Chapitre 83
— Vous êtes inquiète ?
— Un peu. Mais je sais qu'avec vous à mes côtés, il n'y a aucun moyen que je ne gagne pas ce combat, j'admets avec un petit sourire.
Le visage d'Alexander s'illumine à mes paroles. Il me prend dans ses bras, passant tendrement ses bras autour de ma taille et me collant contre son torse. Sa chaleur m'enveloppe, apaisant les dernières traces de doutes qui persistaient dans mon esprit.
— Je n'ai jamais perdu un seul combat, et ce n'est pas aujourd'hui que cela va arriver, affirme-t-il avec confiance. Encore moins quand votre vie est en jeu.
— J'en suis certaine. Nous allons leur montrer qu'ils ont eu tort de s'en prendre à nous.
Nous restons ainsi quelques instants, profitant de cette proximité, avant qu'il ne se recule et me guide vers le feu de camp. Il nous sert deux bols de ragoût fumant avant de venir s'asseoir à mes côtés. Un silence confortable s'installe entre nous, seulement perturbé par le crépitement des flammes et les bruits de nos cuillères contre les bols en métal. Même si je suis concentrée sur mon ragoût, je sens le regard d'Alexander se poser sur moi. Ne pouvant ignorer plus longtemps cette sensation, je lève les yeux vers lui.
— Qu'est-ce qui ne va pas ?
Alexander hésite quelques instants avant de répondre, ses yeux brillants d'une lueur inhabituelle.
— Je suis seulement... incroyablement fier de vous. Je vois à quel point vous vous donnez du mal pour réussir, à quel point vous avez évolué depuis notre rencontre. Vous ne vous laissez jamais abattre, quels que soient les obstacles, et je ne peux que vous admirer pour cela.
Je le regarde, étonnée, mais touchée par ses paroles.
— Merci beaucoup, je murmure, la gorge serrée par l'émotion.
Malgré les défis qui nous attendent, je sais que nous serons ensemble, unis dans cette lutte. Nous continuons à manger en silence, appréciant simplement la présence de l'autre. Après le repas, Alexander se relève, son regard fixé sur notre prisonnier.
— Je vais voir si cet homme peut nous apprendre quelque chose, déclare-t-il d'une voix ferme. Avec un peu de chance, il nous donnera un moyen de nous rendre à la base sans nous faire repérer. Bien que je n'ose pas trop y croire, ces hommes ont l'air d'avoir été entraînés à résister même aux interrogatoires les plus corsés.
Il met immédiatement ses plans à exécution, s'approchant du prisonnier avec une assurance tranquille. Pour ma part, je reste près du feu, mes pensées tourbillonnant autour des événements de la journée. Il nous faudra être prêts, physiquement et mentalement, pour ce qui nous attend. Car Alexander a raison sur une chose : ce combat va être l'un des plus difficiles que nous n'ayons jamais mené. Et celui-ci, nous ne pouvons pas nous permettre de le perdre.
Le prince Alban profite de ce moment de calme pour s'installer à mes côtés, un sourire chaleureux éclairant son visage.
— Le potage est-il à votre goût, Miss Enora ?
— Il est délicieux, je réponds avec courtoisie.
— J'espère que cela ne vous dérange pas que je me joigne à vous pour le repas, ajoute-t-il avec un air jovial, son sourire s'élargissant encore davantage.
— De toute façon, vous êtes déjà installé.
Il affiche un air penaud, et je ne peux pas m'empêcher de laisser échapper un petit rire.
— Je plaisante. Votre compagnie m'est toujours agréable.
C'est ainsi que nous nous engageons dans une conversation amicale, échangeant des banalités qui semblent apaiser quelque peu l'atmosphère électrique du campement. Nous sommes en train de rigoler joyeusement quand je sens une tension s'installer dans le campement. Tournant la tête, j'aperçois Alexander revenir vers nous, le regard froid. Il s'approche, mais ne prend pas part à la conversation, se contentant de nous regarder fixement.
— Ça s'est mal passé ? je demande, un peu inquiète.
Sans un mot, il attrape ma main et m'entraîne à l'écart. Je jette un regard désolé au prince Alban, mais une fois encore, celui-ci se contente de hausser les épaules avec indifférence. Je suis Alexander en silence, perplexe face à son comportement inhabituel.
— Qu'est-ce qui ne va pas ?
— Rien du tout, marmonne-t-il en détournant le regard.
— Bien sûr que si, je vois bien que quelque chose vous contrarie, j'insiste. L'homme n'a pas été coopératif ?
— Pas le moins du monde, mais cela, je m'y attendais, répond-il d'un ton las.
— Alors qu'est-ce qui vous dérange ?
Il prend une profonde inspiration, ses yeux se posant brièvement sur Alban avant de revenir sur moi.
— Mon frère...
Il s'interrompt, fronçant les sourcils.
— Je n'aime pas le voir rôder autour de vous.
— Vous êtes jaloux ? je m'exclame, surprise. Mais pourtant, cela ne vous dérange pas que je discute avec Victor.
— C'est différent, grogne-t-il en m'attirant dans ses bras. Victor est mon meilleur ami, je lui fais entièrement confiance. Il a beau être un charmeur invétéré, je sais qu'il ne tentera rien avec vous. Il me respecte trop pour cela. Alban, par contre... Il n'hésiterait pas une seule seconde à tomber entre vos bras si l'occasion se présentait.
— Mais c'est votre frère, je lui fais remarquer, perplexe.
Au vu de la tête qu'il fait, c'est justement ça le problème.
— Dites-moi véritablement ce qui vous ennuie.
Il hésite un instant avant de soupirer avec résignation.
— Mon frère a toujours réussi tout ce qu'il entreprenait avec une facilité déconcertante, commence-t-il, sa voix teintée d'amertume. Alors que moi, j'ai dû me battre corps et âme pour arriver là où j'en suis aujourd'hui. Je m'entraînais chaque jour, ignorant les paroles des gens qui ne croyaient pas en moi.
Il marque une pause, passant une main sur son visage avec lassitude.
— Vous savez, Alban a toujours été le préféré de mes parents. Ils le choyaient et le protégeaient, tandis que moi, j'étais celui à qui l'on imposait devoirs et responsabilités. Et même alors que j'endossais ce rôle du mieux possible, mes parents émettaient des réserves à chaque nouvelle initiative que je prenais. J'ai toujours su que je n'étais que le deuxième dans leur cœur, même si j'ai mis longtemps à l'accepter.
Je le regarde, surprise par cette confession. Je n'aurais jamais imaginé qu'Alexander, qui se montre toujours si confiant, puisse avoir tant souffert du manque d'encouragement de ses parents. Il est un homme bien plus complexe que je n'avais pu l'imaginer.
— Alban a toujours obtenu tout ce qu'il désirait, mais cette fois-ci, je refuse que ce soit encore le même refrain. Je tiens trop à vous pour le laisser dérober votre cœur sans me battre.
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