Chapitre 74
— Si nous sommes là aujourd'hui, c'est parce que nous voulons vous apporter notre aide. Nous avons fait tout ce qui était en notre pouvoir pour recueillir un maximum d'informations sur la prophétie.
— Et avez-vous trouvé quelque chose ? interrompt Alexander, impatient.
— Doucement, j'allais y venir, rigole le roi Édouard. En remontant dans les archives, nous avons trouvé des informations sur une ancienne secte. Une organisation pratiquant la magie noire. Nous n'avons pas réussi à déterminer s'il s'agit de celle qui est à la recherche d'Enora, mais nous pouvons d'ores et déjà dire que leur fonctionnement est bien rodé. Il faut une grande confiance pour kidnapper une princesse, et d'après ce que nous savons, cette secte sévit dans les trois royaumes depuis déjà plus de cinq cents ans. Il est très probable que ce soient eux qui en aient après toi, dit-il en se tournant vers moi.
— Avez-vous le nom de cette secte ?
— La Confrérie des Ombres.
Alexander me regarde avec déception. Nous espérions avoir du nouveau, mais il semblerait qu'ils soient arrivés aux mêmes conclusions que nous.
— Oui, nous avons enquêté sur eux, mais ils sont plus malins que nous ne l'avions pensé, soupire le prince. Ils ont réussi à nous mener en bateau jusqu'à présent.
— Heureusement que ton frère est là pour te sauver la mise, intervient le prince Alban, un sourire narquois aux lèvres. J'enquête sur cette confrérie depuis déjà plusieurs semaines.
Il s'enfonce un peu plus dans son fauteuil, croisant les bras sur sa poitrine.
— Vraiment ? demande Alexander, visiblement peu convaincu.
— Oui, vraiment, répond Alban en levant les yeux au ciel. Pendant que tu batifoles avec ta belle, moi, j'assure la sécurité du royaume.
Voyant qu'Alexander commence à perdre patience, je pose ma main sur sa cuisse, espérant que ce geste aide à l'apaiser. Il attrape ma main dans la sienne et souffle un grand coup.
— Très bien, qu'as-tu appris ? questionne-t-il d'une voix tendue.
— Laisse-moi reprendre du début, je ne voudrais pas que la jolie Enora soit perdue, dit Alban avec un clin d'œil. Au début du mois, je me suis rendu à la frontière pour maîtriser une bande de brigands qui semait le trouble dans les villages. J'ai détruit leur camp, ne laissant aucun survivant. Je n'ai compris que bien plus tard qu'il s'agissait d'une des subdivisions de la Confrérie des Ombres. La même Confrérie contre laquelle tu t'es battu dans les provinces du Nord il y a de ça quelques mois.
— Viens-en aux faits, Alban, je n'ai pas de temps à perdre, le coupe Alexander.
— Que tu peux être rabat-joie quand tu t'y mets, soupire le prince cadet. Tout ça pour dire que nous avons été attaqués sur le chemin du retour. Les associés de ces brigands nous ont tendu une embuscade, et j'ai perdu quatre de mes hommes dans la bataille.
— Ils aiment décidément les traquenards, je chuchote pour moi-même.
Alban m'entend et se fend d'un petit rire.
— C'est exact, ma jolie, mais je ne me suis pas laissé faire, loin de là. Je les ai traqués pendant des semaines, détruisant et brûlant tour à tour chacun de leurs camps de base. Jusqu'au jour où j'ai fini par tomber sur leur centre de commandement. Il se trouvait dans le royaume d'Amara, alors je ne savais pas s'il était prudent de les attaquer. Mais dans tous les cas, je n'avais qu'une poignée d'hommes avec moi, et ces brigands étaient bien trop nombreux. Je les ai donc mis sous surveillance et je suis retourné chercher de l'aide au palais. Je voulais voir avec père s'il était possible de contacter le roi Léopold pour nous allier à lui, mais j'étais à peine rentré depuis quelques heures quand mon frère est arrivé à son tour, accompagné d'une charmante demoiselle en détresse.
— Et tu n'as pas pensé utile de m'informer de tout ça ? lance Alexander d'un ton exaspéré.
— Je ne pensais pas que cela avait un rapport avec l'enquête que tu voulais mener. Et puis, tu es bien trop fier, tu n'aurais pas accepté mon aide. J'ai toujours pensé que ton orgueil serait ta perte, heureusement que la belle Enora n'a pas fait les frais de ton imprudence.
Je regarde les deux hommes reprendre leurs chamailleries, désespérée. Leur échange est acerbe, révélant des années de rancune et de désaccords. Chaque mot échangé est chargé de sous-entendus, chaque regard trahit une hostilité latente. Je n'ai jamais soupçonné qu'une telle animosité existait entre eux, et je commence à craindre qu'aucune collaboration ne soit possible. J'espère seulement que cela ne compromettra pas nos chances de mettre fin à la menace qui plane au-dessus de nos têtes.
— Ça suffit, Alban, tu n'es pas là pour provoquer ton frère, mais pour lui apporter ton aide, s'énerve le roi Édouard. Il serait peut-être temps d'unir vos forces et d'arrêter de vous comporter comme des enfants.
— Vous avez raison, je suis désolé, se repent Alban.
— Même si cela me coûte de l'admettre, nous avons besoin de toi et de tes informations, souffle Alexander à contrecœur.
— Comment veux-tu procéder ? questionne son frère.
— Y a-t-il une carte du royaume que nous puissions utiliser pour repérer les lieux ? me demande Alexander en se tournant vers moi.
Je hoche la tête, répondant par l'affirmative. Je comprends où Alexander veut en venir. Le prince Alban pourrait nous montrer exactement où se trouve le centre de commandement, et ce serait pour nous le meilleur moyen d'établir une stratégie solide. Si nous faisons nos plans de bataille avant de partir, nous passerons moins de temps sur les lieux et réduirons le risque de nous faire repérer.
— Allons dans la bibliothèque, nous y trouverons tout ce dont nous avons besoin.
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