Chapitre 8

Rapidement, des bruits de sabots s'ajoutent au son de notre course effrénée, augmentant mon angoisse et me poussant à courir toujours plus vite. Le souffle court et les poumons en feu, je jette des regards frénétiques par-dessus mon épaule. Nos poursuivants gagnent du terrain, inéluctables, implacables. Leur présence oppressante se fait de plus en plus sentir.

— Par ici, je les entends !

Dans un geste désespéré, je saisis une pierre et la lance avec le peu de force qu'il me reste. Par chance, le projectile le frappe à la tête et il bascule de son cheval. Un sentiment de fierté m'envahit, mais il est de courte durée. Dans ma précipitation, je me prends les pieds dans une racine et tombe la tête la première. Mon corps s'écrase lourdement sur le sol, me faisant grimacer de douleur.

Je lève les yeux juste à temps pour voir l'autre cavalier descendre de son cheval, sa silhouette sombre se détachant dans la lumière tamisée du sous-bois. Son regard est fixé sur moi, froid et impitoyable, comme celui d'un prédateur sur sa proie.

— Espèces de sales petites pestes. Vous pensiez pouvoir nous échapper ?

Je recule sur le sol, mes mains cherchant désespérément une arme, n'importe quoi pour me défendre, mais sans mes pouvoirs, je suis sans défense. J'ai échoué, nous sommes piégées.

— Vous allez voir ce qu'on fait aux femmes qui ne savent pas obéir.

Alors qu'il lève son pied pour me frapper, un bruit sourd se fait entendre derrière nous, le stoppant dans son élan. Des sabots. Ce sont des sabots.

— Ça suffit ! claque une voix profonde et autoritaire.

Le bandit se fige, les yeux écarquillés. Je lève la tête et aperçois deux cavaliers approcher à vive allure, leurs visages figés dans une expression indéchiffrable. L'un d'eux descend avec une grâce presque mortelle, son regard d'acier balayant la scène avec une autorité indéniable.

— Qu'est-ce que tout cela signifie ?

Il s'approche à grands pas, sa chevelure brune flottant dans le vent. Le bandit tente de balbutier une réponse, mais l'homme ne lui laisse pas le temps. D'un geste fluide, il dégaine son épée et la pointe en direction de son torse. La lame étincelle sous la lueur du jour, un avertissement silencieux, mais sans équivoque. L'aura qui se dégage de cet homme est à la fois terrifiante et fascinante.

— Votre... Votre majesté, balbutie le brigand en tombant à genoux, ses yeux écarquillés rivés sur l'homme face à lui.

Majesté ? Le mot résonne dans ma tête, incongru. Ai-je bien entendu ? Je scrute son visage, avide d'un indice, d'une confirmation. Ses vêtements sombres, bien que de bonne facture, sont loin d'afficher le faste habituel de la royauté. Ses cheveux bruns tombent négligemment sur son front, témoignant d'un certain mépris pour les conventions. Et pourtant, il y a dans son port une autorité indéniable, une assurance naturelle qui ne s'apprend pas. Pourrait-il vraiment être l'un des princes du royaume de Lumia ?

Ses yeux, d'un gris saisissant, effleurent ma silhouette avant de revenir sur les hommes devant lui. Son visage semble sculpté dans la pierre, témoignant d'une détermination inébranlable. L'ombre de la colère danse dans son regard, menaçant de s'enflammer à tout moment. Il est magnifique. Et terrifiant.

— Il me semble vous avoir posé une question, répète-t-il, sa voix aussi tranchante qu'une lame.

— Je... euh... pardon, votre majesté. Ces deux esclaves se sont enfuis de nous, et nous... nous cherchions juste à les rattraper.

Le prince avance d'un pas lent, chacun de ses mouvements pesant comme une menace. Les brigands reculent instinctivement, lui permettant de se placer entre eux et nous. Il les surplombe de toute sa hauteur, sa silhouette imposante les défiant de hasarder quoi que ce soit à son encontre. Plus je le regarde, plus quelque chose en lui me semble étrangement familier. Pourtant, impossible de mettre le doigt dessus.

— Vous avez de la chance que je ne veuille pas heurter la sensibilité de ces dames en vous éviscérant devant leurs yeux, gronde-t-il, sa voix baissant d'un ton, devenant plus grave, plus mortelle. Mais si je vous revois lever la main sur une femme, ne serait-ce qu'une seule fois... Je vous tranche la gorge moi-même. Ai-je été suffisamment clair ?

Les deux hommes hochent frénétiquement la tête, incapables de prononcer le moindre mot.

— Maintenant, dégagez avant que je ne change d'avis, ajoute-t-il en frôlant leurs torses avec la pointe de son épée.

Ils obéissent sans demander leur reste, trébuchant dans leur hâte de s'éloigner de cet homme. Ils en abandonnent même leurs chevaux. L'homme se tourne alors vers nous, son regard perçant croisant le mien tandis qu'il nous adresse un bref signe de tête.

— Prince Alexander de Lumia, pour vous servir, annonce-t-il d'une voix calme mais chargée d'autorité. Et voici mon bras droit, Lord Victor, Duc de Northside.

Le dénommé Victor s'avance d'un pas fluide, un léger sourire aux lèvres.

— N'ayez plus rien à craindre. Vous êtes en sécurité désormais.

Ses yeux verts effleurent brièvement mon visage avant de rencontrer ceux du prince. Ses cheveux blonds cendrés, parfaitement coiffés, et son allure impeccable contrastent avec l'aura sombre et sauvage du prince.

Ravalant ma stupeur, j'incline légèrement la tête.

— C'est un honneur de vous rencontrer.

Le prince Alexander tend une main vers moi. Je l'accepte sans réfléchir, trop reconnaissante de l'assistance qu'il me propose. Mais au moment où sa peau effleure la mienne, une décharge me parcourt de part en part.

Une chaleur inattendue envahit mon corps, si douce et pourtant si puissante qu'elle me coupe le souffle. L'air autour de moi semble se raréfier, mes sens se brouillent. Le monde s'efface, ne laissant que lui, debout devant moi.

Il baisse les yeux vers moi, ses sourcils se fronçant presque imperceptiblement, et je peux affirmer sans l'ombre d'un doute qu'il ressent lui aussi cette étrange connexion. Une pulsation sourde, presque tangible, comme un fil invisible tendu entre nous.

Il semble décontenancé l'espace d'un instant avant de se reprendre et de me tirer sur mes deux pieds. Je retire ma main précipitamment, troublée.

Qu'est-ce que c'est que ça ?

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