Chapitre 7

Les heures s'étirent, érodant peu à peu mes espoirs. Les secousses régulières de la calèche sont un rappel cruel que nous sommes prisonnières, condamnées à avancer vers une destination inconnue. Chaque kilomètre parcouru est comme un compte à rebours vers un destin sombre et incertain. L'atmosphère semble elle aussi devenir de plus en plus inquiétante. Le soleil se cache derrière d'épais nuages, les ombres des arbres s'allongent, et mon cœur se serre un peu plus à chaque instant.

Ce n'est que quelques instants plus tard que la réalisation me frappe comme un coup de tonnerre : nous sommes à la frontière du royaume de Lumia. Je me tends en apercevant au loin la silhouette des postes de garde qui se dressent fièrement en haut de la colline. Mon regard s'accroche aux silhouettes des postes de garde qui se dressent fièrement en haut de la colline, leurs contours découpés par la lumière déclinante. Des bannières rouge sang flottent dans le vent, arborant l'emblème royal de Lumia. Une peur glaciale s'insinue dans mon cœur. Pourquoi nous emmener en terres étrangères ? Quels complots ces hommes nourrissent-ils ?

En approchant des postes de garde, mon esprit tourne à toute vitesse. Si je veux nous sortir de là, c'est maintenant qu'il faut agir. Inspirant profondément, je me mets à marteler les parois de la calèche, mes poings heurtant le bois rugueux avec une force désespérée.

— Aidez-nous ! Nous sommes prisonnières !

Peu importe combien je hurle, peu importe avec quelle force je frappe le bois, mes appels restent sans réponse. Les chevaliers demeurent de marbre et la calèche poursuit tranquillement son chemin, comme si elle ne portait pas deux vies suspendues à un fil. Une colère froide monte en moi en comprenant qu'un sortilège d'insonorisation vient de sceller notre destin.

Après un moment, un changement presque imperceptible se fait sentir dans l'attitude de nos ravisseurs. Leur posture se détend, leurs voix se font plus légères, comme si le passage en terres lumiennes suffisait à dissiper leurs craintes. Mais pour ma part, mon désespoir grandit à mesure que nous nous enfonçons dans ces terres inconnues.

Après une heure à longer la frontière, la calèche s'arrête enfin. Les deux hommes descendent de la calèche, soufflant de soulagement en étirant leurs membres engourdis par toutes ces heures de route.

Je prends une profonde inspiration. C'est maintenant ou jamais.

— Messieurs ? Pouvons-nous sortir quelques instants ? je demande avec un sourire forcé. Nous avons besoin de nous rafraîchir.

Un des hommes, petit et bien en chair, se tourne vers nous. Ses yeux brillent d'un mélange d'hésitation et de méfiance tandis qu'il nous dévisage.

— Désolé, mesdames, mais nous avons des directives très strictes, dit-il d'un ton bourru, secouant la tête pour souligner son refus.

Mon cœur se serre, mais je refuse d'abandonner. Cherchant désespérément un soupçon de bonté dans son regard, j'insiste d'une voix suppliante :

— S'il vous plaît. Je suis indisposée et j'ai vraiment besoin de changer mes linges...

Son regard s'attarde sur mon visage, puis glisse vers Hannah, qui tremble à mes côtés. Une fissure s'ouvre dans son masque d'indifférence. Il échange un regard avec son camarade, qui se contente de hausser les épaules avec lassitude.

— Très bien, mais pas trop longtemps. Et vous restez à côté de moi, dit-il en déverrouillant la porte de la calèche.

En sentant la terre ferme sous mes pieds, une vague de soulagement m'envahit, mais je m'efforce de dissimuler mon excitation. Je jette un coup d'œil discret autour de moi, cherchant la rivière que j'ai aperçue plus tôt sur la route.

— Ne vous éloignez pas trop, nous devons rester près des chevaux, dit-il en jetant un regard inquiet derrière nous, comme pour vérifier que la calèche est toujours en vue.

— Oui, monsieur, j'assure d'une voix douce. Nous allons juste nous laver les mains.

Je prends la main d'Hannah et l'entraîne doucement, mes gestes calculés pour ne pas éveiller les soupçons. À chaque pas, mon cœur bat un peu plus vite. Nous approchons de la lisière des arbres, où le murmure de l'eau devient un peu plus audible. Mon plan est loin d'être parfait, mais pour l'instant, c'est tout ce que j'ai.

— J'ai besoin de me changer, je dis en baissant les yeux d'un air gêné.

Le garde plisse les sourcils, d'abord perplexe face à ma requête. Mais lorsque la signification de mes paroles le frappe, une rougeur s'empare de ses joues et il se retourne précipitamment, agitant sa main pour m'intimer de me dépêcher.

Profitant de son moment de distraction, je tire sur la main d'Hannah et nous plongeons dans la rivière. Mes muscles se crispent au contact de l'eau glacée et je sens mes extrémités s'engourdir, rendant chacun de mes mouvements beaucoup plus difficile. Nos respirations sont saccadées, nos gestes désespérés. La force du courant nous aide autant qu'elle nous épuise.

— Tiens bon ! Nous y sommes presque !

Après quelques minutes de lutte acharnée, nous parvenons à nous accrocher à la rive et à nous hisser hors de la rivière. Hannah est frigorifiée, tremblante de la tête aux pieds. Je ne suis pas dans un meilleur état qu'elle, mais nous n'avons pas de temps à perdre.

— On doit bouger, maintenant !

Nous nous lançons dans une course effrénée à travers la forêt, nos bottes martelant le sol de la forêt avec une urgence désespérée. Le vent mord ma peau humide, mais chaque fibre de mon être est concentrée sur un seul objectif : survivre.

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