Chapitre 73

Les jours suivants se sont déroulés sans encombre. Alexander et moi sommes enveloppés dans une bulle de bonheur, savourant chaque instant passé ensemble. Notre quête de réponses nous a souvent conduit à la bibliothèque, où nous sommes restés plongés pendant des heures entières dans d'anciens ouvrages à la recherche d'une nouvelle piste. Pourtant, malgré tous nos efforts, nos recherches se sont avérées infructueuses.

Ce matin, alors que la lumière du jour filtre paresseusement à travers les rideaux, Alexander et moi nous réveillons lentement, blottis dans les bras l'un de l'autre. Notre étreinte est empreinte de douceur, et pendant un instant, je souhaite que le monde s'arrête de tourner, nous offrant l'éternité pour profiter de ce moment. Mais un bruit sourd résonne dans la chambre, rompant le silence agréable qui nous enveloppait.

Alexander me regarde avec perplexité, fronçant les sourcils avant de m'attirer contre lui, enfouissant son visage dans le creux de mon cou.

— Il y a quelqu'un à la porte, je murmure, gênée.

— Qu'ils aillent au diable, je n'en ai que faire, grogne le prince en bâillant, peu enclin à être dérangé.

Malgré notre silence, les coups persistent.

— Alexander, c'est important, crie quelqu'un de l'autre côté de la porte.

La voix de Victor retentit, brisant notre bulle d'intimité. Je me redresse dans le lit, tirant les draps contre ma poitrine pour dissimuler mon corps nu. Alexander soupire mais entreprend de se lever, enfilant rapidement un pantalon avant d'aller répondre. Dès que la porte s'ouvre, Victor entre en trombe dans la chambre et se plante au pied du lit. Cependant, lorsqu'il remarque mes joues rougies et mes mains serrées sur le drap, il se retourne précipitamment, soudainement gêné.

Le prince lève un sourcil, contrarié par cette intrusion impromptue.

— Je ne te dérange pas ?

— Vous auriez dû m'empêcher d'entrer. Je ne savais pas qu'Enora était à moitié nue.

— Tu ne m'as même pas laissé le temps de parler, réplique le prince d'un ton irrité.

Je lève les yeux au ciel, embarrassée mais amusée de voir les deux hommes se chamailler comme des enfants.

— Que nous vaut cette visite matinale ? je demande.

— Le roi Charles m'a chargé de vous informer que votre père est sur le chemin du retour, répond Victor, toujours de dos. Il ne devrait plus tarder à atteindre le palais.

— Merveilleux, je dois vite me préparer pour l'accueillir !

— Je dois aussi vous avertir que le roi ne revient pas seul.

— Avec qui est-il ?

Mon père n'est pas particulièrement solitaire, mais je ne l'ai jamais vu accompagné de qui que ce soit depuis le décès de ma mère.

— Avec le roi Édouard et le prince Alban.

— Ah oui ? dit le prince avec surprise. Que viennent-ils faire ici ?

— S'ils reviennent tous ensemble, cela signifie sans doute qu'ils ont du nouveau, je souffle avec espoir. Dépêchons-nous d'aller les voir.

Nous commençons à tout préparer pour l'arrivée de nos invités, et très vite, les gardes nous avertissent qu'un carrosse est en vue. Nous nous dirigeons vers l'extérieur, nous préparant à accueillir ces hommes que nous n'avons plus vus depuis trop longtemps. Tandis que nous attendons dans la cour du palais, une légère brise caresse mon visage, apportant avec elle le parfum des fleurs en éclosion. Les oiseaux chantent joyeusement, annonçant le retour du printemps et de ses températures plus douces.

Rapidement, le silence est brisé par le son lointain des chevaux, leurs sabots martelant le sol avec une cadence régulière. Mon cœur se serre d'anticipation, mon esprit tourbillonnant de questions quant à l'arrivée imminente des trois hommes. Leur carrosse passe les grilles du château et s'arrête dans la cour, face à nous.

Mon père en sort le premier, étirant son corps fatigué par toutes ces heures de route. Quand il m'aperçoit, un grand sourire se dessine sur son visage et il avance pour me prendre dans ses bras. À son contact, je ressens un agréable mélange de bonheur et de soulagement.

— Ma fille, tu ne peux pas imaginer à quel point tu m'as manqué, murmure-t-il à mon oreille. Je suis désolé d'être parti sans te dire au revoir.

— Ce n'est rien, je sais que c'était pour mon bien, je réponds doucement, tentant de dissimuler mes émotions derrière un sourire de façade.

Pendant ce temps, le prince est allé accueillir sa famille, et je le rejoins rapidement, les saluant avec respect. Le roi de Lumia m'adresse un grand sourire, tandis que le prince Alban s'approche pour me faire un baise-main.

— C'est un plaisir de vous revoir, Mademoiselle Enora, déclare-t-il avec une courtoisie exquise.

— Le plaisir est partagé, prince Alban, je réponds poliment.

Pour toute réaction, Alexander me tire dans ses bras d'un geste possessif, presque comme s'il défiait son propre frère de m'approcher.

— Du calme, frangin, je n'ai nullement l'intention de te ravir ta chère Enora, dit le prince Alban avec un sourire taquin.

— Tu as plutôt intérêt, répond Alexander en fronçant les sourcils.

— Du calme, les garçons, soupire le roi Édouard. Vous n'allez pas vous battre maintenant. Enora, laissez-moi vous escorter loin de ces deux idiots.

Il me tend le bras et m'invite à le guider dans l'enceinte du palais. On se dirige vers le petit salon, cherchant un endroit où discuter tranquillement. Une fois à l'intérieur, Alexander s'assied sur l'accoudoir de mon fauteuil, ne voulant pas laisser à son frère le loisir d'être trop proche de moi.

— Heureusement que Victor est là pour nous tenir au courant de vos avancées, reproche le roi Édouard à son fils. Sans lui, nous ne saurions même pas si vous êtes morts ou vivants.

— Père ! proteste Alexander.

— Peu importe, le coupe-t-il d'un soupir. Nous ne sommes pas là pour vous faire des reproches. Même si j'aurais préféré apprendre de ta bouche que tu avais été blessé.

Alexander a au moins le mérite d'afficher un sourire contrit.

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