Chapitre 67

Doucement, elle lève les mains et les dirige vers nos ennemis. Un immense rayon de lumière s'échappe de ses paumes, se précipitant vers eux. Je ferme les yeux, ébloui par l'éclat intense, mais je ne ressens qu'une douce chaleur contre ma peau. En ouvrant les yeux, je vois que nos ennemis n'ont pas eu la même chance. Ils sont carbonisés, leurs corps noircis gisant au sol, presque réduits en cendres. La tension qui imprégnait l'air se dissipe progressivement. Je reste stupéfait quelques instants.

Enora tourne son visage vers moi, son regard provoquant en moi un torrent d'émotions. Je n'ose pas bouger, de peur de l'effrayer, de la faire fuir, de la pousser à s'éloigner de moi. J'attends patiemment, immobile, qu'elle se sente suffisamment en confiance pour venir vers moi.

À mon plus grand bonheur, cela ne prend pas longtemps. Elle s'approche timidement, un pied après l'autre, regardant nerveusement ses mains. Sentir ses pouvoirs circuler dans son corps doit être si déroutant pour elle, et pourtant, elle se montre si courageuse. Je suis tellement fier d'elle. Lorsqu'elle n'est plus qu'à quelques pas de moi, je ne peux plus me retenir. J'abolis la distance entre nous et la prends dans mes bras avec une urgence désespérée.

— Enora, je murmure en la serrant contre moi.

En baissant les yeux vers elle, je vois qu'elle m'observe intensément, transperçant mon cœur de son regard brûlant. Je pourrais jurer qu'elle est capable de lire tous les secrets de mon âme, et honnêtement, pour elle, je serais prêt à mettre mon cœur à nu.

J'ai l'impression que mon monde entier se réorganise autour de cette seule et unique femme. Que mon existence entière prend sens. Je sais que plus jamais je ne pourrais désirer une autre personne, que plus jamais je ne pourrais vivre sans elle à mes côtés. Je ne comprenais pas jusqu'ici quand mon père me décrivait la plénitude qu'un être ressent en rencontrant son âme-sœur, mais maintenant que notre lien est complet, tout devient clair à mes yeux.

Vaguement, j'entends des bruits de sabots retentir dans le calme de la nuit, annonçant l'arrivée imminente des gardes du château. Je place instinctivement Enora derrière moi, ne voulant laisser personne s'approcher d'elle avant d'être certain qu'elle va bien. Les gardes arrivent rapidement, leurs regards inquiets se posent sur le visage de la princesse. L'un des hommes s'avance, tendant une main vers Enora.

— Nous devons vérifier votre état, Votre Altesse.

Je sens une vague de colère monter en moi. Pensaient-ils que je ne suis pas capable de prendre soin de la femme que j'aime ? Avec une détermination meurtrière, je me penche pour récupérer mon épée tombée au sol. Je me redresse, mes yeux lançant des éclairs.

Même si je sais au fond de moi qu'ils veulent seulement l'aider, je ne peux pas laisser à un autre homme l'occasion de s'approcher d'Enora alors qu'elle est dans un tel état de vulnérabilité.

Victor, comprenant mes pensées, se déplace rapidement pour expliquer la situation aux gardes. Il tente de leur faire comprendre que la princesse ne risque rien avec moi à ses côtés, mais ces hommes refusent de la laisser seule avec moi.

— Reculez, je gronde d'une voix basse et menaçante.

Les gardes échangent des regards inquiets, mais ne bougent pas, conscients que ma détermination à protéger Enora pourrait me pousser à commettre l'irréparable.

— Votre Altesse, nous voulons seulement l'aider, tente un des gardes.

Leur raisonnement aurait peut-être du sens à mes yeux si j'étais dans mon état normal, mais pour l'instant, la seule chose que j'entends est mon esprit qui me hurle qu'Enora est mienne et que je dois la protéger à tout prix. Je ne laisserai personne l'enlever à moi, pas sans me battre à mort. J'avance vers eux, mortellement décidé à mettre fin à cette mascarade, quand j'entends un appel qui m'immobilise sur-le-champ.

Je me retourne vivement, inquiet qu'Enora soit en train de souffrir, mais elle me regarde avec un doux sourire. Elle s'approche lentement de moi, me faisant baisser mon épée. Quand elle est assez proche, elle caresse tendrement ma joue du bout de ses doigts.

— Tout va bien, Alexander, chuchote-t-elle, calmant immédiatement ma colère.

Je pose mon front contre le sien, ne pouvant pas la quitter des yeux. Quelques instants plus tard, elle s'éloigne légèrement de moi et laisse traîner ses yeux sur mon corps. Lorsque son regard se pose sur mon flanc, une grimace déforme son visage. Il me faut quelques secondes pour comprendre ce qui a provoqué cette réaction. J'ai été tellement pris dans mon bonheur de la retrouver que j'en ai oublié la flèche plantée dans mon flanc.

Elle hésite un instant, puis, prenant son courage à deux mains, attrape la hampe de la flèche et l'arrache d'un coup sec, me faisant tressaillir. Elle commence aussitôt à appuyer sur la plaie, tentant de stopper le saignement. C'est la première fois que quelqu'un prend soin de moi de cette façon. Même si mes parents se sont occupés de moi avec le plus grand soin, rien ne peut égaler la présence de son âme-sœur.

J'aimerais que cet instant dure toujours, mais à mon grand désespoir, je commence à sentir mes forces me quitter. Maintenant que l'adrénaline est retombée, toute la douleur se précipite sur mon corps, me faisant défaillir. Je veux prévenir Enora, lui dire de ne pas s'inquiéter, mais je ne suis même plus capable de prononcer un seul mot.

Je titube vers le bord du chemin, essayant désespérément de trouver quelque chose auquel m'accrocher, mais fini par m'effondrer sur le sol froid de la forêt.

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