Chapitre 65
Je me réveille en sursaut, le souffle court et le cœur battant la chamade. Mes draps sont trempés de sueur, et mes mains tremblent encore sous l'effet de ce cauchemar. Les ténèbres de la nuit enveloppent la chambre, accentuant mon angoisse.
— Mademoiselle ! s'écrie Hannah en entrant précipitamment dans la pièce, alarmée par mes cris. Que se passe-t-il ?
Elle se précipite vers moi, son visage marqué par l'inquiétude.
— Chut, tout va bien, respirez, dit-elle d'une voix douce, posant une main contre mon dos.
Je me redresse lentement, essuyant mes joues humides de larmes.
— Un cauchemar... je murmure d'une voix tremblante. Ce n'est qu'un cauchemar.
— Je suis là, tout va bien maintenant.
La présence réconfortante d'Hannah améliore quelque peu mon tumulte intérieur. Après quelques instants, je parviens enfin à apaiser les battements frénétiques de mon cœur. Mais une inquiétude plus profonde me ronge, une peur irrationnelle que je ne peux ignorer. Le souvenir du rêve reste vif dans mon esprit. Et quelque chose me souffle que ce n'est pas seulement un cauchemar.
— Alexander est en danger, je le sens, je dis en me levant brusquement. Il faut que j'aille le trouver.
— Mademoiselle, attendez !
Mais trop tard, je suis déjà partie. Je cours dans les couloirs à en perdre haleine, terrifiée à l'idée de ne pas arriver à temps. Je sais que Hannah me suit, j'entends ses pas derrière moi, mais je ne peux pas me permettre de l'attendre. En me voyant me précipiter à travers le château, les gardes se mettent en état d'alerte. Certains me suivent, d'autres vont vérifier ma chambre. Mais je n'en ai que faire, il faut que je me dépêche. J'arrive rapidement aux écuries, réveillant un cheval et me préparant à l'enfourcher. Hannah débarque quelques secondes plus tard, me suppliant de l'attendre.
— Sais-tu quelle direction ils ont empruntée ? je demande d'un ton pressant, l'angoisse palpable dans ma voix.
Elle me regarde, partagée, ne sachant pas s'il est prudent de me répondre. Je sais qu'elle est soucieuse, qu'elle ne veut pas que je me mette en danger, mais il s'agit de mon âme-sœur, je n'ai pas le droit de l'abandonner.
— Hannah, je n'ai pas de temps à perdre ! je m'écrie, désespérée.
— Ils sont partis par la route principale, répond-elle d'une petite voix.
— Quand ça ?
— Je ne sais pas, souffle-t-elle, secouant la tête avec inquiétude.
Je me tourne vers un des gardes de service, supposé surveiller les écuries.
— Quand le prince Alexander est-il parti ?
Le garde, percevant l'urgence dans ma voix, répond rapidement.
— Il y a moins d'une demi-heure, il voulait attendre que la nuit soit noire.
Mon cœur se serre violemment, comme pris dans un étau. J'ai la sensation irrationnelle que quelque chose de terrible va arriver, mais je ne peux pas laisser mes peurs prendre le dessus. Si je pars maintenant, j'ai peut-être encore une chance de les rattraper avant qu'il ne soit trop tard. Sans même prendre le temps de seller mon cheval, je me hisse sur son dos et pars immédiatement au galop. Si ma mémoire est bonne, le village de Lindow se trouve au pied des collines, à l'ouest du palais. En me dépêchant suffisamment, j'espère pouvoir éviter le pire. Je dois le sauver coûte que coûte.
La nuit est sombre, seulement éclairée par un mince croissant de lune. Chaque minute qui passe augmente mon inquiétude, une peur viscérale pesant dans ma poitrine à l'idée que le prince soit blessé. Jamais je n'ai pensé me retrouver un jour à galoper à travers les bois, en pleine nuit, et pourtant, je suis guidée par une force invisible que je ne peux ni expliquer ni ignorer. Alexander a pris dans mon cœur une place bien plus importante que je ne l'avais soupçonné. Pour preuve, la seule pensée qu'il puisse périr par ma faute me déchire le cœur en lambeaux comme jamais rien d'autre n'a pu le faire auparavant.
Après une quinzaine de minutes de course effrénée, je distingue enfin leurs silhouettes dans le lointain. Mais au lieu d'être rassurée, un mauvais pressentiment m'envahit. Quelque chose ne va pas. Mes yeux fouillent la pénombre, cherchant désespérément un signe de danger. C'est alors que je vois un éclat métallique briller entre les arbres, signe que les deux hommes se dirigent tout droit dans une embuscade. Je frappe mes mollets contre les flancs de mon cheval, le suppliant d'accélérer encore la cadence. Mais à mon grand désespoir, Alexander est aveugle aux menaces qui planent autour de lui. Je sais que je n'arriverai pas à temps pour empêcher l'attaque, tout ce que je peux faire est d'essayer de les alerter.
— Alexander, attention ! je crie de toutes mes forces, ma voix brisant le silence de la nuit.
Malheureusement, mon appel a l'effet inverse. En se retournant vers moi, le prince ne voit pas la flèche qui fonce droit vers lui. L'attaque se déroule devant mes yeux, irrévocable, inévitable. Mon cœur se serre d'horreur en voyant la flèche se planter dans son épaule, le faisant grimacer de douleur. Mais il ne vacille pas. Au contraire, il arrache la flèche d'un mouvement sec, sans la moindre hésitation, et saute de son cheval. Dès que ses pieds touchent le sol, il dégaine son épée.
Les assaillants surgissent des ténèbres, armés jusqu'aux dents et prêts à en découdre. Alexander, malgré sa blessure, se tient fièrement, son épée brillant faiblement au clair de lune. Il commence à se battre avec une détermination féroce, mais je peux voir que sa blessure le ralentit. Je dois aller le soutenir. C'est ma mission, ma responsabilité. Je n'ai pas le droit de faillir. Pas maintenant. Pas quand il a besoin de moi.
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