Murmura-t-il.
- Et ils ne t'ont rien fait, à toi ? Demandais-je inquiète en cherchant son visage en vain.
- Non. C'est moi qui est vu Kuroo se faire frapper. Dit-il en retenant ses larmes.
- Ne pleurs pas. S'il te plaît.
- Maintenant, c'est toi qui vas me voir dans cet état. Lâcha-t-il.
- Non, c'est impossible.

Mes lèvres tremblaient, et mes larmes s'accumulaient aux coins de mes yeux. Pourquoi font-ils tout ça ? Pensais-je impuissante.

- Alors mens, Haru. M'ordonna le garçon.
- Je ne veux pas qu'ils te frappent. Chuchotais-je d'une voix tremblante.
- Je ne veux pas que tu les vois me faire ça.

Je fermais mes yeux le plus fort possible, essayant d'empêcher mes larmes de couler. Maintenant que j'avais retrouver Kozume, je voulais voir les autres. Je ne voulais pas voir le visage si doux de Kenma se déformer sous la douleur.

- Et les autres ? Demandais-je.
- Dans une salle, comme nous. Je crois qu'il y a toujours un observateur et un battu, puis ils échangent pour que l'observateur devienne le battu. Supposa-t-il.
- Comment êtes-vous tous tombés entre leur main ? Déglutis-je.
- Je suis désolé Haru.
- Comment c'est possible ? Demandais-je en pleurant.
- Haru, arrêtes...
- Pas un seul d'entre vous ne s'est échappé de leur piège. Vous êtes, tous, tombés ici. Sanglotais-je.

Kenma me laissa pleurer sans un mot. Il avait du voir à quel point nous avions souffert aussi. Il avait du voir mon corps amaigri et mon regard vide. Il a du s'en vouloir et est resté muet.

- Je veux tous les tuer. Lâchais-je en sanglotant.

Le faux blond ne parla plus pendant un moment, sûrement dans ses pensées. Pendant ce temps, je fermais mes yeux afin d'essayer de retrouver une bonne vue. Je grognais en me rendant compte que cette vision floue ne partait pas, m'empêchant de voir les traits sûrement changés de mon ami.

- Haru ?
- Hm ?
- Je pense que j'ai un plan, mais c'est presque impossible. Lâcha Kenma.
- Dis-moi.
- Il faudrait d'abord savoir où nous sommes, exactement. Dit-il en soupirant de faux espoirs.
- Je le sais, moi. Les coordonnées sont inscrites sur mon bras. Lâchais-je innocemment.
- Qu- Sérieusement ? Bégaya-t-il.
- Oui, Kageyama et moi avons trouvés des notes laissées par Akaashi. Je pense qu'il savait-
- Putain de merde...
- Qu- Pourquoi Kenma ? Demandais-je doucement.
- On va pouvoir sortir. Lâcha-t-il.

Mon cœur rata un battement. Comment avait-il trouvé un échappatoire aussi rapidement ? Pensais-je. Sortir d'ici ? C'est bien beau, mais ça a l'air trop facile.

- T-Tu t'es mutilée ? Demanda-t-il timidement.
- Qu- Quoi ? Non ! M'exclamais-je.
- Alors ? Comment as-tu écris les nombres ?
- Il n'y avait qu'un stylo. Avouais-je honteuse.
- C'est rien. Il faudra que tu le mémorise.
- Mais comment ? Et quand ? C'est sous la manche de mon pull et mes mains sont attachées. Dis-je en fronçant les sourcils.
- On a peu de temps, mais on en a. Le soir, ils nous emmènent prendre une douche rapide, et nous donnent à manger. M'expliqua Kenma.
- J-J'ai une ceinture d'armes, sur moi... Ils vont la voir et me tuer... Dis-je apeurée.
- M-Mais vous aviez tout prévu ?
- Je te l'ai dit, Akaashi savait ce qu'il allait se passer.
- C'est impossible ! S'exclama le faux blond.
- Je te le dis, Kenma ! M'écriais-je.

La porte s'ouvrit et nous nous rabaissons au silence. Mes mains tremblaient malgré le fait qu'elles soient attachées dans mon dos. Mon cœur palpitait et ma respiration était incontrôlée.

- Faites moins de bruits. Nous conseilla une voix.
- Un nouveau ? Demanda Kozume.
- Oui, ça te pose un problème ? Demanda le garçon sans agressivité.
- Non. Répondit mon ami.
- Bien. Vous ferez mieux de chuchoter.

Mes yeux perçurent la petite taille du garçon avant qu'il ne ferme la porte en métal.

- Comment sais-tu si ce gars est nouveau ? Demandais-je doucement.
- Je connais tous les membres de cette organisation. Nous ne sommes pas tombés directement dans leur piège. Ria amèrement Kenma.

Je n'osais pas intervenir à vrai dire. J'avais honte.

- Lev Haiba et Kei Tsukishima, sont deux grandes perches aussi rusées que deux renards. Mais ils n'agissent que dans l'ombre. Énonça Kenma en serrant les dents.
- Il-Ils engagent des tueurs ? Demandais-je perplexe.
- Sûrement. Je ne sais pas vraiment ce qui les motive, mais ils sont déterminés.
- Tu connais d'autres gars de cette organisation ? Demandais-je timidement.
- Le gros bras, celui qui est venu vous kidnapper, se nomme Wakatochi Ushijima.
- Le gros bras ? Répétais-je.
- Il a frappé Iwaizumi. Murmura le garçon.
- Il est si fort que ça ? Tu es si confiant d'habitude... Soufflais-je.
- Je ne fais pas le poids face à lui. Grogna-t-il.

Kenma était un espion, pas un gros bras en d'autres termes. Mais il était assez stratège pour utiliser la force de son adversaire contre ce dernier. Un ennemi à forte corpulence n'était pas un danger pour lui, et son petit gabarit était une véritable arme. C'était le meilleur espion de notre unité. Comment pouvait-il dire qu'il ne faisait pas le poids ? Pensais-je.

- Il y a aussi Satori Tendo. Un gars aux cheveux rouges, tu le reconnaîtras entre mille.
- Quel est son rôle ?
- Je ne sais pas de quoi il est capable, mais il est le bras droit de Ushijima. M'expliqua Kenma.
- D'accord.
- Le dernier membre que j'ai connu est Suguru Daisho, celui qui est venu tout à l'heure.
- Il a l'air vicieux... Murmurais-je.
- Méfies toi de lui, plus que n'importe qui. M'ordonna Kozume.
- Hm.
- Puis le petit blond. Lâcha-t-il.
- Le petit blond ? Demandais-je.
- Oui, désolé pour ta vue. Celui qui est venu nous dire de parler moins fort était un blondinet.
- D'accord. Soufflais-je.

Un silence s'installa entre nous, plongeant la pièce dans une ambiance froide. Quelques bruits se firent entendre de l'autre côté de la porte métallique, et Kenma sembla s'agiter sur sa chaise.

- Kenma ? Appelais-je en le cherchant malgré ma vue floue.
- Ils vont bientôt nous emmener aux douches, et nous donner à manger.
- J-On fait quoi ? Chuchotais-je.
- Rien. Souffla Kenma. Rappelles-toi de ta première leçon, observer l'ennemi.

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