Chapitre 66

Alexander

Je me tiens fermement sur mes appuis, mon épée prête à fendre l'air. Mon corps est tendu, prêt à réagir à la moindre menace, mais pourtant, un sentiment de frustration pèse sur ma poitrine. Comment ai-je pu me faire avoir aussi facilement ? Tout semblait trop facile, trop beau pour être vrai. J'aurais dû me douter qu'on me tendait un piège. J'ai été trop aveuglé par mon désir d'aider Enora, et maintenant, j'en paie le prix fort.

Victor se poste à mes côtés, alerte et prêt à en découdre. Ses pouvoirs ne sont peut-être pas aussi forts que les miens, mais il peut certainement à lui seul neutraliser un bon nombre d'entre eux. Même si je sais qu'avec lui à mes côtés, j'ai de grandes chances de m'en sortir indemne, je ne peux pas me permettre de baisser ma garde.

Mes sens sont à l'affût, scannant les environs. Dans l'obscurité, je distingue les silhouettes furtives des assaillants se glisser entre les arbres. Il y a au moins une dizaine d'entre eux cachés dans les sous-bois, si ce n'est plus. C'est une sacrée bande de lâches pour venir en aussi grand nombre. Ou alors, ils sont assez futés pour savoir qu'il ne faut pas me sous-estimer. Bizarrement, je préfère cette seconde option.

Une poignée d'hommes sort des fourrés, pointant des armes dans notre direction. Je suis déterminé à les abattre un par un, mais une pensée me hante : Enora. Mon cœur se serre d'inquiétude pour elle. Elle est courageuse, mais pour l'instant, elle n'a pas de pouvoirs, ce qui la rend incontestablement vulnérable. Je ne doute pas qu'elle soit venue avec les meilleures intentions, mais Dieu que j'aurais préféré qu'elle reste en sécurité au palais. Maintenant, je dois prendre en compte sa protection.

Je n'ai pas le luxe de me laisser distraire. L'ennemi est là, tout autour de nous. Je tente de diviser mon attention entre les bandits devant moi et ceux dans mon dos, ne voulant pas risquer que l'un d'entre eux approche d'Enora sans que je m'en aperçoive.

Alors que je me bats avec intensité, chaque geste précis et calculé, un assaillant bande son arc et décoche une flèche dans ma direction. Je l'esquive d'un mouvement agile, me retournant immédiatement pour trancher la cuisse d'un autre adversaire. Voyant cela, certains bandits prennent peur et s'enfuient, tandis que d'autres continuent à avancer de manière menaçante. Ils ne semblent pas comprendre que leur nombre n'a aucune importance. Ils n'ont pas la moindre chance contre nous.

Je me prépare à m'élancer vers un autre assaillant, déterminé à lui trancher la gorge, quand un hurlement me glace le sang. Mon cœur manque un battement alors que je me fige, me retournant brusquement vers l'origine du cri. Mes yeux s'écarquillent d'horreur en voyant Enora s'effondrer au sol, son visage tordu de douleur. Deux hommes avancent vers elle, une lueur malveillante dans les yeux, déterminés à profiter de la situation.

— Enora, non ! je crie, désespéré.

Les oiseaux s'envolent, effrayés, et c'est à ce moment-là que la réalisation me frappe comme une tonne de briques. Elle a pris possession de mon cœur, entièrement et indubitablement, et je ne peux plus rien faire pour y remédier.

J'ai mis longtemps à l'admettre, minimisant mes sentiments par crainte de ce que cette femme me faisait éprouver, mais maintenant, je ne peux plus nier ce que je ressens pour elle. Qu'importe ce que j'ai dit hier soir, qu'importe mes bonnes résolutions, je la veux plus que tout au monde. Et je suis prêt à en assumer toutes les conséquences.

Au lieu de me rassurer, ce constat alimente mon angoisse de manière exponentielle. Je me précipite vers elle, n'ayant plus qu'un seul objectif : la protéger. Bondissant sur un des bandits, je le cloue au sol, mais cela ne suffit pas. Relevant la tête, je vois l'autre homme tendre la main vers Enora, saisissant son bras avec une force brutale. Une rage meurtrière bouillonne en moi alors que je le vois lui faire du mal sans pouvoir intervenir.

Cependant, l'homme recule vivement en criant de douleur, regardant Enora d'un air mauvais. Il secoue frénétiquement sa main, gémissant de douleur. Je réalise avec un mélange de soulagement et d'angoisse que la peau d'Enora l'a brûlé. Ce qui ne peut signifier qu'une chose : ses pouvoirs sont en train de se manifester.

Ce constat devrait me réjouir, mais en réalité, il me plonge dans une angoisse sans nom. Je suis heureux qu'Enora puisse enfin accéder à sa magie, mais j'aurais préféré que cela se fasse en d'autres circonstances. Car si la première fois qu'un mage utilise ses pouvoirs est un moment important de sa vie, c'est surtout un moment où il est particulièrement vulnérable. Et je suis terrifié à l'idée que ces hommes en profitent pour lui faire du mal.

Je me redresse en vitesse, tranchant la gorge du bandit pour être certain qu'il ne se relève pas. Je me précipite ensuite vers le deuxième assaillant, plantant mon épée enflammée dans son cœur avant qu'il ne puisse amorcer le moindre mouvement. Une odeur de brûlé s'élève dans l'air tandis que l'homme s'effondre au sol, agonisant.

Une fois que je suis certain qu'aucun autre fanatique n'est à proximité d'Enora, je me mets à tracer de larges cercles autour de son corps, essayant de maintenir nos ennemis à distance. Au loin, je vois Victor aux prises avec deux truands. Je ne sais pas comment je vais réussir à protéger Enora tout en mettant ces hommes hors d'état de nuire.

Si je la laisse seule pour m'occuper d'eux, j'ai peur qu'il ne lui arrive malheur. Mais si je reste ici pour veiller sur elle, nous deviendrons des cibles faciles et la probabilité que nous tombions sous les tirs ennemis est très élevée. La seule chance qu'il nous reste est de tous les descendre avant qu'ils ne puissent faire un pas dans notre direction. C'est un défi de taille, mais je n'ai plus vraiment le choix.

Tandis que je continue à veiller sur Enora, je reçois une autre flèche dans le flanc. Je grogne de douleur, mais je n'arrête pas mes mouvements pour autant. Les cris de mon âme-sœur me donnent la force de continuer, de me battre pour elle, quoi qu'il en coûte.

Soudain, un bruit derrière moi attire mon attention. Me retournant brusquement, je vois Enora se redresser. Elle est entourée d'un halo de lumière éclatante, comme si son propre corps irradiait. Ses yeux sont fermés et ses cheveux volent dans les airs, créant une vision presque éthérée. Je reste là, bouche bée, subjugué par sa puissance et sa beauté.

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