Chapitre 75
Nos pas résonnent dans les couloirs déserts du château tandis que je guide mes amis en direction de la bibliothèque. Les deux rois ont choisi de ne pas nous suivre, préférant se retirer pour nous laisser élaborer notre stratégie. Je sais que malgré tout, ils nous observent de loin, évaluant notre capacité à gérer cette crise et nous soutenant dans l'ombre. Le poids des responsabilités pèse sur mes épaules, mais même si je sais que notre chemin sera parsemé d'embûches, je suis résolue à leur montrer que je suis digne de leur confiance.
Arrivée devant les grandes portes en bois massif, je les pousse d'un grand coup, révélant la magnifique pièce baignée de lumière. Il s'agit de la plus grande bibliothèque du royaume d'Amara, riche de milliers de livres acquis sur plusieurs dizaines de générations. Ce lieu renferme un véritable trésor de connaissances et de sagesse, et on m'a inculqué dès mon plus jeune âge qu'il est de mon devoir de le préserver.
Alban, qui n'est jamais venu ici auparavant, regarde autour de lui avec des yeux écarquillés. Les grandes bibliothèques montent jusqu'aux plafonds, exposant leurs ouvrages dans un arc-en-ciel de reliures somptueuses, créant un spectacle à couper le souffle. Des tables siègent un peu partout dans la pièce, permettant aux érudits de venir y étudier toutes sortes de documents.
J'avance lentement, laissant Alban se remettre de sa stupéfaction. Je les conduis vers le centre de la salle, désignant la grande table qui y trône et les invitant à s'y asseoir.
— Ne bougez pas, je vais chercher de quoi écrire, je dis en m'éloignant rapidement.
Je me déplace habilement entre les étagères, attrapant au passage tout ce qui pourrait nous être utile. Je reviens quelques instants plus tard, les bras chargés d'encriers et de parchemins. Alexander se lève aussitôt pour me débarrasser, étalant tous les objets sur la table. Je déplie la carte avec précaution, la plaçant au centre pour que tout le monde puisse la voir clairement. Les visages de Victor et Alexander sont plissés par la concentration, leurs regards scrutant chaque détail du parchemin en attendant les explications du prince Alban. Ce dernier attrape une plume et marque méthodiquement une croix entre deux zones boisées.
— D'après les informations que j'ai pu obtenir, leur repaire principal se trouve ici, commence-t-il d'une voix marquée par une prudence calculée, comme s'il avait déjà prévu chaque étape de son plan. Ce n'est pas très loin du palais d'Amara, nous pouvons y être en un peu moins d'une journée.
Il pointe un lieu sur la carte, attirant notre attention sur une première zone boisée. Je sens l'atmosphère se tendre alors que nous contemplons tous le point en question.
— Cet endroit est trop proche de la frontière du royaume de Lumia. Nous risquerions de nous attirer des problèmes si nous déclenchons une bataille par ici. Vouloir vaincre la confrérie est une chose, déclencher un accident diplomatique avec les villages lumiens en est une autre. J'aime penser que nous voulons tous éviter ça.
Pendant qu'Alban continue à donner des détails sur l'emplacement du repaire, je sens la main d'Alexander glisser lentement sur ma cuisse, tentant de me déconcentrer. Je lutte pour maintenir mon attention sur les explications topographiques, mais les sensations électriques que me procure le contact du prince me distraient de plus en plus. Je repousse sa main d'un geste brusque, mais il revient à l'attaque, remontant toujours plus haut. Victor, comprenant ce qui est en train de se passer, nous adresse un sourire sarcastique.
— On dirait que certains sont plus intéressés par d'autres genres de recherches, lance-t-il tout à coup, soulignant la tension sous-jacente.
Alexander ne se démonte pas et lui renvoie un sourire tout aussi sarcastique. Alban, quant à lui, les regarde tour à tour avec confusion. Je sens mes joues s'embraser. Voulant garder une certaine contenance, je tente de réorienter la conversation.
— Tout va bien, prince Alban. Vous pouvez continuer, je dis en espérant que ma voix ne trahisse pas le trouble qui règne en moi.
Il hésite quelques instants, cherchant une réponse dans mes yeux, mais je fais de mon mieux pour ignorer les doigts baladeurs d'Alexander. Ce dernier rigole, mais enlève finalement sa main, me permettant de retrouver mes esprits.
— Vas-y, tu peux reprendre tes explications, souffle-t-il d'un ton moqueur.
Alban hausse les épaules, les plis de son front trahissant une légère perplexité. Il poursuit son discours, désignant une autre zone à l'Est du repaire.
— Je pense que le plus stratégique est d'attaquer par ici. Le chemin est dégagé et relativement plat, et il s'agit surtout de l'endroit le moins éloigné du palais, ce qui nous évitera des détours inutiles. Cela nous permettra de les attaquer rapidement et de jouer sur l'effet de surprise.
Mes sourcils se froncent tandis que j'écoute attentivement les explications du prince Alban, mon regard scrutant la carte déployée devant nous. Lorsqu'il termine, je prends une profonde inspiration.
— Je ne crois pas que ce soit une bonne idée, je conteste d'une voix calme mais déterminée, un air concentré sur le visage. Ce n'est peut-être pas indiqué sur la carte, mais la position du repaire est légèrement surélevée par rapport à la zone que vous indiquez. Nous serions à découvert, totalement à la merci de nos ennemis. C'est peut-être le plan qui paraît le plus simple, mais c'est aussi celui qui nous causerait le plus de pertes.
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